Semaine télé du 8 au 14 février 2020
Salut les câblés !
publié le samedi 8 février 2020

Jeune Cinéma en ligne directe


 

Évaporation de Sundance TV France

Humeurs de Lucien Logette


 

Samedi 8 février 2020

 

Une pensée émue pour Sundance TV France, qui va cesser d’émettre cette nuit.
Aujourd’hui, toute la journée encore, 15 films rares, sous forme de bouquet final. La fin sera brutale, ce soir. Ironiquement, le dernier film du programme, en deux parties, sera amputé de sa seconde partie, et donc de son sens, cf. infra.


 

La chaîne américaine, Sundance Channel, date de 1996.
Les câblés avaient suivi avec intérêt son implantation laborieuse en France, vers 2009 - horaires décalés, difficultés d’identification des programmes, sensation d’artisanat amateur. Ils lui pardonnaient beaucoup, tant les découvertes étaient nombreuses, avec des films absolument inconnus, nuits et jours, abordant frontalement toutes les marges, toutes les musiques et toutes les révolutions du monde entier. L’indépendance du Festival du Sundance Kid qui nous arrivait, brut de décoffrage, c’était toujours une divine surprise.
Ces derniers temps, les efforts de francisation des présentations étaient devenues un peu ridicules,, la chaîne perdait de son charme, mais on patientait volontiers, en attendant le film qui suivait.
On regrettera cette chaîne qui a fait le bonheur des cinéphiles curieux, prêts à se lancer à l’aventure pour suivre des films sans réputation, signés de jeunes réalisateurs inconnus. On bat sa coulpe de ne pas l’avoir regardée plus souvent.
Les chefs-d’œuvre y étaient rares, mais ce n’était pas ce qu’on attendait d’y trouver : une respiration comme nulle part ailleurs, des visages inhabituels, un air de famille - le ton Sundance - qui permettait de savoir, sans le vérifier, que l’on était sur le canal 166.


 

Robert Redford est toujours là, le Sundance Institute continue, le Sundance Festival 2020 vient de s’achever, en attendant le cru 2021.
Mais il nous manquera désormais cette fenêtre ouverte sur un territoire lointain et libre.


20.40 : Edmond d’Alexis Michalik (2018), OCS Max
Bonne idée, plutôt que d’adapter une nouvelle fois Cyrano de Bergerac, que d’attaquer l’œuvre par sa face amont, c’est-dire l’avant, sur les inquiétudes du jeune Rostand (29 ans), face à sa pièce à écrire, ses producteurs, Coquelin, Rosemonde Gérard et alii. On n’avait jamais repéré Thomas Solivérès (Edmond), malgré sa douzaine de seconds rôles.

20.50 : La Fille coupée en deux de Claude Chabrol (2007), Premier
Un Chabrol inédit, ça ne se rate pas, même si ce n’est pas le plus puissant de sa dernière période (en tout cas, moins que son ultime Bellamy, l’année suivante) - peut-être parce que le personnage du "grand" écrivain, interprété par François Berléand, n’échappe pas à la convention. Nonobstant, le couple Ludivine Sagnier-Benoît Magimel fonctionne bien. Et Chabrol sera longtemps regretté.

20.50 : Les Marmottes d’Élie Chouraqui (1993), Club
Encore un inédit, mais qui aurait pu le demeurer sans que cela nous désole, car le cinéma de l’auteur n’a jamais volé très haut, et ce qu’il pouvait y avoir de frais et curieux dans Qu’est-ce qui fait courir David ? (1982) s’est vite dilué. L’intérêt du film de ce soir, c’est le scénario de Danièle Thompson, classique mais solide, et la présence des acteurs (et surtout des actrices : Christine Boisson, Marie Trintignant, Anouk Aimée, Virginie Ledoyen, Jacqueline Bisset).

20.50 : Out of Africa de Sydney Pollack (1985), TCM
N’est pas passé plus d’une quinzaine de fois depuis deux ans. On se doit donc de le signaler.

22.20 : Jeanne d’Arc de Victor Fleming (1948), Classic
On sait que le sujet est increvable, hélas, et on peut être sûr que les futures décennies verront d’autres cinéastes apporter leur caillou au monument national. Ce ne sont pas les plus célèbres versions, celle de Dreyer exceptée, qui sont les plus intéressantes, mais les oubliées, comme celle de Marco de Gastyne (1929), avec Simone Genevois) et celle de Philippe Ramos, Jeanne captive (2011), avec Clémence Poésy. Celle de ce soir, avec Ingrid Bergman, ne passe presque jamais, surtout dans la version de 140 mn annoncée. Aussi, même si on connaît la fin…

23.30 : Éclair de lune de Norman Jewison (1987), TCM
Cf. note du 24 septembre 2017.

