Semaine télé du 17 au 23 août 2019
Salut les câblés !
publié le samedi 17 août 2019

Jeune Cinéma en ligne directe


 

Honneur à l’Open Arms et à l’Ocean Viking qui sauvent les migrants alors que les ports européens refusent de les accueillir

Humeurs de Lucien Logette



 

Samedi 17 août 2019

 

20.40 : Soirée pantoufles sur OCS Géants, avec deux Hercule Poirot, époque Peter Ustinov (toujours excellent). Le premier, Mort sur le Nil de John Guillermin (1978) est déjà passé il y a plus de deux ans, le second, Meurtre au soleil de Guy Hamilton (1981) est inédit. Rien de bouleversant là-dedans, mais c’est du solide, avec plein de vedettes et des paysages égyptiens et grecs, comme on aimerait en voir plus souvent.

20.50 : Aucun film sur Ciné+ qui ne soit passé de multiples fois (L’Étoffe des héros, Layer Cake, Nathalie…, 1900, Les Nuits de la pleine lune).
Et les DVD, tant que ça existe ?

22.45 : Au-delà du réel de Ken Russell (1980), TCM
On imagine mal aujourd’hui la renommée de Russell durant toutes les années 70, où chacun de ses films, de Love (1969) à Valentino (1977) était accueilli avec ferveur (et parfois le méritait, cf. Les Diables ou The Boy-Friend). C’est après celui-ci que les choses se sont gâtés. La frénésie visuelle habituelle (cette fois en situation puisque le film traite des champignons hallucinogènes, à la mode dix ans plus tôt) fut moins bien supportée, ses quelques titres suivants - Les Jours et les nuits de China Blue (1984) ou Gothic (1986) - tombèrent à plat et Russell ne tourna plus, à une ou deux exceptions près, que pour la télévision, là où il avait commencé dans les années 50. Altered States a sans doute vieilli, mais c’est un témoignage - et ce sont les débuts de William Hurt.

00.25 : Des monstres attaquent la ville de Gordon Douglas (1954), TCM
On a bien cherché : si l’on a souvent évoqué Them ! (titre original) à chaque fois qu’un film avec de grosses bestioles était programmé, on n’a pas trouvé trace d’un passage. Dans la catégorie, c’est une réussite notable et on ne regardera plus les fourmis, même les minuscules, sans quelque effroi.

 

Dimanche 18 août 2019

 

20.40 : À ceux qui nous ont offensés d’Adam Smith (2016), OCS City
Histoire classique de voyous, avec un élément moins fréquent : ça se passe chez les gitans britanniques. L’aspect déplaisant du pardon des offenses que peut évoquer le titre n’apparaît pas (trop). Et Michael Fassbender + Brendan Gleeson = un duel de haut niveau.

20.50 : Le Corps de mon ennemi de Henri Verneuil (1976), Classic
Seul inédit de la programmation Ciné+. Septième et avant-dernière collaboration entre Verneuil et Belmondo, qui, pour une fois, garde les pieds au sol. Le film a même un petit air "engagé" (mais d’après un roman de Félicien Marceau, ça ne pouvait pas aller très loin), avec son histoire de vengeance contre la bourgeoise nordique et sa dénonciation des notables pourris. On n’est pas chez Mocky (celui de L’Albatros), mais ça change un peu de l’inspiration de l’auteur. Jean-Louis Bory avait écrit : "C’est moins mauvais que d’habitude".

00.50 : Vacances d’été de Peter Yates (1963), TCM
L’inconnu du soir. Le premier film du cinéaste, road-movie (un bus londonien sur les routes d’Europe) annoncé comme comédie musicale. Et ce doit être vrai, puisqu’il y a Cliff Richard (sans les Shadows, hélas), alors à son sommet. Il faut veiller, mais ça vaut peut-être la peine.

 

Lundi 19 août 2019

 

20.40 : La Fête à Henriette de Julien Duvivier (1952), OCS Géants
Longtemps invisible, le film a été restauré il y a un an, dans une version qui lui redonne toute sa dimension - le Paris du début des années 50, c’est une tout autre planète. Le scénario, signé Duvivier & Jeanson, est astucieux, qui mêle deux plans de réalité (et d’invention) bien distincts. Outre les stars du temps, Dany Robin et Michel Auclair, tous les seconds rôles du cinéma français sont là. Un régal.

20.50 : Le Serpent aux mille coupures d’Éric Valette (2017), Frisson
La Série Noire de DOA ne comptant que 224 pages (au lieu des 6 ou 700 habituelles) était la plus simple de son auteur à adapter, car la plus linéaire (enfin, presque). Le réalisateur, qui se partage entre cinéma et télé avec souvent des résultats attrayants, a peut-être un peu trop joué la carte du noir glauque, avec son motard de la nuit. Pas d’acteurs connus (seul Pascal Greggory, mais l’est-il vraiment ?), ce qui explique le très faible accueil réservé au film : 8492 spectateurs. À rattraper.

