home > Au fil du temps > Salut les câblés ! (2014-2022) > Salut les câblés ! (2021) > Semaine télé du 27 mars au 2 avril 2021
Semaine télé du 27 mars au 2 avril 2021
Salut les câblés !
publié le samedi 27 mars 2021

Jeune Cinéma en ligne directe


 

Surveillance et confinement

Humeurs de Lucien Logette


 

Samedi 27 mars 2021

 

20.50 : Frankenstein et le monstre de l’enfer de Terence Fisher (1974), Classic
Inédit (un des rares sur tous les bouquets ce soir). Il s’agit de la cinquième confrontation de Fisher avec la créature du Dr. Frankenstein, dix-sept ans après sa réapparition dans Frankenstein s’est échappé (mauvais titre français pour The Curse of Frankenstein, puisque c’est le monstre qui s’échappe et qu’il n’a pas de nom). Le cinéaste de 1974 n’était plus celui de 1957 et ça se sent (ce fut d’ailleurs son ultime film) ; Peter Cushing n’était pas usé par le rôle, mais c’est la dernière fois qu’il enfilera la blouse du docteur (il tournera encore vingt-six films avant sa retraite en 1986). Quant à David Prowse, qui incarne la créature, il connaître la célébrité, toujours sans visage, sous le masque de Dark Vador.

22.20 : Dr Jekyll et Sister Hyde de Roy Ward Baker (1971), Classic
Second inédit de la soirée, merci Classic ! Jerry Lewis avait inversé le mythe dans Dr Jerry et Mr Love (1963), Roy Baker (et son scénariste Brian Clemens) lui fait subir un nouveau virage à 180°, en changeant le genre de Mr. Hyde et, superbe idée, en offrant le rôle à la peu oubliable Martine Beswick. RWB est un curieux réalisateur, auteur de quelques films remarquables, Troublez-moi ce soir (1952) avec Marilyn Monroe, Atlantique, latitude 41° (1958) sur le Titanic, Le Cavalier noir (1961, joyau pervers avec Dirk Bogarde, et Asylum (1972) sur un scénario de Robert Bloch.

22.30 : Viendra le feu d’Olivier Laxe (2019), OCS City
Un premier film, inédit, tourné en Galice, parlé en galicien, taiseux et énigmatique. Faut être courageux et vigilant.

22.45 : Les Ailes de la renommée d’Otakar Votocek (1990)
Inédit. Et inconnu : malgré un générique costaud - Peter O’Toole, Colin Firth, Marie Trintignant, Andréa Ferréol -, on ne se souvient pas d’avoir vu ce film sortir, même si imdb indique la date du 12 juin 1991. Réalisateur tchèque (unique film), tournage aux Pays-Bas, en anglais, scénario intrigant (un écrivain tue un acteur et le retrouve dans l’au-delà), c’est le mystère du soir.

00.05 : Othello d’Orson Welles (1952), France 5
Patrick Brion encore et toujours. Le film de Welles est un chef-d’œuvre de bricolage, tourné de bric et de broc au fil des ans et des voyages avec des champs et des contre-champs filmés à des milliers de kilomètres et des mois de distance. Et ça marche.

 

Dimanche 28 mars 2021

 

20.40 : Une vie cachée de Terrence Malick (2019), OCS City
Dernier film de l’auteur, son meilleur depuis longtemps car débarrassé du fatras philosophico-mystique qui encombrait ses derniers. Il faut dire qu’il s’appuie sur un personnage réel, un objecteur de conscience tyrolien qui refusa d’être incorporé dans la Wehrmacht. Et pour une fois, les 173 minutes ne paraissent pas démesurées. August Diehl est très bon et Bruno Ganz, bien fatigué, y fait son avant-dernière apparition.

20.50 : Première désillusion de Carol Reed (1948), Classic
Le film est déjà passé, mais le 13 mars 2017, à 00.40, un scandale pour ce qui est presque un chef-d’œuvre et rend pleinement honneur à la nouvelle de Graham Greene (le romancier fut très recherché dans les années 40 et 50 et c’est là une de ses meilleures adaptations). Réalisé entre deux très grands titres, Huit heures de sursis (1947) et Le Troisième Homme (1949), le film inaugure une veine, celle de l’univers de l’enfance, que Reed explorera plus tard avec L’Enfant et la licorne (1955) et Oliver ! (1968). Avec Ralph Richardson et Michèle Morgan, alors dans sa phase cosmopolite.

20.50 : Soirée Takeshi Kitano, Club
Deux titres inédits de Beat Kitano : à 20.50, Kids Return (1996) et à 22.35 : Hana-bi Feux d’artifice (1997). L’un et l’autre appartiennent à la grande décennie du cinéaste, qui va de Violent Cop (1989) à L’Été de Kikujiro (1999) - on est nettement moins convaincu par ce qu’il a signé ensuite, de Zatoichi (2003) à la série des Outrage (2010-2017). La performance de Kitano acteur dans Hana-bi est impressionnante.

