Semaine télé du 6 au 12 février 2021
Salut les câblés !
publié le samedi 6 février 2021

Jeune Cinéma en ligne directe


 

Avenir incertain

Humeurs de Lucien Logette


 

Samedi 6 février 2021

 

20.40 : Une sirène à Paris de Mathias Malzieu (2019), OCS Max
Inédit. L’idée est gentille : un gentil garçon (Nicolas Duvauchelle), découvre une gentille sirène blessée (Marilyn Lima), la soigne et en tombe amoureux. Mais la créature chante, évidemment, et tue tous les hommes qui l’entendent - sauf Nicolas, heureusement. Pas sûr que le cinéaste se soit bien débrouillé dans l’adaptation de son propre roman et le film ne développe pas toutes ses virtualités (comme le réussissait ce curieux film anglais, Miranda de Ken Annakin (1948). Mais la filmographie des femmes-poisson étant limitée, il ne faut pas ignorer ce gentil film.

20.50 : Un illustre inconnu de Matthieu Delaporte (2013), Premier
Dernier passage le 29 avril 2017. Après son succès, en collaboration avec Alexandre de La Patellière, Le Prénom (2012), Delaporte a réalisé seul ce scénario, écrit également avec AdeLP. Scénario très intéressant, sur l’effacement d’un personnage qui parvient à ressembler aux personnalités qu’il rencontre et à prendre leur identité. Même si le film ne tient pas tout à fait la distance, Mathieu Kassovitz est étonnant. Un joli flop : 100 000 spectateurs seulement - il a fallu cinq ans aux deux auteurs pour revenir en piste, avec Le meilleur reste à venir (2019).

20.50 : Les Contes de la Lune vague après la pluie de Kenji Mizoguchi (1953), Classic
Deuxième titre du cinéaste japonais présenté sur le câble depuis 2014, après Le Conte des chrysanthèmes tardifs (1939), en mai 2016. C’est peu, mais Ozu a été encore moins bien servi (un seul), alors que Naruse crève le plafond (quatre films). Longtemps, ce film fut le seul vraiment exploité de KM, surtout grâce aux ciné-clubs des années 50. Considéré comme un chef-d’œuvre absolu, il pâtit un peu de la découverte progressive de l’œuvre de Mizoguchi, et il est permis de trouver encore plus beau Les Amants crucifiés (1954), L’Intendant Sansho (1954) ou L’Impératrice Yang Kwei-fei (1955), pour s’en tenir à sa fin de carrière. Mais on se place là à un niveau…

22.20 : L’Intendant Sansho de Kenji Mizoguchi (1954), Classic
On l’évoquait à l’instant, les programmateurs ont entendu. Quel esthète a pris le pouvoir sur la chaîne pour imposer ainsi une soirée aussi pointue, baignant dans un noir & blanc somptueux, avec des sentiments exaltants, des interprètes superbes et une réalisation incomparable ? Profitons de l’occasion, il n’est pas certain qu’un tel repas soit souvent servi.

22.25 : Marley de Kevin Macdonald (2012), OCS City
Pour ceux qui ont raté cet excellent documentaire sur Bob le rastafarian lors de son passage en août 2015, puis en août 2019, les deux fois sur Arte.

22.30 : Palmetto de Volker Schlöndorff (1998), TCM
Inédit. On ne se souvient pas d’avoir vu ressortir ce film depuis le dernier siècle. Il s’agit d’un polar à l’ancienne - adapter en 1998 une Série Noire de James Hadley Chase publiée en 1961 (Mise en caisse) est une curieuse idée, car la thématique chasienne est datée. Mais pourquoi pas, surtout lorsqu’on utilise Woody Harrelson, toujours à l’aise dans ses personnages prêts à tout et toujours à distance de leur rôle.

00.25 : Weddings and Babies de Morris Engel (1958), Classic
Et de trois. La trilogie fondatrice de Engel et Orkin (même si elle ne signe pas le film de ce soir, elle n’était pas loin du réalisateur) a constitué un plaisir de choix au cours de ces dernières semaines. Ce soir, c’est un peu tard, mais le film est court (75 mn) et c’est demain dimanche.

 

Dimanche 7 février 2021

 

20.40 : Mon inconnue de Hugo Gélin (2019), OCS Max
Inédit. Dernier maillon de la dynastie (petit-fils de Daniel, fils de Xavier), Hugo Gélin réussit là où ses ascendants ont échoué, la réalisation - ni Les Dents longues (1953) du premier, ni L’Homme idéal (1997) du second n’ont été des succès. Sans être totalement convaincu par l’aspect fantastique du film et son univers parallèle, on reconnaît que le duo François Civil - Joséphine Japy est plaisant, que Benjamin Lavernhe est un acteur toujours intéressant. C’est l’ultime apparition d’Édith Scob et ce n’est pas rien.

