Journal de Ma’ Joad (juillet 2014)
Juillet 2014
publié le jeudi 31 juillet 2014


 

JUILLET 2014

 



Jeudi 31 juillet 2014

 

Louis de Funès aurait eu cent ans aujourd’hui. En fait, né le 31 juillet 1914, il n’est allé que jusqu’à ses 68 ans et demi, abandonnant la partie le 27 janvier 1983.

Louis de Funès était au théâtre un acteur doué d’une force extraordinaire, un danseur fulgurant qui semblait aller au delà de ses forces, excéder la demande et donner au public dix fois plus que les figures attendues, tout en restant parfaitement économe de son effort et toujours prêt à recommencer. Un athlète de la dépense. Un maîtriseur d’énergie : entre deux crises paroxystiques, sa sobriété exemplaire et la pureté de son jeu rappelaient Hélène Weigel, écrit Valère Novarina.

En son honneur, nous relirons son livre : Pour Louis de Funès, Actes Sud, 1986.


 


 


Sinon, mais vous le saviez sûrement : "On a tiré sur M. Jaurès !"
(L’Été 14, 7e volume des Thibault de Roger Martin du Gard, Prix Nobel de littérature 1937 (7e volume).

Nous avons vu trois films :

* Jean Jaurès, vie et mort d’un socialiste de Ange Casta (1979).


 

* Jaurès, la force de l’idéal de Didier Baulès (1995).


 

* Jaurès, naissance d’un géant de Jean-Daniel Verhaege (2005).


 



Mercredi 30 juillet 2014

 

Mort de Robert Drew (1924-2014)
Drew est surtout connu pour un court métrage, Primary (1960) : les élections primaires du Parti démocrate où s’affrontaient, pour la Présidence des États-Unis, John F. Kennedy (jeune sénateur du Massachusetts) et Hubert Humphrey.

Ce petit film, réalisé avec Richard Leacock avec une petite caméra portable et une prise de son synchronisée, est devenu un classique du cinéma direct (et du cinéma-vérité), deux catégories historiques du documentaire.

René Prédal avait rencontré Richard Leacock (1921-2011) et Valérie Lalonde en 2002, "pour une histoire du cinéma direct".



Lundi 28 juillet 2014

 

Mort de Yvette Lebon (1910-2014)
Son vrai nom était Simone Lebon, et elle avait pensé que Yvette, c’était mieux pour résussir au cinéma. Bon.
Une jolie frimousse, une quarantaine de films au compteur, une carrière moyenne mais bien remplie, quelques rencontres importantes, avec Marc Allégret, Max Ophuls, et longtemps Sacha Guitry, des tournages avec Joséphine Baker, et quelques mauvaises fréquentations de collabos.
L’AFP mentionne la mort de la centenaire, obsèques à Hollywood.
Mais, sans parler de Désirée Clary, dont tout le monde se fout, qui se souvient désormais de Marinella (Tino-ChiChi-Rossi) ou même de C’est la romance de Paris (Charles Trénet) ?


 



Vendredi 25 juillet 2014

 

Gaza : Le cinéma s’insurge.
Ken Loach, Mike Leigh, Aki Kaurismäki, John Berger, Roger Waters, Madonna, John Cusak, d’autres, postent régulièrement des tweet #FreePalestine pour demander qu’on arrête le massacre.
Javier Bardem signe aujourd’hui une lettre ouverte dans El Diario, pour dénoncer la "neutralité" des États-Unis et de l’Union européenne, et spécialement de l’Espagne, devant l’horreur de ce qu’il qualifie de "génocide". Il est soutenu par Pedro Almodovar et Penelope Cruz.
Bardem est un acteur "engagé", contre la guerre d’Irak, ou pour les enfants sahraouis, sur qui il a réalisé un documentaire avec Médecins sans frontières, Hijos de las nubes : la ultima colonia (2012).



Jeudi 24 juillet 2014

 

À Saint-Tropez, Leonardo DiCaprio lève 25 millions de dollars pour sa fondation consacrée au sauvetage de la biodivesité. Elle donne par exemple 3 millions de dollars pour le sauvetage des tigres du Népal.
Léo a ouvert les enchères en mettant en vente sa propre Harley Davidson, signée par Martin Scorsese et Robert De Niro. Et Bono a mis aux enchères sa guitare personnelle pour 1 million de dollars.
Les mécènes et les dames patronnesses, c’est toujours sympa, et délicieusement désuet. Mais outre que ça va pas suffire quantitativement, pour tout ce qui est nécessaire mais pas (encore) rentable, c’est pas non un système très fiable, si on estime le taux de charité (ou de fraternité selon le point de vue) inhérent au genre humain.

