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Semaine télé du 12 au 18 décembre 2020
Salut les câblés !
publié le samedi 12 décembre 2020

Jeune Cinéma en ligne directe


 

TV News (1989) ©Stane Jagodič

Humeurs de Lucien Logette


 

Samedi 12 décembre 2020

 

20.50 : Walkyrie de Bryan Singer (2008), Premier
Inédit. Enfin, le film, pas le scénario, puisque Pabst avait déjà traité, dans C’est arrivé le 20 juillet (1955), de l’opération Walkyrie et du complot pour assassiner Hitler, monté par von Stauffenberg. Le film de Singer bénéficie d’une distribution plus glamour que son ancêtre en noir & blanc, et Tom Cruise est plus aguichant que Bernhard Wicki jadis, surtout si l’on ajoute Kenneth Branagh, Bill Nighy et Terence Stamp. Dommage que tout ce beau monde parle anglais, ce qui fait moins "couleur locale" que chez Pabst.

20.50 : La Taverne du Poisson couronné de René Chanas (1947), Classic
Inédit et rare. Son auteur n’a pas laissé de grandes traces dans la postérité. C’était pourtant un réalisateur honnête, ayant un certain succès populaire (dix films en dix ans) et dont L’Escadron blanc (1949), fit rêver de sable chaud et de méharistes, au bon temps des colonies. Le film de ce soir a l’avantage de montrer un affrontement de choix entre Michel Simon et son méchant gendre Jules Berry - marié à la pauvre Blanchette Brunoy - tout à fait savoureux. Il faut dire que les dialogues étaient signés Henri Jeanson.

22.15 : The Escape Artist de Caleb Deschanel (1982), TCM
Un inédit sur TCM, c’est du pas vu depuis longtemps. Complètement inédit d’ailleurs, car jamais sorti dans les salles françaises. Unique réalisation du grand chef-opérateur de Cassavetes, Lucas, Coppola, Ashby, Friedkin, Kaufman ou Gibson… On ne sait rien de ce film, sinon qu’il est interprété par Raul Julia, Griffin O’Neal et Desi Arnaz, ce qui ne nous mène pas loin.

22.45 : L’Époque de Mathieu Bareyre (2018), OCS City
Filmé pendant 3 ans, et sorti discrètement au temps de Nuit Debout, premier long métrage, le film a très vite connu un grand succès, sélectionné dans tous les festivals de documentaires. Une galerie de portraits d’une époque bouillonnante, qui semble "historique", deux ans après à tous les sens du termes, lointaine certes mais prémonitoire : Matthieu Bareyre a fait ses classes en filmant une violence policière, place de la République, en avril 2016, On ne sait jamais ce qu’on filme, 2 minutes sur Youtube devenues virales.

00.15 : Le Cri d’amour de la déesse blonde de Jesus Franco (1977), Club
Ah, le joli titre. Film inconnu (il nous reste quelques centaines de titres de Franco à découvrir), mais dont le synopsis est alléchant : "Un couple, en Haïti, partage son toit avec une soubrette lesbienne et une blonde platine nymphomane". Décidément, l’univers du coréalisateur du Don Quichotte d’Orson Welles nous surprendra toujours.

 

Dimanche 13 décembre 2020

 

20.40 : After the Wedding de Bart Freundlich (2019), OCS City
Inédit et inconnu, sorti uniquement en DVD en février 2020. On ne se souvient d’aucun des deux précédents films de l’auteur qui nous sont passés sous l’œil il y a une quinzaine d’années. On n’attendrait pas grand-chose de celui-ci, s’il n’était interprété par Julianne Moore (par ailleurs épouse du réalisateur) et Michelle Williams.

22.20 : Deux fils de Félix Moati (2019), Émotion
Premier film d’un acteur qui en dix ans est parvenu à faire sa place parmi les nouveaux visages - il était remarquable dans À trois, on y va (2015) de Jérôme Bonnell). Si le sujet est mince, le film est fort intéressant, comme souvent les réalisations d’acteur : Moati dirige bien Benoît Poelvoorde, Vincent Lacoste Anaïs Demoustier et l’inconnu Mathieu Capella.

