Jeune Cinéma en ligne directe
idol-brez-glave (Idole sans tête) ©Stane Jagodič
Humeurs de Lucien Logette
20.50 : Les Rivières pourpres de Mathieu Kassovitz (2000), Frisson
Curieusement, alors qu’on trouve plusieurs traces du numéro 2 de la série, signé Olivier Dahan (2004) - qui passe d’ailleurs à 22.30, sur la même chaîne -, l’original n’a pas été signalé depuis 2014. Inattention ? Peut-être ; en tout cas, plus que ses séquelles, films et séries, celui-ci mérite d’être revu. Non pas que Jean Reno soit désormais admirable, mais avec le recul, la patine joue.
20.50 : Une fille pour le diable de Peter Sykes (1978), Classic
Dans le cycle Hammer - titres oubliés, après le bon Jimmy Sangster de samedi dernier, un autre inédit intéressant. En cinq ans, depuis Les Démons de l’esprit (1971), Sykes n’est pas devenu un grand cinéaste méconnu, mais son travail reste efficace. Et Richard Widmark, dans les séries B de sa fin de carrière, brillait encore de quelques feux, bien entouré par Christopher Lee, Honor Blackman, Denholm Elliot et Nastassja Kinski. Pour mémoire, il s’agit de l’avant-dernier film produit par la Hammer.
22.40 : Hollywood maudit - Les Rapaces de Claudia Collao (2020), OCS Géants
Inédit. Doc inconnu, mais on peut faire confiance au sujet abordé : le film de Stroheim, Greed (1924), massacré par Irving Thalberg, le producteur de la Metro. Le producteur est toujours considéré comme l’ennemi du réalisateur, mais il faut reconnaître que EvS avait fabriqué les verges pour se faire fouetter, tournant 8 heures de film hors contrôle. La version courante dure 140 mn, la restaurée presque 4 heures, les quatre heures manquantes sont perdues. De ce naufrage, restent des séquences inoubliables qu’on aimerait revoir parfois sur le câble.
00.00 : Le Vagabond bien-aimé de Kurt Bernhardt (1936), France 5
Le film fut tourné en deux versions, comme souvent à l’époque, une anglaise et une française. Maurice Chevalier interpréta évidemment les deux ; l’essentiel, quelle que soit la version qui passe ce soir (sans doute la française), c’est que le rôle féminin principal est tenu dans chacune par Betty Stockfeld, qui illumina de nombreux films des années 30 et que célébra si bien Raymond Chirat : "…fille somptueuse, virtuose du regard en coulisses. Elle apporte avec elle le souffle des vacances, la fraîcheur de l’herbe, la poussière brûlante du sable de la plage. Ses admirateurs la dévorent du regard…."
20.40 : Rob Roy de Michael Caton-Jones (1995), OCS Géants
Inédit. Ah, Walter Scott ! Ivanhoé, Quentin Durward, Rob Roy… Mais Caton-Jones a évité l’adaptation et simplement gardé le héros hors-la-loi, écumant le pays de Stirling. Liam Neeson est aussi à l’aise dans la peau d’un héros irlandais que d’un brigand écossais. Derrière lui, Tim Roth en excentrique, John Hurt en méchant et Jessica Lange, en McGregor pur jus.
20.50 : Lutte sans merci de Philip Leacock (1962), Classic
Inédit. On ne se souvient pas d’avoir revu ce titre depuis sa sortie. Ph. Leacock (rien à voir avec Richard, le documentariste) n’a tourné que peu de films mémorables, excepté celui-ci et le suivant, L’Homme qui aimait la guerre (1962), avec un Steve Mc Queen pas encore star. À l’origine, un bon roman de Leigh Brackett, The Tiger Among Us, devenu Sonnez les cloches ! dans la Série Noire, qui met en scène quelques jeunes délinquants. On se souvient encore de la dérouillée que subit Alan Ladd au début - il se vengera, seul, car l’inspecteur Rod Steiger ne fait pas grand-chose. Sans doute fatigué, Ladd mit fin à sa carrière deux ans plus tard avec The Carpetbaggers de Edward Dmytryk (1964).