Quant à reprocher à Léo de ne pas mener une vie éccolo, c’est comme de reprocher à Cotillard de jouer une ouvrière au chômage avec les Dardenne.
Ils auraient tort de s’en priver. On n’a qu’une vie. C’est pas eux qu’il faut corriger.


 



Mercredi 23 juillet 2014

 

Sortie du "masterpiece" de Bill Douglas (1934-1991) : Comrades (1986).

Il ne faut pas tarder à aller le voir, il ne restera pas longtemps sur les écrans d’été des cinémas.

Ceux qui connaissent déjà Bill Douglas, et ont vu sa trilogie autobiographique (My Childhood, 1972 ; My Ain Folk, 1973 ; My Way Home, 1978), sur écran ou en DVD, seront surpris.

Dix ans après, c’est un autre homme et un autre style, une façon unique de conduire le récit, à la fois elliptique et fluide, tirant des bords sans digresser pour autant.
De l’Angleterre à l’Australie, il raconte l’histoire des martyrs de Tolpuddle, Angleterre, dans les années 1830.

Mais sa vision du monde reste la même, un mélange non-paradoxal, presque harmonieux, de courage et de désespoir.
Avec Comrades, il rejoint la lignée politique et esthétique de René Allio (1924-1995), Peter Watkins (né en 1935), Terence Davies (né en 1945), ou Ken Mc Mullen (né en 1948).


 


 


Peine de mort : Ce matin, en Arizona, le condamné à mort Joseph Wood (55 ans) a mis 2 heures à mourir, après une injection létale.
En avril 2014, en Oklahoma, c’était Clayton Lockett (38 ans), qui avait fini par préférer une crise cardiaque aux trois quarts d’heure d’agonie en convulsions.
En janvier 2014, en Ohio, Denis Mc Guire (53 ans) a suffoqué pendant une demi-heure avant de trépasser.

En Amérique, le marché manque de thiopenthal. Les fabricants européens ont arrêté d’approvisionner en produits létaux les Américains, qui semblent incapables de trouver des formules chimiques "appropriées" à leur pratique. Qu’ils n’aient pas les moyens de leur politique nous amuse.

Les scénaristes de Hollywood sont contre la peine de mort, en tout cas jamais "pour".
On pense au tir groupé des années 50, à Cell 2455 Death Row de Fred F. Sears (1955), L’Invraisemblable Vérité de Fritz Lang (1956), ou I Want to Live de Robert Wise (1958), suivis de In cold Blood de Richard Brooks (1967). Un moratoire sur la peine mort est imposé par la Cour Suprême justement en 1967. Rétablissement en 1977.

Aujourd’hui, la peine de mort est abolie dans le Dakota du Nord, le Minnesota, l’Iowa, le Wisconsin, le Michigan, le Maine, l’Alaska, l’Illinois, la Virginie occidentale, le New Jersey, le Vermont. Le deuxième amendement de la Constitution (qui garantit à tout citoyen de porter des armes) continue à régir les 50 États.

On devrait aussi penser à Nous sommes tous des assassins de André Cayatte (1952), à La Machine de Paul Vecchiali (1977), ou au Pull-over rouge de Michel Drach (1979). En France, la peine de mort a été abolie en 1981.
Il nous est doux de croire que le cinéma participe au débat public.


 



Lundi 21 juillet 2014

 

Plus que quelques jours pour voir l’exposition In Situ Art Festival au Fort d’Aubervilliers (jusqu’au 27 juillet 2014).

L’ancienne forteresse militaire, devenue un gigantesque casse automobile, avait fait place nette en avril 2014, en prévision de l’installation d’une prochaine gare du Grand Paris.
Pendant la période de transition, la friche industrielle a été livrée aux artistes.


