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Hallelujah, Les Mots de Leonard Cohen (2021)
de Daniel Geller & Dayna Goldfine
publié le mercredi 19 octobre 2022

par Nicolas Villodre
Jeune Cinéma n°417-418, octobre 2022

Sortie le mercredi 19 octobre 2022


 


Avant Deauville, après Tribeca et Venise, il nous a été donné de découvrir le dernier film du couple, à la ville comme à la scène, Dayna Goldfine et Daniel Geller, Hallelujah : Leonard Cohen, a Journey, a Song, traduit en français par Hallelujah, Les Mots de Leonard Cohen.


 

Les mots dont il est question sont ceux d’un des morceaux les plus emblématiques (comme on dit aujourd’hui) du répertoire du poète-chanteur québécois quoique anglophone. Autrement dit, des paroles ou lyrics qui, au départ étaient aussi des vers, couchées-accouchées par milliers, d’une belle écriture sûre d’elle au stylo plume sur des scrapbooks, des années durant. Au fil de ses amours et de ses séjours, de ses passions et de ses stations dans diverses cités éloignées, de Paris à Los Angeles, de New York à Montréal…


 


 

Dayna Goldfine et Daniel Geller, qui s’étaient connus à l’université de Stanford, sont devenus de talentueux documentaristes, spécialisés au départ dans le film de danse - nous leur devons deux chefs d’œuvre dans ce domaine, Isadora Duncan : Movement from the Soul (1989), avec la danseuse Madeleine Lytton, disciple de l’isadorienne Lisa Duncan, et Ballets Russes (2005), où apparaissent Irina Baronova, Alicia Markova, Frederic Franklin, Mia Slavenska, Maria Tallchief...


 


 

La réussite de leur Hallelujah tient d’ailleurs à leur sens du rythme. Et à la précision d’un montage, coréalisé avec l’aide de Bill Weber, qui fond subtilement, en douceur, différents éléments, matériaux et formats. Si l’on excepte le passage un peu longuet sur les reprises, par de jeunes cabots pour télé-crochets, du morceau-titre de Leonard Cohen, savamment arrangé par John Lissauer, mais refusé avec le reste de l’album "Various Positions" (1984) par un PDG inculte de Columbia Records, avant qu’il ne devienne un tube planétaire grâce à la B.O. du film… Shrek (2001) (1), tout paraît clair et net dans l’attachant portrait de l’auteur-compositeur.


 

La fluidité du documentaire doit sans doute au nombre réduit des intervenants - si on le compare, par exemple, à celui dédié à Ennio Morricone. (2)


 


 

Certains regretteront l’absence totale de Joni Mitchell, par rapport à la sur-présence d’une Dominique Issermann, et, bien sûr, celle d’un célèbre folk-singer nobélisé évoqué au passage alors qu’un bon temps d’antenne est laissé à des seconds couteaux du type Jeff Buckley.


 


 

La séquence de John Cale piochant dans les couplets écartés sinon refoulés, plus crus ou plus "profanes", du work in progress que fut pour son auteur "Hallelujah" est là pour relever le niveau. Le final du film est très prenant. La gravité de la ballade et de la balade du troubadour arrivé au bout du chemin est renforcée par la tessiture de sa voix baissée d’au moins une octave, idéalement restituée par les prises de son numériques.


 

Leonard Cohen y interprète un hymne devenu hit dans une série de concerts à travers le monde, excellemment mixés et raccordés par Dayna Goldfine et Daniel Geller.

Nicolas Villodre
Jeune Cinéma n°417-418, octobre 2022

1. Shrek de Andrew Adamson & Vicky Jenson (2001) est un film d’animation en images de synthèse.

2. Ennio de Giuseppe Tornatore (2021).


Hallelujah, Les Mots de Leonard Cohen (Hallelujah : Leonard Cohen, a Journey, a Song). Réal, sc, mont : Daniel Geller & Dayna Goldfine ; ph : Daniel Geller ; mu : John Lissauer. Int : Leonard Cohen, Jeff Buckley, John Cale, Steve Berkowitz, Judy Collins, Bob Dylan, Dominique Issermann, Larry ‘Ratso’ Sloman, Brandi Carlile, Eric Church, Clive Davis, Regina Spektor (USA, 2021, 118 mn). Documentaire.



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