* Ma’Joad (édito) * Janvier 2014 * Février 2014 * Mars 2014 * Avril 2014 * Mai 2014 * Juin 2014 * Juillet 2014 * Août 2014 * Septembre 2014 * Octobre 2014 * Novembre 2014 * Décembre 2014
Il y a juste vingt ans aujourd’hui que Guy Debord a choisi de mettre lui-même fin à sa trajectoire dans le siècle.
Dans In girum imus nocte et consumimur igni, il disait :
Oui, je me flatte de faire un film avec n’importe quoi. Et je trouve plaisant que s’en plaignent ceux qui ont laissé faire de toute leur vie n’importe quoi.
J’ai mérité la haine universelle de la société de mon temps, et j’aurais été fâché d’avoir d’autres mérites aux yeux d’une telle société.
Mais j’ai observé que c’est encore dans le cinéma que j’ai soulevé l’indignation la plus parfaite et la plus unanime. On a même poussé le dégoût jusqu’à m’y piller beaucoup moins qu’ailleurs, jusqu’ici en tout cas. Je me vois donc placé au dessus de toutes les lois du genre.
La postérité ne lui aura même pas offert un temps de purgatoire.
La société spectaculaire-marchande, qu’il avait si clairement analysée et dénoncée, s’est vengée en lui octroyant presque immédiatement un statut iconique.
Combattant solitaire, une fois mort, il ne dérangeait, en principe, plus personne.
Mais pour éviter que des éléments irréductibles ne s’arment, dans on ne sait quel dessein déraisonnable, de sa pensée critique, il convenait de la désamorcer. Par exemple, en en faisant un "trésor national", en achetant à prix d’or ses brouillons et ses notes de blanchisserie.
Quelle meilleure façon que la panthéonisation pour figer définitivement ce grand cadavre qui risquait, sait-on jamais, de bouger encore ?
L’université s’est chargée du reste : l’Internationale situationniste est devenue un objet d’études, son fondateur un sujet de thèses.
Et ses films, pourtant peu avenants, ont rassemblé en quelques années plus de spectateurs que durant les quatre décennies précédentes.
Tout est donc pour le mieux dans un monde paisible.
Il n’empêche.
Comme Jeune Cinéma l’affirmait il y a trente et un ans, les chemins de la vieille taupe demeurent imprévisibles. Il n’est pas interdit de penser qu’elle est capable de provoquer encore quelques tressaillements - quoi de mieux que la dialectique pour casser des briques ?
Salut les câblés !
La semaine télé de Jeune Cinéma du 29 novembre au 5 décembre 2014.
À partir de ce soir, on fête Marguerite Duras, la cinéaste, dans le cadre du festival d’Automne.
C’est
au Centre Pompidou, et cela jusqu’au 20 décembre 2014
L’occasion de vous référer au numéro spécial de Jeune cinéma (mars 2014).
À Paris aussi on fête les 90 ans des studios Mosfilm, et cela jusqu’au 9 décembre 2014.
À la Filmothèque de la rue Champollion.
Au programme, douze titres de films, qui ont bercé nos années cinéphiliques, en version restaurée - celle d’Ivan le Terrible étant une première mondiale.
* Alexandre Nevski de Sergueï Eisenstein (1938) ;
* Ivan le Terrible de Sergueï Eisenstein (1944) ;
* Les Cosaques du Kouban de Ivan Pyriev (1949) ;
* La Nuit de carnaval de Eldar Riazanov (1956) ;
* La Ballade du soldat de Grigori Tchoukai (1959) ;
* Andrei Roublev de Andreï Tarkovski (1966) ;
* Le Bras de diamant de Leonid Gaïdaï (1968) ;
* La Mouette de Youli Karassik (1972, en copie 35 mm) ;
* L’Obier rouge de Vassili Choukchine (1973).
* Ils ont combattu pour la patrie de Sergueï Bondartchouk (1975) ;
* Quelques Jours dans la vie d’Oblomov de Nikita Mikhalkov (1980) ;
* L’Assassin du tsar de Karen Shakhnazarov (1991) ;
* Le Tigre blanc de Karen Shakhnazarov (2012).
Pour entendre le chant nostalgique de L’Obier rouge, vous serez peut-être redirigé de Mosfilm vers You Tube (avec alerte rouge pour risque de pub).
