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Nørgaard, Finn (1959-2015)
Brève
publié le dimanche 15 février 2015

Jeune Cinéma en ligne directe

Journal de Old Gringo (Dimanche 15 février 2015)


 


Dimanche 15 février 2015

 

Finn Nørgaard (1959-2015) a été flingué (avec d’autres) hier, samedi 14 février 2025, au centre culturel Krudttønden, à Copenhague.
Il y assistait à un débat "Art blasphème et liberté d’expression".

C’était un documentariste danois.
Il avait travaillé à Radio Danemark de 1989 à 2001, et, depuis 1986, il avait un peu tout fait dans les métiers du cinéma : clapman, assistant, monteur, producteur, acteur, et enfin, réalisateur.

Le plus connu de lui, c’est quand il fait l’acteur dans le film de Thomas Borch Nielsen, Skyggen (Webmaster) (1998, 102 min). Une histoire de hacker.
Il était beau gosse.

On connaît aussi le documentaire qu’il a écrit et réalisé, Boomerang-drengen (2004, 29 mn), sur un adolescent australien qui se prépare pour un grand tournoi de boomerang à Sydney, en apprenant, au-delà de la seule technique, l’histoire et les racines de l’instrument, auprès de son copain aborigène.

Et du coup, on peut retourner à son premier travail, comme monteur, en 1986, sur un documentaire musical de Kwabena Sarfo-Maanu : Back to Roots / Soul to Soul, sur le Festival of African Music Arts de 1985, à Accra au Ghana.

Mais ce qu’on a envie de retenir aujourd’hui, c’est ce qui fait sens et émotion dans sa vie subitement devenue biographie en 2015.

Quand il a eu 30 ans.

En 1988, Finn Nørgaard produit Kun for forrykte (littéralement Pour les fous seulement) de Ole Christian Madsen & Lars Andersen (1988, 39 mn)

C’est un documentaire sur le chanteur Eik Skaløe, et le groupe rock danois, Steppeulvene, fan de Dylan, qui n’a produit qu’un seul album, devenu mythique de toute la culture hippie : LP Hip (1967).


 


 

Le nom du groupe venait du roman de Herman Hesse ( Steppenwolf, 1928).

À la suite de la mort de Eik Skaløe, retrouvé suicidé à la frontière Pakistan-Inde, sur la route des hippies, en 1968, le groupe n’a pas survécu.
"This is a suicide. There is none to blame, but the devil inside me" avait-il écrit.


 


 

En ce temps-là, on pouvait aller à pied de Copenhague à Vientiane.

Les grands hippies blonds scandinaves, aux cheveux longs et en sandales, qui descendaient le boulevardd Saint-Michel, ne faisaient que passer.

Les étapes difficiles étaient la Turquie. Là, ils pouvaient s’y faire violer et dévaliser. Mais dès qu’on avait passé la frontière, on arrivait dans des zones pacifiques : Téhéran plutôt que Ispahan la trop provinciale, Kaboul, Kathmandou, Rawalpindi, Calcutta, et même Rangoon, havres de paix, et étapes avant Bangkok, Vientiane ou Chiang Mai.
Plus loin, c’était le Vietnam et la vraie guerre, clairement définie, qu’on pouvait donc contourner.
Heureux temps où on la guerre n’étaient pas (encore) en phase épidémique et contagieuse, suintant par tous les bouts du monde.

En 1992, Finn Nørgaard est assistant caméra sur Die Terroristen ! de Philip Gröning (1992, 90 mn). Inutile de traduire.


 


 

Ça peut être si court une vie.

Nous retournons à la sidération de janvier 2015, devant la violence et la haine qui se révèlent et s’amplifient, sans même se justifier, cette saloperie souterraine qu’on n’a pas vu venir, ou disons prévoir, ou, disons, pas à ce point, malgré la surpopulation des surveillants et autres rapporteurs qui constituent les équipes de nos gestionnaires, forcément compétents, par définition.

Toutes les explications et les analyses les plus fines qu’on a pu lire les dernières semaines demeurent vaines et stériles devant les faits têtus.

Elle a pas fait le moindre progrès, l’humanité occidentale, et, comme avant 1789, avant 1917, avant 1968, comme avant les quelques abominables et inéluctables guerres du 20e siècle, malgré les signes avant-coureurs, on est surpris, et on s’étonne d’être démunis d’arguments autres que ceux des armes.

Qui ça, on ?



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