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Reprise en main (2022)
de Gilles Perret
publié le mercredi 19 octobre 2022

par Sylvie L. Strobel
Jeune Cinéma en ligne directe

Sortie le mercredi 19 octobre 2022


 


Gilles Perret, ingénieur, fils d’ouvrier et savoyard, est un documentariste engagé, confirmé et primé (1). Pour sa première fiction, Reprise en main, il a choisi une belle petite usine de mécanique de précision dans la vallée de l’Arve. Il y a travaillé, son père aussi, il est chez lui, et ça se sent.


 

L’actionnaire, avec déjà un fonds de pension basé à Londres, relayé par un directeur mûr et blasé, assisté d’une directrice financière impeccable, veut vendre la boîte. C’est le bon moment, l’usine marche bien, il faudrait justement racheter quelques machines qui deviennent moins fiables, voire un peu dangereuses, autant vendre avant.


 

Cédric (Pierre Deladonchamps), avec ses amis d’enfance tous impliqués à divers niveaux, dont, par exemple, l’héritière en titre, décident de reprendre l’affaire. Ils sont tous des professionnels : mécaniciens, ingénieurs, ouvriers, contrôleuse de qualité, financière. Il y a même, en arrière-plan, toujours bien présent, Rufus en vieux syndicaliste calé sur son expérience inutile mais non périmée.


 

Dans la nouvelle organisation, parmi ces entrepreneurs salariés, il n’y a plus de chef, de leader charismatique ou censé sachant, ils sont plusieurs à se relayer dans le rôle de réveilleur, stratège, tacticien, mobilisateur. Ils savent même bénéficier de l’expérience d’un jeune grimpeur de la vallée de Chamonix, à l’aise dans les circuits financiers suisses.


 

Ce qui est remarquable dans ce film réaliste et marrant, c’est la mise en évidence de la nécessaire mobilisation, adaptée et sans sectarisme, de toutes les énergies, sympathies et capacités utiles à l’atteinte d’un seul objectif : préserver et développer la boîte. Pas de simplisme, des intérêts contradictoires, un repérage avisé du danger des courses solitaires.


 

Reprise en main fait partie de ces films très bien préparés du fait des relégations covid, et vite réalisé de ce fait.
Il garde les qualités des documentaires : on repère un milieu industriel, ainsi qu’une sociabilité provinciale teintée de la solidarités des environnements difficiles. Mais, il est une fiction optimiste et tonifiante, avec un bon suspense, des rebondissements inattendus, et surtout des personnages attachants et contrastés. (2)

Sylvie L. Strobel
Jeune Cinéma en ligne directe

1. Gilles Perret, né en 1968, a réalisé une dizaine de documentaires en Haute-Savoie, à partir de 1999. Pour son premier documentaire sorti en salle, Ma mondialisation (2006), il a 38 ans.
La plupart de ses films suivants ont reçu un bon accueil critique : Walter Retour en résistance (2009), De mémoire d’ouvriers (2012), Les Jours heureux (2013), La Sociale (2016) L’insoumis (2018)...
En 2019, il a coréalisé avec François Ruffin : J’veux du soleil, sur les gilets jaunes, a fait 192 000 entrées.
En 2021, également avec François Ruffin : le film Debout les femmes, est lauréat du Prix du public au Festival international du film grolandais de Toulouse (FIFIGROT) 2021 puis nommé aux Césars 2022.

2. Les Économistes atterrés sont partenaires du film.


Reprise en main. Réal : Gilles Perret ; sc : G.P., Raphaëlle Desplechin, Marion Grange, Claude Le Pape ; ph : Eva Sehet ; mont : Cécile Dubois ; mu : Léon Rousseau. Int : Pierre Deladonchamps, Laetitia Dosch, Marie Denarnaud, Grégory Montel, Finnegan Oldfield, Keith Farquhar (France, 2022, 106 mn).



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