Semaine télé du 23 au 29 janvier 2021
Salut les câblés !
publié le samedi 23 janvier 2021

Jeune Cinéma en ligne directe


 

Keith Haring, Television (1987)

Humeurs de Lucien Logette


 

Samedi 23 janvier 2020

 

20.50 : Baaria de Giuseppe Tornatore (2009), Émotion
Inédit. Depuis le triomphe ici de Cinema Paradiso (1988), l’accueil des films de Tornatore n’a pas été à la hauteur de leur qualité : si Une pure formalité (1994) a été bien accepté, à cause de l’interprétation de Depardieu et de Polanski, La Légende du pianiste sur l’océan (1998) n’a pas eu le succès qu’il méritait. Ensuite, ses titres, lorsqu’ils sortaient, ont été négligés : ainsi, cette fresque ambitieuse, retraçant l’histoire du siècle dans une petite ville sicilienne, celle où le cinéaste est né. 160 minutes, c’est bien le temps nécessaire pour aller du préfascisme au PCI des années 80. Tornatore, à l’aise dans les affrontements particuliers, n’a pas totalement le souffle pour tenir la distance. Mais le film est rare, on y voit passer quelques acteurs que l’on aime bien, Toni Lo Cascio, Enrico Lo Verso, Angela Molina, Monica Bellucci, Michele Placido, et Donatella Finocchiaro, trop mal connue, sauf par les habitués du défunt festival italien d’Annecy.

20.50 : Golden Door d’Emanuele Crialese (2006), Club
La soirée italienne continue sur le bouquet Ciné+. Le film n’est pas inédit, mais pas programmé depuis le 15 mars 2016. En outre, il a été jugé à l’aune de Respiro (2002), sous prétexte qu’il s’agissait également d’immigration et on a reproché à Crialese de se répéter. En réalité, sa description de la Sicile du début du 20e siècle et de l’embarquement pour le Nouveau Monde (titre original) est remarquable, tout autant que son évocation d’Ellis Island, qui vaut celle de James Gray dans The Immigrant (2013). Charlotte Gainsbourg y est très juste, comme d’habitude.

22.15 : Le Petit Fugitif de Morris Engel, Ray Ashley et Ruth Orkin (1953), Classic
Inédit. Une découverte absolue pour les heureux qui ne connaissent pas encore l’œuvre d’Engel - très courte : Lovers and Lollipops (1955), co Ruth Orkin, et Weddings and Babies (1958) ; elle doit exister en DVD. Autoproduit, noir & blanc, tourné dans la rue en 35 mm muet avec des non-professionnels, le film, lorsqu’il est sorti, ne ressemblait à rien d’autre dans le cinéma américain - Engel et Orkin étaient d’abord des photographes et n’ont pas fait carrière dans le cinéma. Mais leur film a influencé Cassavetes et Truffaut, qui a reconnu un jour la filiation entre Little Fugitive et Les Quatre Cents Coups.

22.50 : A Bread Factory, Part 1 : ce qui nous unit de Patrick Wang (2018), OCS City
Inédit et inconnu. Doc avec des morceaux de fiction, selon les renseignements. Histoire d’un lieu culturel coopératif à Checkford. Le film est sorti à la sauvette, mais d’après les témoignages, méritait bien plus de spectateurs que les 789 qui l’ont vu en décembre 2018. A Bread Factory, part 2, sorti début janvier 2019, en a rassemblé 1613.

23.35 : Morris Engel, the Independant de Mary Engel (2008), Classic
Doc inédit, réalisé par la fille du photographe-cinéaste, trois ans après sa mort. Dans la foulée, la chaîne propose un autre doc inédit, également de Mary Angel, consacré à sa mère : Ruth Orkin, Frames of Life (1996). Présence obligatoire.

00.20 : Godzilla d’Ishiro Honda (1954), TCM
Enfin, l’original, qui fit tant trembler à l’époque, lorsque les dinosaures et autres T. Rex n’étaient pas encore galvaudés. Les trucages feraient rire les fabricants d’effets spéciaux d’aujourd’hui, mais le charme est intact, comme celui du premier King Kong.

01.55 : Le Retour de Godzilla de Motoyoshi Oda (1955), TCM
La suite, tournée immédiatement pour profiter du succès mondial du premier. Honda étant occupé ailleurs (cinq films en 1955), c’est Oda, réalisateur inconnu de nos services, qui en fut chargé.

 

Dimanche 24 janvier 2020

 

20.50 : L’Année de tous les dangers de Peter Weir (1982), Club
On a du mal à le croire inédit, mais c’est ainsi. Premier gros succès international de Weir, Pique-nique à Hanging Rock (1975) ayant surtout intéressé les salles Art & Essai. La reconstitution du putsch de Soeharto en Indonésie et de la répression que celui-ci mit en place est si juste que le film ne fut projeté là-bas qu’en 2000, après les trente ans de dictature. Mel Gibson y confirme qu’il pouvait jouer un autre personnage que Mad Max et Segourney Weaver prouve qu’elle n’était pas vouée à chasser les aliens.