 

Lundi 29 mars 2021

 

20.40 : The Wife de Bjorn Runge (2017), OCS Max
Inédit et inconnu - seulement sorti en VOD. Les films qui traitent du Prix Nobel (ici de littérature) sont si rares - excepté Pas de lauriers pour les tueurs de Mark Robson (1957), on n’en voit pas d’autres - qu’on peut regarder celui-ci en espérant apprendre comment l’institution fonctionne. Avec Jonathan Pryce, nobélisé, et Glenn Close dans le rôle-titre (Golden Globe 2019).

20.50 : Matthias et Maxime de Xavier Dolan (2019), Club
Pour les amateurs du Québécois prolifique - mais ils doivent l’avoir vu dès sa sortie. Les rétifs à l’autosatisfaction permanente de l’auteur découvriront que son propos est toujours aussi mollasson, sous l’agitation de surface. Deux heures d’interrogation angoissée après un baiser échangé, la marguerite (m’aime-t-il, un peu, beaucoup, etc.) est longue à effeuiller.

20.50 : Tarawa tête de pont de Paul Wendkos (1958), Classic
Inédit. Wendkos avait commencé très fort, avec Le Cambrioleur (The Burglar), adaptation en 1957 par David Goodis de son roman (en Série Noire, Le Casse), avec Dan Duryea et Jayne Mansfield. La suite fut moins brillante, comme le montre ce film de guerre assez banal mais que Jean-Louis Chéray, patron du fameux Studio-Parnasse, aimait bien au point de le programmer plusieurs fois dans les années 60. Wendkos fit presque toute sa carrière à la télévision (plus de cent titres crédités).

21.35 : Dédale meurtrier de Karoly Ujj Meszaros (2016), OCS Choc
Inconnu : seul passage sur Canal Cinéma en 2019. Aucun renseignement sur ce film, mais un thriller hongrois contemporain, ça vaut un peu d’attention.

22.15 : Le Sergent noir de John Ford (1960), TCM
Dernier passage le 5 octobre 2016. Ce n’est pas le plus grand western de Ford, mais c’est le premier où il prend pour héros un Noir, un Noir correct, bon militaire et tout, mais un Noir tout de même. Woody Strode avait déjà vingt ans de carrière, mais surtout dans des films exotiques - il fut Lothar dans Mandrake le Magicien (1954). Ford le réutilisa dans Les Deux Cavaliers (1961) et L’Homme qui tua Liberty Valance (1962) et il fut un des professionnels dans le film de Richard Brooks (1966).

22.45 : Adolescentes de Philippe Lifshitz (2019), Club
Prix Louis-Delluc + quatre César, le film a fait carton plein, ce qui est rare pour un documentaire. Mais Lifshitz nous a habitués, depuis Les Invisibles (2012) à rendre passionnant tout ce qu’il aborde.

 

Mardi 30 mars 2021

 

20.40 : Quartet de James Ivory (1981), OCS Géants
Un des grands titres d’Ivory encore inédit, qui valut à Isabelle Adjani de décrocher la même année un double prix d’interprétation à Cannes avec Possession de Zulawski. Tourné à Paris, cette récréation du Montparnasse de la fin des années 20 fourmille évidemment d’acteurs français : derrière Magie Smith et Alan Bates, beaucoup de chers disparus, Pierre Clementi, Suzanne Flon, Humbert Balsan, Serge Marquand. À noter, la photo, somptueuse, de Pierre Lhomme.

20.50 : Queens de Lorena Scafaria (2019), Émotion
Inédit. Un film d’arnaque, c’est souvent intéressant lorsque le coup est bien monté. La nouveauté ici, c’est qu’il s’agit d’arnaqueuses, en l’occurrence des stripteaseuses new-yorkaises qui veulent prendre leur revanche sur Wall Street et ses requins. Une fois admis le changement d’axe, le reste est habituel. Mais il y a une belle équipe, Jennifer Lopez, Constance Wu, Julia Stiles, Keke Palmer, etc.

20.50 : Le Prince et le pauvre de Richard Fleischer (1977), Famiz
Unique passage le 8 décembre 2014. Fleischer n’a pas cherché à échapper au roman de Mark Twain, déjà adapté en 1937 par William Keighley, avec Errol Flynn ; cette fois, c’est Oliver Reed, flanqué d’un wagon d’acteurs, Raquel Welch, Rex Harrison, George C. Scott, Mark Lester, Ernest Borgnine. Rappelons qu’un livre sur le cinéaste sera publié le mois prochain par les éditions Marest (enfin, le précédent remontant aux années 80), ainsi que ses mémoires.