 


 



Dimanche 20 juillet 2014

 

Gaza. L’info en direct : "Plus de 100 Palestiniens tués à Gaza ce dimanche >> suivez les événements en direct". (sic).
On vit une époque formidable.
Mais tout moderne qu’on est, on se souvient de Sabra et Chatila. Et on pleure.

La prison de la Santé ferme.
Pour réfection vers une prison plus moderne, ça durera cinq ans, nous assure-t-on.
On est rassuré. Quoique.

Dans cinq ans, au train où vont les choses, il n’y a pas de raison spéciale qu’elle ne soit pas, "tous comptes faits", vendue à quelque quidam privé, qui en ferait un hôtel de luxe, comme l’Hôtel-Dieu de Lyon et quelques autres bâtiments publics bradés.
En attendant, ce matin, les 60 détenus qui restaient, ont été transférés à la prison d’Orléans-Saran qui vient d’être inaugurée, jeudi dernier, le 17 juillet 2014.

Avec les 30 premiers transférés du Centre, ils seront bien pendant quelques semaines.

Et puis arriveront 282 venant de la prison d’Orléans en octobre, suivis de 119 venant de Chartres. Les 768 places de Saran seront vite occupées.

Et hop, une petit coup au taux d’augmentation du taux de surpopulation.

Magique, non ?


 


 



Jeudi 17 juillet 2014

 

Armel de Lorme nous informe de la parution de Acteurs & Actrices du cinéma français, premier tome d’une nouvelle encyclopédie, en plusieurs volumes, dont le propos est d’établir l’inventaire exhaustif de tous les comédiens, français ou non, toutes époques et tous degrés de notoriété confondus, ayant justifié d’une activité plus ou moins longue au sein de la production cinématographique hexagonale depuis 1895.
Armel de Lorme, c’est un type formidable.



Mercredi 16 juillet 2014

 

Paris, Texas de Wim Wenders, Palme d’or 1984, restauré, ressort sur les écrans dans 50 salles. On l’appelle, un peu partout, son "film-culte".
Ça nous étonne.

Wenders existait depuis longtemps quand Paris, Texas est sorti, non ?
Et même, on me souvient, après le début épatant du film, avec la musique de Ry Cooder, on avait été un peu déçu, par rapport aux espérances.


 

En même temps, c’est normal. Les décorations font toujours étinceler ce sur quoi elles se posent. D’ailleurs Kurt Cobain adorait le film. Et puis, c’est sans doute un effet des années 80 qui finalement auront triomphé avec leur batterie idéologique.

Il n’empêche, ça fait plaisir de revoir Paris, Texas, tout beau tout propre.
Wenders, on l’a tout de suite aimé.
Andrée Tournès est la première à avoir parlé de L’Angoisse du gardien de but au moment du penalty dans (Jeune Cinéma n°65, de septembre 1972). Avec Laurent Codelli dans Positif (Venise 1972).
Les autres revues n’ont emboîté le pas que plusieurs années après.
Jeune Cinéma avait rassemblé les textes publiés sur lui dans un numéro spécial hors série, en décembre 1989, après Les Ailes du désir. Le numéro n’est pas tout à fait épuisé.

Quand il sortira, en octobre 2014,, allez voir Le Sel de la Terre , que Wenders a réalisé avec Juliano Ribeiro Salgado, Prix spécial du jury Un certain regard 2014.
C’est un magnifique documentaire sur le grand photographe Sebastiao Salgado, "le témoin de l’humanité depuis ces 30 dernières années".



Lundi 14 juillet 2014

 

La musique qui marche au pas, cela ne me regarde pas.

Mohammed Aissaouin, via un mail du réseau Mélusine, nous alerte : la maison de Paul Eluard, à Saint-Brice-sous-Forêt, va être vendue, et transformée en parking.
Elle est pas très belle, la maison, il n’y a vécu, avec Gala et sa fille Cécile, que de 1920 à 1923. Max Ernst y a vécu aussi, à la même période, et y a peint "Au rendez-vous des amis", le 5 décembre 1922. Une plaque y avait été apposée l’an dernier et elle devait devenir la Maison du patrimoine.

Finalement, par les temps qui courent, "Parking Paul Éluard", ça a de la gueule, non ?