Tout le programme de la mondialisation. Mais ça vaut le coup.
James Franco expose son dernier travail photograhique, "New Film Stills", à la Galerie Cinéma (1), à Paris (26 novembre 2014-3 janvier 2015).
Il s’agit d’une une série de tirages argentiques, réalisés en 2013, recréant l’Untitled Film Stills de Cindy Sherman : il se met en scène et utilise son corps dans les poses, vêtements et scénarios qui ont été les sujets photographiques de Cindy Sherman, il y a 30 ans. Il explique : "Cindy est une artiste qui a utilisé le cinéma comme source de travail ; elle a joué à être une actrice. Je suis un acteur qui s’insère dans son travail. Où Cindy a utilisé le cinéma comme point de départ, j’utilise l’art comme point de départ".
James Franco est irritant, le mode lui appartient.
Non seulement il est beau, mais, fils de famille d’artistes, il est un talentueux touche-à-tout à qui tout réusiit. Alors il fait tout : acteur, réalisateur, scénariste, producteur, photographe, plasticien… De plus il est remuant et ne se laisse pas oublier, ce qui ne lui attire pas que des amis.
Nous, nous avons aimé son As I Lay Dying, à Cannes, en 2013.
L’exposition se tient à Galerie Cinéma de Anne-Dominique Toussaint (2), une galerie d’art entièrement dédiée aux œuvres inspirées par l’univers du cinéma.
1. La galerie Cinéma a été inaugurée en 2013, avec l’exposition "Point of View – portrait / natures mortes" de la photographe Kate Barry.
2. Anne-Dominique Toussaint est gérante de la société Les Films des Tournelles qui a produit notamment Respiro de Emmanuele Crialese.
Galerie Cinéma de Anne-Dominique Toussaint, 26 rue Saint-Claude, 75003 Paris.
D’abord les sorties sur les grands écrans que Jeune Cinéma a sélectionnées.
* Alleluia de Fabrice du Welz (2014).
* Naguima de Janna Issabaeva (2014).
* The Search de Michel Hazanavicius (2014).
* L’Incomprise de Asia Argento (2014).
* Mr Klein de Joseph Losey (1976).
Si vous habitez Toulon, avant d’aller voir les nouveautés comme tout le monde, ne ratez pas la séance exceptionnelle, présentée par Luna Park Film, ce soir, à 19h au Cinéma Le Royal :
* la première française du film La Femme bourreau de Jean-Denis Bonan (1968), dans sa version définitive et partiellement restaurée. C’est une rareté absolue, un "film maudit", noir érotique, bref tout pour plaire, qui ne sortira sur les écrans qu’en 2015.
* Il sera précédé de Tristesse des anthropophages (1966), farce sociale et politique à caractère surréaliste. Le film fut interdit à tout public en 1967.
Ça mérite un détour.
Si vous habitez Paris, vous avez aussi tout votre temps avant d’aller au cinéma voir les derniers films dont on cause.
Ce soir, à 18h00, à la Maison de la Poésie, un des lieux les plus délicieux niché au milieu de la capitale, vous pourriez aller écouter Georges Lavaudant lire une texte de Michel Foucault : La peinture photogénique, en présence de Gérard Fromanger et de Éric de Chassey.
Foucault et Fromanger s’étaient rencontrés aux Groupes Information Prisons, ce qui ne rajeunit personne, mais qui réveille quelques élans toujours d’actualité.
À l’occasion de l’exposition de Fromanger, "Le désir est partout" (galerie Jeanne Bûcher, 1975), Foucalt écrivit pour le catalogue un texte lumineux, méconnu (1), sur les rapports de la peinture et de la photographie à ses débuts (1860-1880).
Cette soirée prestigieuse est animée par Philippe Artières.
1. Réédité aux éditions Le Point du Jour.
Si vous habitez Toulouse, la Cinémathèque.
Toute la journée, un hommage au studio de cinéma Mosfilm, avec trois films en version restaurée :
* À 16H30 : L’Obier rouge de Vassili Choukchine (1973)
* À 19H00 : La Nuit de carnaval de Eldar Ryazanov (1956)
* À 21h00 : L’Assassin du Tsar de Karen Shakhnazarov (1991)
Les séances sont présentées par Karen Shakhnazarov, directeur général des studios Mosfilm.
