Semaine télé du 1er au 7 août 2020
Salut les câblés !
publié le samedi 1er août 2020

Jeune Cinéma en ligne directe


 

©Riddim Ryder.

Humeurs de Lucien Logette


 

Samedi 1er août 2020

 

20.40 : Comme un boomerang de José Giovanni (1976), OCS Géants
Pour les fanatiques de Giovanni ou de Delon. Le premier fut, sauf exception, meilleur romancier que cinéaste, et le second meilleur acteur que réalisateur. Ici, il souffre un peu d’être confronté à Charles Vanel, qui, de 1920 à 1988, a mis dans sa poche tous ses partenaires. À noter l’aspect autobiographique du scénario : un homme au sommet voit son passé peu glorieux révélé.

20.40 : Carton rouge de Barry Skolnick (2001), Paramount Channel
Remake du film de Robert Aldrich Plein la gueule (1974), à l’initiative du producteur Albert S. Ruddy, déjà producteur du précédent - et qui produira une troisième version en 2005, Mi-temps au mitard de Peter Segal. Ici, pas de football américain, mais du vrai foot, on est en Angleterre. Mais l’argument est identique : un professionnel, emprisonné, est contraint d’entraîner l’équipe des détenus pour un match contre les matons. Aucun des passages obligés n’est oublié, mais, même si l’on est rarement surpris, le film est agréablement fait, avec un vrai joueur, Vinnie Jones, dans le rôle principal.

20.50 : Sept vies de Gabriele Muccino (2008), Émotion
Inédit, ce qui est son gros intérêt. Mais si l’on ne refuse pas de se faire tirer les larmes par un mélo - c’est samedi, on peut se laisser aller à l’émotion -, on peut regarder Will Smith, Rosario Dawson et Woody Harrelson, qu’on suit avec plaisir quoi qu’il fasse. Muccino, où qu’il tourne (c’était son second film américain), n’hésite pas à en faire beaucoup.

20.50 : Miracle au village de Preston Sturges (1944), Classic
Un Sturges inédit, on ne va pas faire la fine bouche. Mais, dans la filmographie du cinéaste, ce n’est pas un sommet : ce sixième long métrage, malgré sa situation initiale originale (Betty Hutton, après une fête arrosée avec des militaires, se retrouve mariée sans savoir à qui, tous étant partis au combat), ne tient pas la distance, essentiellement à cause du héros, Eddie Bracken, acteur comique particulièrement pénible (on le retrouvera dans Héros d’occasion, réalisé la même année par Preston S.). Restent les qualités propres à l’auteur, vivacité, intelligence, déjà effectives dans ses chefs-d’œuvre précédents, Un cœur pris au piège (1941) ou Les Voyages de Sullivan (1941), et qui seront magnifiées dans Infidèlement vôtre (1948).

 

Dimanche 2 août 2020

 

20.40 : Diamants sur canapé de Blake Edwards (1961), OCS Géants
Pour mémoire, évidemment, mais surtout pour renvoyer au copieux dossier Blake Edwards du dernier Positif (n° 713-714, été 2020), qui fait brillamment le tour de la question.

20.40 : Le Secret des Incas de Jerry Hopper (1954), Paramount Channel
Remercions la chaîne, la dernière à proposer des films d’aventures, des westerns et des films fantastiques à l’ancienne comme on n’en voit plus guère ailleurs. Ce soir, direction le Pérou et le fabuleux trésor perdu - la façon dont Charlton Heston le découvre, grâce au soleil, est une jolie idée. Avec Nicole Maurey, une des rares actrices françaises à avoir réussi à Hollywood - elle est passée, en 1953, des bras de Roger Nicolas et de Raymond Souplex à ceux de Bing Crosby… Spielberg ne s’est pas privé d’emprunter quelques éléments à Hopper, dont le costume d’Indiana Jones, kif-kif celui d’Heston.

20.50 : Cogan d’Andrew Dominik (2012), Premier
Le scénario, bien que tiré d’un roman de George V. Higgins, est standard - des voyous dérobent l’argent de pontes de la mafia et sont poursuivis -, mais on sait que dans les films noirs de ce genre, le plaisir ne vient pas souvent du scénario mais de la patte de son réalisateur. Ici, Dominik resserre l’action - pas besoin de 160 mn, comme dans son Assassinat de Jesse James… de 2007. Brad Pitt, Scoot McNairy, Richard Jenkins, James Gandolfini et Ray Liotta, que des méchants. Et Sam Shepard, qui passait par là.

