Après la disparition de Kris Kristofferson (1936-2024), le 28 septembre 2024, on a pu lire un peu partout dans la presse, qu’il avait "notamment inspiré Bob Dylan".
C’est une étrange façon d’écrire l’histoire des influences.
En fat, l’un et l’autre se sont nourris de leurs prédécesseurs, chanteurs de folk, dont Woody Guthrie (1912-1967), pour l’un, et chanteurs de country, dont Johnny Cash (1932-2003) et Willie Nelson, né en 1933, pour l’autre.
Inspiration directe ? Certainement pas.
Le premier album de Kris Kristofferson - avec ce qui allait devenir un tube grâce à Janis Joplin (1943-1970), Me and Bobby McGee - est sorti en 1970, soit huit ans après le premier album de Bob Dylan, qui, entretemps, avait tout expérimenté, protest-song, folk-rock et country.
Il n’y a pas de contact avéré entre eux avant Pat Garrett and Billy the Kid de Sam Peckinpah (1973).
Ils auraient pu se croiser en 1966, lorsque Bob Dylan enregistrait son album Blonde on Blonde à Nashville, dans les studios de CBS, dont Kris Kristofferson était alors le gardien (the janitor). Mais l’hypothèse est peu probable.
C’est sur le tournage du film qu’ils devinrent amis, suffisamment proches pour que Bob Dylan lui emprunte une chanson (remarquable) pour l’album Knocked Out Loaded (1986) : They Killed Him.
Ils la reprendront tous les deux sur le double album de 1991, Kris Kristofferson : Singer/Songwriter.
Le grand moment de leur complicité fut assurément l’hommage à Bob Dylan, The 30th Anniversary Concert Celebration, au Madison Square Garden, en octobre 1992, qui réunit le gratin, Stevie Wonder, Lou Reed, Johnny Cash, Willie Nelson, Neil Young, Eric Clapton, George Harrison, Tom Petty et bien d’autres.
C’est Kris Kristofferson qui fut chargé de présenter chacun des participants du concert et il le fit de façon superbe. On se souvient de son bras passé autour des épaules de Sinead O’Connor (1966-2023), huée par une foule imbécile qui lui reprochait d’avoir déchiré la photo du pape Jean-Paul II pour protester (déjà) contre les abus sexuels de l’Église.
Il ne semble pas qu’il y ait eu entre eux d’autres rencontres publiques ensuite, l’acteur Kris Kristofferson prenant presque totalement le pas sur le chanteur, ce que l’on peut regretter.
Mais il y a eu entre eux une évidente fidélité.
Par exemple, de Tulsa, le Bob Dylan Center a rendu hommage à Kris Kristofferson, en faisant remarquer qu’il avait été parmi les premiers artistes à visiter le Bob Dylan Archive in Tulsa en 2017, cinq ans avant l’ouverture du Bob Dylan Center.
Et on ne compte pas les occurrences du nom de son ami sur le site Expecting Rain.
Lucien Logette
Jeune Cinéma en ligne directe
* Cf. aussi la nécrologie de Kris Kristofferson, Jeune Cinéma en ligne directe.