20.50 : The Chaser de Na Hong-jin (2008), Club
Presque un inédit, car pas programmé depuis avril 2015. Un polar saignant comme les Coréens savent si bien les faire. Et ça tient mieux le coup à la revoyure que Jackie Brown de Tarantino, à la même heure sur TCM. 

22.25 : L’Amour flou de Romane Bohringer & Philippe Rebbot (2018), Émotion
Les deux réalisateurs n’ont pas été chercher très loin l’argument : compagnons dans la vie, ils ont mis en scène leur relation ainsi que leur séparation, bien réglée. Ce pourrait être indécent ou peu supportable, type déballage trop intime, mais ça passe - et tous les fanatiques de Rebbot seront contents. Casting maison : les (vrais) parents, frères, sœurs et enfants et les amis (Reda Kateb, Brigitte Catillon, Céline Sallette) qui passent faire un tour. Sympathique comme tout (et le public a suivi).

22.25 : Souvenirs perdus de Christian-Jaque (1950), OCS Géants
Pour ceux qui ne l’auraient pas vu lors de son passage le 3 mars 2016, sur la chaîne Histoire. Quatre histoires, à la première personne, d’objets abandonnés, écrites par les scénaristes les plus costauds du moment, Pierre Véry, Henri Jeanson, Jacques Companeez et les frères Prévert.

 

Mardi 20 août 2019

 

20.40 : La Conquête de l’espace de Byron Haskin (1955), Paramount Channel
Une rareté que l’on ne se souvient pas d’avoir vue depuis plusieurs lustres. Des hommes dans l’espace, à cette date, ce n’était pas si rare, entre Les Survivants de l’infini (Newman) et Planète interdite (Wilcox), mais c’était encore de la SF naïve, réalisée avec les moyens du bord. On avait fait des progrès depuis Méliès, mais ça restait gentiment primitif.

20.40 : Jersey Affair de Michael Pearce (2017), OCS Choc
On ne l’a pas vu, mais on en a entendu causer, en bien. Un polar anglais moderne, on est toujours preneur. Et Jessie Buckley risque de devenir une star.

20.50 : 120 battements par minute de Robin Campillo (2017), Émotion
L’inédit du soir sur Ciné+ et pas n’importe quoi, la surprise de Cannes 2017 (quatre prix, dont le Grand Prix et le prix Fipresci). La naissance d’Act Up et le militantisme "actif" du début des années 90, qui n’hésitait pas sur les moyens les plus spectaculaires pour avertir une opinion publique pour laquelle le sida était une maladie taboue (quand elle n’était pas jugée méritée). Tourné avec des inconnus (à l’exception d’Adèle Haenel), tous remarquables, le film a atteint son objectif : près d’un million de spectateurs en France. Le succès aurait, paraît-il, créé des problèmes au sein de l’organisation, débordée par un afflux de nouveaux militants…

 

Mercredi 21 août 2019

 

20.40 : Le Flic de Belleville de Rachid Bouchareb (2018), OCS Max
On le signale parce qu’on aime bien d’habitude ce que fait le cinéaste. L’ambiance US lui réussit parfois - La Voie de l’ennemi (2014) -, mais pas toujours, la preuve. Le buddy-movie, malgré Omar Sy et Luis Guzman s’est ramassé (modérément, mais 600 000 entrées pour Sy, c’est peu).

20 40 : Euforia de Valeria Golino (2018), OCS City
On le signale parce qu’on aime bien la Golino, sur l’écran et derrière la caméra, cf. Miele (2013). Mais, malgré Valerio Mastandrea et Riccardo Scammarcio, cette histoire de frères peu liés mais que la maladie va rapprocher, bof…

20.40 : Dans la forêt de Gilles Marchand (2016), OCS Choc
Marchand est un bon scénariste et les trois films qu’il a réalisés - Qui a tué Bambi ? (2003), L’Autre Monde (2010) - en portent la trace : bonne manière de créer une ambiance, de développer une histoire. Que manque-t-il à chaque fois pour faire un grand film et pas seulement un bon ? Mystère. Idem ici dans cette forêt suédoise, avec ses deux gamins et leur père. Peut-être la présence de Jérémie Elkaïm, qu’on supporte assez mal.

20.50 : Les Grands Esprits d’Olivier Ayache-Vidal (2017), Premier
Un premier film, sur un sujet bateau, celui de l’enseignement et de sa nécessaire adaptation au milieu. Nivellement par le bas, vers le haut, etc. ? Denis Podalydès, prof à Henri IV se voir bombardé dans un collège de banlieue "difficile", selon la litote. On croit savoir ce qui va se passer, eh bien, pas totalement. C’est plus proche de Cantet (Entre les murs) que de Lauzier (Le Plus Beau Métier du monde), heureusement, et le primo-réalisateur a préparé son travail sérieusement.

20.50 : Janis et John de Samuel Benchetrit (2003), Club
Comme tous les films de Benchetrit : sympathique, avec des idées, mais il manque toujours un petit quelque chose ou il y a encore quelque chose en trop. Le film a eu un succès un peu trouble, car c’était l’ultime de Marie Trintignant - elle y est d’ailleurs étonnante, comme souvent.

