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Widerberg, Bo I (1930-1997)
Conférence de presse (1971)
publié le vendredi 8 août 2014

Conférence de presse de Bo Widerberg (1930-1997)
Festival de Cannes 1971

À propos de Joe Hill (1970)
Jeune Cinéma n° 57, Spécial Cinéastes suédois, septembre-octobre 1971

Sélection officielle en compétition du Festival de Cannes 1971. Prix spécial du Jury.


 


Sur les fondements historiques du film et sur le cas de Joe Hill en lui-même
 

Bo Widerberg : Si vous voulez savoir sur quelles prémices, j’ai établi mon scénario, eh bien, j’ai étudié les documents dans le matériel existant. J’ai essayé de les respecter. Mais j’ai décidé de ne pas faire état, dans le film, de tous les témoignages pour et contre, sinon ce serait devenu un film de procès, et je déteste les films de procès.
Mais il faut dire que les archives du premier procès - le procès d’instruction - ont été perdues. Il n’en reste plus rien, et c’est bien commode pour les autorités puisque Joe Hill, dans le second procès, fait état des contradictions de l’accusation avec l’instruction. Maintenant on ne peut plus confronter les versions.
Tout ce que je pouvais faire, c’était reconstituer ce qui s’est passé pendant l’instruction.
Heureusement, les journaux en ont abondamment parlé, de sorte qu’on voit très bien ce qui s’est passé.

Sur la parenté de Joe Hill avec les jeunes révolutionnaires de 1970
 

B.W. : Il y a des parallèles très évidents entre ce qui se passe dans le film et ce qui se passe aujourd’hui.
Par exemple, Joe Hill a congédié les avocats chargés de sa défense comme Bobby Seal a congédié les siens.
Mais tout en constatant ces parallèles, j’ai respecté à la lettre ce qui s’est passé réellement dans le procès. Le matériel dont je disposais était si bon que je n’avais rien à changer.

Pourquoi avoir choisi Joe Hill ? Parce que socialiste ? Parce que Suédois ?
 

B.W. : Parce que c’est un chic type…

Sur l’attitude (non cérémonielle) des camarades de Joe Hill au moment de sa condamnation.
 

B.W. : C’était très important pour moi - c’était le danger qui guettait mon film - de ne pas montrer les camarades de Joe comme des boy-scouts.
Je tenais beaucoup, dès le départ, à faire apparaître les luttes internes du mouvement…. Non, je m’exprime mal, il ne s’agit pas de luttes internes.
J’ai voulu montrer qu’ils étaient réalistes, pragmatiques, qu’ils faisaient, comme on dit en Suède, une realpolitik.

Ils savaient que Joe Hill allait être tué quoi qu’ils fassent. Ils se trouvaient devant leur premier martyr et devaient évidemment discuter de cette situation.
Dans le film, il y a ce jeune garçon qui se réjouit tant quand Joe Hill arrive à Kansas City et dit : "C’est formidable que tu sois là !".
C’est précisément à lui que j’ai attribué une réplique pragmatique, sur les conséquences politiques de la condamnation de Joe Hill.
Il leur semblait que le pouvoir avait provisoirement gagné, qu’il fallait marquer un temps d’arrêt pour réfléchir et décider ce qui était le meilleur.

Pour ce qui suit l’exécution de Joe Hill, les gens peuvent bien danser pendant qu’on le pend, parce que le socialisme sans la joie n’est rien. Sans la joie, il n’est rien que quelque chose de sec et d’abstrait.
Pour persuader les gens qui ont le privilège de vivre, il faut leur donner une alternative qui ne soit pas sèche, mais… comment dire ?... comme un fruit… juteuse, fruitée.
Les chansons de Joe l’étaient.

Sur ses projets
 

B.W. : Je ne peux pas en parler maintenant.
Il faut que je voyage, il faut que j’étudie, il faut que je vive.
C’est plus important que de prendre deux plans à droite, deux plans à gauche.

Conférence de presse, Festival de Cannes 1971
Jeune Cinéma n° 57, Spécial Cinéastes suédois, septembre-octobre 1971



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