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Hurt, William (1950-2022)
Brèves
publié le lundi 14 mars 2022

Jeune Cinéma en ligne directe
Journal de Shi-Wei 2022 (lundi 14 mars 2022).


 


Lundi 14 mars 2022

 

William Hurt (1950-2022) est mort hier, ce dimanche 13 mars 2022.


 

Avec sa formation théâtrale, dès ses 20 ans, puis ses 103 films et téléfilms entre 1977 et 2022, il est incontestablement un de ces inoubliables grands acteurs américains qui émaillent l’histoire du cinéma.
Il a joué avec les plus grands réalisateurs. Après son premier grand rôle dans Au-delà du réel (Altered States) de Ken Russel en 1980, Golden Globe de la meilleure révélation masculine, il a enchaîné notamment avec Lawrence Kasdan.

On se souvient particulièrement de :

* La Fièvre au corps (Body Heat) de Lawrence Kasdan (1981).


 

Puis, dans une belle continuité, sans aucun temps mort pendant plus de 4 décennies, il a tourné avec, notamment, Peter Yates, Woody Allen, Wim Wenders, Luis Puenzo, Anthony Minghella, Franco Zeffirelli, István Szabó, Steven Spielberg, M. Night Shyamalan, David Cronenberg, Robert De Niro, Sean Penn, Ridley Scott ...
Entre deux grands films, il n’a jamais hésité à tourner pour la télévision, ni à accepter des seconds rôles.


 

C’est au milieu de sa vie, à 35 ans, qu’il a connu la consécration, avec Le Baiser de la femme-araignée (Kiss of the Spider Woman) de Hector Babenco (1985), sacré Meilleur acteur au Festival de Cannes 1985, et Oscar en 1986. D’une façon générale, la majorité des films qui ont suivi ont été sélectionnés et récompensés. Il disait que cela le perturbait, que l’Oscar l’avait isolé alors qu’il voulait juste être acteur. Il fut quand même nommé aux Oscars, trois fois consécutives.


 

Au milieu des années 1990, il s’est affirmé comme un acteur intellectuel et moins commercial, par exemple avec Smoke de Wayne Wang (1995) d’après Paul Auster. Chantal Akerman le confirme, dans Un divan à New York (1996), comme acteur proche de l’Europe, et plus particulièrement de la France et des Françaises, actrices et réalisatrices : Jeanne Moreau, Charlotte Gainsbourg, Juliette Binoche, Isabelle Huppert, Julie Delpy, Tonie Marshall.


 

Et bien sur Sandrine Bonnaire, qui fut sa compagne.


 

En réalité, malgré une carrière sans faille, William Hurt, qualifié de golden boy, élu comme un des hommes les plus sexy, n’était pas comme les autres. il était différent des acteurs de sa génération, tous plus reconnaissables physiquement les uns que les autres. On pense à Bill Murray, Gabriel Byrne, Liam Neeson, Mickey Rourke, Jeff Bridges, Richard Gere, Keith Carradine, Robin Williams...
Lui, on connaît ses films, mais sans le générique, on ne reconnaît pas forcément immédiatement William Hurt,.


 


 

Il était beau gosse au début, avec de délicats yeux bleus et un regard spécial, à la fois doux, naïf et légèrement ironique. Il a bien vieilli et le regard aussi a bien vieilli. Alors d’où vient cette sorte de plasticité dans les traits ? Il devait d’ailleurs avoir conscience de cet aspect protéiforme et mouvant de son visage, puisque lui-même se définissait comme "The 6ft 2, blue-eyed, white-Anglo-Saxon-Protestant idiot". C’est aussi peut-être pour cette raison qu’il a souvent préféré des "rôles excentriques et inhabituels", comme on le répète à l’envi dans les médias, histoire de s’affirmer peut-être.


 


 

Et puis, il y a sa face cachée, le recto du verso.
Dans sa vie privée, qui fut agitée dans sa période alcoolique des années 1980 : "Un ivrogne violent sujet à des hallucinations religieuses", dénonçait une de ses femmes. Il avait fait des études de théologie, peut-être que ça vous marque un homme.
Mais aussi dans sa vie professionnelle, où il fut, pour le moins, un acteur perfectionniste. Hector Babenco disait de lui : "Hurt vous promet un mauvais moment et il tient ses promesses". Et Franco Zeffirelli en rajoutait : "C’est l’acteur le plus compliqué avec lequel j’ai jamais travaillé".


 

Au Festival de Cannes 2005, où il présentait deux de films sélectionnés, The King de James Marsh et A History of Violence de David Cronenberg, un article du Guardian, avait tenté de le cerner, le considérant comme un digne sucesseur de Robert De Niro et de Al Pacino : "Il avait toujours trop de choses sous la surface".
Ce à quoi William Hurt rétorqua en citant Dylan Thomas : "’Do not go gentle into that good night. Rage, rage against the dying of the light. But rage joyously".



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