Semaine télé du 11 au 17 avril 2020
Salut les câblés !
publié le samedi 11 avril 2020

Jeune Cinéma en ligne directe


 

Confinement, l’heure de la sensation vraie.
Mika Rottenberg, Easypieces, au New Museum à New York, 2019.
©Dario Lasagni

Humeurs de Lucien Logette


 

Samedi 11 avril 2020

 

20.50 : L’Amour à la mer de Guy Gilles (1964), Classic
Sauf erreur, c’est le premier film de l’auteur à connaître une programmation sur le câble. Artisan - huit films en trente ans -, porteur d’une petite musique bien particulière, Gilles n’a connu qu’un succès d’estime (ses admirateurs ont bien œuvré, eux : un site sur le Net, plusieurs documentaires et un ouvrage sur lui chez Yellow Now), mais il a trouvé appui auprès de comédiennes réputées, Annie Girardot, Macha Méryl, Danièle Delorme, Delphine Seyrig, Jeanne Moreau. Il s’agit ce soir de son premier titre, tourné en 1962 et qui mit trois ans à trouver un distributeur. On attend le reste, Le Clair de Terre (1970) ou Absences répétées (1972) - Cf. Entretien avec Guy Gilles.

22.00 : Remparts d’argile de Jean-Louis Bertucelli (1968), Classic
La chaîne nous gâte, en nous offrant le second inédit de la soirée - mais c’est sans doute pour compenser la programmation laborieuse et répétitive du reste du bouquet Ciné+.
Prix Jean Vigo 1969, c’est le premier de JLB - le moins connu, puisque ses films suivants, On s’est trompé d’histoire d’amour (1974) ou Docteur Françoise Gailland (1975) furent des succès publics -, qui, 50 ans et plus après, garde une étrangeté hors du temps : le désert saharien, une carrière, des ouvriers et des femmes sans identité. Comme le film de Gilles, celui-ci ne trouva une sortie qu’au bout de trois ans.

22.45 : Winter People de Ted Kotcheff (1989), TCM
Pas vu. La carrière en zigzags de Kotcheff, cachant sa personnalité derrière des films de genre aussi divers que variés, entre L’Apprentissage de Duddy Kravitz (1974), La Grande Cuisine (1978) ou Rambo (1982), laisse toujours espérer une découverte, même s’il n’a jamais mieux fait que Le Réveil dans la terreur (1971). Ce soir, Kurt Russell et Kelly McGillis, alors…

 

Dimanche 12 avril 2020

 

20.40 : The Rider de Chloé Zhao (2017), OCS City
Après le succès des Chansons que mes frères m’ont apprises (2015), on attendait la cinéaste au tournant du second film. Examen de passage réussi et au-delà, pour ce western de rodéo (un sous-genre qui a ses chefs-d’œuvre, comme Les Indomptables (1952) de Nicholas Ray), méditatif et mélancolique. Avec une famille, les Jardreau, comme acteurs principaux. Comment une émigrée (elle est née à Pékin) a pu s’emparer de la mythologie américaine pour la restituer sans clichés, c’est la question.

20.40 : L’Adorable Voisine de Richard Quine (1958), OCS Géants
Pas inédit, mais absent des programmes depuis décembre 2017. Revoir Kim Novak, de loin la plus troublante des sorcières jamais convoquées sur un écran, est toujours un plaisir. On savait depuis René Clair et Veronica Lake qu’elles pouvaient se marier, on se demande juste pourquoi James Stewart a besoin qu’elle lui jette un sort pour qu’il en tombe amoureux. Jack Lemmon en frère de Kim est aussi épatant que dans les autres films de Quine (cf. My Sister Eileen, 1955).

20.50 : Confident royal de Stephen Frears (2017), Émotion
Un Frears inédit sur le câble, ça existe. Dernière réalisation (pour l’instant, car on le sait prolifique : 54 films et téléfilms en 50 ans), pour laquelle il n’a pas été cherché trop loin inspiration et inventivité. Tout est dans le titre : la reine Victoria s’entichant d’un jeune Indien de sa domesticité, qui devient son "professeur de pensée". Les précédents sont nombreux, type Miss Daisy et son chauffeur, Green Book, etc. Il y a Judi Dench, donc difficile de ne pas apprécier la performance.

