Samedi 24 octobre 2015
20.40 : This Must Be the Place de Paolo Sorrentino (2011), OCS Max
Sorrentino a des ennemis, qui tirent à vue sur ses films dès qu’ils paraissent. Il a aussi des fidèles, comme Jeune Cinéma qui le suit depuis ses débuts, au point d’avoir présenté au ciné-club de la revue, son premier film, L’uomo in piu, dix ans avant sa sortie en France en 2012. Ici, Sean Penn, en idole du rock blasée, exécute pour une fois un numéro totalement convaincant.
20.45 : Junior d’Ivan Reitman (1994), Famiz
Les films proposés ce soir sur les chaînes Ciné+ du câble sont déjà passés et repassés. Othello de Welles, on connaît par cœur ; Garden State est une très jolie chose qu’on craint de voir s’effeuiller si on la regarde une troisième fois ; Aviator est un des pensums de Scorsese les plus étouffants. Alors pourquoi pas ce film du méconnu Reitman, sorte de version US de L’Événement le plus important… de Demy, beaucoup plus réussie que l’originale. Si Schwarzenegger ne vaut pas Mastroianni, Emma Thompson vaut largement Deneuve. Avec Danny DeVito en bonus.
22.15 : Que la bête meure de Claude Chabrol (1969), Classic
On s’étonne, mais si on n’a pas recommandé le film de Chabrol depuis un an, c’est parce qu’il n’a jamais été programmé. C’est pourtant un de ses films les plus accomplis. On croyait connaître Jean Yanne, c’est dans ce vingtième film et ce rôle magnifique de parfait salaud qu’il explosa littéralement. Chabrol tournait plus vite que son ombre, et parfois n’importe comment, mais lorsqu’un sujet lui tenait à cœur, il se surpassait.
22.20 : Je ne regrette rien de ma jeunesse d’Akira Kurosawa (1946), OCS Géants
À l’époque, AK n’était pas encore un maître aveuglément respecté. Mais quelle fraîcheur et quelle force : entre La Légende du grand judo (1943) et Dersou Ouzala (1975), vingt-cinq films, tous superbes. Ici, il n’en est encore qu’à ses débuts, mais c’est déjà du pur jus. Qui marche sur la queue du tigre… (1945) vient de sortir en DVD, prière de ne pas le laisser s’échapper.
Dimanche 25 octobre 2015
20.40 : Pas si méchant que ça de Claude Goretta (1974), OCS Géants
Goretta commence à être oublié et c’est dommage. Entre L’Invitation et La Dentellière, dans les belles années 70, il avait tourné ce film très réussi, mode d’emploi des hold-up artisanaux. Depardieu et Marlène Jobert, chacun pourtant à leur quinzième film, donnaient l’impression de débuter.
20.45 : Le Monde selon Garp de George Roy Hill (1982), Arte
Le roman de John Irving était inadaptable et pourtant le film est réussi. Steve Tesich a taillé un scénario sur mesure pour Robin Williams, qui campe un Garp tout à fait crédible. Et G.R. Hill n’était pas un manchot, alors…
20.50 : SOS Fantômes d’Ivan Reitman (1984), HD1
Serait-ce la semaine de réhabilitation pour Reitman ? Deux titres à la suite, quelle fête ! On a le souvenir d’avoir pris un plaisir rigolard à ces premières aventures des ghostbusters new-yorkais - un peu moins à la suite (à 22.40), pourtant avec les mêmes Bill Murray et Dan Akroyd.
20.50 : L’Homme de Bornéo de Robert Mulligan (1962), Action
Quel dommage que le film soit en VF, car il est rarement projeté. Si l’on a le courage de supporter le doublage de Rock Hudson et de Gena Rowlands… Sinon, attendons un passage (hypothétique) sur une chaîne plus noble.
00.20 : L’aventure commence demain de Richard Pottier (1948), France 3
Décidément, le cycle patrimonial de Patrick Brion cultive l’inédit. C’est sans doute la première fois qu’un film de Pottier est considéré comme culturellement fréquentable. Certes, il a fini en filmant Luis Mariano. Mais il avait jadis filmé des scénarios de Prévert et fort bien : Si j’étais le patron et Un oiseau rare sont des petites perles pas suffisamment connues. Ce soir, Raymond Rouleau et Isa Miranda en têtes d’affiche - et Jacqueline du Bief, future championne du monde de patinage !
00.25 : Une fille pour Grégory de Bill Forsyth (1981), Famiz
Avant Local Hero avec Lancaster, Bill Forsyth avait réalisé ce premier film, également au cœur de l’Écosse, très jolie variation sur l’adolescence. Récompensé par le BAFTA du meilleur scénario de l’année et c’était justice.