Jeune Cinéma aime les courts métrages.
Lorsque le court métrage a disparu des salles, comme complément de programme du "grand film", afin de multiplier le nombre de séances quotidiennes, on a cru qu’il allait disparaître totalement : à quoi bon réaliser des films que plus personne ne verrait ?
C’est le contraire qui s’est produit.
Dans cette survie, le rôle de l’ Agence du court métrage a été décisif. Par son action, via sa revue Bref et les projections régulières organisées grâce au Radi (Réseau alternatif de diffusion).
Le court est resté bien vivant, ici et ailleurs - et s’il n’a pas droit au prime time, il apparaît sur plusieurs chaînes de télévision, Arte ou France 2. Quant à la chaîne câblée Short TV, elle en propose en permanence, au long des jours et des nuits.
Chassé des salles "normales", le court s’est réfugié dans les festivals.
Celui de Clermont-Ferrand, créé en 1982, est, en terme de fréquentation, le deuxième festival français après Cannes. Celui de Pantin va fêter, en 2015, sa 24e édition.
Des villes de province de plus en plus nombreuses, Grenoble, Brest, Annonay, Lille, Bordeaux, Montluçon, La Ciotat, et on en oublie des dizaines, se sont mises à fêter le court.
L’Université n’y a pas échappé - voir les festivals étudiants de Paris III, de Cergy-Pontoise, de Rennes, de l’ESSEC.
Ou celui de Sciences Po. Ainsi, ce dernier, intitulé Festival du Jeune Cinéma Européen, aura lieu du 16 au 22 février 2015.
C’est sa 5e édition, avec, chaque année, de plus en plus de succès, grâce aussi à quelques parrains bienveillants (Gilles Jacob, Paulo Branco, Noémie Lvovsky, Bertrand Bonello, Mia Hansen-Love…).
En 2015, le thème, c’est "la musique et le cinéma".
Cette semaine du Cinéma, gratuite et ouverte à tous, offrira une rétrospective, des avant-premières, des conférences, un concours de scénarios et de court-métrages ainsi qu’une masterclass.
Et last but not least, un cocktail.
Si nous l’annonçons à l’avance, c’est qu’il est précédé d’un concours, ouvert à tous les jeunes réalisateurs européens, de moins de 27 ans. Date limite d’envoi de vos chefs d’œuvre (de 25 mn maximum) : le 6 janvier 2015.
Les courts-métrages doivent être envoyés sur un support numérique (DVD + R, DVD-R), avec nom, prénom, âge, adresse mail, et photocopie d’une pièce d’identité à :
Semaine du Cinéma - Bureau des Arts de Sciences Po
56 rue des Saints-Pères
75007 Paris
PIANO, SUITE.
Finalement, il a été vendu pour 3 413 000 Usdollars, le piano.
Sur le site de Bonhams, il est moins rose qu’on le pensait.
Et puis, nous avons eu quelques réclamations : mais si, ça se savait, que le piano était (plus ou moins) rose.
Notamment par tous ceux qui avaient été voir la mémorable exposition Hommage à la Warner Bros, salle Garance, au Centre Pompidou (16 mars 1991-5 mars 1992), par exemple.
C’était encore du temps de Dominique Bozo (1935-1993), directeur du Musée national d’art moderne (1981-1986), puis président du Centre national d’art et de culture Georges Pompidou (1991-1993).
Il y avait aussi beaucoup d’autres choses : du jean porté par James Dean dans Rebel without a cause, à la statuette du Faucon Maltais, du stetson de John Wayne à la partition musicale manuscrite (Max Steiner) de La Prisonnière du désert. Jacques Gerber, qui avait travaillé dans les archives de la Warner, avait pu reconstituer, dans l’expo, une petit coin "Casablanca". Les "fétichistes" de tout poil en avaient pris plein les mirettes.
Les archives-papier de la Warner, d’une richesse considérable, ont été léguées (contre avantages fiscaux) à une université (USC). Elles ne pourront donc être ni vendues ni revendues.
Mais, dans chaque regard, il y a des niveaux d’appropriation.