23.43 : Man in an Orange Shirt de Michaël Samuels (2017), Sundance
Ce beau film de la BBC, en deux parties, confronte, à travers 4 garçons, deux générations - celle de la WWII et celle du 21e siècle -, et leur vision de l’amour homosexuel. On pourrait même dire trois visions : la première où il est interdit et honteux, et doit se dissimuler sous des apparences hétérosexuelles et un mariage de convention, et la seconde où cet amour, libéré, peut prendre deux formes, la débauche physique et la communion des esprits. Ce soir, seulement la 1ère partie, puis clap de fin pour Sundance. Pour voir la suite, DVD.

00.10 : The Prison de Na Hyeon (2017), OCS Choc
Premier et unique film, inédit ici, d’un réalisateur inconnu. Le cinéma sud-coréen nous a habitués à tant de surprises qu’on peut y aller de confiance.

 

Dimanche 9 février 2020

 

20.40 : No Pain no Gain de Michael Bay (2013), OCS Max
Inédit. Et on ne l’a jamais vu, tant les films précédents de Bay, Bad Boys I (1995) et Bad Boys II (2003), et sa série des Transformers (six titres entre 2007 et 2017) nous avaient rebutés. Ce soir, Mark Wahlberg et Ed Harris sont des ingrédients suffisants pour tenter un rattrapage. Mais méfiance.

20.40 : Tess de Roman Polanski (1979), OCS Géants
Surprise : pas de passage relevé depuis 2014. Tess d’Urberville n’est pas le roman de Thomas Hardy que l’on préfère (plutôt Le Maire de Casterbridge ou La Bien-aimée), mais parmi les multiples adaptations à l’écran du cycle du Wessex, c’est le film de Polanski qui a le plus somptueusement retransmis l’univers de l’écrivain (avec John Schlesinger dans Loin de la foule déchaînée (1967), et Michael Winterbottom dans Jude (1996). Le plus beau rôle de Nastassja Kinski.

20.50 : The Big Short d’Adam McKay (2015), TCM
Passé il n’y a pas si longtemps, mais le programme de ce créneau étant inexistant ce soir sur les chaînes voisines (Ant-Man et la Guêpe, Épouse-moi, mon pote ou Le Crabe-tambour, Help !), autant choisir de revoir cet excellent film. Cf. note du 17 février 2019.

 

Lundi 10 février 2020

 

20.40 : Battement de cœur d’Henri Decoin (1939), OCS Géants
Cf. note du 1er juin 2017.

20.50 : Kingsman : Le Cercle d’or de Matthew Vaughn (2017), Frisson
Ceux qui avaient trouvé plaisir (avec raison) à Kingsman : services secrets (2014), passé le 22 février 2017 ne rateront pas cette suite - même scénariste, même équipe, mêmes acteurs (Colin Firth, Taron Egerton, Michael Caine en moins, mais, en plus, Julianne Moore - en cheffe d’un cartel de drogue - et Halle Berry).

20.50 : La Mort de Staline d’Armando Iannucci (2017), Club
Décidément, le petit père des peuples continue de fasciner : il y a plus de films le mettant en scène ces dix dernières années qu’au cours du dernier demi-siècle. Les grands acteurs aiment se frotter au rôle, cf. Depardieu ou Dussolier. Cette fois, c’est l’inconnu Andrew McLoughlin (mais il apparaît peu), moins ressemblant que le fameux Mikhaïl Gelovani, qui l’incarna dans tous les films soviétiques de l’époque. Dans cette comédie noire (il convenait qu’elle fût bien noire pour faire supporter les situations), le plus amusant est le défilé de têtes : Steve Buscemi en Khrouchtchev, Michael Palin, toujours digne des Monty Python, en Molotov.

22.05 : Old Boys de Toby Macdonald (2018), OCS Max
Pas vu, uniquement présenté en VOD. On est curieux de découvrir dans cette coproduction GB / Suède les excellents acteurs français que sont Pauline Étienne et Denis Ménochet. À vérifier.