 



Samedi 12 juillet 2014

 

Les mines ont fermé dans le bassin houiller de Durham, Angleterre.
Mais les mineurs continuent de célébrer leur solidarité et l’histoire du syndicalisme, chaque année depuis 1871, le deuxième samedi de juillet, avec des bannières bénies dans la cathédrale (si, si !) et un orchestre de cuivres.

C’est le "Gala" des mineurs de Durham, qui continue contre le courant.

Notre camarade D.S. y était et nous a envoyé une carte postale : Fantastique (le gala). À la fois très traditionnel, très politisé gauche de gauche, très décontracté, très assoiffé et assoiffant. La tradition se survit tout en faisant de cette fête à la fois un culte du passé et une critique du présent (antigouvernementale, et aussi anti Tony Blair et New Labour).


 


 

Le prochain Gala des mineurs de Durham aura lieu le 11 juillet 2015.



Vendredi 11 juillet 2014

 

Mort de Charlie Haden (1937-2014).


 



Jeudi 10 juillet 2014

 

Mort de Yann Andrea (1952-2014)
Le dernier amour de Marguerite Duras est mort jeune.
Après 16 ans avec elle (de 1980 à 1996) et 18 ans sans elle, il va la rejoindre à Montparnasse.
Sur la tombe, un petit arbre, tout planté de crayons.


 


 



Mercredi 9 juillet 2014

 

Reprise, sur les écrans, de deux films de René Allio : La Vieille Dame indigne et Rude Journée pour la reine, ses deux films "féministes".
Dès ses débuts, Jeune Cinéma a inauguré son dialogue avec René Allio (1924-1995) avec La Vieille Dame indigne, son premier film (Jeune Cinéma n°5 de février 1965), avec récidive dans son n° 58 de novembre 1971).
En tout, six entretiens (en 1965, 1968, 1971, 1976, 1979, 1991), jusqu’à son dernier film, Transit (avec Rüdiger Vogler).



Samedi 5 juillet 2014

 

Bologne 2014. Il cinema ritrovato, dernier jour.

* Fantômas V : Le Faux Magistrat de Louis Feuillade (1914)

* Pharaon de Jerzy Kawalerowicz (1965).

* Wutai Jiemei de Xie Jin (1964).

Xie Jin est l’auteur du film Le Détachement féminin rouge (1961).
En 2011, au Kennedy Center, à Washington, la représentation du spectacle par le Ballet national de Chine avait provoqué une grande indignation, notamment dans la communauté chinoise. C’était de la propagande communiste.
Quand le spectacle est passé au Châtelet à Paris, l’année dernière, quelqu’un avait ressenti un malaise moral, "comme devant un film de Leni von Riefensthal".

Oui, nous savons que l’ironie et le second degré sont dangereux à manipuler.
Existe-t-il même, ce "second degré" ?
Nous savons aussi combien le pied de la lettre peut être ennuyeux.

Toute chose, donc toute marchandise, donc toute création (dans notre monde mercantile) connaît, tôt ou tard, sa baisse tendancielle du taux de profit.

La métamorphose tragédie-farce, le devenir-kistch, tout comme l’émotion sincère démodée, toute ces profondeurs de champ, tous ces arrière-monde, nous les revendiquons comme des outils d’intelligence et de plaisir.

Peu nous importent les gaffes, les exclusions, et les ombres des majorités silencieuses qui, elles, savent sûrement où est le bien et le mal.
On appelait ça "bête et méchant" dans les 60’.

Bref, on ne TOUCHE pas au Détachement féminin rouge  !


 

Toutes ces considérations marginales pour rappeler que Wutai Jiemei, qui lui est postérieur, d’abord bien accueilli en Chine, a ensuite été attaqué pendant la Révolution culturelle, comme une apologie des valeurs bourgeoises.
Ce film, de 1964, peut donc être accueilli aussi bien en Occident que ceux de la "cinquième génération", et ce n’est ni le New York Times ni Village Voice qui lui feront un procès politique. L’Opéra de Pékin, faut juste qu’il se tienne à sa place : le folklore.

Cela dit, à Bologne, on s’est régalé.

* Piazza Maggiore : A Hard Day’s Night de Richard Lester (1964).
Le film a 50 ans.
Et Richard Lester, il a 82 ans et il est là, sur la scène, à côté de Peter von Bagh.


 

À propos, est-ce que vous connaissez ce délicieux court métrage de Lester, The Running Jumping and Standing Still Film (1960) ?