Et de visiteur à collectionneur, il y a quelques seuils, dont le paramètre de l’argent est bien entendu le principal, faisant basculer l’essence du qualitatif au quantitatif.
Mais au delà (ou en deçà) de l’argent, il est permis de se demander...
Entre admirer le piano et se l’offrir, quels types de désirs, quels plaisirs, quels genres de "distinction", quels degrés de satisfaction circulent, qui cimentent nos sociétés ?
Entre musée et salle de vente, quelles valeurs (échange ou usage), quelles populations, quels états d’esprit, bref quelle réification irrigue nos rêves humains ?
Nous parions que vous ne saviez pas que le piano de Casablanca, celui où Sam rejoue à nouveau As Time Goes By à la demande de Ilsa, était rose saumon.
Une nouvelle atmosphère de la scène, qui laisse rêveur.
Quoiqu’il en soit, la maison Bonhams et Turner Classic Movies le remettent en vente aujourd’hui à New York. La dernière fois, en 2012, il avait été vendu 602 500 de dollars et cette fois-ci il pourrait atteindre le million de dollars.
À partir de cette augmentation de la valeur d’échange de ce bien symbolique, il semble difficile de conclure quoique ce soit sur la répartition des fortunes, sur le statut des biens culturels dans les consciences, ou sur le stade de la crise économique actuelle, et cela aussi bien aux États-Unis que partout ailleurs dans le monde.
La vente comporte aussi une trentaine d’autres objets, venus du film, et donc de l’année 1942, parmi lesquels les portes du cabaret Rick’s Café Américain.
Il y a aussi des tas d’autres choses, des photos dédicacées, des bouts de scénarios, Il y en a sans doute pour tous les fétichistes et pour toutes les bourses.
Allez, play it, Sam ! Play it again !
La semaine télé de Jeune Cinéma du 22 au 28 novembre 2014.
Aujourd’hui et demain vendredi 21 novembre 2014, au Camp des Milles, se tient le colloque Mitteleuropa-Hollywood (1933-1953) : Entre immigration, fuite et exil. Le destin des artistes européens à Hollywood.
On sait que le camp des Milles, près d’Aix-en-Provence, "accueillit", terme euphémique pour ne pas dire "incarcéra", dès septembre 1939, tout ce qui comptait d’intellectuels et d’artistes dans la communauté allemande réfugiée en France pour échapper au nazisme.
Max Ernst et Hans Bellmer, devenus "sujets ennemis", furent ainsi du nombre, avec plusieurs centaines d’autres raflés.
Longtemps oublié, l’événement fit l’objet d’un beau film réalisé, il y aura bientôt vingt ans, par Sébastien Grall, Les Milles.
Le camp, demeuré intact, abrite, depuis 2012, un Site-Mémorial ouvert au public.
Quel meilleur endroit choisir pour organiser un colloque sur l’exil et le cinéma ?
Proposé par l’association Hôtel Europa / Golem théâtre et l’Association Les 7 portes, en partenariat avec TELEMME, le Site-Mémorial du Camp des Milles et France Culture, ce colloque accueille des spécialistes - dont deux collaborateurs de Jeune Cinéma, Patrick Saffar et Daniel Sauvaget.
Mort de Mike Nichols (1931-2014)
Michael Igor Peschkowsky dit Mike Nichols est mort, ce 19 janvier 2014.
Jeune Cinéma avait immédiatement repéré ce cinéaste venu du théâtre : en 1966, Qui a peur de Virginia Woolf (JC n° 22, avril 1967) et, en 1967, Le Lauréat (The Graduate, JC n°52, février 1971).
Il faut dire que ce n’était pas difficile, il y avait consensus, et le succès général lui est arrivé tout de suite, via les Oscars.
Elizabeth Taylor a reçu l’Oscar de la meilleure actrice, pour Virginia Woolf.
Et pour The Graduate : meilleur metteur en scène, meilleur film, meilleur acteur, meilleure actrice, sans compter les autres récompenses, une avalanche qui l’ensevelit.
Du coup, les films suivants eurent peine à suivre, voire à émerger, malgré son évident feeling des acteurs.
Jeune Cinéma, attentif, a d’abord suivi Nichols avec Catch 22 (JC n°53 mars 1971). Et la revue est même revenue dessus 9 ans après (JC n°126, mai 1980). Une sorte de repentir ?