22.20 : De l’autre côté du mur de Christian Schwochow (2013), OCS City
Les films allemands qui racontent le franchissement du mur de Berlin observent couramment la règle : l’enfer d’un côté, le paradis de l’autre. Pour une fois, le manichéisme est esquivé. Ce que découvrent à l’Ouest Jordis Triebel (inconnue et excellente) et son jeune fils, c’est bien sûr la liberté (avec une majuscule et un trémolo dans la voix), mais c’est aussi la bureaucratie tatillonne et l’emprisonnement kafkaïen qu’elle finit par créer. La tonalité est inhabituelle et vaut le détour.

22.30 : Jacques Deray, j’ai connu une belle époque d’Agnès Vincent-Deray (2018), Classic
Bon documentaire inédit (seul passage : Festival Lumière 2018) sur le réalisateur du Gang (1977), programmé juste avant (20.50) sur la chaîne, que l’on n’est pas obligé de revoir. Car ce n’est pas dans ses véhicules pour Delon que Deray a atteint son meilleur, mais dans ses polars noirs du début, Rififi à Tokyo (1962) et Symphonie pour un massacre (1963), ou ses grands films personnels (même si tirés de la Série Noire), Un papillon sur l’épaule (1978) ou On ne meurt que deux fois (1985). Le doc est plein de choses rares, puisés à bonne source.

 

Lundi 13 avril 2020

 

20.40 : QT8 : Tarantino en 8 films de Tara Wood (2019), OCS Max
Doc inconnu, mais on en devine le sujet.

20.40 : Frankie et Johnny de Garry Marshall (1991), Paramount Channel
La chanson, anonyme, est un standard - 300 interprètes répertoriés depuis Bessie Smith en 1928 (Elvis dans le film éponyme de 1966 et même Dylan en 1992) - et a donné lieu à des adaptations théâtrales et même chorégraphiques (le remarquable ballet avec Cyd Charisse dans Viva Las Vegas ! de Roy Rowland, 1956). L’histoire est banale : dans un bar, ou un restaurant selon les versions, une serveuse tombe amoureuse du cuisinier, mais une autre survient, etc. Tout est dans l’interprétation, ici Michelle Pfeiffer et Al Pacino, association inédite, mais efficace.

20.50 : Sur la plage de Chesil de Dominic Cooke (2017), Émotion
Premier (et unique) film d’un metteur en scène de théâtre anglais réputé, d’après un roman de Ian McEwan et avec Saoirse Ronan. Beaucoup d’éléments réunis pour un grand film et c’est presque ça. Un peu de raideur peut-être dans l’évocation des puritaines années british du début des ’60 (mais tout allait vite bouger). La sortie le 15 août 2018 n’a pas empêché 22000 spectateurs de le découvrir.

21.30 : L’Outsider de Christophe Barratier (2016), OCS Choc
Déjà passé sur Premier, mais à une heure dissuasive. Cf. note du 8 juin 2018.

22.40 : 16 levers de soleil de Pierre-Emmanuel Le Goff (2018), Famiz
Doc sur Thomas Pesquet, son entraînement et son séjour dans la station spatiale internationale. C’est sans doute fort intéressant, mais on a craqué avant de le voir, sachant que le spationaute avait emporté là-haut l’œuvre de Saint-Exupéry. Seize levers de soleil avec Le Petit Prince, on n’a pas le droit d’imposer un tel supplice.

22.50 : Yuli d’Iciar Bollain (2018), Club
Inédit et inconnu. Fiction documentée ou docu fictionnel sur le danseur cubain Carlos Acosta, dans son propre rôle, des rues de La Havane au Royal Ballet londonien. Comme pour le film de Dominic Cooke, la sortie en plein mois de juillet 2019, n’a pas facilité l’accès.

00.20 : Au royaume des cieux de Julien Duvivier (1949), France 5
Bon choix de Brion que ce film méconnu de Duvivier, peinture sans fard d’une maison de redressement (comme on disait alors) destinée aux jeunes filles sur le mauvais chemin. Suzy Prim, en directrice de ce bagne, égale le degré de sadisme de Valeska Gert dans Le Journal d’une fille perdue de Pabst (1929). Serge Reggiani et Suzanne Cloutier, amants tragiques, comme souvent chez Duvivier, et une séquence d’inondation remarquablement filmée. Parmi les filles perdues, Juliette Gréco, dans son premier rôle.