22.30 : L’Ordre moral de Mario Barroso (2020), Club
Inédit et inconnu, le film étant sorti en septembre 2020 et ne nous ayant pas laissé le temps de le voir. Mais le fait que le générique indique Maria de Medeiros et Isabel Ruth, actrice historique de Manoel de Oliveira et Paulo Rocha, est incitatif.

22.45 : Suicide Tourist de J. Alecander Arnby (2019), OCS Choc
Inconnu, car jamais sorti auparavant (annoncé en 2020, mais resté dans les placards). Un polar, coproduction franco-suédo-germano-norvégio-danoise, avec des acteurs locaux.

 

Mercredi 31 mars 2021

 

20.40 : Au nom de la terre d’Édouard Bergeon (2019), OCS Max
Apparemment inédit et c’est étonnant, puisqu’il s’agit d’un des grands succès de l’année 19, avec près de deux millions d’entrées. Ne pas s’arrêter aux relents pétainistes du titre, le film vaut mieux que ça, décrivant avec justesse le drame d’un agriculteur d’aujourd’hui face aux nouvelles conditions qui lui sont faites et à son étouffement programmé. Justesse qui vient de l’aspect autobiographique du scénario.

20.40 : Soirée cinéma islandais, OCS City
Jolie idée de nous faire aller à l’aventure avec des films islandais récents, sortis à la sauvette en ces temps troublés. Le premier, à 20.40 : Mjolk, la guerre du lait de Grimur Hakonarson (2019) est dans la lignée de son précédent Béliers (prix Un Certain regard 2015). Le deuxième, Un jour si blanc de Hlynur Palmason (2019) a été sélectionné par la Semaine de la Critique. Le troisième, Jar City de Baltasar Kormakur (2006), est une bonne adaptation du roman qui fit connaître ici Arnaldur Indridasson. Soirée découverte.

20.40 : Cold in July de Jim Mickle (2014), OCS Vhoc
Pour ceux qui ne l’auraient pas vu sur Frisson, il y a tout juste deux ans, le 28 mars 2019.

20.50 : Le Sel des larmes de Philippe Garrel (2020), Émotion
En sept ans, un seul titre de Garrel père programmé, L’Ombre des femmes (2015). Un de plus, pourquoi pas, mais on aurait préféré Les Frontières de l’aube (2007), ou pour remonter à l’Antiquité, Liberté la nuit (1984). Avoir recruté comme scénaristes Jean-Claude Carrière et Arlette Langmann n’a en rien changé la manière de l’auteur, toujours entre le je-ne-sais-quoi et le presque-rien. L’air du temps ne circule pas dans son univers, œuvre close avec ses constantes et ses miroirs. Et si ses films nous ennuient gentiment, au moins on reconnaît qu’il ne s’est jamais renié ni compromis. Et on conserve de la sympathie pour l’escogriffe qui vociférait, en mai 68, aux États généraux de Vaugirard, exigeant des réformes qui, appliquées, auraient mis bas le cinéma. Ah, jeunesse…

20.50 : Pénélope de Mark Palansky (2006), Famiz
Les programmateurs sont allés chercher dans leurs archives un titre oublié, sauf des fanatiques de Christina Ricci, curieux conte de fées, de sorcières plutôt, puisque la jeune fille, à cause d’un méchant sort, porte un groin de porc qui ne disparaîtra qu’après le baiser d’un prince. Celui-ci viendra, évidemment.

20.50 : Dans un jardin qu’on dirait éternel de Tatsushi Omori (2018), Club
Inédit. Ne connaissant aucun autre de la douzaine de films réalisés par ce cinéaste japonais, on ne peut l’apprécier que pour ce seul titre, qui donne envie d’en découvrir plus. Sorti en juillet 2020, dans un interstice entre deux confinements, il a rassemblé près de 120 000 spectateurs, sans doute à la recherche d’apaisement zen. Et pour en savoir plus sur la cérémonie du thé, cf. le prochain numéro (406-407, printemps 2021) de Jeune Cinéma.

20.50 : Soirée Harry Baur, Classic
On n’admirera jamais assez cet acteur immense, sans doute le plus impressionnant des années 30 (il est mort en 1943, mal remis des tortures de la Gestapo). Quelle que soit la qualité d’un film, il occupait l’écran ; il fut un M. Lepic superbe dans Poil de carotte de Julien Duvivier (1932), un Jean Valjean inoubliable dans Les Misérables de Raymond Bernard (1933), il rend encore visibles les films de Marcel L’Herbier : Les Hommes nouveaux (1936) et La Tragédie impériale (1938), ou ceux d’André Hugon, Sarati le terrible (1937). Ce soir, des films connus, mais peu fréquents : à 20.50, Volpone de Maurice Tourneur (1940), à 22.20, L’Assassinat du Père Noël de Christian-Jaque (1941), à 00.00, La Tête d’un homme de Julien Duvivier (1932). À quand David Golder de Julien Duvivier (1930), Samson de Maurice Tourneur (1935), Mollenard de Robert Siodmak (1937) ?