Mais il faudra attendre 18 ans, ensuite, pour que Nichols réapparaisse chez nous, avec Primary Colors (JC n°249, 1998), les films politiques - ou politiciens - demeurant toujours les chouchous de la revue.
Parmi les sorties de cette semaine sur les grands écrans Jeune Cinéma a sélectionné :
* Pôle Emploi, ne quittez pas ! de Nora Philippe (2014).
* Les Opportunistes de Paolo Virzi (2013).
* Peppermint frappé de Carlos Saura (1967).
Dans un grand article, "Présence de l’Espagne chez Carlos Saura", Charles Chaboud écrivait :
"Peppermint frappé, selon une manière très buñuélienne que confirme la dédicace finale du film à Luis Buñuel, met en scène la fixation érotique d’un médecin d’âge mûr sur la femme de son meilleur ami, parce qu’elle ressemble à la perfection aux modèles ultra-sophistiqués des magazines de mode qu’il découpe de façon maniaque. Incapabale de la posséder, il finira par l’assassiner froidement - elle et son mari. Et cela avec la complicité de son assistante, qu’il est arrivé à transformer, elle aussi, en image de magazine. Les deux personnages sont joués par Geraldine Chaplin." (Jeune Cinéma n° 90 novembre 1975),
Sur Ciné Classic, en octobre 2014, nous avons pu revoir quatre films de Carlos Saura : La Chasse (La Caza, 1966) ; Le Jardin des délices (El jardín de las delicias, 1970) ; Anna et les loups (Ana y los lobos, 1972) et La Cousine Angélique (La prima Angélica, 1974, Prix du jury au festival de Cannes 1974).
Nous vous les avions recommandés dans Salut les câblés !
Confirmation : Saura est un des plus grands cinéastes espagnols du 20e siècle.
Serge Moscovici (1925-2014) s’est éteint cette nuit.
Nous nous souvenons de lui.
Le Festival du film d’histoire de Pessac commence demain (17-24 novembre 2014).
C’est sa 25e édition.
On ne le présente plus, ce festival : il a toute sa place dans le cœur des cinéphiles et des historiens, ce qu’est, plus ou moins, chaque citoyen français - chaque Terrien -, un tant soit peu conscient des enjeux de civilisation que chaque acte - voire chaque pensée - "politique" engage.
Rappelons tout de même que le festival a été créé, en 1990, par Alain Rousset (alors Maire de Pessac) et Jean Lacouture, avec une équipe d’historiens (notamment Jean-Noël Jeanneney et Jean-Pierre Rioux) et de professionnels du cinéma.
Avec cette idée : "l’Histoire est plus qu’un regard sur le passé, c’est aussi une fabuleuse et perpétuelle leçon civique et culturelle" : mouvements sociaux, transformations politiques, évolutions culturelles, systèmes de représentations.
Et avec donc la volonté d’ancrer les thèmes choisis dans l’actualité.
Cette année, le thème, c’est l’Allemagne.
Le catalogue est arrivé,
Faites votre programme pour cette belle et longue semaine.
L’Association des amis de Charles Belmont, créée le 24 octobre 2014 par Marielle Issartel et Salomé Blechmans, est active et bien vivante (1).
Les lecteurs de Jeune Cinéma le connaissent bien, Charles Belmont (1936-2011). Ils ont vu L’Écume des jours (1968), Rak (1972) ou Pour Clémence (1977). Et parmi les vieux de la vieille, tout le monde a, sinon vu, au moins entendu parler de Histoire d’A (1974).
Mais dans l’ensemble, c’est un cinéaste plutôt méconnu, malgré le grand charme de son œuvre.
Et surtout, il y a toujours du travail pour "réanimer" une œuvre, stoppée en plein vol : problèmes de droits, questions juridiques, édition de l’œuvre complète en DVD, restauration de copies dégradées, édition des scénarios non tournés, projets de colloque, etc. Pour avoir une idée de cette œuvre, ne vous contentez pas de wikipedia.
Une rétrospective au cinéma La Clef à Paris est prévue en avril 2015, avec des animations et débats pour chacun des films.