 

Mardi 14 avril 2020

 

20.40 : Soirée Ivan Sen, OCS Choc
Les deux films ont été vus en 2018 et 2019, mais revoir Mystery Road (2013) et Goldstone (2016), à 22.40, dans la foulée n’est pas inutile pour prendre la dimension de ce cinéaste aborigène, découvert jadis à Cannes avec Toomelah (Un Certain Regard 2011).

22.40 : Le Testament caché de Jim Sheridan (2016), OCS Max
Pas vu. Pourquoi un film de l’auteur de Au nom du père (1994) et de Brothers (2009) n’a-t-il eu droit qu’à une sortie en DVD ? Au générique pourtant, Rooney Mara, Vanessa Redgrave et Eric Bana.

22.55 : Papa ou maman de Martin Bourboulon (2015), Émotion
Bizarrement, la suite passe plus souvent que l’original. De toutes façons, les deux films sont réjouissants, cultivant une saine distance avec les clichés sur l’amour obligatoire pour les enfants. Laurent Lafitte et Marina Foïs mettent tellement d’entrain à se déchirer qu’on en redemande.

00.10 : L’Eau à la bouche de Jacques Doniol-Valcroze (1960), OCS Géants
Pas inédit, certes, mais la soirée est si pauvre en découvertes qu’on peut la terminer en retrouvant le petit monde de Doniol réuni dans son château au son de la musique de Gainsbourg.

 

Mercredi 15 avril 2020

 

20.40 : Once Upon a Time… in Hollywood de Quentin Tarantino (2019), OCS Max
C’est OCS qui a décroché la timbale du premier passage sur le câble pour le dernier film de QT. Que dire de plus ? Tout le monde l’a vu et le reverra.

20.40 : L’Œuvre sans auteur de Florian Henckel von Donnersmarck (2018), OCS City
Après un premier film acclamé (La Vie des autres, 2006) et un deuxième descendu en flammes (The Tourist, 2010), l’auteur a pris son temps. Résultat : un film de 200 minutes, en deux parties, qui reprend une partie de la vie du peintre Gerhard Richter, entre RDA et réalisme socialiste et RFA et abstraction. Avec Tom Schilling, vu dans La Bande à Baader de Uli Edel (2008) et La Femme au tableau de Simon Curtis (2015).

20.40 : Le Salaire de la violence de Phil Karlson (1958), OCS Géants
Pas programmé depuis décembre 2015. Sympathique western fort intéressant, comme bien des titres de Karlson, avec Van Heflin et ses deux fils, le dur (Tab Hunter) et le tendre (James Darren).

20.40 : L’Excellente Aventure de Bill et Tef de Stephen Herek (1989), Paramount Channel
Pas vu, comme la plupart des films de l’auteur. On annonce une science-fiction humoristique, un voyage dans le temps. On attend de voir, mais c’est le film qui a fait de Keanu Reeves une vedette.

20.50 : Fort Bravo de John Sturges (1953), TCM
Pas de traces d’un passage ces six dernières années. C’est un des westerns les moins connus de Sturges, peut-être parce qu’il s’agit de son premier et que sa grande période va de Coup de fouet en retour (1956) aux Sept Mercenaires (1962). On ne se souvient pas de l’avoir revu en salles depuis nombre d’années. William Holden incarne un commandant de camp de prisonniers sudistes qui préfigure La Colline des hommes perdus de Sidney Lumet (1965). En prime, Eleanor Parker.
Il est étonnant, en ce temps où la totalité de la population doit stationner chaque soir devant son écran, de constater la pauvreté des programmes offerts parfois. Ainsi la grille de Ciné+ aujourd’hui, qui accumule les titres sans intérêt ou très connus ou usés par trop de passage (Matrix, Les Demoiselles de Rochefort, Madame de…).

23.30 : Brigadoon de Vincente Minnelli (1954), TCM
Inépuisable. Qui n’a pas rêvé de voir se lever le brouillard centenaire sur le pont qui mène au village oublié ?

00.25 : Une grande fille de Kantemir Balagov (2019), Club
Il faut attendre le lendemain matin pour trouver enfin un vrai film sur le bouquet. Après Tesnota (2017), l’auteur a de nouveau frappé très fort et son prix de la mise en scène Un Certain Regard 2019 était largement mérité. Éprouvant et superbe.

 

Jeudi 16 avril 2020

 

20.40 : Au Grand Balcon de Henri Decoin (1949), OCS Géants
Cf. note du 30 décembre 2017.