22.30 : Galveston de Mélanie Laurent (2018), Premier
Inédit. L’actrice mène de concert une carrière de réalisatrice, parfois avec succès comme Demain, 2015 avec Cyril Dion, mais pas toujours : ce film, malgré ses vedettes américaines, Ben Foster, Elle Fanning, n’a rassemblé que 20 000 spectateurs. Si on voulait être méchant, on dirait que c’est déjà beaucoup, tant il peine à sortir des clichés du film noir. Le scénario est pourtant dû à Nic Pizzolatto, le créateur de la série True Detective. Il manque la patte d’un réalisateur.

 

Lundi 14 décembre 2020

 

20.40 : Capitaine Conan de Bertrand Tavernier (1996), OCS Choc
Cf. note du 18 octobre 2017.

20.50 : So Long, My Son de Wang Xiaoshuai (2019), Club
Les cinéastes chinois ne craignent pas de faire long, parfois inutilement, lorsque le temps indéfiniment étiré n’est qu’une coquetterie d’auteur. Mais quand il s’agit d’une fresque évoquant trente années d’histoire de la société chinoise, entre 1980 et 2010, les 185 minutes sont presque courtes. Wang a été multi-sélectionné à Cannes et les deux acteurs, Yong Mei et Wang Jinchun, ont décroché un prix d’interprétation à Berlin 2019 largement mérité.

20.50 : Sergent la Terreur de Richard Brooks (1953), Classic
Brooks ne cherchait pas alors (ce n’était que son cinquième film) le raffinement psychologique, mais l’efficacité. Ce qui ne l’empêchait pas de réussir ses portraits de héros, le Bogart de Bas les masques (1952) et du Cirque infernal (1953) ou le Richard Widmark de ce Take the High Ground !. Celui-ci était dans sa période "l’homme que vous détesterez le plus", avec ses rôles de psychopathe ou de voyou pathétique. Ici, il est parfait en instructeur revenu de Corée et qui ne songe qu’à faire baver les recrues sous sa poigne. Les amateurs de Brigadoon retrouveront avec plaisir Elaine Stewart.

22.10 : Mickybo and Me de Terry Loane (2004), Famiz
Inconnu. Aucune trace d’une sortie de ce film, unique réalisation (mais Loane a travaillé pour la TV anglaise). Comme l’excellent Ciaran Hinds est au générique, ainsi que Gina McKee, on regardera avec un certain intérêt.

00.20 : Le Blanc et le Noir de Robert Florey (1931), France 5
Brion nous offre une rareté, la première pièce de Sacha Guitry, adaptée au cinéma (par lui-même), le premier parlant de Raimu et le premier film de Fernandel. Avec d’autres acteurs savoureux, Suzanne Dantès, Alerme et Pauline Carton. Impossible d’imaginer un tel scénario aujourd’hui : l’épouse de Raimu accouche d’un enfant noir, produit d’un adultère avec un musicien de passage ; le mari va aussitôt échanger le bébé avec un d’une couleur plus conforme. Beau produit d’époque - mais pas seulement : Guitry réutilisera l’idée dans La Vie à deux, tourné par Clément Duhour en 1958.

 

Mardi 15 décembre 2020

 

20.40 : Soirée Ivan Sen, OCS Choc
On ne connaît rien de ce réalisateur australien aborigène, les deux titres programmés ce soir, Mystery Road (2013) à 20.40, et Goldstone (2016), à 22.40, n’étant disponibles qu’en DVD. Il s’agit de deux polars, avec le même acteur principal, Aaron Pedersen. La bonne surprise du jour ?

20.50 : Yao de Philippe Godeau (2018), Premier
Le problème avec Omar Sy, c’est son capital de sympathie. C’est bien, parce que ça lui permet d’entraîner tous les films qu’il interprète vers des sommets commerciaux agréables aux producteurs. Ça l’est un peu moins dans la mesure où ses personnages (le même avec des variations) manquent d’ambiguïté et des éléments surprenants qui font le sel des découvertes. C’est un gentil définitif. Et cette gentillesse inonde le film de ce soir. Bonne idée que de faire revenir à ses sources un acteur célèbre et de le confronter avec la mythologie créée chez ses spectateurs. Mais c’est bien lisse et sans arrière-monde. Dommage.