Ce sera l’occasion de revoir ses quatre grands classiques - L’Écume des jours surtout, film à la fois précurseur et parfaitement ajusté à l’œuvre de Boris Vian.
Et de découvrir Les Médiateurs du Pacifique (1997), Océanie (2001) et Qui de nous deux (2006).
1. Statuts et conditions d’adhésion
La semaine télé de Jeune Cinéma du 15 au 21 novembre 2014.
Si vous n’avez rien prévu ce soir, allez donc faire un tour aux Rencontres de l’édition vidéo indépendante (REVI).
Éditeur vidéo, c’est un vrai métier, un métier d’avenir, sur lequel il y a beaucoup à dire.
Durant trois jours, une trentaine d’éditeurs vidéo et professionnels incontournables présentent des centaines de DVD et Blu-Ray, incluant des avant-premières et des éditions collectors, dans une ambiance festive où se succèderont rencontres-dédicaces, signatures, masterclass, tables rondes, projections exceptionnelles, concerts et DJ sets.
Parmi les participants, notre ami Choses vues, dont vous savez tout le bien qu’on en pense, puisqu’il figure parmi nos sites amis. Mais il y a des tas d’autres participants à découvrir.
Ça se passe au Point éphémère, 200 Quai de Valmy (métro Jaurès ou Louis Blanc), et c’est jusqu’à dimanche soir, 16 novembre 2014, 20h. Entrée libre.
À Toulouse, il se passe toujours quelque chose.
Par exemple, Motor !, le festival du film roumain de Toulouse, vous connaissez ?
Il en est pourtant à sa 6e édition. Il a lieu cette année à partir de ce soir, 13 novembre jusqu’au 22 novembre 2014.
D’une façon plus générale, le cinéma roumain, vous savez où il en est ?
À part que les tournages des productions européenne s’y font aisément parce qu’à faible coût, et à part les quelques auteurs dont on parle un peu quand ils sont sélectionnés à Cannes, il faut bien reconnaître qu’on est assez ignorant.
Le cinéma roumain a pourtant commencé, comme tout le monde, vers 1896. Mais il n’a pas eu la chance qu’ont eu les cinémas tchèques ou polonais, et le pays s’est tapé Ceaucescu de 1965 à 1989, ce qui n’a facilté ni la conservation des premiers films, ni la créativité des artistes. Les précurseurs, comme Victor Iliu (1912-1968) ou Liviu Ciulei (1923-2011), ont dû essuyer les plâtres sans grandes gratifications.
Aujourd’hui, c’est tout juste si on connaît Cristian Mungiu et sa Palme d’or de 2007 (4 mois, 3 semaines et 2 jours) ou Radu Jude sélectionné à La Quinzaine des réalisateurs 2013 (pour un court métrage La Fille le plus heureuse du monde,).
Pourtant, il y a une nouvelle vague roumaine : Cristian Nemescu, Calin Pete Netzer, Corneliu Porumboiu, Peter Strickland, Horatiu Malaele, pour ne citer qu’eux.
Il est plus que temps d’élargir nos horizons et se mettre à jour sur la Roumanie et les Roumains : téléchargez le programme et organisez votre semaine.
Et commencez dès ce soir avec une soirée d’ouverture improvisée, au cinéma ABC, à partir de 19h30, puis la projection, à 20h, de Killing Time, de et avec Florin Piersic Jr. en présence du réalisateur, avec enfin un cocktail roumain à partir de 22h.
Ne jamais négliger les cocktails : on y fait toujours des rencontres.
La sélection de Jeune Cinéma sur les grands écrans :
* Les Croix de bois de Raymond Bernard (1932).
* Marie Heurtin de Jean-Pierre Améris (2014).
* Trains étroitement surveillés de Jiri Menzel (1966).
Jiri Menzel est un des cinéastes fétiches de Jeune Cinéma.
Surtout : Jiri Menzel, n° spécial, JC n°139 (décembre 1981).