22.45 : Clash de Mohamed Diab (2016), OCS City
Pas inédit, mais un seul passage, le 21 novembre 2018.
Le reste du bouquet OCS n’offrant que peu d’intérêt, on peut refaire un tour dans le fourgon de police qui trimballe, dans les rues du Caire, un paquet de manifestants arrêtés le 3 juillet 2013. On regrette que Diab tourne aussi peu : deux titres en dix ans, après l’excellent Les Femmes du bus 678 en 2010.

00.05 : Les Poings contre les murs de David Mackenzie (2014), OCS Choc
Pas trace d’un précédent passage. Bon film de prison - plutôt bon film sur la psychologie des prisonniers violents -, avec des acteurs que l’on apprécie, Jack O’Connell et Rupert Friend, le Quinn de la série Homeland.

 

Lundi 25 janvier 2021

 

20.50 : Roubaix, une lumière d’Arnaud Desplechin (2019), Club
Le dernier (en date) film de Desplechin et sans doute son meilleur, dépourvu de sa griffe auteuriste et des chichis dont il peine à se débarrasser. Cette fois, il s’appuie sur un scénario sans bavures et se glisse dans les codes du polar comme s’il en était familier. Le Nord, superbement rendu, et une direction d’acteurs - Roschdy Zem, Léa Seydoux, Sara Forestier, Antoine Reinartz - sans failles. Le film n’a rien obtenu à Cannes, mais a décroché le prix Jacques-Deray du meilleur polar de l’année.

20.50 : Les Sacrifiés de John Ford (1945), Classic
Inédit. Premier film de fiction de Ford après ses documentaires tournés sur le front du Pacifique pour la série Pourquoi nous combattons (1942-1945). Il ne quitte pas l’univers guerrier avec cette histoire de navires lance-torpilles dans les Philippines. C’est du cinéma à chaud, comme les Américains y excellaient alors. Troisième titre de John Ford avec John Wayne, après le superbe Les Hommes de la mer (1940). Il y en aura d’autres.

23.30 : Le Colonel Chabert de René Le Hénaff (1943), France 5
Patrick Brion, toujours. Un des succès de l’Occupation, lorsque l’on adaptait la littérature classique, Balzac, Maupassant ou Zola, faute de pouvoir traiter de la réalité du moment. Le Hénaff a laissé plus de traces comme monteur (pour Clair, Carné, Decoin, Guitry) que comme réalisateur. Mais Des jeunes filles dans la nuit (1943) repose sur un bon scénario d’Yves Mirande et Le Mystère Saint-Val (1946) n’est pas le pire Fernandel. Antépénultième apparition de Raimu, parfait dans le rôle du demi-solde et de son retour malheureux.
On note qu’à partir du 30 janvier 2021, son Cinéma de minuit devrait passer le samedi.

23.35 : L’Extraordinaire Week-end de la famille Moll de Manuel Flurin Hendry (2017), Famiz
Inconnu et inédit en France. Réalisateur suisse allemand inconnu, acteurs inconnus, bande dessinée (à l’origine du film) inconnue. Mais la traduction du titre original est alléchante - Papa Moll et le rapt du chien volant - et surtout, un critique local considère que le film "distille avec humour et tendresse la quintessence de la suissitude". Comment résister ?

 

Mardi 26 janvier 2021

 

20.40 : In Fabric de Peter Strickland (2018), OCS Choc
Inédit et inconnu : le film est sorti en novembre 2019, dans une seule salle, et a totalisé 386 spectateurs avant de disparaître. Ce qu’on a lu depuis à son sujet ne fait que regretter de ne pas l’avoir vu sur un véritable écran : on évoque l’influence de Dario Argento (l’ancien) et l’humour de Ben Wheatley pour Touristes (2012), alliance appétissante, d’autant que Sidse Babette Knudsen tient le rôle principal.

20.50 : Late Night de Nisha Ganatra (2019), Émotion
Inédit. La réalisatrice est une spécialiste des séries télévisées. On n’a vu d’elle qu’un épisode de Mr. Robot, en 2015. D’où sa précision à décrire le milieu des talk-shows et des luttes pour conserver l’audience. Emma Thomson est impériale en meneuse de jeu sur la défensive. À noter le nom de Mindy Kaling, scénariste et actrice, qui se révèle à la hauteur de sa partenaire.