Vendredi 4 juillet 2014

 

Bologne 2014. Il cinema ritrovato.

* Fantômas IV : Fantômas contre Fantômas de Louis Feuillade (1914)

*Et puis Les Croix de bois de Raymond Bernard (fils de Tristan Bernard), d’après Roland Dorgelès, en lointain écho à Maudite soit la guerre (1914), où les familles dialoguaient encore à travers l’Europe (dimanche 29 juin 2014), en 1932, donc en toute connaissance de cause cette fois.
On dirait un documentaire. On y est, on est dans la tranchée, on a peur, on voit les hommes charger face aux bombes, de la viande suicidée. Désespérant, emblématique de la connerie. Les Boches, on les voit aussi, pas farauds, écrabouillés pareillement. On n’a même plus envie de mettre de guillemets à Boches, c’est le langage de nos grand-pères. T’inquiète pas, tu l’auras ta croix, de fer, de guerre, ou de bois.
Quand on sort de l’Arlequin, on a froid partout.

La plupart des acteurs, et même des figurants, l’avaient faite, la guerre.
Ils savaient ce qu’ils jouaient, Blanchar, Gabrio, Vanel, Aimos, Artaud, Azaïs, Bergeron, Cordy, Delaitre, Galland, Labry…

Ils savaient aussi ce qu’ils chantaient, sous les obus.
Voilà l’beau temps,
Ture-lure-lure,
Voilà l’beau temps,
Pourvu que ça dure,
Voilà l’beau temps pour les amants.

* La découverte du jour : La perfetta ebbrezza de Alfredo De Antoni (1920).
Parmi les images inoubliables, celle de cette sublime créature masquée, cheveux répandus, épaules et gorge nues, traversant un bal, puis un parc, poursuivie par un homme en habit auquel elle a dit son nom en passant : "Je m’appelle Mystère". Sa main est glacée, comme ses lèvres, elle avait prévenu l’homme : "Je ne t’apporterai que la mort".
Quinze minutes, c’est le seul extrait qui subsiste de ce film inconnu d’un cinéaste inconnu, avec une actrice inconnue (Rina Maggi). Quinze minutes à placer sur la même étagère que la morte amoureuse de Gautier, les créatures de Nerval ou l’Immalie de Villiers.
De quoi tenir la journée.

* Teatro Comunale : On sèche la piazza Maggiore, pour aller voir Cabiria de Giovanni Pastrone (1914), somptueux peplum. Le premier ? À vérifier. Sûrement le premier aussi accompli.


 


 

On vous prévient : au théâtre de Bologne, il faut réserver des loges, car à l’orchestre, c’est trop inconfortable, pas de place pour les jambes.


 

Alors Cabiria est en ligne sur Internet. Mais les quelques secondes de pub obligatoires, c’est bien de les éviter. Le temps est précieux.Et, à moins que vous ayez une salle de projo à la maison, c’est toujours mieux sur un très grand écran.



Jeudi 3 juillet 2014

 

Mort de Jérôme Kanapa (1946-2014). Mort brutale.
Jérôme, la veille était encore à rire avec ses amis.


 

Jeune Cinéma, en 1973, avait critiqué son premier film, La République est morte à Dien Bien Phu, écrit en collaboration avec Jean Lacouture et Philippe Devillers. (Jeune Cinéma n°79 de juin 1974).

En 1978, la revue avait apprécié En l’autre bord avec Toto Bissainthe, Françoise Lebrun, Macha Meril, Raymond Bussieres. (Jeune Cinéma n°112 de juillet-août 1978). Et le film avait été distribué par la Fédération Jean-Vigo, en 16 mm.

En 1980, elle avait publié le compte rendu d’une table ronde (Marly-le-Roi, novembre 1979) sur la situation du jeune cinéma français, "inconnu dans son propre pays", où Jérôme Kanapa, en compagnie de Gabriel Auer, Luc Béraud et Danielle Jaeggi, s’exprimait avec vigueur sur l’état de l’industrie cinéma. (Jeune Cinéma n°124 de février 1980).

Il semblerait que les choses n’aient pas beaucoup changé depuis près de 35 ans.


Bologne 2014. Il cinema ritrovato.