Et les critiques des films :
Trains étroitement surveillés, JC n°26 (novembre 1967) ; Petites perles au fond de l’eau, JC n°32 (septembre 1968) ; Monsieur Foerster est mort, JC n°137 (septembre 1981) ; Blonde émoustillante, JC n°138 (novembre 1981) et n°193 (février 1989) ; Mon cher petit village, JC n°178 (mai 1987) et n°181 (mai 1987) et n° 182 (juillet 1987) ; JC n°201 (mai 1990) ; JC n°221 (avril 1993) ; Les Aventures d’Ivan Tchonkine, JC n°230 (janvier 1995) et JC n°319-320 (octobre 2008) ; Moi qui ai servi le Roi d’Angleterre, JC n°308-309 (printemps 2007).
* Les Croix de bois de Raymond Bernard ressort demain sur les grands écrans. Nous l’avons revu à Bologne, le vendredi 4 juillet 2014.
Pour ceux qui ne l’ont jamais vu, autant vous prévenir : ce grand film, c’est à pleurer.
Nous écrivions, en juillet 2014 :
On dirait un documentaire. On y est, on est dans la tranchée, on a peur, on voit les hommes charger face aux bombes, de la viande suicidée. Désespérant, emblématique de la connerie. "T’inquiète pas, tu l’auras ta croix, de fer, de guerre, ou de bois". Quand on sort de l’Arlequin, dans la chaleur de l’été, on a froid partout.
Mais c’est notre devoir d’aller voir ça de près, bien en face, autrement qu’à travers les souvenirs dérisoires et filtrant de nos grands-pères, qui prennent la poussière dans les maisons des familles.
Personne ne croit plus au sempiternel "Plus jamais ça !".
Mais on ne sait jamais, parfois il suffit d’une image ou d’un mot pour emplir la conscience d’un humain, et le transformer en un juste.
Tant que vous y êtes, faites les choses jusqu’au bout - vous ne verrez plus aucun centenaire de la WWI de votre vivant - et allez à la Cinémathèque, à Bercy. La programmation est très riche.
La semaine télé de Jeune Cinéma du 8 au 14 novembre 2014.
Zoom sur un de ces films "prometteurs", que Jeune Cinéma affectionne tout spécialement : Historia del miedo de Benjamin Naishtat, sélectionné à la 64e Berlinale.
À découvrir absolument, avec l’avant-goût proposé par Gisèle Breteau Skira.
Aujourd’hui commence la 63e édition du festival de Mannheim-Heidelberg que Jeune Cinéma a suivi pratiquement depuis le début et qui a toujours fait notre bonheur.
Des tas de raisons indépendantes de notre volonté font que JC n’y sera pas cette année.
Ce n’est que partie remise.
C’est un des meilleurs festivals du monde.
Les programmes sont ambitieux et réservent toujours d’étonnantes surprises venues de tous les coins du monde.
L’ambiance est "démocratique" et chaleureuse, grâce à la présence attentive de l’équipe du Dr. Michael Kötz, et son absence totale de tout snobisme. C’est un festival pour tout le monde, les étudiants et les familles s’y pressent gentiment.
Et puis, toujours, de grandes beautés sont à découvrir dans les deux villes de Mannheim et de Heidelberg, dans la grande douceur de l’automne en Allemagne, du chemin des philosophes, à telle petite porte modern style, bien cachée, dans le quartier turc, en passant par les marchés de Noël. Nous reviendrons à Mannheim.
Cette semaine, parmi les sorties sur les grands écrans, nous vous recommandons tout spécialement A Girl At My Door, premier long métrage de la Coréenne July Jung, un polar tout en finesse et en surprises, qui avait été sélectionné à Cannes 2014 dans la section Un certain regard.
Et si vous êtes gourmet, le documentaire de Franck Ribière, Steak (R)évolution.
Quant à ’71, de Yves Demange, qui avait commencé par s’appeller ’71 Belfast, il couvre beaucoup d’espace dans les pages critique cinéma de la presse quotidienne, c’est un thriller.
Le thriller, ça bouge, ça défoule, ça soulage, c’est un pur divertissement aussi efficace, - mais quand c’est nu aussi vain - que l’était autrefois le flipper - qu’entre nous soit dit, nous avons beaucoup aimé.
Voilà : ’71, c’est un thriller sans point de vue. Ce n’est même pas une question de morale, mais nous pensons, à Jeune Cinéma, qu’un film sans point de vue, c’est comme une feuille morte.
Et que, finalement, ça risque d’avoir le même destin (qu’une feuille morte).
