Gene Hackman (1930-2025) est mort hier le 26 février 2025.
Selon Variety, il a été retrouvé mort dans sa maison de Santa Fé, avec sa femme la pianiste Betsy Arakawa, qui avait 30 ans de moins que lui. Une enquête est en cours.
Après une enfance agitée dans une famille instable, avec un père responsable de l’imprimerie du journal local, il rejoint les Marines, à 16 ans en mentant sur son âge. Dans l’armée, il est DJ et présentateur pour la station de radio de son unité. En rentrant d’Asie, il fait des études de journalisme, et, un court moment, suit des cours théâtre en Californie, à la Pasadena Playhouse, où il fait la connaissance de Dustin Hoffman. Il abandonne vite pour aller à New York, petits boulots et premiers pas sur scène où il trouve quelques rôles, obtient quelques bonnes critiques, et fait quelques apparitions dans des séries télévisées. Il voudrait bien jouer la comédie, mais il a Errol Flynn comme héros et pense que acteurs doivent être beaux. Or il n’a jamais eu vraiment le physique d’un jeune premier.
C’est en 1964, qu’il est remarqué au théâtre par Robert Rossen (1908-1966, qui lui donne un petit rôle dans son film Lilith, aux côtés de Jean Seberg et Warren Beatty, et lui met ainsi le pied à étrier. À partir de là, les (petits) rôles s’enchaînent, et, en 1967, c’est le coup de chance : Arthur Penn (1922-2010) l’engage pour Bonnie and Clyde (1968). Le film décroche tous les Golden Globes et tous les Oscars, et quant à lui, il est sacré "Meilleur acteur dans un second rôle", celui du frère aîné de Clyde Barrow.
Il n’a jamais eu le physique d’un jeune premier, et c’est au milieu de sa vie, avec une apparence mature et séduisante à la fois, grand et sympathique, qu’il commence une longue carrière prestigieuse, avec un film grand gagnant au box-office, et devenu depuis un grand classique, French Connection de William Friedkin (1971), pour lequel il obtient l’Oscar du Meilleur acteur.
Il peut désormais tout jouer. Dans ça carrière d’une centaine de films, entre 1961 et 2004, il n’y a pas que des chefs-d’œuvre, et avec un creux de vague au début des années 1980, mais lui est toujours excellent. Il rebondit avec Mississippi Burning de Alan Parker (1988), qui lui vaut un nouvel Oscar du Meilleur acteur.
Nous avons un faible pour L’Épouvantail (The Scarecrow) de Jerry Schatzberg (1973).
Et surtout pour Conversation secrète (The Conversation) de Francis Ford Coppola (1974).
Gene Hackman gagnera un second Oscar du Meilleur second rôle, dans Impitoyable (Unforgiven) de Clint Eastwood (1992).
Gene Hackman a rarement fait état de ses convictions politiques. Ses rôles divers n’étaient pas forcément conformes à ses idées plutôt progressistes. Il se disait démocrate. Il est parfaitement à l’aise par exemple dans La Firme de Sydney Pollack (1993).
Et nous aimons qu’il figure au générique de Reds de Warren Beatty (1981).
Il disait : "J’ai été formé à être un acteur, pas une star. J’ai été formé à jouer des rôles, pas à gérer la célébrité, les agents, les avocats et la presse". À la fin de sa vie, il se consacrait à l’écriture de romans historiques.
On lui avait souhaité un bon anniversaire en janvier 2020.
Il avait vieilli sans qu’on s’en aperçoive, depuis 20 ans qu’il ne tournait plus. Mais le souvenir de sa "gueule" souriante, ironique, est inoubliable.