Lundi 26 octobre 2015
20.45 : 2 Days in Paris de Julie Delpy (2007), Émotion
Elle a commencé comme actrice en 1978 et on ne l’a pas vu vieillir. Toujours diaphane, toujours décidée, toujours réalisatrice à poigne - elle se sort aussi bien d’un film à quelques personnages, comme celui-ci et son jumeau, qui suit, que d’une troupe comme dans The Skylab. La comédie est pointue et fort agréable.
20.45 : American Horror Story : Freak Show, Frisson
Ce soir, les sept derniers épisodes de la saison 4 de la série horrifique. Jessica Lange et Kathy Bates sont toujours aussi torves. Le cabinet de curiosités de Madame Elsa a repris tous les monstres du Freaks de Tod Browning : microcéphales, femme à barbe, siamoises, homme-tronc, homme-poulet.
21.00 : Versailles de Pierre Schoeller (2008), TV5
Le premier film de l’auteur, déjà remarquable, même s’il a fait encore mieux depuis avec L’Exercice de l’État. Guillaume Depardieu en Tarzan des bois du château royal, et Max Baissette de Malglaive (le plus étonnant des acteurs-enfants actuels) en Johnny Boy.
22.25 : 2 Days in New York de Julie Delpy (2012), Émotion
La suite, enfin pas vraiment mais un peu tout de même, des aventures de Julie Delpy. Le même ton, la même aisance à arpenter New York que Paris.
Mardi 27 octobre 2015
Soirée creuse, car tous les films annoncés sur les chaînes Ciné+ et OCS, Little Miss Sunshine, Heat, Moonrise Kingdom, Total Recall, etc. ont déjà été recommandés ces dernières semaines. Un peu de découvertes, please…
20.45 : Mademoiselle de Philippe Lioret (2000), Numéro 23
Sept films en vingt ans, on ne peut pas dire que Lioret nous ensevelisse sous sa production. C’est dommage, car tout ce qu’il a signé depuis Tombés du ciel est remarquable, comme est étonnant tout ce qu’il tire ici de ses acteurs, pourtant beaucoup vus, Jacques Gamblin et Sandrine Bonnaire.
20.45 : Weekend of a Champion de Frank Simon & Roman Polanski (2013), Frisson
Pour les amateurs de Formule 1 qui se souviennent du grand Jackie Stewart. C’est Polanski qui dialogue avec lui - souvenirs, souvenirs de Grands Prix, à Monaco et ailleurs.
21.00 : Chelsea Walls d’Ethan Hawke (2001), Sundance Channel
Documentaire sur l’hôtel le plus célèbre du monde, le Chelsea, qui a vu séjourner dans ses murs tout ce qui a compté dans la contre-culture. L’hôtel porte chance aux cinéastes : Warhol y a tourné en 1966 un de ses films les plus curieux, Abel Ferrara un documentaire, en 2008, qui est la seule bonne chose qu’il ait réalisée depuis dix ans. Et celui de Hawke est également réussi.
Mercredi 28 octobre 2015
20.40 : Les Hommes libres d’Ismaël Ferroukhi (2011), OCS City
Le film n’est pas totalement convaincant, mais le sujet (un jeune Algérien marginal chargé en 1942 d’espionner les musulmans de la mosquée de Paris) est curieux.
20.45 : All Is Lost de J.C. Chandor (2013), Premier
Le deuxième film de ce cinéaste hyper-doué. Une performance, pour Redford, dans chaque plan durant 105 minutes, et pour le réalisateur, qui réussit l’impossible : nous passionner pour ce type tout seul sur son bateau. Rien d’autre - l’océan, une tempête, un porte-conteneurs - et une fin qui donne à penser. Superbe.
20.45 : La Vénus à la fourrure de Roman Polanski (2013), Émotion
Non, ce n’est pas une adaptation du roman de Sacher-Masoch, mais le casting pour une pièce d’après le roman, etc. Encore une performance : Mathieu Amalric et Emmanuelle Seigner, seuls sur scène. L’affrontement est de toute beauté et chacun des comédiens étonnants (elle surtout).
20.45 : L’Héritage de Mauro Bolognini (1976), Classic
Pourquoi Bolognini est-il le moins considéré des grands cinéastes italiens ? C’est pourtant le plus intéressant d’entre eux, sur la durée, plus juste dans sa peinture des vitelloni que Federico (voir ses films "romains" de la fin des années 50), plus calligraphe que Luchino (voir La viaccia), aussi "social" que Comencini (voir Metello), plus somptueusement esthète que tous (voir La Vénitienne). Le film de ce soir est éblouissant et sordide.
