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Close (2022)
de Lukas Dhont
publié le mercredi 26 octobre 2022

par Patrick Saffar
Jeune Cinéma n°416, été 2022

Sélection officielle en compétition au Festival de Cannes 2022
Sortie le mardi 1er novembre 2022


 


Clairement marqué par une césure, de part et d’autre d’un événement tragique dont il est d’usage qu’il vienne "hanter" le reste de l’œuvre, le deuxième film de Lukas Dhont (1) nous plonge d’emblée dans ces sortes de vacances prolongées par lesquelles on pourrait nommer l’amitié fusionnelle, si ce n’est amoureuse, entre Rémi et Léo, tous deux âgés de 13 ans.


 


 

Dans une première partie, le cinéaste a évidemment bien pris soin de ne pas "qualifier" cette relation entre les deux garçons, laquelle reste innocente à leurs propres yeux - jusqu’au moment, du moins, où ils se font traiter de "tapettes" par un camarade de classe.


 


 

Cette relative joliesse, gestes et attitudes de Rémi et Léo partageant leur couche, ou gambadant en pleine nature, a pour défaut d’évacuer, moins la question de la sexualité, que l’environnement des ados, avant tout les deux pères, particulièrement inexistants. S’agissant du rôle de la mère, le film trahit une évidente inégalité de traitement, celle de Léo, Léa Drucker s’avérant pour le moins sacrifiée au bénéfice de celle du "disparu", Émilie Dequenne.


 


 

À partir du moment où Rémi voit Léo se détacher de lui, Lukas Dhont a cru bon également de multiplier les trop longues scènes - travaux des champs, parties de hockey - dans lesquelles cherche à s’affirmer par compensation, chez le "traître", une virilité encore en germe. En une jolie idée, le réalisateur nous suggère toutefois que sa fragilité reste bien réelle, dissimulée derrière le grillage de son casque.


 


 

Dans un film qui repose avant tout sur la prestation des deux gamins, la direction d’acteurs, et notamment celle de Léo, nous a paru un peu forcée et, à cet égard, rien de plus prévisible que le gros plan final sur Leo, d’abord immobile, puis tournant lentement son visage et son regard vers un hors-champ qui ne saurait être autre que celui de l’ami disparu.

Patrick Saffar
Jeune Cinéma n°416, été 2022

1. Le premier film de Lukas Dhont, Girl (2018) a reçu la Caméra d’or au Festival de Cannes


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Close. Réal : Lukas Dhont ; sc : L.D. & Angelo Tussens ; ph : Frank van den Eeden ; mont : Alain Dessauvage ; mu : Valentin Hadjadj. Int : Eden Dambrine, Gustav de Waele, Émilie Dequenne, Léa Drucker (Belgique-France-Pays-Bas, 2022, 105 mn).



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