20.40 : Whitney de Kevin Macdonald (2018), OCS City
C’est la semaine Macdonald : après le reggae hier, la pop aujourd’hui. Le réalisateur prend le temps qu’il faut - 145 mn pour Bob Marley, 120 mn pour Whitney Houston -, échappant à l’étroitesse du calibrage TV. C’est une bonne idée de la chaîne de présenter ses docs - à quand celui sur le grand Humphrey Jennings, tourné en 2000, et celui sur Mick Jagger (2001) ?

20.50 : Les Rois du gag de Claude Zidi (1985), Famiz
Pas inédit - mais aucun des titres du bouquet Ciné+ ne l’est ce soir, et c’est celui qui est passé il y a le plus longtemps, le 9 novembre 2017. Zidi n’est pas Lubitsch, mais la décennie 80 est celle où il a connu plusieurs réussites notoires. Le film apparaît entre Les Ripoux (1984) et Association de malfaiteurs (1987), ses deux titres les plus drôles et le tandem Jugnot-Lhermitte, inventeur de gags pour le comique de télé Michel Serrault, fonctionne bien. En prime, tous les amis du cinéaste, Brasseur, Tchernia, Noiret, passent dire bonjour.

22.30 : The Renegade de Lance Daly (2018), OCS Choc
Inédit et inconnu, uniquement édité en DVD. Mais le sujet accroche : l’histoire se passe en Irlande, au moment de la grande famine de 1845, causée par la maladie de la pomme de terre, qui contraignit 2 millions d’Irlandais à émigrer. On ne se souvient pas qu’il ait été traité auparavant. Selon le synopsis, le héros, nouveau Robin Hood, s’attaque aux profiteurs corrompus. À découvrir.

22.40 : Mystify : Michael Hutchence de Richard Lowenstein (2019), OCS City
Inédit et inconnu également. Le réalisateur est australien, spécialiste de U2 et du groupe australien INKS, dont Hutchence fit le chanteur pendant vingt ans.

 

Lundi 8 février 2021

 

20.40 : L’Ordre des médecins de David Roux (2018), OCS Choc
Inédit. Curieuse programmation sur une chaîne plutôt tournée vers les films d’action. Car on n’est pas vraiment dans Urgences, même si on ne quitte guère l’hôpital où Jérémie Rénier exerce. Ce premier film prouve que le genre médical n’appartient pas totalement à Thomas Lilti et qu’un réalisateur inventif peut y trouver sa place. Outre Renier, toujours solide, on y trouve bien des visages que l’on aime, Marthe Keller, Zita Hanrot et Maud Wyler.

20.50 : Child’s Play (La Poupée du mal) de Lars Klevberg (2019), Frisson
Huitième épisode des aventures de Chucky, la poupée diabolique qui nous avait enchantés en 1988 avec Jeu d’enfant de Tom Holland). Après la fiancée de Chucky, son fils, sa malédiction, son retour, ce soir, son reboot : on repart à zéro, en ouvrant un nouveau cycle, sans doute aussi profitable que le précédent. Les acteurs, Aubrey Plaza, Gabriel Bateman, ne sont pas des vedettes, mais suffisent pour assurer la tension.

20.50 : In the Air de Jason Reitman (2009), Émotion
Inédit, un des rares films de l’auteur jamais programmé, alors que, heureux homme, six sur les sept qu’il a tournés l’ont été. George Clooney n’hésite pas à incarner des personnages peu sympathiques, comme ce spécialiste du licenciement qui passe sa vie en avion, d’une entreprise à l’autre, et qui va devoir faire équipe avec une jeune aux dents plus longues que les siennes. Anna Kendrick fut vraiment découverte avec ce film - depuis, 35 films en dix ans…

20.50 : Un jour dans la vie de Billy Lynn d’Ang Lee (2016), TCM
Avant son premier (et seul) passage le 2 décembre 2017, on promettait de vérifier si ce film d’Ang Lee, pas encore vu, valait les éloges à son égard. Bonne pioche : ce cinéaste, qui n’est jamais là où on l’attend, entre Brokeback Mountain (2005), Hôtel Woodstock (2009) ou L’Odyssée de Pi (2012), donne une autre version du retour du héros (ici, ce n’est plus Iwo-Jima mais l’Irak) et du stress post-traumatique. Beau sujet, mais, malgré Joe Alwyn, remarquable, et Kristen Stewart, peu de spectateurs : même pas 12 000…

 

Mardi 9 février 2021

 

20.40 : Le Fan de Tony Scott (1996), OCS Choc
Inédit. Sans être fanatique de Tony S., on ne peut que lui reconnaître une belle efficacité – il ne lui manque que la puissance de son frère Ridley. D’un autre côté, le base-ball n’est pas un sport qui nous interpelle, un peu plus que le cricket, mais c’est tout. Mais il y a Robert DeNiro, encore admirable à l’époque, Wesley Snipes, Ellen Barkin, Benicio del Toro, et pour les nostalgiques de Cat Stevens, Patti d’Arbanville.