20.50 : Little Joe de Jessica Hausner (2019), Club
La cinéaste autrichienne n’est pas très choyée : un seul de ses cinq films a été programmé, Amour fou (2014). Pourtant Lovely Rita (2000) ou Hotel (2004) mériteraient d’être sortis de l’oubli. On se rattrapera avec celui-là, même si, malgré le prix d’interprétation à Cannes 2019 pour Emily Beecham, ce n’est pas celui que l’on préfère.

20.50 : La première balle tue de Russell Rouse (1956), Classic
Inédit. Rouse reprend le schéma classique du tueur le plus rapide de l’Ouest et de ses challengers, comme dans The Gunfighter d’Henry King (1950). Cette fois-ci, c’est Glenn Ford, pacifique mais affligé du don de dégainer rapidement, qui est relancé par un pro, en l’occurrence Broderick Crawford (dans un de ses meilleurs rôles). Fatale erreur. Le titre original est plus explicite : The Fastest Gun Alive.

22.30 : Tu mourras à 20 ans d’Amjad Abu Alala (2018), Club
Le film a été sélectionné à la Mostra de Venise 2019, et est sorti juste avant le 1er confinement. Il pourrait annoncer un renouveau du cinéma soudanais, si les temps pandémiques ne l’étouffe pas dans l’œuf.

 

Mercredi 16 décembre 2020

 

20.40 : Les Filles du Docteur March de Greta Gerwig (2019), OCS Max
Soirée guimauve. Le roman de L.M. Alcott est insubmersible - depuis 1918, six films et cinq téléfilms. Plus aucune surprise à chaque nouvelle adaptation, chacune respectant le même cahier des charges (c’est d’ailleurs la source du plaisir à retrouver les quatre sœurs). Cette fois, c’est Saoirse Ronan qui reprend le flambeau de Jo, après Katharine Hepburn (1933), June Allyson (1949) et Winona Ryder (1994). En prime, Timothée Chalamet, Louis Garrel et Meryl Streep.

20.50 : La Favorite de Yorgos Lanthimos (2018), Premier
Pas vu - tous les films de Lanthimos vus jusqu’à présent l’ont été par contrainte de sélectionneur. Pour une fois qu’un de ses films n’était pas présenté à Cannes mais à Venise, il n’y avait aucune raison de se l’imposer. Nonobstant, La Favorite a été couvert de récompenses : Grand Prix du jury et Prix d’interprétation à Venise et Oscar pour Olivia Colman. En outre, Emma Stone et Rachel Weisz sont au générique.

20.50 : Tabou de Nagisa Oshima (1999), Club
Surprise : jamais proposé sur le câble ! Ultime film d’Oshima - il restera quatorze ans sans tourner, avant sa mort en 2013. Tabou porte sur un sujet rarement abordé par le cinéma japonais : l’homosexualité éventuelle dans les compagnies (casernes ? écoles ? milices ?) de samouraïs. Premier film de Ryuhei Matsuda (il en a tourné une trentaine depuis). Takeshi Kitano, en chef de troupe, est remarquable, évidemment.

22.20 : South Pacific de Joshua Logan (1958), TCM
Inédit et d’une belle rareté. Le film a-t-il été repris depuis sa sortie ? Il faut dire que l’accueil avait été catastrophique. Effectivement Rossano Brazzi en héros d’une comédie musicale, on a du mal à le croire. Mais il y a tout de même Mitzi Gaynor et John Kerr, plus aguerris dans le "sing and dance". Il reste au moins la bande musicale, superbe (ceux qui ont pu entendre Mary Martin dans la version d’origine enregistrée en 1949 ne peuvent l’oublier).