20.50 : Le Souffle de la tempête d’Alan J. Pakula (1978), Classic
Un Pakula inédit, c’est chose rare. Mais le cinéaste était bien moins à l’aise, malgré Jane Fonda et James Caan, dans l’exploration des codes du western, même situé dans les années 40, que dans la description paranoïaque de l’univers contemporain.

22.35 : Berberian Sound Studio de Peter Strickland (2012), OCS Choc
Même problème que pour le film de 20.40 : sorti en avril 2013, en cinq copies, il nous avait échappé alors. Les témoins le décrivent comme un bel exercice, film d’horreur qui ne la montre jamais, en se contentant des bruits travaillés par un ingénieur du son, dans le cinéma italien des années 70, celui des gialli. Saluons l’initiative de la chaîne qui ne nous a pas habitués à des propositions aussi radicales.

 

Mercredi 27 janvier 2021

 

20.40 : Soirée Justine Triet, OCS City
Pour mémoire, car les deux films - Victoria (2016) à 20.40) et La Bataille de Solférino (2013) à 22.15) sont passés plus d’une fois. La réalisatrice est une valeur montante, même si son dernier, Sybil (2019), est moins réussi.

20.40 : Les Traducteurs de Régis Roinsard (2019), OCS Choc
Inédit. L’auteur a cherché à renouveler (un peu) le système du whodunit  ?, ou polar en vase clos. Mais l’exercice n’était pas simple et la mécanique grince et manque de surprise. Lambert Wilson est impérial, à la tête de son armada de traducteurs internationaux, rassemblés pour traduire en secret le dernier roman d’un auteur mystérieux.

20.50 : Le Mystère Henri Pick de Rémi Bezançon (2019), Premier
On suit avec intérêt l’auteur depuis son Ma vie en l’air (2005). Il touche encore une fois très juste avec cette histoire de ponte de la critique littéraire médiatisée (Fabrice Luchini, qui d’autre ?) parti à la recherche des traces d’un écrivain mort, auteur prétendu d’un roman à succès. Le petit milieu de l’édition n’est pas si aisé à mettre en scène, on l’a vu avec l’éprouvant Doubles vies d’Assayas (2018). Ici, ça fonctionne bien, Luchini à l’aventure dans le Finistère, comme dans l’île de Ré pour Alceste à bicyclette de Philippe Le Guay (2013), aujourd’hui à 20.55 sur Arte, est maintenu dans ses excès par le réalisateur.

20.50 : Soirée Patricia Mazuy, Club
Bonne idée de consacrer un programme à une réalisatrice très peu mise en valeur par les bouquets - un seul passage, le 23 juillet 2020, de son dernier film, Paul Sanchez est revenu (2018). Sa retraite provinciale due à son amour des chevaux nous a valu deux titres, Basse Normandie (2004) et Sport de filles (2011), estimables, mais qui n’égalaient pas ceux du début, présentés ce soir : Peaux de vaches (1989), bon film noir avec Sandrine Bonnaire et Jean-François Stévenin, sélection Un Certain Regard, et à 22.15, Saint-Cyr (2000), pas l’école militaire (ouf !), mais l’école des demoiselles rassemblées par Madame de Maintenon (Isabelle Huppert) à la fin du Grand Siècle. Difficile de trouver une thématique d’auteur là-dedans, pas plus d’ailleurs que dans son très réussi téléfilm de 1994, Travolta et moi, mais c’est plaisant. Prix Jean-Vigo pour Saint-Cyr.

20.50 : La Ruée vers l’Ouest d’Anthony Mann (1960), TCM
Inédit. Nouvelle adaptation, après celle de Wesley Ruggles en 1931, du fameux roman d’Edna Ferber, Cimarron. Il ne manque pas un essieu à tous les chariots qui vont s’envoler vers les terres lointaines, offertes aux arrivants qui seront parvenus en Oklahama. Du grand cinéma, forcément à l’étroit sur les écrans familiaux. Mais Glenn Ford, Maria Schell, Ann Baxter, et surtout les habitués du genre, Arthur O’Connell, Russ Tamblyn, Robert Keith et David Opatoshu.

22.55 : Claudia la mystérieuse de Christopher Jones & Marie-Dominique Montel (2018), Classic
Doc inconnu, mais comment rater un pareil sujet ?

23.15 : Meurtre à bord de Joseph M. Newman (1953), TCM
Inédit et inconnu, à notre connaissance pas repris depuis la sortie en 1954. Newman est surtout réputé pour ses westerns de série B, Fort Massacre (1958) ou Tonnerre Apache (1961), mais il a signé de bons films noirs, par exemple 711, Ocean Drive (1950) et le fameux Les Survivants de l’infini (1955). Cette fois, surprise, un film maritime, avec Jeanne Crain et Michael Rennie, pas vraiment des stars mais des acteurs honnêtes, paraît-il tourné dans les décors du Titanic de Jean Negulesco. Une découverte.

