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Cissé, Souleymane (1940-2025)
Brève
publié le jeudi 20 février 2025

Jeune Cinéma en ligne directe
Journal de Pierre Vernant 2025 (20 février 2025)


 


Jeudi 20 février 2025

 

Souleymane Cissé (1940-2025) est mort brutalement hier, mercredi 19 février 2025, à Bamako.


 

Il avait participé, dans la matinée, à une conférence de presse pour remettre deux trophées en prélude à la 29e édition du Fespaco.
Il devait prendre l’avion aujourd’hui pour Ouagadougou, où il devait présider le jury Fiction long métrage du festival (22 février-1er mars 2025).
Il y a sa statue.


 

Il est considéré, dans le monde entier, comme un des grands maîtres des cinémas africains. Ces "grands maîtres", sont ceux dont les films ont été sélectionnés par les festivals internationaux, spécialement Cannes.
Ce qui est le cas du Sénégalais Ousmane Sembène (1923-2007), pour La Noire de... (1966), à la Semaine de la critique, et du Mauritanien Abderrahmane Sissako, né en 1961, pour Timbuktu (2014), en compétition du Festival de Cannes.
Entre les deux, le Malien Souleymane Cissé, avec, la première fois, à 42 ans, en 1982 Le Vent (Finyè, 1982), sélection Un certain regard.
Comme si chaque génération n’engendrait qu’un seul artiste africain, tous pays confondus.


 

Le premier film d’Afrique subsaharienne tourné par un Africain est un court métrage malgache Rasalama Maritiora, de Philippe Raberojo (1937). Les cinémas africains ont émergé après la décolonisation et les indépendances dans les années 1950-1960. Et hormis les habitués du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco), biannuel, créé en 1969, on les connaît assez mal. En 2023, la Quinzaine des cinéastes avait récompensé Souleymane Cissé d’un Carrosse d’or pour l’ensemble de sa carrière. À cette occasion, dans un entretien avec l’AFP, il avait d’ailleurs critiqué "la censure et le mépris qui empêchaient la diffusion des films africains dans le monde".

Né à Bamako, une famille nombreuse d’un quartier pauvre, il allait, parait-il, au cinéma dès 7 ans. Après des études secondaires à Dakar au Sénégal, à 20 ans, il animait des ciné-débats à la Maison des jeunes de Bamako. Il raconte que c’est un film sur Patrice Lumumba qui lui a donné envie de devenir réalisateur. Il s’agit probablement de El Congo 1960 de Fausto Canel (1961).


 

À cette époque, l’URSS accompagne la renaissance politique du Mali, où elle étend son influence culturelle. Il obtient une bourse en 1963, pour suivre un stage de projectionniste. C’est la première fois qu’il quitte l’Afrique. Il intègrera ensuite l’Institut national de la cinématographie à Moscou, dont il sort diplômé en 1969.
Quand il rentre au Mali, il est employé comme cameraman-reporter au Service cinématographique du ministère de l’Information, ce qui lui offre l’occasion de parcourir le Mali de long en large caméra à l’épaule pendant trois ans et de réaliser plusieurs documentaires.

En France, son long métrage de fiction tourné en langue bambara La Jeune fille (Den Muso, 1975), le drame d’une jeune fille muette violée puis rejetée par sa famille, est inédit. Pour avoir réalisé et diffusé le film, il va passer une semaine dans la prison de Bamako, avant d’être sauvé grâce à la mobilisation de Sembène Ousmane au Fespaco.


 

Entre 1969 et 2015, il aura réalisé une dizaine de films.

Le plus connu, c’est La Lumière(Yeelen) (1987), Prix du Jury au Festival de Cannes 1987.


 

Et aussi O Ka (2015), son dernier film, sorti en 2017.


 



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