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À propos du 8 mars 2020
Brève
publié le dimanche 8 mars 2020

Jeune Cinéma en ligne directe
Journal de Abla 2020 (8 mars 2020)


 


Dimanche 8 mars 2020

 

Ce 8 mars 2020 ne s’annonce pas routinier et les dynamiques féministes n’ont jamais été si ardentes partout dans le monde : ONU ; IWD ; MMF ; CNDF, OXFAM, etc.
C’est bien.


 

C’est l’occasion de rappeler les positions de Jeune Cinéma, depuis sa naissance en 1964 - une revue où la parité a toujours eu cours -, qui n’ont pratiquement jamais varié. Ce ne sont pas nos anciennes, Ginette Gervais-Delmas, Andrée Tournès, Heike Hurst ou Françoise Audé qui désavoueraient les collaborations actuelles.

Sur le front, où s’opposent radicalité et compromis, avec, entre les deux, le marais de rigueur, nous sommes inconditionnellement du côté des féministes, première, seconde, troisième génération, et cela quelles que soient leurs méthodes et leurs termes.
Nous sommes du côté de toutes les fureurs, quelles que soient les maladresses, les dérives, les excès, voire les injustices et les violences.


 


 

Ce combat, qui semble être désormais sans merci en Occident du moins, répond à des siècles d’une inimaginable violence non seulement inhérente au patriarcat, mais dont on peut dire qu’elle le définit.
Au delà des cas individuels - chacun est unique -, et des champs de batailles - chaque domination a ses armes propres - il s’agit pour nous de changer de civilisation, ce patriarcat continuant à triompher, et sa descendance naturelle, le capitalisme, étant d’autant plus malfaisant qu’il est mal en point, ont largement démontré leur nocivité pour l’espèce humaine dans son ensemble.


 

Nous pensons qu’il ne faut déserter aucun front féministe, si minuscule soit-il, et nous croyons que c’est de cette lutte-là - résistance et offensive -, sans faiblesse ni compassion, et sans crainte des inévitables backlashes, que viendra le salut, du moins si les dégâts du monde ne sont pas déjà irrémédiables.


 

Mais il y a aussi un ordre du jour français, et nul ne peut préjuger du devenir historique des César 2020. Dans l’histoire des femmes, les faits relevant du quotidien militant sont nombreux qui ont accédé au statut de tournant historique.
S’il y a une nécessaire réflexion à mener plus avant sur la notion de consentement et sur l’emprise, - "l’influence" est depuis longtemps au programme de la psychologie sociale et des genders’ studies -, nous considérons que le viol est équivalent du meurtre, et nous insistons pour demander l’inclusion du terme de "féminicide" dans la loi, tant que ce crime gardera sa spécificité.


 

Mais aussi, et ce n’est pas incompatible :

* Nous sommes contre l’écriture inclusive, illisible et ridicule, et, dans sa translittération orale, c’est démagogique. En bons matérialistes, nous faisons confiance à un progrès et une stabilisation graduelle des mots féminins ou neutres, dès que le rapport de force se sera équilibré dans la réalité : parité politique, parité salariale, parité légale, etc.


 

* Nous maintenons la séparation entre personne mortelle et œuvre durable. Et nous sommes contre la censure, d’où qu’elle vienne. Dans notre grande misanthropie, se niche un grand amour des livres et des films, et une vieille tendresse émue pour la notion abstraite de "genre humain" et pour ses œuvres concrètes. L’Enfer - celui de la BNF -, aussi nous appartient. Pas question de faire table rase de ce passé, même douloureux ou honteux, qui ne doit pas passer en pertes et profits. Il a constitué les corps et les âmes, les vies des générations précédentes de tous genres, nos ancêtres, il ne doit jamais être oublié. On continuera à lire Sade et Duvert. Et Céline. Pareil pour les films.


