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Ce sentiment de l’été (2015)
de Mikhaël Hers
publié le vendredi 26 février 2016

À propos …
par Jacques Gerber
Jeune Cinéma en ligne directe

Sortie le mercredi 17 février 2016


 

* "Hé, toi là, qui dors au fond de la classe, tu as vu le film de Mikhaël Hers, Ce sentiment de l’été ?

*  ???

* Réveille-toi, on n’a rien fait de plus fort depuis Rio Bravo de Hawks en 1959.

* Carrément ?

* Carrément.

* Mikhaël Hers, tu te souviens c’était déjà Memory Lane. On se disait que son réalisateur était à suivre. Voilà, on a attendu six ans. Et on a bien fait d’attendre.


 

* Bon, c’est quoi l’histoire ?

* Arrête avec ça, je te l’ai déjà dit : à bas la dictature du sujet ! Le sujet, on s’en fout. Tu ne sais pas qu’en vieillissant, on devient formaliste ? Mais là, sache que cette histoire de deuil d’un amour est tellement belle que ma voisine de cinoche, Joëlle, elle en chialait.

* Vous aimez les filles qui pleurent au cinéma ?

* Oui. Les garçons aussi.

* Alors, le film ?

* Beau comme du McCarey. La photo est superbe, Sébastien Buchman est un grand chef-opérateur. Il tient ses cadres et la lumière avec une singulière élégance. Dans le cinéma français, c’est rare l’élégance de l’image. Peut-être que Tom Harari, le jeune chef-op de Guillaume Brac, y arrive. Mais ils ne sont pas légion. Ce "sentiment de l’été", on l’a tout du long, c’est parfait. A Berlin, à New-York, c’est formidable. À Annecy, c’est du Martin Parr, en plus beau.

* Les acteurs ?


 


 

* Alors-là, petit, écoute bien : Judith Chemla, qui n’a pas 30 ans, est une grande actrice. Elle a bien fait de se tirer de la Comédie-Française, le costume était trop étroit pour elle. Et avec ses minuscules seins de musaraigne, elle est gaulée comme pas une. Lana Turner peut aller se rhabiller. Tu te rappelleras son nom ? Anders Danielsen Lie, lui est beau comme Cary Grant dans An Affair to Remember. Quelle classe, le mec. Copurchic ! Jean-Pierre Kalfon en travesti-gardien de nuit d’un hôtel borgne, est impeccable, comme dab’. Et puis, il y a Marie Rivière et Féodor Atkine. Rares, ces deux-là, respect. Et puis, la musique, bon dieu, la musique. Pop’, rock, un poil dandy peut-être. C’est rien bath’.


 

* Je vais peut-être voir ça.

* Comment ça, peut-être ? Tu as intérêt, sinon privé de dessert et d’Internet.

* Tout-à-fait autre chose, avant de vous quitter, M’sieur : JC y est allé de sa larme après la disparition d’Umberto Eco (1). Qu’en pensez-vous ?

* Le Nom de la Rose, c’est quand même le Da Vinci Code des CSP +. Le film n’est pas de Eco, mais de Annaud, ne pas confondre. Et la spécialité de Eco, c’était pas les romans. P’tite tête, encore un truc. Tu es gentil, tu vas à Lyon et tu files à la Galerie Michel-Descours voir l’exposition Max Schoendorff, c’est jusqu’au 12 mars 2016. Tu pourras pas comprendre, c’est trop beau. C’est seulement plus tard que tu te diras, le Max, c’était quelqu’un. On le sait, on a eu la joie de le connaître. Et on ne s’en remet pas. Pour lui, peinture, théâtre, cinéma, c’était la même chose.

* Ça tombe bien, pour vous aussi, non ?

* Oui, c’est la même chose.

* Dites, Gerber, vous faîtes dans le genre Skorecki (3) maintenant.

* Il manque celui-là, avec ses affirmations péremptoires.

*  ????

* Et il avait toujours raison. Même quand il avait tort.

Jacques Gerber
Jeune Cinéma en ligne directe (février 2016)

1. Le Nom de la rose de Jean-Jacques Annaud (1986) est le seul film tiré de l’œuvre de Umberto Eco.

2. Exposition Max Schoendorff, Galerie Michel-Descours, Lyon (4 février-12 mars 2016).

3. Le Club Skorecki fait partie des sites amis de Jeune Cinéma.

Ce sentiment de l’été. Réal : Mikhaël Hers ; sc : M.H. & Mariette Désert ; ph : Sébastien Buchmann ; mont : Marion Monnier ; mu : Thomas Jamois. Int : Anders Danielsen Lie ; Judith Chemla, Marie Rivière, Féodor Atkine, Dounia Sichov, Stéphanie Daub-Laurent, Lana Cooper, Thibault Vinçon, Jean-Pierre Kalfon. (France-Allemagne, 2015, 110 mn)

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