 

Jeudi 28 janvier 2021

 

20.50 : Le Dialogue des Carmélites de Philippe Agostini et R.L. Bruckberger (1960), Classic
Inédit et on se serait bien privé de le voir réapparaître, ce pensum d’après Bernanos narrant le triste destin de religieuses persécutées par la Terreur. Honneur au courage malheureux. Une distribution éclatante, Jeanne Moreau, Alida Valli, Madeleine Renaud, Pascale Audret, Pascale de Boysson, côté dames, côté messieurs, Georges Wilson, Jean-Louis Barrault et Pierre Brasseur. Mais c’est bien tout ce qu’on peut en dire.

21.45 : Les Yeux de sa mère de Thierry Klifa (2011), OCS Max
Inédit. Comme les autres titres de l’auteur, Une vie à t’attendre (2004) ou Tout nous sépare (2017), c’est du vite oubliable. Mais il y a un certain plaisir à voir évoluer Catherine Deneuve, Géraldine Pailhas, Nicolas Duvauchelle, Marina Foïs et Marisa Parédès. Le cinéma, c’est aussi des acteurs.

21.45 : It Must Be Heaven d’Elia Suleiman (2019), OCS City
Apparemment le premier titre de Suleiman à être programmé sur le câble. Certes, sa filmographie n’est pas abondante, mais elle recèle des petites merveilles, Intervention divine (2002) ou The Time That Remains (2009) qui aurait déjà dû lui valoir une soirée spéciale. Rattrapons-nous avec cette dernière perle, plastiquement sans doute la plus accomplie - jamais les rues de Paris n’ont été vues sous un tel angle. À Cannes, mention spéciale du jury et prix Fipresci.

22.20 : Monella de Tinto Brass (1998), Club
Inconnu. Mais les amateurs de l’érotisme délirant de l’auteur de Caligula (1979) et de La Clef (1983) peuvent lui faire confiance. Les autres se réjouiront, à 22.40, sur la chaîne voisine, Classic, devant l’immarcescible Journal d’un curé de campagne de Robert Bresson (1950).

22.45 : Satanic Panic de Chelsea Stardust (2019), OCS Choc
Inconnu - unique sortie en DVD en avril 2020. Une livreuse de pizza débarque dans un cercle de satanistes. On frémit d’avance. En tout cas, le pseudonyme de la réalisatrice est joli.

 

Vendredi 29 janvier 2021

 

20.40 : Bad Boys for Life d’Adil El Arbi & Bilall Fallah (2020), OCS Max
Inédit. Pour les fanatiques des deux premiers Bad Boys de Michael Bay, en 1995 et 2003). Vingt-cinq après leur rencontre, Will Smith et Martin Lawrence n’ont toujours pas raccroché leur plaque et leur arme de service. La 4 en 2030, à la veille de la retraite ?

20.40 : Le Grand Chantage d’Alexander Mackendrick (1957), OCS Géants
Première incursion du cinéaste dans l’univers américain, après la série de comédies British qui l’ont rendu célèbre, de Whisky à gogo (1949) à Tueurs de dames (1955). Il change de registre, sur un scénario de Clifford Odets et Ernest Lehman, affrontement entre un journaliste fameux et un attaché de presse qu’il tente de convaincre de monter un scandale. C’est théâtral, mais d’une superbe noirceur, et Burt Lancaster et Tony Curtis sont au mieux de leur forme. Le film a été réédité récemment par Wild Side Video et la version est magnifique.

20.50 : La Mandragore d’Alberto Lattuada (1965), Classic
On aimerait voir plus souvent figurer le nom de l’auteur des Adolescentes (1961) dans les propositions du câble. La Pensionnaire (1954) ou Venez donc prendre le café chez nous (1970), parmi bien d’autres, mériteraient de sortir des placards. Ici, une rareté, l’adaptation de la comédie de Machiavel, qui n’a pas seulement écrit des traités politiques. Florence au 16e siècle (en réalité Urbino) et un marivaudage libertin, avec Philippe Leroy et Rossana Schiaffino + Brialy, Toto et Romolo Valli.

22.30 : L’Ange de la vengeance d’Abel ferrara (1981), OCS Choc
Quasiment une relique, puisqu’il s’agit du deuxième film de Ferrara, encore inconnu (mais il est sorti en août 1982). Pas vraiment innovant, puisqu’on est dans le "rape and revenge", inauguré quelques années plus tôt par Michael Winner. L’intérêt : la vengeance n’est pas le fait du mari ou du père de la femme violée, mais de celle-ci, qui devient experte en coups de fer à repasser et en découpe humaine. Zoe Lund n’a pas fait carrière, mais on l’a revue dans Bad Lieutenant(1992) du même Abel.



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