 

Jeudi 1er avril 2021

 

20.50 : Alphaville : une étrange aventure de Lemmy Caution de Jean-Luc Godard (1965), Classic
Inédit. La critique de l’époque se pâma d’admiration devant tant d’inventivité : transformer Paris en ville de l’avenir, aux prises avec une dictature gouvernée par un ordinateur central, belle audace. Et l’amour qui survit dans cet univers déshumanisé, petite lueur d’espoir. Seul Robert Benayoun interpréta une partition moins ébahie, dans un article (in Positif n° 71, septembre 1965) qui demeure un modèle d’analyse rigolarde et de refus du conformisme intellectuel. Comment a vieilli ce film, qui avait alors frappé par sa vacuité les lecteurs de science-fiction du temps ? On vérifiera.

20.50 : Burn After Reading d’Ethan & Joel Coen (2008), TCM
Dernier passage le 7 février 2019. Mais dans une soirée aussi creuse, on peut se régaler aux exploits de la bande, Brad Pitt, Frances McDormand, George Clooney, John Malkovich, Tilda Swinton. Après leur thriller No Country for Old Men (2007), les frères avaient besoin de nous faire sourire, mission réussie.

23.15 : Brelan d’as d’Henri Verneuil (1952), Classic
Film rare. Un des premiers films du réalisateur, trois sketches policiers, adaptés de nouvelles de S.A. Steeman, Peter Cheyney et Georges Simenon, et donc centrés sur leurs héros, respectivement, l’inspecteur Wens, Lemmy Caution et le commissaire Maigret. Interprétés par Raymond Rouleau (moins à l’aise dans le rôle que Pierre Fresnay jadis), l’inconnu John Van Dreelen (qui ne peut faire oublier Eddie Constantine) et Michel Simon (la seule fois où il incarna Maigret, approuvé par Simenon).

 

Vendredi 2 avril 2021

 

20.40 : Soirée Yves Robert, OCS Géants
Deux titres : Les Copains (1965) - plus personne ne lit Jules Romains, mais grâce à Robert, bien des gens se souviennent encore d’Ambert et d’Issoire - cf. note du 19 avril 2018. Suivi, à 22.15, par Yves Robert, le cinéma entre copains de Jérôme Wybon (2019), documentaire pas vu mais que l’on verra avec intérêt.

20.50 : Duelles d’Olivier Masset-Depasse (2018), Premier
Inédit. Troisième film du cinéaste belge, après Cages (2008) et un Illégal (2010), déjà intéressant. Il reprend la remarquable Anne Coesens, et la moins remarquée ici Veerle Baetens (l’épouse de Guillaume Canet dans Au nom de la terre). Trop jeune pour les avoir connues, il récrée cependant les années 60 de façon crédible et nous concocte un thriller assez subtil, qui a trusté les récompenses en Belgique (neuf Magritte 2020 dont celui du meilleur film).

22.25 : I Love You, Berth Cooper de Chris Columbus (2009), Famiz
Inédit. Ses écranisations d’Harry Potter étaient assez plaisantes, mais La Nuit au musée (2006) et surtout Les Quatre Fantastiques et le Surfer d’argent (2007) nous avaient enlevé toute envie de voir d’autres produits signés Columbus. On a donc fait l’impasse sur celui-ci, film de collège (un ado mal dans sa peau avoue son amour à la pom-pom girl en chef), d’autant que l’on ne savait même pas que la Beth Cooper du titre, Hayden Pannetiere était une star de la série télévisée Heroes…

00.05 : Juliette des esprits de Federico Fellini (1965), Classic
Pas trace d’un passage sur le câble, à la différence de Amarcord (1974), programmé juste après, à 02.20. Après Huit et demi (1963) et sa variation fascinante sur la création impossible, Giuletta apparut comme la mise en application de cette impossibilité. 140 minutes d’équilibrisme entre réel et imaginaire, même avec les couleurs de Gianni di Venanzo, ça peut sembler long. Fellini ayant déjà son statut d’auteur incontournable, les critiques ne songèrent pas à le contourner et se contentèrent d’applaudissements convenus ou de circonlocutions pour ne pas avoir à évoquer leur déception.



Revue Jeune Cinéma - Mentions Légales et Contacts