20.40 : Pique-nique à Hanging Rock de Peter Weir (1975), OCS Géants
On n’y croit pas : le film serait inédit ? Erreur de fichier ? En tout cas, nulle trace parmi les nombreux titres signés Peter Weir programmés depuis sept ans. Alors, embarquement immédiat pour le bush et son fantastique monument naturel, avaleur de lycéennes. 45 ans après, Ngannelong (le nom aborigène du rocher) n’a rien perdu de son mystère.

20.50 : Les Faussaires de Manhattan de Marielle Heller (2018), Premier
Les films sur les nègres littéraires ne manquent pas, mais c’est, à notre connaissance, le premier qui aborde le problème de la falsification, à travers l’histoire autobiographique de Lee Israel, qui imita dans ses lettres l’écriture (et le style) d’écrivains célèbres (et morts) afin de payer son loyer - et bien plus lorsqu’elle constata combien ce petit commerce était intéressant. Elle n’était pas la première à le pratiquer, puisque le génial Vrain Lucas vendit, entre 1862 et 1869, à Michel Chasles, savant membre de l’Institut, des dizaines de lettres, qu’il avait "retrouvées", écrites par Christophe Colomb, Rabelais, Jeanne d’Arc et même par Cléopâtre, Socrate, Vercingétorix, Dagobert, Charlemagne et Charles Martel, toutes dans un français impeccable - épique arnaque racontée dans Le Secrétaire des grands hommes, publié par Georges Girard en 1924. Dans le rôle de la faussaire moderne, Melissa McCarthy est parfaite.

20.50 : Dernier amour de Benoît Jacquot (2019), Émotion
Inédit, comme le film de Dino Risi (1979) portant le même titre. Jacquot préfère les adaptations aux scénarios originaux - on verra peut-être bientôt sa version de Suzanna Andler (2020) de Marguerite Duras - et c’est sur les Mémoires de Casanova que son choix s’est porté, précisément l’épisode qui concerne son aventure avec Marianne de Cherpillon, jeune coquette qui s’est refusée à lui jusqu’au bout, dernier amour, premier échec. L’auteur est toujours à l’aise dans la reconstitution des grands siècles passés. Vincent Lindon est un Casanova qui n’a peu à voir avec celui de Fellini, et Stacy Martin, la mâtine, élargit de film en film son éventail d’interprétations.

20.50 : Le Roi et l’Oiseau de Paul Grimault (1980), Famiz
La chaîne a décidé de faire la fête à Grimault chaque mardi de février 2021, ce dont on ne peut que la féliciter. Le film n’est pas inédit, comme les courts métrages du mardi 2, mais n’est pas passé depuis le 16 juin 2016. C’est le chef-d’œuvre du Maestro, sur lequel Jacques Prévert et lui ont travaillé durant trente ans, après l’aventure mal terminée, et jamais acceptée, de La Bergère et le Ramoneur. Après dix visions, on demeure émerveillé par la richesse de l’invention graphique et poétique.

22.30 : Les Meilleures Intentions d’Ana Garcia Blaya (2019), Club
Inédit, comme d’ailleurs le film de Bille August portant le même titre, scénarisé par Bergman et Palme d’or 1992. Pas le Norrland du début du dernier siècle, mais l’Argentine des années 90. Le film est sorti en plein été 2020, ce qui ne nous a pas permis d’en profiter éventuellement. Mais une première œuvre, c’est toujours bon à regarder.

 

Mercredi 10 février 2021

 

20.40 : La Vie scolaire de Grand Corps Malade & Mehdi Idir (2019), OCS Max
Le film a connu un énorme succès : près de deux millions d’entrées, alors que le seul nom d’interprète un peu connu était celui de Zita Hanrot, appréciée des amateurs mais pas encore du grand public. Alors ? La renommée du slameur ou l’intérêt pour un sujet qui est devenu un genre à part dans le cinéma français, l’école et les difficultés des enseignants et des enseignés dans des zones peu tranquilles ? Les deux réalisateurs auraient besoin d’un scénariste qui tente d’aborder les problèmes moins superficiellement (avec un point de vue qui n’évacue pas la politique, par exemple), mais les gamins sont, comme souvent, d’un naturel épatant.

