Jeune Cinéma n°378-379 - février 2017
Édito et sommaire
publié le lundi 20 février 2017

JEUNE CINÉMA n°378-379, février 2017


 

Couverture :
Richard Attenborough, Judy Freeson, John Hurt (1940-2017), 10 Rillington Place (Richard Fleischer, 1971).

Quatrième de couverture :
Jean-Louis Touchant (1929-2017, à Paris, le 14 août 2016 ©Jeune Cinéma.

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ÉDITO JEUNE CINÉMA n° 378-379, février 2017

 

Pourquoi faut-il que chaque nouvel éditorial, depuis un semestre, soit placé sous le signe du deuil ?
Alice Chardère (1) dans le numéro de septembre 2016, Jean Grissolange dans celui de décembre 2016, écrit quelques jours avant l’annonce de la disparition de Jean-Loup Passek - Passek, qui, bien avant d’animer, et de quelle manière, le département cinéma du Centre Pompidou et de créer le Festival de La Rochelle, avait débuté à Jeune Cinéma (en février 1967) et était resté un ami de la maison. (2)
On pouvait imaginer une pause dans la malédiction. Mais ce n’est que dans L’Étrange Sursis, de Harold S. Bucquet, que la Mort ne peut descendre de l’arbre où elle est captive et que le temps s’arrête. Hors de l’écran, ce n’est pas si facile.

Jean-Louis Touchant nous a quittés le 7 janvier 2017.
C’était à la fois le plus âgé et l’un de nos plus récents collaborateurs. Si la rencontre n’a pas eu lieu plus tôt, c’est parce que ses activités multiples l’entraînaient sur des chemins parallèles aux nôtres - la littérature policière (il fut un des fondateurs de l’association 813), le roman populaire (il a écrit une somme érudite sur ce grand méconnu que fut José Moselli) à travers la revue Le Rocambole - et qu’il fallait attendre le hasard d’un croisement.
Il avait, du cinéma américain de l’âge d’or (et d’après), une connaissance extrêmement précise et le souvenir intact de tous les films vus depuis l’époque héroïque de Objectif 49 et du Ciné-club universitaire des années 50. Comment ne pas s’entendre avec quelqu’un qui pratiquait avec une égale dilection les grands et les petits-maîtres, Ford et Wellman, Alfred E. Green et Lloyd Bacon ?
Après Barbara Stanwyck et Irene Dunne, il avait d’autres projets, Joan Blondell et Kay Francis ; des projets que l’on tâchera de mener à bien, façon d’honorer sa mémoire.

La fréquentation des salles en 2016 a donc, paraît-il, battu de nouveaux records, preuve que le cinéma grandeur nature a gardé toute sa puissance de fascination auprès du public, phénomène rassurant : la multiplication des écrans personnels aurait pu se traduire par un rejet de la consommation collective.
En définitive, tout se passe comme si l’accès surabondant aux images ne provoquait pas la saturation mais avivait l’appétit, et c’est bien ainsi. On peut regretter que les spectateurs aillent plus spontanément voir Raid dingue de Danny Boon que Le Concours de Claire Simon, on ne peut guère s’en étonner. Si on se reporte au précieux Ciné-Passions de Simon Simsi, on constate que Papa, maman, la bonne et moi a fait, sur la durée, cinq fois plus d’entrées que Pierrot le fou et, pour l’an 2015, L’Annuel nous informe que Papa ou maman de Martin Bourboulon) a accueilli douze fois plus de spectateurs que Trois souvenirs de ma jeunesse de Desplechin. Que Une vie de Stéphane Brizé ait été boudé par le public prouve simplement que celui-ci ne méritait pas un tel cadeau, et ça ne l’empêche pas d’être le plus beau film français de 2016. L’exigence comptable n’entre pas dans nos appréciations.

Les sujets annoncés dans l’éditorial du dernier numéro sont (presque) tous au sommaire : le cinéma italien, de nouveau, et nous sommes fiers de persister, les derniers sans doute, à accorder autant de place à ce cinéma bien vivant, quoiqu’on en dise, qui se dirige peut-être vers un renouveau politique (3) ; Alfred Machin, qui a éclairé notre automne parisien (et la Fondation Jérôme Seydoux-Pathé nous promet pour le mois de février 2017 une série de westerns muets) ; un coup de projecteur sur le cinéma équatorien, qui n’intéresse certes pas des millions de spectateurs, mais montre que Jeune Cinéma demeure fidèle à la tradition de découverte qui était celle de ses fondateurs.

En revanche, manque l’article promis sur Dorothy Arzner, redécouverte lors du dernier festival Lumière : Bertrand Tavernier sur son blog, à la date du 20 décembre 2016) a parfaitement décrit l’intérêt de ses films et il n’y rien à ajouter à son approche. (4)

Et bien d’autres choses encore, de Anne Wiazemsky à Walerian Borowczyk, de Bruno Muel à Paul Meyer. Du patrimoine plus que de l’actualité, pour respecter la maxime de Jean George Auriol gravée au fronton du site de la revue : "L’actualité, ça ne se suit pas, ça se crée. Il faut publier un texte sans se soucier de son rapport à l’actualité, à la mode, au succès, à la notoriété."