22.25 : Sale temps à l’Hôtel El Royale de Drew Goddard (2018), Premier
Le scénario est remarquablement tortueux, avec des sentiers qui bifurquent, des fausses fins qui relancent l’action, une violence à la fois hyper réaliste et parodique et une mise en espace étonnante - voir les travellings latéraux dans le couloir qui longe les chambres du motel, chacune avec sa glace sans tain. 141 minutes sans souffler, avec Jeff Bridges, Dakota Johnson, Jon Hamm, tous monstrueux mais aucun n’étant ce qu’il semble être. On peut s’appeler Goddard et être inventif.

00.25 : Rien n’arrête la musique de Nancy Walker (1980), Paramount Channel
Inconnu. Raconte, semble-t-il de façon fantaisiste, la formation du groupe Village People. Can’t Stop the Music a obtenu le Razzie Award du plus mauvais film et du plus mauvais scénario en 1980, ce qui est alléchant.

 

Lundi 3 août 2020

 

20.40 : Première victoire d’Otto Preminger (1965), OCS Géants
Seul passage relevé : le 9 décembre 2016 à 00.50, ce qui pour un film de 160 mn est un handicap. On le signale par respect pour son auteur, mais seuls les fanatiques n’y verront pas un film d’une lourdeur éprouvante. Intérêt : tout Hollywood est là, donc on passe le temps à identifier les visages, comme dans les films historiques de Guitry. Et il y a Paula Prentiss dans un tout petit rôle, hélas.

20.55 : L’Héritière de William Wyler (1949), Arte
Belle prescience de la part de la chaîne, qui avait prévu la disparition d’Olivia de Havilland en programmant un des films où elle montrait l’éventail de ses talents (Oscar 1949). Le film est un peu compassé, comme toujours chez Wyler qui se laisse rarement aller (en tout cas durant cette période). Monty Clift est un partenaire à sa hauteur (même si on l’a toujours préférée aux côtés d’Errol Flynn).

22.45 : Une femme dans la tourmente de Mikio Naruse (1964), Arte
En six ans, les chaînes câblées n’ont programmé que deux titres de Naruse - il est vrai qu’il n’en a signé que 92. Merci Arte ! C’est du Naruse ultime (il n’a tourné que trois films ensuite), mais tout aussi intéressant que toutes les autres, muet et parlant réunis. Et ce qu’on aime aussi chez lui, ce sont les titres, en traduction littérale : Mesdames, prenez garde à vos manches (1932). Ma femme, sois comme une rose (1935) ou L’Étranger à l’intérieur d’une femme (1966).

00.50 : À la recherche d’Ingmar Bergman de Margarethe von Trotta & Felix Moeller (2018), Club
Très bon documentaire, un de plus, sur le Maître, dont la grande ombre plane encore - on le verra l’an prochain avec le (bon) film de Mia Hansen-Love, tourné à Farö.

 

Mardi 4 août 2020

 

20.40 : Mildred Pierce de Todd Haynes (2011), OCS Max
Certes, la mini-série d’après James Cain est passée il y a tout juste un an. Mais elle ne souffre pas d’être revue, à cause de Kate Winslet et aussi de Melissa Leo. Ce soir, le premier des trois épisodes.

20.50 : Joel, une enfance en Patagonie de Carlos Sorin (2018), Club
Six ans après Jours de pêche en Patagonie (2012), Sorin remet le couvert - serait-il resté en Terre de feu jusque-là ? On aime ses histoires minimales, ses narrations en mineur, son cinéma de la litote. Mais à force de resserrement, de pudeur dans l’expression des sentiments, il faut parfois tendre l’œil et l’oreille pour être convaincu, alors qu’on l’était immédiatement à l’époque de Historias minimas (2002) ou de Bombon el perro (2004).

 

Mercredi 5 août 2020

 

20.40 : Soirée Lee Chang-dong, OCS City
Pas vraiment une découverte, puisque chacun des deux films est passé ces dernières années. Si le premier, à 20.40, Burning (2018) nous a laissé sur notre faim, c’est sans doute à cause du concert de dithyrambes déclenchés par une critique qui avait mis du temps à découvrir l’auteur de Peppermint Candy (1998) et tentait de se rattraper. En revanche, le second titre de la soirée, à 23.05, Poetry (2010) est une pure merveille.

22.25 : L’Aventure de Madame Muir de Joseph L. Mankiewicz (1947), TCM
Certes passé cinq fois depuis 2014. Mais on ne s’en lassera jamais.

