Ce Pays bleu que Jean-Charles Tacchella vient de réaliser, sur la lancée du succès de Cousin, cousine. (1) est un film très rafraîchissant, un film bien joué, alerte, composé de courtes scènes à fleur de peau, qui finissent par évoquer la vie quotidienne et parfois fantaisiste d’une collectivité villageoise.

On y parle de gens, de gens sympathiques et de leurs problèmes. Comment échapper à la solitude et garder cependant son autonomie ? Comment rassembler tous les gens d’un village et d’une colline, alors que ie quant-à-soi referme chacun sur sa petite maison et son coin de terre ? Comment n’être pas trop gauche ou ridicule quand on vient de Paris, qu’on vit depuis quelques mois en Haute Provence et qu’on voudrait bien devenir un vrai paysan ?

Le Luberon de Jean-Charles Tacchella est peuplé de gens sympathiques, mais n’en est pas pour autant un pays de conte de fée. On y vit mal, les jeunes filent à la ville et s’y retrouvent chômeurs. D’autres se tuent, sans faire d’histoire. Mathias, le héros du film, jouerait volontiers les belles au bois dormant, il dort la nuit, il dort le jour, puisqu’il n’y a plus grand chose à faire dans le pays.

Le Pays bleu est un film assez insolite par sa simplicité et sa gaieté. Jean-Charles Tacchella porte sur ses personnages un regard chaleureux, bien moins incisif que dans ses films précédents.

Andrée Tournès
Jeune Cinéma n°102, avril 1977

* Cf. "Entretien avec Jean-Charles Tacchella", Jeune Cinéma n°102, avril 1977.

1. "Cousin, cousine" Jeune Cinéma n°92, janvier 1976.

Le Pays bleu. Réal, sc : Jean-Charles Tacchella ; ph : Edmond Séchan ; mont : Agnès Guillemot ; mu : Gérard Anfosso ; déc : Henri Sonois ; cost : Marie-Françoise Pérochon. Int : Brigitte Fossey, Jacques Serre, Ginette Garcin, Ginette Mathieu, Armand Meffre, Albert Delpy, Dora Doll, Jean Lescot, Maria Laborit (France, 1976, 105 mn).