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Clepsydre (la) (1973)
de Wojciech J. Has
publié le mercredi 8 janvier 2025

par Jean Delmas
Jeune Cinéma n°72, juillet 1973

Sélection officielle En compétition du Festival de Cannes 24 mai 1973
Prix du Jury

Sélection officielle Cannes Classics 2020

Sorties les mercredis 21 mai 1975 17 septembre 2003, 1er août 2012, 20 août 2014 et 8 janvier 2025


 


La clepsydre est cette horloge à eau avec laquelle les anciens mesuraient le temps. Mais si l’on resserre le conduit pour que l’eau ne tombe que goutte à goutte... ? Le "sanatorium de la clepsydre" est ce lieu étrange où on ralentit le temps.


 


 


 

Jozef, le personnage normalement vivant, y retrouve son père, marchand juif ruiné à la fin de sa vie - beau vieillard dormant dont l’existence se ranime pour lui -, sa mère qui continue à reprocher au petit garçon des taches d’encre et des bleus aux genoux. Il y retrouve des figures historiques du vieux temps comme ce Maximilien d’Autriche, mannequin qui en tombant laisse échapper de l’orbite un œil au bout de son ressort.


 


 


 

L’étrange maison est pleine d’étranges objets, où les toiles d’araignées profitent du temps ralenti. D’étranges rites s’imposent comme de se coucher sous le lit du père. D’étranges personnages passent comme le contrôleur de train ou les pompiers auxquels Jozef emprunte un casque. Souvenirs confus, rêves et obsessions d’enfance.


 


 


 

Au-delà du sanatorium, les belles dalles et les cierges du cimetière juif. Plus loin le retour imaginaire dans un village juif-galicien aujourd’hui irrémédiablement disparu, et dont Wojciech Has s’applique à reconstituer l’aspect et les usages. Dans ce village le père, sur le marché, déroulant une pièce de drap, maintenant mangée des vers.


 


 


 

L’imagination sans frontière et sans norme, que Wojciech Has avait déjà déployée dans Le Manuscrit de Saragosse (1) se marie à celle du grand écrivain juif Bruno Schulz (1892-1942), massacré par les Allemands, dont il s’est inspiré. On est heureux que la culture juive reprenne en Pologne une place qu’il y a peu, on semblait vouloir lui interdire.

Jean Delmas
Jeune Cinéma n°72, juillet 1973

* Cf. aussi le site de Anne Guérin-Castell.

1. "Le Manuscrit de Saragosse", Jeune Cinéma n°23, mai 1967.


La Clepsydre (Sanatorium pod Klepsydrą). Réal, sc : Wojciech Has d’après Bruno Schulz ; ph : Witold Sobocinski ; mont : Janina Niedzwiecka ; mu : Jerzy Maksymiuk ; déc : Andrzej Płocki & Jerzy Skarżyński ; cost : Lidia Skarzynska & Jerzy Skarzynski. Int :
Jan Nowicki, Tadeusz Kondrat, Irena Orska, Gustaw Holoubek, Halina Kowalska, Mieczysław Voit, Bożena Adamek, Ludwik Benoit, Henryk Boukołowski, Jerzy Przybylski, Wiktor Sadecki, Szymon Szurmiej, Filip Zylber (Pologne, 1973, 124 mn).



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