22.55 : Tabou de Miguel Gomes (2012), OCS City
Deux titres semblables le même soir, c’est un complot. Rien à voir pourtant entre le film japonais et le portugais. Gomes est le chouchou de la critique moderne, inutile d’aller contre, même si on peut considérer comme exagérés les dithyrambes émis en son honneur. Mais Tabou (120 mn) est plus supportable que les 380 mn des Mille et Une Nuits (2015).

01.00 : A Chorus of Disapproval de Michael Winner (1989), TCM
Drôle d’horaire pour ce film inconnu, jamais sorti ici, malgré Anthony Hopkins et Jeremy Irons. Une découverte, assurément.

 

Jeudi 17 décembre 2020

 

20.40 : Le Triomphe de Buffalo Bill de Jerry Hopper (1953), Paramount Channel
Un western inédit sur la chaîne, c’est soir de fête. Charlton Heston n’est peut-être pas le meilleur Buffalo Bill de l’histoire du cinéma - le plus traditionnel, c’est Gary Cooper, et le plus étonnant, c’est Paul Newman -, mais il s’en sort bien. Et surtout il y a Rhonda Fleming (qui vient de mourir, il y a deux mois, à 97 ans).

20.50 : Le silence est d’or de René Clair (1947), Classic
Dernier passage : le 3 décembre 2020, mais à 01.10, ce qui ne permettait pas de profiter pleinement de ce film charmant, recréation tout en finesse de la Belle Époque du cinéma muet. Premier film après la période américaine de Clair, dont on commence enfin à reconsidérer la filmographie de façon plus juste après les quolibets de la Nouvelle Vague (mais qu’allait-il faire à l’Acadéfraise ?). Maurice Chevalier est très bien, comme il fut presque toujours à l’écran, et Marcelle Derrien a arrêté, trois ans et cinq films plus tard,une carrière qui s’annonçait pourtant bien.

22.25 : L’Entreprenant Monsieur Petrov de Mark Sandrich (1937), Classic
Cf. note du 17 septembre 2016.

 

Vendredi 17 septembre 2020

 

20.50 : Mona et moi de Patrick Grandperret (1989), Club
Deuxième film de l’auteur. On aimerait bien fort revoir son premier, Courts circuits (1981), un des meilleurs films que l’on connaisse sur les courses de moto), prix Jean-Vigo 1989, très jolie histoire d’amitié entre trois potes (Denis Lavant, Antoine Chappey et Olivier Owen) et de leur copine Mona (Sophie Simon, disparue des radars). Pour les amateurs de musique ancienne, l’histoire se noue autour de l’organisation d’un concert de Johnny Thunders, ancien des New York Dolls.

20.50 : Soirée Georges Lautner, Classic
Il n’y a pas que l’austérité dans la vie (cf. infra). Pour les amateurs de parodies qui ne les auraient jamais vus, s’il en existe, deux films classiques : Les Barbouzes (1964) à 20.50, suivi par Des pissenlits par la racine (1964) à 22.30. Tous les comiques du moment sont sur le pont. Ça ne vaut pas une comédie musicale pour remonter le moral, mais on peut faire avec.

22.20 : Les Enfants d’Isadora de Damien Manivel (2019), Club
Manivel est un des réalisateurs les plus prometteurs apparus ces dernières années. Pas très grand public, pas commercial du tout, assez austère et radical, mais sans porter sa radicalité comme une pancarte. Des films courts, très simples, reposant sur une idée forte, développée jusqu’à son terme, comme dans Un jeune poète (2014), qui aurait pu sombrer dans le ridicule (tournage à Sète dans le cimetière marin de Valéry) et qui touchait juste, ou dans Le Parc (2016), simple description d’une rencontre qui débouche sur le fantastique. Ici, il s’appuie sur un dispositif, en prenant comme prétexte la mort brutale des deux enfants de la danseuse Isadora Duncan et de la chorégraphie en solo qu’elle a composée ensuite. Trois histoires successives, celle d’une danseuse qui travaille ce solo, d’une chorégraphe qui le met en scène avec une autiste et d’une vieille dame qui vient voir la représentation. Les trois sont liés avec une subtilité rare. 5300 spectateurs en salle, rattrapage obligatoire.



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