20.50 : 10 Cloverfield Lane de Dan Trachtenberg (2016), Frisson
Premier film, sans lendemain encore, d’un jeune réalisateur qui joue avec astuce du huis clos post-apocalypse, Mary Elizabeth Winstead, toujours agréable, capturée et enfermée dans un bunker par le toujours excellent John Goodman. Pas de grosse surprise, mais le plaisir d’explorer un territoire de connaissance.

20.50 : Thomas l’imposteur de Georges Franju (1964), Classic
Certes passé il y a peu (2 avril 2020), mais après minuit, ce qui ne convenait pas à un film aussi retenu. Le roman de Cocteau, un de ses rares encore lisibles, a trouvé un adaptateur fidèle et inspiré. Fabrice Rouleau, fils de Raymond, 18 ans à l’époque, n’a pas eu la carrière que l’on attendait.

22.35 : Lune de miel d’Élise Otzenberger (2018), Émotion
Bonne surprise que ce premier film ; traiter de façon comique la recherche de leur passé familial dramatique par un couple de jeunes mariés juifs polonais, en échappant aux clichés et sans solliciter l’émotion, l’exercice était périlleux. Mais il est réussi, grâce à Judith Chemla, parfaite, et à Arthur Igual, jusque-là cantonné aux seconds rôles.

00.00 : Tora ! Tora ! Tora ! de Richard Fleischer (1970), OCS Géants
Pour mémoire (passé le 25 mars 2019), juste pour signaler une rencontre nocturne entre deux films d’un même cinéaste, puisque TCM programme à 01.30 Che ! (1969). De quoi avancer tard dans la nuit.

03.05 : Chaque soir à 9 heures de Jack Clayton (1967), TCM
On ne peut que s’interroger : à quoi rime de passer un tel film à une telle heure ? Pour les insomniaques ou les graveurs de DVD, le rendez-vous est de rigueur. Il s’agit d’un des films les plus étonnants de ce réalisateur pas suffisamment apprécié, malgré quelques chefs-d’œuvre, comme Les Chemins de la haute ville (1959), Les Innocents (1961) et Le Mangeur de citrouilles (1964). Ce soir, magnifique histoire d’une fratrie de sept enfants, menés par Pamela Franklin et Mark Lester, qui organisent leur vie d’orphelins jusqu’à ce que leur père inconnu, Dirk Bogarde, vienne s’installer parmi eux. Souhaitons que la chaîne offre un meilleur créneau à ce film trop rare.

 

Vendredi 17 avril 2020

 

20.40 : Bob et Carole et Ted et Alice de Paul Mazursky (1969), OCS Géants
Le premier film de Mazursky secoua sérieusement les censeurs (il fut d’ailleurs réservé en France au plus de 18 ans, en 1970). On ne se souvient pourtant d’aucune scène explicite (ça ne se pratiquait pas encore dans le cinéma grand public), mais de situations libertines et d’un dialogue qui renvoyait le code Hays à la trappe. Un couple régénéré sexuellement (Natalie Wood et Robert Culp) tente de convaincre un autre couple (Elliot Gould et Dyan Cannon) de les rejoindre sur les chemins de la libération des sens. Quelle belle époque.

20.50 : Ready Player One de Steven Spielberg (2018), Frisson
Qu’est-ce qui fait courir Steven ? À 73 ans, il continue à empiler les films, passant d’un genre à l’autre sans barguigner - jusqu’à ce remake de West Side Story qui devrait nous parvenir d’ici décembre. Ici, il renoue avec la SF par l’intermédiaire de l’adaptation d’un jeu vidéo (un JDRMM, comme on vient de l’apprendre : un jeu de rôle en ligne massivement multijoueur !), avec Tye Sheridan, qui a grandi depuis Mud, et Olivia Cooke, rescapée de la série Bates Motel.

20.50 : Fripouillards et Cie de Steno (1959), Classic
La multiplication des films avec Louis de Funès contraint les chaînes à chercher au-delà de La Grande Vadrouille ou des Gendarmes. Ce qui nous vaut la découverte de ce titre oublié. Il a peu tourné à l’étranger, son comique bien français ne permettant pas l’ouverture vers le vaste monde, et ses deux films avec Toto, tous deux sous la direction de Steno (l’autre, Un coup fumant, 1959, n’étant sorti en DVD qu’en 2005), sont les seuls répertoriés. Entre le comique italien et lui, qui l’emporte ? Les amateurs jugeront.

22.30 : Cotton Club de Francis Ford Coppola (1984), Paramount Channel
Cf. note du 5 mars 2017.



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