22.45 : Land and Freedom de Ken Loach (1996), OCS City
Inédit, eh oui. Il faut dire qu’il s’agit d’un film qui n’est pas dans la lignée des points de vue documentés sur la réalité sociale immédiate, comme la plupart des grands titres de Loach, mais sur la Guerre d’Espagne, traumatisme que tous les militants de sa génération portent encore comme une blessure. Le jeune Anglais qui s’engage en 1936 dans les Brigades internationales c’est celui que l’auteur aurait voulu être. Pas un héros, un combattant de la base, qui connaîtra la lutte, l’amour et le désenchantement. Mais Loach ne fait pas dans l’angélisme simplificateur et la discussion qui oppose à Barcelone, militants du POUM et communistes orthodoxes, ne masque pas les dissensions entre Républicains. Le film eut moins de succès que les autres, le souvenir de "l’ejercito del Ebro" s’effaçant déjà peu à peu.
20.40 : Max et les Maximonstres de Spike Jonze (2009), OCS Max
Inédit. Il fallait oser adapter (avec de vrais acteurs) l’album de Maurice Sendak, qui a fait rêver (ou a terrorisé) quelques millions de gamins depuis 1963. Mais Jonze a plus d’un tour dans son sac et est parvenu à nous surprendre comme il l’avait fait auparavant, avec Dans la peau de John Malkovich (1999) et après avec Her (2013). Max Records (avait-il été choisi à cause de son prénom ?) et Catherine Keener (sa mère) s’en sortent très bien.
20.40 : Seuls de David Moreau (2017), OCS Choc
Inédit. Adaptation d’une bande dessinée. Le sujet est désormais classique : des adolescents constatent un matin que leur ville est vide de toute présence et vont s’organiser pour survivre. Même si le thème du survivalisme devient un poncif, le film reste intéressant, sans doute parce qu’on ne connaît pas les jeunes acteurs qui l’interprètent.
20.50 : Gloria Mundi de Robert Guédiguian (2019), Club
Inédit. Comme d’habitude, Guédiguian mobilise toute sa troupe, rebattant les cartes à chaque fois. Autant son précédent, La Villa (2017), nous avait semblé hors du coup, remuant vainement des bribes de sa filmographie pour donner un peu de vie à des personnages usés, autant ce dernier film (pour l’instant) redresse le tir et nous livre une vision non plus nostalgique mais réaliste de son petit monde marseillais. Et le regard est juste, cynique même, dépourvu de tout sentimentalisme - même si le bilan que découvre Gérard Meylan à sa sortie de prison est parfaitement attristé : tout ou presque a fichu le camp. Toute la bande, Meylan, Ascaride, Darroussin, Demoustier assure remarquablement.
23.15 : Liés par le sang de Terence Young (1979), Paramount Channel
Déjà programmé il y a quatre ans. Pourquoi le signaler derechef ? Parce qu’il s’agit d’une perle du dixième degré, parfaitement nulle, mais propre à réjouir le cœur des véritables amateurs. Cf. note du 4 février 2017.
20.40 : Soirée Éric Rohmer, OCS Géants
Pour mémoire, car il y a peut-être des regards qui n’ont pas encore fait le plein de Rohmer. Deux titres de sa première époque, Ma nuit chez Maud (1969), suivi, à 22.30 par Le Genou de Claire (1970), après tout deux des moins pénibles à revoir, même si le premier est déjà bien sentencieux. Quant au second, ce n’est pas le genou de Laurence de Monaghan qui tient la distance, mais l’aplomb de Béatrice Romand face à Jean-Claude Brialy.
20.40 : En toute bonne foi de Richard Pearce (1992), Paramount Channel
Pas inédit, mais passé une seule fois le 28 novembre 2015, donc presque oublié. Pour ceux qui préfèrent Liam Neeson aux héros de Rohmer ou à Schwarzy sur TCM.