22.40 : À cause d’un assassinat d’Alan J. Pakula (1974), Paramount Channel
Cf. note du 7 janvier 2018.

 

Jeudi 6 août 2020

 

19.50 : Soirée Ingmar Bergman, Classic
Treize ans et quelques jours après la mort d’IB, place aux hommages. D’abord avec un très bon documentaire Bergman en quatre actes, de Jane Magnusson, 2018 (une partie a été présentée à Cannes sous le titre Bergman, une année dans une vie, suivi, à 20.50, d’un classique parmi les classiques, Sourires d’une nuit d’été (1955), puis, à 22.35, par Les Communiants (1963), puis, à 23.55, par un téléfilm (mais où est la différence ?), Le Rite (1969), puis, à 01.10, par La Source (1960). On en redemande.

20.40 : Ma fille de Naidra Ayadi (2018), OCS City
Le film est sorti le 12 septembre 2018, six semaines après Ma fille de Laura Bispuri (2018) - aucun des deux n’a vraiment marché (65000 spectateurs à eux deux), ce qui laisserait entendre que les relations familiales ne passionnent que modérément le public. Il y avait pourtant, dans le film italien, Valeria Golino et ici Roschdy Zem. Le film d’Ayadi est une très libre adaptation du roman de Bernard Clavel, Le Voyage du père, jadis tourné, en 1966, par Denys de La Patellière, avec Fernandel. Inutile de préciser que Zem assure son personnage de père provincial qui vient chercher sa fille à la Ville avec plus de puissance que son prédécesseur. Notons le nom de la jeune interprète : Natacha Krief. On la reverra.

20.40 : Mon ami le traître de José Giovanni (1988), OCS Géants
Un film de Giovanni par soir, ça finit par faire beaucoup. Ici, il reprend le schéma autobiographique de la Libération de Paris et du voyou collabo, comme s’il n’en finissait pas de venir à bout de son trajet. En outre, son propos est lourdement soutenu - lourdeur à laquelle il échappera dans son dernier film, en 2001, Mon père, il m’a sauvé la vie.

20.40 : La Brigade du Texas de Kirk Douglas (1975), Paramount Channel
Cf. note du 10 décembre 2016.

20.50 : La Puissance de l’ange de John G. Avildsen (1992), Émotion
Avildsen nous avait habitués à ne pas attendre grand-chose de sa part, entre ses quelques épisodes de Rocky et ceux de Karaté Kid - deux exceptions, Save the Tiger (1972), avec Jack Lemmon, et W.W. and the Dixie Dancekings (1975), avec Burt Reynolds et Ned Beatty). Le moustique du sujet à portée politique l’a piqué brutalement et il nous offre un film anti-apartheid. Même si c’était plus facile en 1992 que trente ans plus tôt, encore fallait-il-avoir envie de le faire. Morgan Freeman est dans son rôle, Stephen Dorff en jeune idéaliste également. À noter Daniel Craig, dans son premier film, vingt-trois ans avant James Bond.

20 .50 : Soirée Les Proies, TCM
Ce n’est pas vraiment faire un cadeau à Sofia Coppola que de programmer son film de 2017, Les Proies, juste avant, à 22.25, la version originelle de 1971, celle de Don Siegel, qui porte le même titre. Le premier, malgré Nicole Kidman et Colin Farrell, est mou du genou, amorphe et gnan-gnan, le second est une perle de sadomasochisme, avec une Geraldine Page en maîtresse de cérémonie et Clint Eastwood en objet offert aux goules de la maisonnée.

 

Vendredi 7 août 2020

 

20.40 : Au feu, les pompiers ! de Milos Forman (1967), OCS Géants
Inédit. Dernier film tourné par l’auteur au pays, avant son repli aux États-Unis. Le Parti communiste tchécoslovaque avait trouvé le film "pessimiste et dévalorisant pour la classe ouvrière". On n’ira pas jusque-là, mais il y aurait de quoi dire sur le regard peu sympathique que jette Forman sur son sujet, cette tendance à l’ironie vaguement méprisante déjà perceptible, de façon certes moins manifeste, dans Les Amours d’une blonde. Ni Jiri Menzel ni Jan Nemec ni Ivan Passer ne se sentaient supérieurs aux personnages qu’ils filmaient. Forman était déjà prêt à réussir son passage aux USA.

00.30 : Topsy Turvy de Mike Leigh (1999), Club
Cf. note du 21 février 2020.
C’était hier, mais il faut bien signaler quelque chose.



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