20.55 : 2 automnes, 3 hivers de Sébastien Betbeder (2013), Arte
Jeune Cinéma l’avait découvert en 2013 (n° 356), Ciné+Club un an plus tard (cf. Câblés du 3 novembre 2014), Arte s’y met enfin. Il n’est jamais trop tard. Le film date de l’époque où Vincent Macaigne n’avait pas encore squatté tous les écrans.
22.30 : Survivre de Baltasar Kormakur (2012), Premier
Soirée maritime sur la chaîne. Pas vu, mais les films islandais sont rares et ceux de Kormakur souvent très bons.
23.10 : Le Gaucher d’Arthur Penn (1958), TCM
Faudrait-il changer le titre, puisque l’on sait, grâce au journal d’Old Gringo, que Billy the Kid était droitier ? En attendant, profitons de ce portrait de l’adolescent tueur, même s’il est plus conforme à la légende qu’aux faits. Le film nous fit découvrir Arthur Penn, qui n’a ensuite jamais cessé de nous ravir.
Jeudi 29 octobre 2015
20.40 : Paris 1900 de Nicole Vedrès (1946), Histoire
Un des deux films de N. Vedrès, par ailleurs chroniqueuse et écrivain de qualité. L’évocation de la capitale au tournant du dernier siècle, avec des archives du temps, est réalisée avec une élégance qui préfigure Marker. L’assistant se nomme Alain Resnais, et c’est sa première apparition sur un générique. Leurs tombes sont côte à côte au cimetière du Montparnasse. Hasard objectif ?
22.05 : Il était une forêt de Luc Jacquet (2013), Famiz
Moins célébré que La Marche de l’empereur, moins soutenu que Le Ciel et la Glace, ce film intermédiaire est peut-être le meilleur des trois. Et c’est magnifiquement filmé (merci les drones).
22.25 : L’Orphelinat de J.A. Bayona (2007), Teva
Encore un succès de l’"école fantastique" espagnole. L’extraordinaire Les Révoltés de l’an 2000 d’e N.I. Serrador (1976) avait ouvert la voie. Depuis, Via del Toro et Amenabar, le flot ne s’est pas asséché. Frissonnons de concert (ou de conserve).
23.45 : Pas vu, pas pris de Pierre Carles (1998), OCS Choc
Enfin du Pierre Carles sur les chaînes ! 17 ans déjà qu’est sorti ce premier volet de la trilogie sur les médias - celui-ci contre le Canal+ de l’époque, qui, au vu de celui d’aujourd’hui, apparaît peu toxique. La bande de "Charlie-Hebdo" (les anciens, Gébé en tête) s’était alors mobilisée pour montrer ce film interdit. C’est désormais une pièce patrimoniale.
Vendredi 30 octobre 2015
20.40 : Luke la main froide de Stuart Rosenberg (1967), TCM
Rosenberg, formé par la série Les Incorruptibles, en avait gardé de bonnes traces, efficacité, clarté, sècheresse. Paul Newman fut suffisamment satisfait de son travail pour faire avec lui quatre autres films. Et Rosenberg donna à Walter Mathau, avec Le Flic ricanant, un de ses meilleurs rôles.
20.40 : Les salauds dorment en paix d’Akira Kurosawa (1960), OCS Géants
Encore un chef-d’œuvre d’AK. Un de ses deux films "modernes" du moment, avec Entre le ciel et l’enfer. Le titre explicite bien le propos : les affaires sont les affaires, comme écrivait Mirbeau.
20.45 : Zathura : une aventure spatiale de Jon Favreau (2005), Famiz
Avouons que c’est surtout pour revoir Kristen Stewart, alors à ses presque débuts (15 ans), et qu’on a revue depuis, de plus en plus assurée.
20.45 : Si j’étais le patron de Richard Pottier (1934), Classic
Notre demande de dimanche dernier est récompensée : un des deux meilleurs films de Pottier enfin sur le câble. Le script de Prévert sonne clairement l’air du temps, Groupe Octobre, Crime de M. Lange et Front popu à l’horizon. Un ouvrier bombardé patron de son usine pour 24 heures, c’est de l’utopie, mais ça marche. Quelle époque !
22.45 : Le Prisonnier d’Alcatraz de John Frankenheimer (1962), TCM
Burt Lancaster élevant ses oiseaux dans la fameuse prison - il a le temps, puisqu’il a pris perpète. Un huis clos (ou presque) de145 minutes, qui passe comme un rêve (mais Frankenheimer était imbattable pour ça : les 190 minutes de L’Homme de Kiev sont du même tonneau).