L’actualité, c’est ce qui fuit - à quoi bon tenter de saisir les vingt titres qui surgissent désormais chaque mercredi ?
Et pour nous, l’événement de l’hiver, ce n’est pas la sortie du dernier Scorsese ou de Trainspotting 2, mais l’hommage à l’inconnu finnois Valentin Vaala, les mélos soviétiques des années 30 et les productions de la Triangle entre 1915 et 1917 (Griffith, Dwan et Ince) - non comprises les cartes blanches à Joe Dante et Wes Anderson - que présente le festival Toute la mémoire du monde, organisé, dans divers lieux, par la Cinémathèque française, du 1er au 5 mars 2017.
C’est Bologne à Paris.

De l’actualité, il y en aura, sous forme prospective, dans notre numéro d’avril 2017, à travers l’habituel panorama printanier du cinéma français pré-cannois - de quoi tenir quelques mois. D’ici là, deux ouvrages à lire pour patienter : Dans l’œil de Maurice Pelinq, des textes de l’ancien collaborateur (entre 1966 et 1993) de Jeune Cinéma rassemblés par Guy Astic & Bernard Pelinq (éd. Rouge profond) et le passionnant Au travail avec Eustache de Luc Béraud (Institut Lumière-Actes Sud) - comptes rendus dans le n° 380.

Lucien Logette
Jeune Cinéma n°378-379, février 2017

1. Le numéro spécial de JC consacré à Alice Chardère, dans sa réédition revue et augmentée de décembre 2016, n’est pas épuisé.
Luce Vigo (1931-2017) nous a quittés aussi en ce mois de février 2017. Elle avait collaboré à Jeune Cinéma depuis le numéro 5 de février 1965, jusqu’en juin 1981. Cf. toutes ses collaborations aux revues dans Calindex. Puis, à nouveau à la fin de l’année 2016, pour honorer Alice Chardère.

2. Cf. Jean-Loups Passek (1936-2016), une vie, une œuvre et Jean-Loups Passek, brèves.

3. Il convient d’ajouter au compte rendu du festival de Annecy cinéma italien 2016, cette nouvelle perspective du cinéma italien politique avec Le Confessioni de Roberto Andò (2015).

4. "Il n’y a rien à ajouter", quoique... Pour le plaisir des amateurs d’imposture, notons tout de même le compte rendu de J.M. dans Le Monde (16-17 octobre 2016) : "C’est elle (Dorothy Arzner) qui donne à Clara Bow, star du muet, son premier et étonnamment moderne rôle parlant (Anybody’s Woman, 1929)." Le seul problème est que Clara Bow ne joue pas dans le film, car il s’agissait d’une erreur dans le dépliant de présentation du programme. Quelle fatigue, s’il fallait voir les films pour en parler…



SOMMAIRE JEUNE CINÉMA n°378-379, février 2017

 

Cinéma français

* Anne Wiazemsky raconte Godard, par René Prédal.
* Joël Séria et Jean-Pierre Marielle, par Alain Pailler.

Du monde entier

Cinéma italien II
* Annecy 2016, par Lucien Logette.
* Paris 2017, par Lucien Logette.
* Sur quelque films italiens méconnus, par Lucien Logette.

Cinéma équatorien
* Vengo volviendo, par Alicia Merino.
* Rencontre avec Jorge Velasco Flores, par Alicia Merino.
* Instantes de campaña, par Alicia Merino.

Cinéma polonais
* Rencontre avec Boguslaw Linda, par Andrea Grunert.

Cinéma russe
* Le Brise-glace, par Michka Gorki.

Festivals

* Gijon 2016, par Jean-Max Méjean.

Documentaires

* Retour sur Bruno Muel, par Robert Grélier.
* Festival Jean Rouch 2016, par Nicole Gabriel.
* I Am the Blues, par Nicolas Villodre.
* Découverte de Jean Gaumy, par Robert Grélier.

Patrimoine

* Akira Kurosawa réédité, par Nicole Gabriel.
* Hommage à Alfred Machin, par Lucien Logette.
* Paul Meyer retrouvé, par Robert Grélier.
* Du côté de Walerian Borowczyk, par Nicolas Villodre.
* Inferno 7 : Sacha Guitry, par Jean-Paul Combe & Vincent Heristchi.
* Rétrospective Jacques Becker, par Nicole Gabriel.

DVD

* Chronique de printemps : Richard Fleischer, par Jérôme Fabre.
* Glanures : de Émile Reynaud à Maren Ade, par Philippe Roger.
* Autour de Description d’un combat, par Robert Grélier.
* Le Virginien, par Nicole Gabriel.
* Un film et son époque, par Lucien Logette.
* Tant la vie demande à aimer, par Robert Grélier.
* À propos de l’invention des frères Lumière par Bernard Chardère.

Actualités

* Mountain, par Jean-Max Méjean.
* Tramontane, par Gisèle Breteau Skira.
* L’Histoire d’une mère, par Nicole Gabriel.
* Les Fleurs bleues, par Gisèle Breteau Skira.
* Corniche Kennedy, par Jean-Max Méjean.
* La Papesse Jeanne, par Marceau Aidan.
* Paris pieds nus, par Gisèle Breteau Skira.
* Citoyen d’honneur, par Jean-Max Méjean.
* De sas en sas, par Bernard Nave.
* Sage-femme, par Nicole Gabriel.
* Paula, par Gisèle Breteau Skira.
* Valley of Stars, par Thomas Coster.
* Brothers of the Night, par Nicole Gabriel.

Livres

* Mocky soit qui mal y pense, par René Prédal.

JEUNE CINÉMA n°378-379, février 2017



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