20.50 : Un monde plus grand de Fabienne Berthaud (2019), Émotion
Inédit. Depuis quinze ans, la cinéaste poursuit un chemin personnel, bien qu’assez peu fréquenté par la critique qui ne lui a pas encore accordé le statut d’auteure. Mais chacun d’eux, Frankie (2005), Pieds nus sur les limaces (2010) surtout, mériterait de revenir à la surface plus souvent. Cette fois-ci, le sujet était délicat à faire passer : la découverte de l’enseignement chamanique en Mongolie par une preneuse de son en deuil. On pouvait craindre le mysticisme à la petite semaine et les grands mystères à la louche. Eh non. Cécile de France est parfaite, comme souvent. Et, surprise, un film aussi peu racoleur a rassemblé près de 300 000 spectateurs.
20.50 : Double détente de Walter Hill (1988), TCM
Inédit. Double détente est la traduction de Red Heat, qui correspond plus à l’action, qui commence à Moscou, où ça chauffe pas mal et se transporte à Chicago. Arnold Schwarzenegger en flic russe et James Belushi en flic américain qui travaillent ensemble, c’est le signe que la détente du titre n’était pas une erreur. D’ailleurs, on était en pleine perestroïka…
22.10 : Hotel Singapura d’Eric Khoo (2015), Club
Déjà passé le 6 juin 2018. Mais le film est suffisamment curieux pour recevoir une seconde visite.
20.40 : Les Duellistes de Ridley Scott (1977), Paramount Channel
Pas inédit, mais pas passé depuis 2016. Et comme il s’agit d’un des plus beaux films de Scott, qui confirme notre certitude qu’une grande partie de l’Histoire du cinéma pourrait s’écrire, sans perdre son sens, en ne prenant en compte que les premiers films…
20.50 : Le Mans 66 de James Mangold (2019), Premier
Inédit. Un biopic, certes, ou plutôt un double, puisqu’il y a deux héros, Miles et Shelby, pilotes moins connus que les stars de Formule 1 - on ne se souvient guère des noms des vainqueurs des 24 heures du Mans. Le titre original décrit bien l’ambiance : Ford vs Ferrari. Matt Damon et Christian Bale semblent aussi à l’aise que Paul Newman dans Virages de James Goldstone (1968) ou Steve McQueen dans Le Mans de Lee H. Katzin (1971) et pourtant ce ne sont pas des fondus de la vitesse comme leurs prédécesseurs. Ce que signe James Mangold est toujours intéressant, sans qu’on ait pu encore lui attribuer une thématique ou des obsessions.
20.50 : Soul Kitchen de Fatih Akin (2009), Club
Inédit, un des rares de l’auteur. Pour une fois, une comédie, histoire d’un restaurant dans un quartier prolétaire de Hambourg et qui devient un rendez-vous pour branchés. Akin y aurait mis des souvenirs personnels de sa bande d’amis du début du siècle. Grand Prix à Venise en 2009. À 22.30, In the Fade, du même Akin (2017), plusieurs fois programmé.
22.40 : La Machine à explorer le temps de George Pal (1960), TCM
Inédit. La première (et la meilleure) adaptation du roman de H.G. Wells. Rod Taylor, au volant de sa machine, superbe construction art nouveau, traverse quelques époques guerrières avant d’atterrir en l’an 800 000 et quelque, chez les Elois, esclaves des Morlocks aux yeux rouges, habitants des profondeurs. C’est charmant et faussement naïf, et lorsque Taylor sauve Yvette Mimieux de la noyade, on est de cœur avec lui. En quatre ans, Pal, spécialiste de l’animation (les Puppetoons des années 40), a tourné, outre Time Machine, trois films fort réussis, Les Aventures de Tom Pouce (1958), avec Russ Tamblyn), Atlantis, terre engloutie (1961) et Les Amours enchantées (1962) d’après les contes des frères Grimm. On espère bien les revoir un jour.
20.40 : Soirée Jean-Pierre Jeunet & Marc Caro, OCS Choc
Pour mémoire, car les films sont connus (mais valent chacun la peine d’un nouveau regard) : pour commencer Delicatessen (1991), et à 22.10, La Cité des enfants perdus (1995). Si Caro n’a eu ensuite qu’une activité fugace dans le cinéma, Jeunet a poursuivi sa carrière de visionnaire - le câble passe régulièrement L’Extravagant Voyage du jeune et prodigieux T.S. Spivet, son dernier film en date (2013), qui rachète la mièvrerie sucrée de Amélie Poulain.
