par Lucien Logette
Jeune Cinéma n°430, été 2024
Sélection officielle Un certain regard du Festival de Cannes 2024
Sortie le mercredi 25 décembre 2024
Dans son premier film, Jesus (2018), Hiroshi Ouyama prenait déjà pour héros un enfant. L’admiration qu’il affirme pour Hirokazu Kore-eda semble déterminante, puisqu’il réitère dans My Sunshine, avec cette fois, deux enfants et un thème plus sympathique que les hallucinations religieuses du film précédent : le patinage artistique.
L’argument est mince, genre Billy Elliot de Stephen Daldry (2000) ou, en 2018, Girl de Lukas Dhont (1). un gamin d’une dizaine d’années, pas très doué pour le sport, délaisse le hockey, trop brutal, pour le patinage sur glace et progresse très vite, soutenu par un coach qui a senti sa passion.
Il lui donne comme partenaire la jeune patineuse déjà experte qu’il entraîne et vise une sélection en compétitions, catégorie couple mixte. Tout baigne, les deux enfants (chacun très mignons) s’entendent bien et l’ambiance est parfaite, jusqu’à ce que la gamine découvre que l’entraîneur est homosexuel, trouve ça dégoûtant et le dénonce à ses parents qui le font renvoyer.
Il s’agit du seul élément dramatique notable du film. Tout le reste est fort agréable à regarder si l’on aime le patinage artistique (il y en a beaucoup) et si l’on est attentif à tous les infra-mondes sentimentaux qui peuvent se dissimuler sous le mutisme - les deux enfants ne se parlent quasiment jamais, leur communication ne s’établit que dans l’harmonie du mouvement.
Il y a de très jolies séquences (la danse sur le lac glacé), mais une telle volonté de faire exprimer le minimum par les acteurs (toutes les scènes entre le coach et son compagnon) que l’on demeure un peu sur sa faim. C’est un film sur les pointes, qui, à trop se garder d’expliciter, à ne laisser que deviner ce qui se passe sous la surface, reste à mi-chemin des sommets d’émotion qu’il aurait pu atteindre. Jusqu’à escamoter la fin : que va-t-il se passer lorsque les deux enfants, fâchés après la "trahison" de la fillette qui a refusé de participer aux sélections, se croisent par hasard ? Pour une fois, on aurait préféré plus de points sur les i.
Lucien Logette
Jeune Cinéma n°430, été 2024
1. "Girl", Jeune Cinéma n°388-389, été 2018.
My Sunshine (Boku no ohisama). Réal, sc, ph : Hiroshi Okuyama ; mont : H.O. & Tina Baz. Int : Keitatsu Koshiyama, Kiara Nakanishi, Sosuke Ikematsu, Ryūya Wakaba Yunho (Japon-France, 2024, 100 mn).