20.40 : Jumbo de Zoé Wittock (2020), OCS City
Encore un premier film, sorti ce dernier été en 2020, donc mal suivi par le public. Il faut dire que la réalisatrice-scénariste a pris le risque de nous faire croire à l’attirance de son héroïne, sans doute autiste ou borderline, pour un manège du parc d’attraction qu’elle surveille la nuit. On a parlé de "réalisme magique", on peut y plonger avec plaisir ou n’y tremper que la pointe d’un pied, au choix. Noémie Merlant est convaincante, on le sait depuis Portrait de la jeune fille en feu de Céline Sciamma (2018), mais pas forcément, comme on le verra dans A Good Man de Marie-Castille Mention-Schaar (2020) et dans Mi iubita de Noémie Merlant (2021).

20.40 : Dirty Cops de Deon Taylor (2019), OCS Choc
Inconnu (sorti en DVD uniquement). Mais on en entendu dire du bien, alors pourquoi pas l’aventure ?

20.40 : Le Grand Chef de George Sherman (1955), OCS Géants
Un western inédit - mais Sherman en a tellement filmé qu’on en trouvera toujours des inédits. Avec les qualités et les limites de ce bon cinéaste de série B. Le gros handicap de ce soir est de parvenir à nous faire accepter que Victor Mature soit l’incarnation du chef Crazy Horse et Ray Danton celui de Little Big Man. Une fois ça admis, tout ira bien.

20.50 : Chamboultout d’Éric Lavaine (2019), Premier
Inédit. Le titre nous a fait reculer, et aussi le nom de Michaël Youn sur l’affiche, et c’était peut-être une erreur, eu égard aux 700 et quelques milliers de spectateurs qui y ont éprouvé du plaisir. Audrey Lamy et José Garcia sont des acteurs sympathiques, mais…

22.20 : The Nun’s Story de Fred Zinnemann (1959), TCM
C’est la première fois que l’on voit apparaître ce titre, celui de la VO. Lors de sa sortie et ensuite, le film s’est intitulé Au risque de se perdre. Quelle que soit notre admiration pour Zinnemann, jamais très bien considéré par la critique moderne, cette histoire de nonne infirmière en Afrique et du chirurgien qui en tombe amoureux nous a toujours semblée pénible, malgré Audrey Hepburn et Peter Finch. Mais l’éloignement temporel a peut-être bonifié la chose.

 

Jeudi 11 février 2021

 

20.40 : Vif-argent de Stéphane Batut (2019), OCS City
Très étrange premier film, dans lequel un jeune homme invisible aide les morts récents qui n’ont pas pris conscience de leur décès à passer de "l’autre côté". Jusqu’à ce qu’il tombe amoureux, reprenne forme et… Inutile d’en dire plus, il suffit de se laisser porter par la douceur de la narration. On connaissait, bien entendu, Judith Chemla, capable de tout jouer, mais pas Timothée Robart, sur lequel on gardera l’œil.

22.20 : L’hôtesse voyage sans slip de Pierre Unia (1980), Club
Seul film inédit sur les dix-huit que propose le bouquet Ciné+. Juste de quoi regretter une époque où les avions étaient en l’air et où Dutronc rêvait d’être une hôtesse, avec ou sans slip.

 

Vendredi 12 février 2021

 

20.50 : Soirée Kad Merad, Émotion
Il y a à boire et à manger dans la filmographie de l’acteur, souvent trop gentil (ce qui lui vaut sans doute sa popularité) alors qu’on aimerait le voir incarner au moins une fois un salaud, qui prouverait l’étendue de son talent.
Le premier film, à 20.50, Le Gendre de ma vie de François Desagnat (2018) a pour principal intérêt de comporter au générique la trop rare Pauline Étienne.
Le second film, à 22.25, On voulait tout casser de Philippe Guillard (2015) n’est pas vraiment réussi non plus - le film choral a ses règles -, mais on y voit, outre KM, Charles Berling, Benoît Magimel et Anne Charrier.

20.50 : L’habit fait le moine de Charles Crichton (1958), Classic
On ne se souvient pas que Law and Disorder ait été repris ou réédité depuis sa sortie lointaine. C’est pourtant une bonne comédie, avec Michael Redgrave et Robert Morley, du niveau de celles que Crichton avait déjà tournées, De l’or en barres (1951) ou Tortillard pour Titfield (1953), tous ces films qui déplaisaient tant à Truffaut.

22.10 : Ghost Graduation de Javier Ruiz Caldera (2012), Famiz
Inédit. Encore une histoire d’au-delà : cette fois, le héros n’est pas invisible, c’est un professeur qui peut voir les morts et leur parler, par exemple, les élèves disparus dans l’incendie de son lycée. C’est plus tourné vers la comédie que le film de Stéphane Batut. Le film porte d’autres titres, outre l’original Promocion fantasma, comme le français 5 fantômes en Terminale, sans qu’on puisse retrouver une date de sortie en France.



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