 

* Nous avons été, depuis l’enfance, amis des cancres assis au fond de la classe près du radiateur, et donc hostiles aux distributions des prix. En vieillissant, pour avoir vu tant de mauvais élèves devenir de grands artistes et tant de premiers de la classe devenir des tyrans incompétents, nous sommes contre la compétition.
Contre les décorations officielles aussi, ça va de soi.


 

Aujourd’hui est un jour particulier, le premier jour du reste de notre lutte sans relâche.

* À Paris, à partir de 12h00 : Manif unitaire Grandes gagnantes / On arrête toutes !
Parcours : Place d’Italie à partir de 12h00, avec un pique nique, et un Haka des avocates devant la mairie du 13e. Puis départ à 14h00, avec des stations particulièrement pertinentes, Hôpital Pitié Salpêtrière, Quai d’Austerlitz, Gare de Lyon, Hôtel Ibis, Opéra Bastille, et arrivée place de la République.
Ce serait étonnant qu’elles soient moins que 5000.


 

* À Paris, à partir de 14h00 : Village des féminismes Sortons de l’effroi. .
Centre international de culture populaire, 21 er rue Voltaire, 75011 Paris.


 


Bonne nouvelle :

* L’organisme de financement du cinéma au Danemark impose une parité homme-femme.


 


Quelques rendez-vous, aujourd’hui.

À Paris, au Cinéma du Panthéon :

* À 12h00 : Madame de Stéphane Riethauser (2019).


 

Cinéma du Panthéon, 13 rue Victor-Cousin, 75005 Paris.


À Lyon, dans le cadre de Écrans mixtes :

* À 13h00 : L’Histoire cachée d’Alice Guy-Blaché (Be Natural) de Pamela B. Green (2020).


 

Comœdia, 13 avenue Berthelot, 69007 Lyon.


À Lyon, à l’Institut Lumière, un ciné concert et une cinéaste :

* À 14h30 : Loulou (Die Büchse der Pandora) de Georg Wilhelm Pabst (1929).
Accompagnement au piano par Fred Escoffier.


 

* À 17h15 : La Leçon de piano (The Piano) de Jane Campion (1993).


 

Institut Lumière, 25 rue du Premier-Film, 69008 Lyon.


Et aussi :

Avec Arte.

* Quand les femmes s’émancipent part 1 et part 2 de Annette Baumeister (2018).


 


 

* Le passé recomposé (The Tale) de Jennifer Fox (2017).


 


Sur France Culture.

* Nous vivons un moment historique avec Michelle Perrot.

* Michelle Perrot sur le chemin des femmes.

* Femmes combattantes et révolutions féminines.

* La longue marche des combats féministes.

* Féminisme noir, race et angles morts. L’histoire du genre n’est pas cousue de fil blanc.

* Dans les médias, une (r)évolution du langage sur les violences sexistes et sexuelles.

* Qui a voulu la guerre ? Les femmes dans la tourmente de 1870.


Venant de Londres, les Spotlights de la Tate présentent Women Who Shape our w-World, en "free display".


 


 


 

Et le témoignage de la féministe historique Mary Kelly.


 

Tate Britain, Millbank, London SW1P 4RG.


Sur Artnet, on célèbre Cecily Brown.


 


Bonnes lectures :

* Susan Faludi, Backlash. La Guere froide contre les femmes, traduction de Lise Éliane Pommier, Évelyne Châtelain & Thérèse Réveillé, Paris, Des Femmes, 1993.


 

* Michelle Perrot, Le Chemin des femmes, Paris, Robert Laffont, 2019.


 

* Yvette Roudy, Lutter toujours, Paris, Robert Laffont, 2020.


 

* "Mexique. Du côté des femmes", in Lundimatin, 4 mars 2020.

* "Entretien avec les occupantes de l’université de Mexico", in Lundimatin, 4 mars 2020.


 


Insensiblement, cette fameuse Journée unique, a, de plus en plus, tendance à occuper l’année entière. Pour avoir des nouvelles, il suffit de regarder chaque jour nos calendriers, on remarque que, peut-être, le vent a commencé à tourner.

Cf. la filmographie Viol.



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