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Môme singe (la) (1995) II (rebond)
de Xiao-Yen Wang
publié le dimanche 2 janvier 2022

par Lucien Logette
Jeune Cinéma n°402-403, octobre 2020

Sélection officielle Un certain regard au Festival de Cannes 1995

Sortie le mercredi 18 juin 1997


 


Sur le texte de Jacques Chevallier, (1) un des rares à avoir repéré le film à l’époque de sa sortie, il n’y a rien à ajouter sur le fond. Avec la justesse et l’élégance qui ont toujours été sa marque, il y décrit très précisément ce qui donnait son importance au film de Xiao-Yen Wang : nul besoin de la dénoncer avec insistance pour rendre compte d’une situation épouvantable, le simple assemblage de petits faits têtus étant porteur de sens.


 

Les raisons de l’absence des parents n’ont pas à être explicitées, une injure suffit pour évoquer l’antagonisme institué entre intellectuels et prolétaires, une "pensée" du Président, ânonnée chaque matin, montre l’étendue du conditionnement. Tout ceci par touches déposées du bout du pinceau, sans que jamais le geste ne pèse.


 


 

Les chorégraphies manichéennes nous font sourire aujourd’hui - elles nous mettaient en rage à l’époque où tant de beaux esprits, qui refusaient de lire Simon Leys, (2) communiaient dans la célébration de l’astre glorieux qui illuminait l’Orient rouge. La force de Xiao-Yen Wang est de n’avoir pas fait de Shi-Wei une fillette exemplaire : elle est intelligente et inventive, obstinée et rétive, comme une gamine de cet âge. Un caractère déjà nettement dessiné, que la révo.cul. ne parviendra pas à réduire.


 


 

La bonne idée de l’excellente revue L’Avant-Scène Cinéma (3) est d’avoir édité le film en DVD, avec des bonus passionnants, et d’avoir complété le panorama avec I’m Seducible (4), second film de la réalisatrice, tourné onze ans plus tard et qui reprend le même personnage, non plus enfant mais jeune femme, installée à San Francisco - le parcours même qu’a suivi la cinéaste.
Le vrai mystère : pourquoi une filmographie réduite à deux titres, le premier plein de promesses, le second qui les confirme ? (5)

Lucien Logette
Jeune Cinéma n°402-403, octobre 2020

1. Cf. "La Môme singe", Jeune Cinéma n°244, été 1997.

2. Simon Leys, Les Habits neufs du président Mao : chronique de la "Révolution culturelle", préface de René Viénet, Paris, Champ libre, 1971.
Simon Leys, Ombres chinoises, Paris, Christian Bourgois, 1974.
Cf. aussi Guilhem Fabre, Hector Mandarès, Gracchus Wang & al., Révo. cul. dans la Chine pop. Anthologie de la presse des Gardes rouges : mai 1966-janvier 1968, Paris, Union générale d’éditions, 1974.

3. DVD : L’Avant-scène Cinéma

4. I’m Seducible de Xiao-Yen Wang (2006).

5. En réalité, sa filmographie est de 3 films, et La Môme singe est son deuxième film. En 1989, Xiao-Yen Wang a créé une petite compagnie de production, la Beijing-San Francisco Film Group, et son premier film (en collaboration avec son mari, Andy Martin) est un documentaire, The Blank Point (1991) sur la vie de trois transsexuels, ainsi qu’une réflexion sur le changement de sexe en Occident. Xiao-Yen Wang l’évoque dans un entretien avec Yves Alion, dans le bonus du coffret DVD.


La Môme singe (The Monkey Kid). Réal, sc : Xiao-Yen Wang ; ph : Xiong Li , mont : Andy Martin, Xiao-Yen Wang & Wang Yen ; mu : Jean-Pierre Tibi. Int : Fu Di , Shu Fang , Guang Yang Yang Lin Hung-Mei Chang Wang Yang (USA-Chine-1995, 95 mn).



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