00.05 : Fureur sur le Bosphore de Sergio Grieco (1965), OCS Géants
Pur nanar, mais les soirées sont si peu excitantes qu’on peut se faire un peu plaisir. Grieco a toujours été un spécialiste de saison, faisant du film de cape et d’épée dans les années 50 - on a un bon souvenir d’enfance du Pirate de l’épervier noir (1956) -, du péplum quand ce fut la mode - La Reine des Barbares (1960), pas mal -, et les films d’agent secret après James Bond. Il signa, sous le pseudo de Terence Hathaway, une flopée de films d’espionnage, avec l’agent 077 (Ken Clark), sans guère plus d’intérêt que celui-ci, sinon les décors et les starlettes anonymes qui les tapissaient. Le revival du genre n’étant pas encore venu, on peut déguster cette rareté tranquillement, en assumant son mauvais goût.

 

Mardi 11 février 2020

 

20.40 : Comme la soirée sur OCS est réservée aux amateurs de séries, les deux comédies, pas très neuves, signées Patrice Leconte - Ma femme s’appelle reviens (1982) - et Claude Zidi - La Course à l’échalote (1975) à 22.00) sont une échappatoire. OCS Géants

20.50 : Finding Altamira de Hugh Hudson (2016), Émotion
Étrange parcours que celui de Hudson : après une décennie triomphante - Les Chariots de feu, Oscar 1982, Greystoke et La légende de Tarzan (1984 et Révolution (1985) -, trois films jusqu’en 2000, puis rien jusqu’en 2016, Je rêvais de l’Afrique. Et ce titre, dont on ne sait s’il s’agit d’un film ou d’un téléfilm - en tout cas, exploité uniquement en VOD et sur Netflix. Le générique est alléchant : Antonio Banderas, Golshifteh Faharani, Rupert Everett, Pierre Niney. Le sujet, la découverte de la grotte d’Altamira, un peu moins.

20.50 : M de Sara Forestier (2017), Club
On aime bien l’actrice, sympathique, une "nature", même si cette nature la conduit à interpréter des rôles forcément similaires. Et on aimerait aimer plus sa première tentative de mise en scène. Mais scénariste, interprète et réalisatrice, c’était sans doute un peu trop lourd et le film s’en ressent, malgré sa sincérité. L’échec public (68 000 entrées) ne lui a pas permis pour l’instant un autre essai.

20.50 : Le Massacre de Fort Apache de John Ford (1948), Classic
Cf. note du 26 septembre 2017.

 

Mercredi 12 février 2020

 

20.40 : Cent dollars pour un shérif de Henry Hathaway (1969), OCS Géants
Pas inédit, mais c’est le seul titre notable de la soirée sur OCS et il n’est pas passé depuis trois ans. Et c’est une bonne manière de constater que la version d’Hathaway est meilleure que celle des frères Coen. Kim Darby n’a pas fait la carrière qu’elle aurait dû faire au cinéma (à part le rôle de miss Blandish dans le film de Robert Aldrich), mais elle s’est rattrapée à la télé.

20.50 : Ali Zaoua, prince de la rue de Nabil Ayouch (2000), Club
Si les trois derniers films d’Ayouch ont été programmés plusieurs fois, celui-ci, son deuxième après Mektoub (1997) est inédit. Tourné à Casablanca, avec les gamins des rues, le film, s’il est un peu maladroit, force l’attention. On aimerait revoir Whatever Lola Wants (2008), pas assez soutenu à l’époque.

20.50 : Le Chat de Pierre Granier-Deferre (1971), Classic
Passé, évidemment, mais pas si souvent que ça (dernière fois le 13 juillet 2016). Le roman de Simenon était bon, comme tout ce qu’il a produit, mais Granier-Deferre en a fait son chef-d’œuvre - il faut dire que Gabin, Signoret (et Annie Cordy) exécutent chacun un numéro de haute voltige.

22.15 : Simone Signoret, un chat est un chat de Frédéric Zamochnikoff (2019), Classic
Doc pas vu, mais rien de ce qui concerne l’actrice ne pouvant nous être étranger, on se réjouit de découvrir (peut-être) des aspects inconnus.

22.50 : La rumeur court… de Rob Reiner (2005), Paramount Channel
Là, on sèche. Les Reiner d’avant, on connaît - pas tous, mais Spinal Tap (1984), Stand by Me (1986), Princess Bride (1987), et Misery (1990) font partie des grands moments de la décennie. Ceux d’après, pas du tout : les sept films réalisés entre 2007 et 2017, on est passé à travers. Celui-ci ne nous dit rien, malgré Kevin Costner, Shirley McLaine, Mark Ruffalo et Jennifer Aniston. Une découverte, donc.