Surtout quand il s’agit d’un film sur l’Irlande.
Dylan.
C’est donc aujourd’hui, 14 brumaire (jour de l’endive dans le calendrier républicain), que sont dévoilés, pour le public occidental, les Basement Tapes, ces bandes enregistrées en catimini par Bob Dylan et ses copains The Hawks (bientôt The Band) durant l’automne 1967, après son accident de moto.
Enregistrements sauvages, avec un matériel technique primitif, jamais officiellement sortis avant la courte anthologie de 1975, qui reprenait une vingtaine de titres.
Mais sur le marché parallèle, ils donnèrent naissance en 1969 au double album The Great White Wonder, premier disque pirate de l’histoire de la musique.
Depuis, les recueils de ces "bandes du sous-sol" ont fleuri, toujours clandestinement, offrant des versions diverses des sessions de 1967 - la plus complète, A Tree With Roots, rassemblait un peu moins de 120 morceaux.
Autant dire que les 138 chansons annoncées sont attendues comme la révélation suprême par l’internationale des fanatiques.
Bonne occasion pour relire La République invisible (Denoël, 2001) dans lequel Greil Marcus détaille, en 336 pages, l’importance de cet archipel pas totalement exploré.
Bonne occasion aussi pour relire les articles parus dans Jeune Cinéma, sur les rapports de Dylan avec le cinéma. Bernard Nave et Lucien Logette ne sont pas tout à fait d’accord.
Allez donc aussi regarder de plus près The Girl From The North Country, et la jeune fille dont il était question, en 1964.
Ce soir, on hésite entre le théâtre et Louis Malle au Théâtre de la Bastille.
Ou un hommage à notre cher Elio Petri à l’Institut culturel italien.
Entre le théâtre et le cinéma, il existe d’innombrables passerelles, visibles ou souterraines. C’est qu’entre nature et culture, sauvagerie et artefact, ça circule activement, souvent à notre insu. On constate ça tous les jours, Y a qu’à voir comment les machines se sont collées à nos mains, et comment les robots sont nos frères et sœurs. En attendant de fusionner, tôt ou tard, dans un futur romanesque.
Mais revenons au théâtre.
Le Théâtre de la Bastille nous propose, du 3 au 14 novembre 2014, My dinner with André de et avec Damiaan De Schrijver et Peter Van den Eede.
Le texte de la pièce est écrit par les deux acteurs du film de Louis Malle, André Gregory et Wallace Shawn, d’après le scénario d’origine.
Au menu du dîner : Terrine de poisson, cailles aux raisins, bramborova polevka (potage aux champignons), petite salade verte. Vin rouge, espresso, et pousse-café Amareto.
Et une conversation délicieuse entre deux hommes raffinés
Malle avait réalisé le film en 1981, dans sa période américaine, entre Atlantic City et Crackers.
Un film fait pour le théâtre. Et vice versa.
Quelle bonne idée !
À l’Institut culturel italien, on rend hommage à Elio Petri.
Un livre collectif vient de paraître, qui lui est consacré, coordonné par Diego Mondella : L’ultima trovata. Trent’anni di cinema senza Elio Petri, Éditions Pendragon.
Parmi les auteurs, notamment : Tonino Guerra et Ferzan Ozpetek.
Ce soir, l’ouvrage est présenté en présence de la femme de Elio Petri et du producteur Guido Lombardi. La rencontre est animée par Jean A. Gili.
Après les mondanités, projection du film : Les Jours comptés (Giorni contati) (1962)
Pour évacuer le petit coup de blues inévitable du dimanche soir et de tous les débuts de novembre, une proposition qui ne se refuse pas.
Paraît que vient de paraître une biographie de Robert Wyatt, Different Everytime de Marcus O’Dair, éd. Serpent’s Tail, Londres, 2014. Pas encore traduite.
Alors on se fait un petit rappel.
Pour O Caroline, pardonnez la pub : on n’en a pas trouvé sans.
Pour A Certain Kind, ça va.
Les marchands ne doivent pas (encore) connaître.
Même si c’est pas exactement LA version du Third.
Oups, ce serait pas plutôt dans le deuxième album ? À vérifier.
La semaine télé de Jeune Cinéma
du 1er au 7 novembre 2014.