20.40 : Le Cavalier fantôme de Joseph Kane (1949), Paramount Channel
Inédit. Sixième titre de Kane proposé par la chaîne. Il n’en resterait qu’une petite centaine à voir. Rod Cameron en est le héros, mais on regardera ses partenaires, Walter Brennan, Forrest Tucker et Jack Lambert, un de nos villains préférés.
20.50 : Brooklyn Affairs d’Edward Norton (2019), Premier
Inédit. Norton, pour son second film (19 ans après Au nom d’Anna), a choisi d’adapter un roman de Jonathan Lethem, en le transposant dans les années 50, histoire de se placer sous le signe des grands anciens. Le privé n’est plus vraiment un héros de notre temps mais Norton (qui l’interprète) n’a pas joué la carte de la nostalgie ou de la référence (on n’est pas dans Miller’s Crossing). On prend donc un certain plaisir à le suivre dans ce Brooklyn reconstitué. Avec Alec Baldwin, Willem Dafoe, Bruce Willis et l’inconnue Gugu Mbatha-Raw.
20.50 : Le Portrait de Dorian Gray d’Albert Lewin (1945), Classic
Inédit, tout au moins depuis sept ans, car ce fut un cheval de bataille de Brion, qui l’a programmé plusieurs fois au fil des décennies dans son Cinéma de minuit. Superbe mise en images du roman d’Oscar Wilde, dans un noir & blanc raffiné (à l’exception du portrait et de l’ultime plan), et en conservant les dialogues de Wilde. Hurd Hatfield ne fut pas l’acteur d’un seul film (il a fait de la télé jusqu’en 1991), mais Dorian fut son seul rôle principal. Quant à George Sanders, il est égal à lui-même (mais c’est un des rares films qu’il défend dans ses mémoires). La soirée décadente se poursuit, avec un documentaire inconnu, à 22.35, Dorian Gray, un portrait d’Oscar Wilde de Philippe Picard & Jérôme (2019), puis, à 23.30, Les Procès d’Oscar Wilde, film rare de Ken Hughes (1960, avec Peter Finch) et enfin à 01.35, Le Fantôme de Canterville de Yann Samuel (2016). What a night !
22.30 : Pahokee, une jeunesse américaine d’Ivete Lucas & Patrick Bresnan (2019), OCS City
Doc inédit, sorti en salles en décembre 2019 (2098 entrées). Les réalisateurs ont suivi durant un an quatre lycéens dans une bourgade de Floride, tel Sébastien Lifshitz et ses Adolescentes ou Richard Linklater et son Boyhood.
20.50 : Wild de Jean-Marc Vallée (2014), Émotion
Inédit. L’argument est linéaire : une femme traverse à pied l’Ouest américain (la Pacific Crest Trail) pour tenter de redonner un sens à une vie d’échecs. Tout est donc dans la manière de suivre Reese Witherspoon et de visualiser ses angoisses et repentirs. Ça aurait pu ne pas marcher, mais l’auteur (aidé par un scénario de Nick Hornby) est habile - on l’avait deviné avec Dallas Buyers Club (2013) et vu confirmé avec Demolition (2015), souvent passés sur le câble.
20.50 : Monsieur N. d’Antoine de Caunes (2003), Club
Inédit. Cette émergence d’un film oublié est due à la célébration du Petit Caporal que l’on va devoir encore subir durant quelques mois. Malgré Philippe Torreton dans le rôle de N, on s’était bien gardé d’aller voir le film en son temps. Mais on a appris depuis qu’une partie en avait été tournée au Fort La Latte, cher à tous les fanatiques des Vikings de Fleischer, alors on se promet d’y jeter un œil (d’autant qu’on sait que N décède à la fin).
C’est tout ? C’est tout. Mais il y a des DVD à regarder, comme le coffret des frères Prévert, par exemple…