C’est la Journée des femmes 2023.
Elle est abondamment célébrée sous nos latitudes, une journée qui s’étend souvent au mois. Quand elle durera toute l’année, elle disparaîtra, et on saura alors qu’elles sont arrivées au bout de leur longue marche.
Pour l’instant, même si elles avancent, par à-coups et grâce à une vigilance et des luttes incessantes, on est loin du compte.
Aujourd’hui, on en est, depuis le début de l’année 2023, à 29 féminicides, décomptés soigneusement, décrits et identifiés, sur un site dédié qui fend le cœur.
Voilà pour les grands drames qui commencent à faire un peu plus de bruit.
Mais il y a toujours la lourde vie quotidienne plus ou moins silencieuse, souvent reléguée et souterraine, les salaires, les insultes, les viols évidemment, le droit à disposer de leurs corps et l’IVG, le prix qu’elles payent pour les guerres des hommes. Et surtout on voit que les consciences, y compris celles des femmes elles-mêmes, continuent à être infectées par l’air pollué du vieux patriarcat. Sans compter, les environs pathologiques, l’Iran ou l’Afghanistan, tout proches.
La question des femmes dépasse largement toutes les revendications politiques, et les habituelles inégalités, elle relève d’un choix de civilisation, et les civilisations, si elles sont mortelles, de leur vivant, elles sont aussi tordues, à la fois solides et immobiles, la vieille Lysistrata en sait quelque chose.
Sur France culture : De la grève des ventres à l’égalité de salaire.
En tout cas, cette année, les manifs de femmes ont commencé dès lundi 6 mars 2023, à 18h00 à Paris, avec une marche de nuit de la Place de l’Opéra à la Place de l’Hotel de Ville.
Hier, 7 mars 2023, elles étaient en première ligne contre la réforme des retraites et les mensonges hallucinants des discours du pouvoir.
Et aujourd’hui, LE jour, elles sont un peu partout, appelées par plus de 50 associations, collectifs féministes et syndicats pour la grève féministe.
À Paris : Rendez-vous à 13h30 place de la République vers la place de la Nation.
Cette année, on soutient particulièrement les femmes iraniennes qui ont eu le courage de se lever et de tenir bon malgré une répression terrifiante.
Zan, Zendegi, Azadi (Femme, Vie, Liberté) est le mot d’ordre dans les rues iraniennes, et, aujourd’hui, à Paris.
Une sélection de 100 affiches réalisées par des graphistes iraniens est diffusée par des institutions culturelles, comme le MAM, et le Palais de Tokyo à proximité de l’ambassade d’Iran, ou la Maison de l’Amérique latine.
Sur le parvis de la Mairie de Paris, ce soir :
* À 18h30 : Soirée de soutien aux femmes iraniennes.
en partenariat avec le Collectif Iran Justice et en présence de membre du Comité de soutien à Fariba Adelkhah.
Au programme : Prises de Paroles, dévoilement d’une banderole "Femme, Vie, Liberté" sur la façade de la mairie, en présence l’artiste et dessinatrice franco-iranienne Bahareh Akrami, et concert du groupe Aïka Ensemble.
Au Palais de la Porte dorée, ce soir :
* À 18h30 : Soirée de soutien aux Iraniennes (entrée libre).
Avec Mariam Pirzadeh, Hanieh Delecroix, Rana Gorgani, Ariana Vafadari.
* À 20h00 : Le Cercle (Dāyereh) de Jafar Panahi (2000).
Sinon, autrement, ailleurs, en vrac :
À Paris, à la Cinémathèque du documentaire :
* À 20h00 : La Vie devant elle de Manon Loizeau (2023).
En sa présence avec Emily Loizeau, et l’équipe du film.
À Paris, au Reflet Médicis, commence le festival Cinéma de Femmes de l’Amérique du Sud 2023, 3e édition (8-12 mars 2023).
Ce soir, ouverture :
* À 19h00 : Nuestros dias mas felices de Sol Berruezo Pichon-Riviére (2021).
Dans la Métropole Aix-Marseille-Provence commence Projections Plurielles. Le corps des femmes : droit de cité 2023, 2e édition (8-12 mars 2023)
Ce soir :
* À 18h00 : Riposte féminisite de Marie Perennès & Simon Depardon (2022).
* À 19h00 : Toi non plus tu n’as rien vu de Béatrice Pollet (2022).
À Paris, au Musée Picasso, on rend hommage à grande figure des luttes antiracistes et féministes : Faith Ringgold. Black is beautuful, (31 janvier-2 juillet 2023).
Ce soir, l’art, non binaire par excellence, au dessus de la mêlée :
* À 18h30 : L’art est-il engagé ?
Rencontre avec Archie Shepp.
Avec Martin Sarrazac.
Avec Criminocorpus qui fête ses 20 ans, on écoute Michelle Perrot : De la Sorbonne à Jussieu, l’histoire sociale de la justice.
Sur France Culture : Flora Tristan.
À Rome, la Sovrintendenza Capitolina célèbre la Giornata della donna avec une série d’événements dans divers musées, consacrés au rôle des femmes dans l’histoire et l’art.
Aux États-Unis, la Journée dure un mois : Women’s History Month.
À New York, au MET, au Brooklyn Museum, au Getty...
Mais cette Journée est quand même le point d’orgue, et là-bas, on n’oublie pas le marché de l’art sous toutes ses formes.
Pour cette Journée spéciale, Nadya Tolokonnikova, cofondatrice de Pussy Riot, organise My Body, My Business, une vente aux enchères d’œuvres féministes d’artistes chez Sotheby, à New York, avec Marina Abramović, Cindy Sherman, Jenny Holzer, Jen Stark, Sarah Meyohas. Les bénéfices soutiendront la Planned Parenthood Federation of America et d’autres organisations qui fournissent des soins de santé sexuelle et reproductive, y compris l’accès à l’avortement.