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Marie et les naufragés (2015)
de Sébastien Betbeder
publié le mardi 12 avril 2016

par Gisèle Breteau Skira
Jeune Cinéma en ligne directe

Sortie le mercredi 13 avril 2016


 


Il s’agit du cinquième long métrage de Sébastien Betbeder, après Nuage en 2007 et le très remarqué 2 automnes, 3 hivers en 2013 (1).
Cette fois, Marie et les naufragés est une comédie qui accoste sur l’île de Groix, en compagnie de personnages rencontrés au hasard de différents sauvetages, l’un qui sombrait doucement dans une mélancolie profonde due à la maladie des ondes (Éric Cantona), l’autre victime d’insomnies somnambuliques (Damien Chapelle), et le troisième atteint par la flèche de Cupidon (Pierre Rochefort).


 


 

Un trio masculin assez déjanté mené par Vimala Pons (Marie), l’égérie malicieuse du nouveau cinéma d’auteur (2). Sans compter André Wilms, oracle inspiré dans le rôle de Cosmo et Emmanuelle Riva ou Suzanne, l’ange de la mort, si présente et humaine devant le désarroi de Marie.


 

De film en film, Sébastien Betbeder travaille son style avec imagination et détermination et pratique une écriture singulière déjà très reconnaissable. La trame se développe comme un puzzle, dans lequel chaque fragment de l’histoire, que l’on comprendra commune, est porté par un individu isolé qui croise les autres par hasard… ou nécessité. Le vocabulaire narratif est fait de collages, surimpressions et gros plans, sur lesquels jouent en écho les voix off et les prises de son en direct liés par la musique originale de Sébastien Tellier.
Les personnages sont introduits dans le récit par des séquences filmées plein cadre sur les visages. Chacun dévoile avec sincérité et tendresse l’histoire de sa vie, sa naissance et ses aspirations, dans une diction proche de celle du récitant, clin d’œil probable à Eugène Green.


 

L’apport de ces histoires personnelles enrichit le scénario et charme le spectateur par la présence frontale de l’acteur qui, littéralement, l’attache à ses propos. Les situations comiques tranchent avec l’idée de mort toujours latente dans les films de Sébastien Betbeder. En effet, la dimension spirituelle, l’au-delà, les cieux et les défunts fantômes y figurent toujours. Ici, c’est à travers Cosmo, le gourou, qu’elle s’exprime. Tout comme la création artistique, autre préoccupation chère au réalisateur, images brouillées et répétitives en noir & blanc d’écrans d’ordinateurs ou de téléphones portables, d’où émerge l’influence d’artistes plasticiens actuels, comme Pierrick Sorin, dans les séquences drolatiques vécues par Oscar durant ses nuits d’insomnies.
Marie et les naufragés est une brillante escapade au bord du gouffre de l’existence, qui trouve sa survie dans une séance de danse hallucinée, au rythme sensoriel et hypnotique de toute beauté.

Gisèle Breteau Skira
Jeune Cinéma en ligne directe (avril 2016)

1. 2 automnes, 3 hivers (2013).

2. Notamment La Fille du 14 juillet de Antonin Peretjako (2013), ou Vincent n’a pas d’écailles de Thomas Salvador (2014).


Marie et les naufragés. Réal, sc : Sébastien Betbeder ; ph : Sylvain Verdet ; mu : Sébastien Tellier. Int : Vimala Pons, Pierre Rochefort, Eric Cantona, Damien Chapelle, André Wilms, Emmanuelle Riva, Didier Sandre, KT Gorique (France, 2015, 104 mn).



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