* Fantômas III : Le mort qui tue de Louis Feuillade (1913)

Une riche idée aussi : Le cinéma et la mode 1 : la comtesse qui inspira Proust

Il y aussi la restauration de Caligari .
C’est bien, c’est formidable, incontournable, c’est historique, Caligari.
Et personne n’osera dire que c’est chiant.

On tire un bord vers le MAMbo (Museo d’Arte Moderna di Bologna).

Petit rituel : acheter nos cartes postales non virtuelles.

Nos préférées : "Les funérailles de Togliatti" de Renato Guttuso (1972) et le "Corteo" de Franco Angeli (1968).


 


 

* La découverte du jour : La trilogie de Hector Dimwittie(1957) : Cold Comfort, Dearth of a Salesman et Insomnia Is Good For You, avec Peter Sellers.

Peter Sellers : C’est véritablement une découverte, puisque les trois courts métrages ne figurent même pas dans le catalogue d’Il cinema ritrovato, sans doute parce que programmés à la dernière minute - première projection mondiale le 1er mai 2014.

La trilogie Hector T. Dimwittie date de 1957 et fait partie d’un projet de 10 films, inachevé, avec comme réalisateurs James Hill & Leslie Arliss.

Les Goons sont les prédécesseurs des Monty Python.

Le "goon show" mobilisait chaque semaine les millions d’auditeurs de la BBC, déployant un humour typically british - celui de Malheur aux barbus à la puissance 5 -, décalé et surréaliste (le qualificatif est, pour une fois, approprié).
Une tentative de transposition à la télévision avait été lancée en 1956. La trilogie se place juste après cette tentative, façon de donner plus d’audience, la télévision n’étant pas encore très répandue à l’époque. Ni Spike Milligan, ni Harry Secombe, les autres goons, ne font partie du projet, Sellers étant le seul à avoir déjà une activité cinématographique.
Les trois films se présentent comme des tranches de la vie quotidienne d’Hector T. Dimwittie, falot personnage, employé de bureau inquiet ou commis-voyageur raté (d’où le détournement du titre : The Dearth - le manque - of a Salesman), empêtré dans les tourments minuscules, un coryza ou une insomnie, dont les films développent, 25 minutes durant, toutes les possibilités. Le comique est anglais, c’est-à-dire froid, "with the tongue in the cheek", comme les films prophylactiques de Richard Massingham (à suivre)

* Piazza Maggiore : La Dame de Shanghai de Orson Welles (1947)



Mercredi 2 juillet 2014

 

Bologne 2014. Il cinema ritrovato.

* Fantômas II : Juve contre Fantômas de Louis Feuillade (1913)

On avait oublié qu’en réalité, on voit presque plus Juve que Fantômas dans les épisodes, au moins les deux premiers. Ce qui frappe surtout dans celui-ci, ce sont les scènes d’extérieur et la redécouverte du Paris d’il y a cent ans, filmé au ras du bitume : on remarque les passants ou les gamins qui regardent la caméra en souriant - il y a même un enfant qui s’apprêtait à traverser le champ et qui, sans doute interpellé par un assistant, recule pour se cacher derrière un arbre, afin que Yvette Andreyor soit seule sur l’image.
Émotion à grimper avec elle dans le métro aérien, entre La Chapelle et Anvers, avec vue plongeante sur les immeubles, ou à retrouver la gare de Lyon quasi inchangée.
Il y a chez Feuillade (mais il n’était pas le seul à l’époque) une exaltation du paysage urbain, certainement involontaire, rues désertes ou animées, villas de banlieue qui suintent le mystère. Le tout superbement restitué par les nouvelles copies, numérisées, mais avec un respect du grain et des nuances de lumière remarquable : un régal.

* Piazza Maggiore : Le Jour se lève de Marcel Carné (1939).
Voir les deux articles de Bernard Chardère : Marcel Carné avec ou sans Prévert.
* Carné avec Prévert
* Carné sans Prévert



Mardi 1er juillet 2014

 

Dixième anniversaire de la mort de Marlon Brando.
C’est à Bologne qu’on a appris sa mort, Il y a dix ans aujourd’hui.

