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Lollobrigida, Gina (1927-2023)
Brève
publié le mardi 17 janvier 2023

Jeune Cinéma en ligne directe
Journal de Solomon Roth 2023 (mardi 17 janvier 2023)


 


Mardi 17 janvier 2023

 

Gina Lollobrigida (1927-2023) est morte hier, le lundi 16 janvier 2023.


 

"Les étoiles ne meurent jamais" disait Max de Vaucorbeil, en 1957 dans son documentaire sur quelques monstres sacrés. Mais, depuis l’invention du cinéma, même les plus grande stars, à plus forte raison celles des cinéphiles les plus pointus, finissent par passer dans les zones grises de la mémoire collective. Les générations se succèdent, les outils de la notoriété se transforment en même temps que sa nature. La mort de Gina Lollobrigida, à 95 ans, permet de rappeler quelle renommée stratosphérique, elle a eue dans sa belle époque d’actrice (les années 1950 et 1960), et d’évoquer aussi sa longévité : 69 films en 65 ans, de 1946 à 2011.


 

Elle avait eu 20 ans en 1947, et en ce temps-là, pour se faire connaître, les femmes passaient par les romans-photos et les concours de beauté. Lucia Bosè, Silvana Mangano ou Eleonora Rossi Drago, alors pourquoi pas elle, s’était-elle dit ?
Elle avait commencé par faire les Beaux-Arts à Rome. Puis le cinéma lui a fait des "propositions qui ne se refusent pas", comme on dit dans la mafia, et les années 1950 et 1960 ont été triomphantes. Pour le monde occidental, elle était la figure même de l’Italienne de rêve, une "beauté populaire", fougueuse, douée aussi bien pour les comédies que pour les drames.


 


 

"Elle emporte avec elle un pan de l’histoire du cinéma italien", écrit avec raison écrit La Stampa. Elle-même a déclaré qu’elle préférait l’Italie.


 

Mais si, en effet, elle a commencé à travailler dans son pays, avec les plus grands - elle a commencé avec Riccardo Freda en 1946 et enchaîné avec Mario Costa, Alberto Lattuada, Luigi Zampa, Mario Monicelli, Pietro Germi, Carlo Lizzani, Alessandro Blasetti, Mario Soldati, Vittorio De Sica, Mauro Bolognini, et aussi avec de nombreux réalisateurs moins connus, si on peut considérer que Pain, Amour et Fantaisie (Pane, amore e fantasia) de Luigi Comencini (1953) a confirmé sa gloire nationale, elle a tout de suite été happée par la France avec le grand succès de Gérard Philipe : Fanfan la tulipe de Christian-Jaque (1952).


 


 

Et même si elle apparaît peu sur le bande annonce de l’époque, c’est ce film qui lui ouvre toutes les portes.


 

Ainsi que quelques photos en bikini, il est vrai : Le Telegraph raconte comment Howard Hughes, grand amateur de décolletés, en 1950, l’a fait venir à Hollywood, et se l’est carrément appropriée, sous surveillance constante, pour lui faire signer ensuite un contrat de sept ans avec sa société de production, RKO Pictures, et la poursuivre encore pendant des années.


 

L’anecdote - enfin presque 15 ans de harcèlement quand même - explique ses allées et venues entre l’Europe et Hollywood, où elle ne se sera finalement jamais installée.
Après son premier film américain, Plus fort que le diable (Beat the Devil) de John Huston (1953), elle a tourné, notamment sous la direction de Robert Siodmak, Carol Reed, King Vidor, Robert Mulligan, Frank Tashlin, John Sturges, avec des partenaires à la hauteur, Jennifer Jones, Frank Sinatra, Sean Connery Humphrey Bogart, Burt Lancaster, Yul Brynner... Elle séduisait tout le monde, même Groucho Marx, même Rock Hudson.


 


 

On se souvient particulièrement de Salomon et la Reine de Saba (Solomon and Sheba) de King Vidor (1959).


 

En France, elle était chez elle. Qui d’autre aurait pu incarner Esmeralda dans Notre-Dame de Paris de Jean Delannoy (1956) ?


 

Il est de fait que c’était une forte personnalité. C’est ainsi qu’elle a interprété plusieurs fois son propre rôle.

* Portrait of Gina de Orson Welles (1958).

* Boum sur Paris de Maurice de Canonge (1954).

* Le Filippine de Gina Lollobrigida (1972).

Et son tout dernier film :

* Box-Office 3D de Ezio Greggio (2011).

Elle disait qu’elle préférait être qualifiée d’artiste plutôt que d’actrice.
Au début des années 1970, elle s’est éloignée de la scène.

D’abord, elle a réalisé un documentaire sur Fidel Castro.

* Ritratto di Fidel de Gina Lollobrigida (1972).


 


 

Et puis, elle est retournée à ses premières amours, la sculpture, avec des expositions dans le monde entier.


 


 

Enfin, elle s’est consacrée à la photographie : Paul Newman, Salvador Dalí, Henry Kissinger, David Cassidy, Audrey Hepburn, Ella Fitzgerald... et même Fidel Castro en tombeur de ces dames.


 


 

En 2018, elle a inauguré sa plaque sur la Walk of Fame.
La voilà à nouveau au firmament.


 

Bonne lecture :

* Gina Lollobrigida, Italia mia, présentation de Alberto Moravia, Paris, Flammarion, 1973.


 



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