22.15 : Le Jour du vin et des roses de Blake Edwards (1962), TCM
Edwards n’a pas été que le brillant orchestrateur de comédies que l’on sait. Il a touché un peu au polar - Allo, l’assassin vous parle (1962, c’était très bien - et au mélo, comme ici, avec ce drame de l’alcoolisme familial dans lequel Jack Lemmon et Lee Remick sont extraordinaires. Rarement l’addiction avait été aussi bien représenté (Le Poison de Wilder fait figure de saynète de patronage).

 

Jeudi 22 août 2019

 

20.40 : Une petite zone de turbulence d’Alfred Lot (2009), OCS City
Michel Blanc est l’acteur principal et le coscénariste du film, un film qui ressemble fort à ceux qu’il a réalisés : un imbroglio familial où s’entremêlent toutes les situations prévisibles, tromperie, remariage, homosexualité, etc. Mais ce n’est pas un vaudeville, juste une comédie intelligente et bien interprétée (Miou-Miou, Gilles Lellouche, Mélanie Doutey, Cyril Descours). Depuis, Alfred Lot n’a tourné qu’un téléfilm, Le Secret de l’abbaye (2017), pas mal du tout.

20.40 : The Belko Experiment de Greg McLean (2016), OCS Choc
Pas vu, car sorti uniquement en VOD. Mais l’argument est intéressant : dans une firme de Bogota, tous les employés US expatriés sont sommés de s’exterminer mutuellement en un temps donné, sous peine d’être eux-mêmes supprimés. Dérapage ultime du capitalisme ? On est curieux de connaître la fin.

20.40 : Bob le flambeur de Jean-Pierre Melville (1956), OCS Géants
Depuis cinq ans, le meilleur film de Melville n’est passé qu’une fois, le 5 octobre 2017. On peut en reprendre une tranche, le temps de voir ce qu’était la place Pigalle dans le mitan des années 50.

20.50 : L’Atelier de Laurent Cantet (2017), Émotion
Première diffusion pour le dernier film de l’auteur. Admirons la permanence de son thème de la jeunesse adolescente ou autre, qui, depuis Tous à la manif ! et Jeux de plages (tous deux de 1995), a irrigué son œuvre. La jeunesse et la discussion : comme Entre les murs (2008) et Retour à Ithaque (2014), L’Atelier joue sur la parole, celle qui libère. Marina Foïs est parfaite dans son rôle de meneuse de jeu d’écriture, à la fois attentive et lassée - ainsi que tous les ados inconnus qui l’entourent.

22.10 : Very Bad Cops d’Adam McKay (2010), OCS Max
Comment renouveler le buddy-movie, sinon en accentuant l’aspect comique de la coexistence de caractères antagonistes. Les deux flics minables, Will Ferrell et Mark Wahlberg, en rajoutent dans l’incompétence, jusqu’à ce qu’ils découvrent un scandale financier de grande catégorie. Rien de bouleversant dans la dénonciation, juste le plaisir du spectacle attendu.

 

Vendredi 23 août 2019

 

20.40 : Détour de Christopher Smith (2016), OCS Choc
Pas vu, car lui aussi uniquement sorti en VOD. Smith a réalisé quelques films horrifiques pas indifférents, Creep (2005) ou Black Death (2010). Peut-être une découverte.

20.50 : Divorcé malgré lui de Tay Garnett (1939), Classic
Excellente idée de sortir Garnett de l’obscurité imméritée où il réside. Il a signé un film sublime, Voyage sans retour (1932), une des rencontres amoureuses les plus déchirantes de l’Histoire et un des plus beaux rôles de Kay Francis, une comédie remarquable, avec une bagarre collective mémorable - Her Man (1930) -, et la troisième version du Facteur sonne toujours deux fois (1946), avec le meilleur interprète du héros de James Cain, John Garfield. Parmi la cinquantaine de titres tournés entre 1924 et 1975, il y a largement de quoi trouver son plaisir. Par exemple, dans ses comédies des années 30, L’Amour en première page (1937), Stand-in (1937), Quelle joie de vivre (1938) et celle de ce soir. Même si on est toujours un peu réticent devant David Niven, auquel on ne trouve pas le charme qu’il est censé posséder, Loretta Young emporte le morceau. Surtout, il y a, comme d’habitude, une belle série de seconds rôles excentriques, Hugh Herbert, Billie Burke, C. Aubrey Smith, Zasu Pitts et Virginia Field (il ne manque que Franklin Pangborne et Edward Everett Horton). Pourquoi avoir traduit Eternally Yours par Divorcé malgré lui, mystère.

22.15 : Un peu, beaucoup, aveuglément de Clovis Cornillac (2015), Émotion
Premier film réalisé par l’acteur, plus réussi que son second (Belle et Sébastien 3, 2017). Situation directement sortie d’une comédie américaine des belles années, avec voisinage insupportable (un créateur de casse-tête silencieux et une pianiste à la veille d’un concours), conflit, gentlemen’s agreement et toutes ces sortes de choses. On se doute de la conclusion de l’affaire, tout est dans la manière.



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