2004, c’était l’année de la rétrospective Humphrey Jennings, et des films de Valdemar Psilander. On s’occupat déjà de Chaplin, avec le "projetto Chaplin" de Timothy Brock. La projection de Picadilly de Ewald André Dupont (1929, la grande année du cinéma), nous laissait pantois.
Et sur la piazza, justement, au programme : One-Eyed Jacks (La Vengeance aux deux visages, 1961), le western de et avec Marlon Brando, son seul film comme réalisateur.


 

Bologne 2014. Il cinema ritrovato.

* Fantômas I : À l’ombre de la guillotine de Louis Feuillade (1913).

Les séries, on aime ça, au point de se lever tôt le matin.
Les cinq épisodes du Fantômas de Feuillade tous les matins, jusqu’à samedi.
Lundi, on a raté Les Mystères de New York, (The Exploits of Elaine) de Louis Gasnier (1914), épisode 6 The Vampire et épisode 10 The Life Current.
Pour se justifier, on a raconté qu’on aurait voulu voir ça dans l’ordre chronologique et que Les Mystères de New York auraient dû suivre Fantômas.
La mauvaise foi n’est pas un péché mortel.

* Le Olimpiadi di Amsterdam (1928), avec quelques sportifs cinéphiles en shorts courts dans la salle.


 

* Sosialismi de Peter von Bagh (2014).
On se souvient, ébloui, de Helsinki forever (Helsinki ikuisesti, 2008), l’entrée du brise-glaces dans la ville (Icebreaker Crowd).


 

Sosialismi, c’est un drôle de film.

Quelle idée de faire ça aujourd’hui, on veut dire : quelle fidélité !
Mais aussi, quelle émotion !
Peter von Bagh, plus sentimental que Chris Marker, plus vagabond que Patrick Keiller. Quelle fraicheur et quelle force !
Les citations, de Joe Hill à Brecht, sont bien rodées. Une histoire du socialisme, via une cinquantaine de films et 18 chapitres, qui commence par la Commune et ses 20 000 morts. Et dont on ne sait pas bien où elle finit. Bien vu.

* Hitler’s Reign of Terror de Cornelius Vanderbilt Jr (1933).

On persévère dans cet environnement malsain. Il faut le regarder en face.
Au début des années 30, les touristes qui se rendaient en Allemagne ont tous ressenti et rapporté la "mauvaise ambiance" qui régnait et s’alourdissait d’année en année. Vanderbilt Jr faisait le reporter en Europe et avait pu, grâce à son nom, rencontrer pas mal de célébrités du temps : Staline ou Mussolini notamment. Pour Hitler, il avait pressenti l’horreur, comme tout le monde, et aussi tenté de d’alerter le monde. Hitler’s Reign of Terror, premier film anti-nazi, en 1933, prémonitoire, interdit, disparu, retrouvé, etc. est un curieux document inédit.

* La découverte du jour : Razzia in St Pauli de Werner Hochbaum (1899-1946).
C’est notre première approche du bonhomme. 1932, Hambourg, son quartier chaud, de l’aube à la nuit, entre travailleurs qui partent et qui rentrent. Un marin, un dur, un tatoué, poursuivi par la police, se réfugie dans la chambre d’une entraîneuse. Coup de foudre.
Après quelques heures d’amour, ils s’installent au Kongo Bar, elle pour danser, lui pour boire. La pègre, les valseurs, la boisson, les bagarres, tout cela finira mal, la police récupérant le marin, elle, retrouvant sa chambre et son galant habituel.
Le scénario rassemble tous les poncifs du sous-genre, des Damnés de l’océan à Son homme, etc.

Et c’est remarquable, car Hochbaum est imprégné de Ruttmann et de Vertov : 62 minutes de cadrages et d’un montage inspirés, tous les personnages, quoique archétypaux, étant d’une vérité extrême.
Une actrice inconnue (décidément), Gina Falkenberg, belle comme la Valentina Cortese des débuts.
À classer parmi les grands "films de ville" de la charnière 20-30.

* Piazza Maggiore : The Merry Widow de Erich von Stroheim (1924).
Avec l’orchestre du Teatro comunale de Bologne, dirigé par Stefanos Tsialis, nous avons entonné joyeusement :

Heure exquise, qui nous grise, lentement
La caresse, la promesse du moment
L’ineffable étreinte de nos désirs fous
Tout dit "gardez moi, puisque je suis à vous" !


 



Voyage dans le temps.

 


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