22.55 : Eve de Joseph L. Mankiewicz (1950), TCM
Certes pas inédit, mais une fois tous les trente-huit mois (dernier passage le 16 novembre 2016), une piqûre de rappel est nécessaire, histoire de vérifier que tout est en place, Bette Davis, Anne Baxter, George Sanders, Gary Merrill et Marilyn, figés dans l’éternité des mythologies.

 

Jeudi 13 février 2020

 

20.40 : Soirée Claude Sautet, OCS Géants
Bonne idée, mais il n’y a plus grand-chose à découvrir chez Sautet, sinon admirer sa maîtrise et sa direction d’acteurs impeccable. Donc, Une histoire simple (1978) puis Les Choses de la vie (1970, 22.25), puisqu’il faut bien sauver la soirée sur le bouquet.

20.50 : L’Ombre d’un soupçon de Sydney Pollack (1999), Club
À première et seconde vue, inédit sur le câble. Ce qui est, a priori, étonnant pour un film de Pollack, mais, a posteriori, pas vraiment, car il souffre du manque de souffle constaté après Out of Africa : ni Havana (1990), ni ce Random Heart, ni L’Interprète (2005) n’ont atteint les sommets anciens. Au point qu’on serait bien en peine d’en penser quelque chose. Pourtant, Harrison Ford et Kristin Scott Thomas réunis devraient nous avoir laissé des souvenirs. Seconde chance.

20.50 : La Cible de Peter Bogdanovich (1968), TCM
Wikipedia et IMDB indiquent une date de sortie en France (31 mars 1971), qui ne correspond pas à nos carnets, car nous avions noté que le film n’était sorti qu’après le succès (Art & Essai) de La Dernière Séance, titre suivant de Bogdanovich, au printemps 1972. Quoi qu’il en soit, ce premier film nous avait bien plu, par son côté "indé", assez inhabituel pour un produit américain à sa date de réalisation (1968). Et puis, il y avait Boris Karloff, dans un de ses derniers rôles.

22.20 : La Barbe à papa de Peter Bogdanovich (1973), TCM
Cf. note du 21 février 2017.

22.30 : Ocean’s 8 de Gary Ross (2018), Premier
Version féminine de Ocean’s Eleven de Lewis Milestone (1960) puis de Steven Soderbergh (2001) ? Apparemment, oui, puisque le scénario est tiré de George Clayton Johnson, premier auteur. Mais si la base est semblable, le développement l’est moins et pas seulement parce qu’il s’agit de braqueuses. Sandra Bullock, Cate Blanchett, Anne Hathaway, Helena Bonham Carter, Dakota Fanning, on en oublie forcément ; en tout cas, le recrutement est de qualité. Aucune surprise, mais du plaisir.

 

Vendredi 14 février 2020

 

20.50 : The Passenger de Jaume Collet-Serra (2018), Frisson
Dans Non-Stop (2014), du même auteur, Liam Neeson devait assurer la sécurité dans un avion en luttant contre un terroriste caché. Ici, il doit assurer la sécurité dans un train, on n’en dira pas plus. Le réalisateur a de la patte, on l’a déjà remarqué, dans une thématique un peu étroite, qui lui vaut de passer toujours sur Premier ou Frisson. Mais ne nous plaignons pas : il sait créer une ambiance et tenir la distance, même si le suspense est sans surprise. Dans Non-Stop, il y avait Julianne Moore, cette fois, il y a Elizabeth McGovern, toujours égale.

20.50 : Mademoiselle de Joncquières d’Emmanuel Mouret (2018), Émotion
Pour une fois, Mouret signe un film remarquable, très écrit, sans les affèteries qui surchargent trop souvent ses dialogues. Il n’essaie pas de se placer dans la lignée de Guitry et ça lui réussit fort. D’une anecdote racontée par Diderot dans Jacques le Fataliste il tire un drame tout en retrait mais qui prend toute sa force de cette distance. Plus que Diderot, il évoque Vivant-Denon et son Point de lendemain. L’amour, la vengeance, l’humiliation, tout est là, feutré. Édouard Baer est très bon, Cécile de France tout autant, ainsi que les seconds rôles, Alice Isaaz, Laure Calamy ou Natalia Dontcheva. Cinq nominations aux César, toutes méritées, un seul obtenu, les costumes.

23.00 : Un plan simple de Sam Raimi (1999), OCS Choc
Passé le 22 août 2017, mais il faut bien regarder quelque chose. Ou, à la rigueur, Le Septième Juré de Georges Lautner (1962) à 22.30 sur OCS Géants), pas programmé depuis septembre 2016, mais le film de Raimi est plus tonique.



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