Les brèves Dylan du site de Jeune Cinéma
* Nouvelles de Bob au jour le jour.
* A Lot To See, Nothing To Sell The Bob Dylan Papers
À Tulsa, Oklahoma, il y a deux institutions phares : le Woody Guthrie Center et le Bob Dylan Center.
Aujourd’hui, on va visiter Woody Guthrie (1912-1967), sa vie, son œuvre.
Dans le film de Todd Haynes, I’m not there (2007), c’est Markus Carl Franklin, qui figurait Woody Guthrie, dès l’ouverture du film, avec sa célèbre guitare-arme.
Bob Dylan n’a connu Woody Guthrie qu’en décembre 1960, à 19 ans, grâce à son ami gauchiste David Whittaker, après Hank Williams et le blues (Muddy Waters, John Lee Hooker) ou après le folk (Pete Seeger)...
Mais, après avoir lu son livre, Bound for Glory (1943), il est allé le voir dès son arrivée à New York, au Greystone Hospital, où on le soignait pour maladie de Huntington. Il lui consacrera une chanson dans son premier disque, Song for Woody, en 1962.
Bonne lecture :
* Woody Guthrie, Cette machine tue les fascistes, traduction de Jacques Vassal, préface de Robert Shelton, couverture de Pascal Comelade,
dessins de Woody Guthrie, plus un CD de 12 titres, Saint-Sulpice-la-Pointe, Les Fondeurs de briques, 2018.
Ce livre est une compilation de textes de Woody Guthrie, publiés dans l’ouvrage de Robert Shelton, journaliste au New York Times et biographe de Bob Dylan, Born To Win Macmillan Company, 1965. Il fait suite, en édition très enrichie, à une première édition parue chez Albin Michel en 1978. Il est aussi en vente sur le site du Woody Guthrie Center.
Bon anniversaire à Bob Dylan, 83 ans aujourd’hui.
À Tulsa, le Bob Dylan Center célèbre l’événement en ouvrant sa nouvelle exposition : How Many Roads : Bob Dylan and his Changing Times, 1961–1964, focalisée sur l’éveil de sa conscience politique, dans un contexte très chaud le mouvements des droits civiques, la guerre du Vietnam, la crise des missiles de Cuba, la menace nucléaire et les morts tragiques à caractère raciste de Hattie Carroll, Medgar Evers et Emmett Till.
L’exposition présente des photographies et des documents éphémères inédits du Newport Folk Festival de 1963, ainsi que des images et des photographies rares de la marche de 1963 sur Washington pour l’emploi et la liberté et de la campagne historique d’inscription des électeurs de 1963 à Greenwood, Miss.
Dans le Monde diplomatique d’avril 2024, on peut lire un article terrifiant de Loïc Wacquant : "L’esclavage aboli, les lynchages ont commencé aux États-Unis"
On y trouve l’explication de la première phrase de Desolation Row de Bob Dylan : "They’re selling postcards of the hanging"
Des nouvelles de Bob Dylan.
Depuis le 2 novembre 2021, à Milwaukee, Wisconsin, où il a commencé sa tournée de concerts à l’appui de son 39e album Rough and Rowdy Ways World Wide Tour il n’a pas beaucoup chômé. Cf. Never ending breaking news...
Hier soir, il était à Dallas. ce soir et demain soir, il est au Moody Theater, à Austin, Texas.
Pendant ce temps :
* À Saint-Jean-d’Angély, c’est le le "Never Ending Tour" de Denis Feignier.
Ce soir, entre concert et conférence :
* À 20h30, salle Alienor d’Aquitaine : Hommage à Bob Dylan avec le Groupe Cutting Edge.
Ambiance Louisiane avec Food Truck Americana et Bickers Harley Davidson.
* À Tulsa, le Bob Dylan Center, qui abrite et expose des trésors culturels exclusifs créés et détenus par Bob Dylan pendant sept décennies, accueille une exposition They Gave The Walls A Talking. The Extraordinary Story of The Pogues and Shane MacGowan (8 mars-12 mai 2024).
Le centre rappelle aussi son amitié avec Patti Smith : Any Poets Around Here ?
* Partout dans le monde, on recommence à entendre parler du prochain biopic sur Bob Dylan, repoussé à cause de la pandémie de covid, A Complete Unknown de James Mangold avec Timothée Chalamet.
Lundi 29 janvier 2024
Des nouvelles de Bob Dylan, on peut en avoir chaque jour.
Notre actualité :
* On continue à se régaler à écouter la traditionnelle livraison de fin d’année : 50th Anniversary Collection 1973, 28 titres, uniquement des prises studio issues des sessions de la bande originale de Pat Garrett and Billy The Kid de Sam Peckinpah (1973).
Nous sommes chanceux : Il n’y a eu que quelques centaines d’exemplaires qui ont été pressés et envoyés au hasard en Europe. Pour avoir accès à ce collector, dont les prix explosent, il fallait être au bon endroit au bon moment, ou avoir d’excellents amis.
On rappelle que, selon la loi européenne, s’il n’y a pas publication d’une œuvre sonore 50 ans après sa création, elle tombe dans le domaine public. Naturellement, les artistes veillent au grain, et souvent republient les œuvres avant la date de péremption.
Cette année 2024, à partir de novembre, il faudra surveiller Before the Flood de 1974 avec The Band.
* À Brighton, la galerie Castle Fine Art présente sa Silkscreen Collection 2024, et commence par les dernières œuvres de la chronique de l’Amérique The Beaten Path de Bob Dylan.
Une silkscreen, c’est une sérigraphie réalisée pat une méthode de reproduction complexe et hautement qualifiée : chaque couleur est imprimée séparément, ce qui signifie que le processus pour terminer l’édition peut prendre des mois.
* Et puis, une photo de Bob Dylan, prise en 1986 par David Bailey et dédicacée au verso par l’artiste, a été mise aux enchères. Mise à prix : 5,000 US$
Elle a finalement atteint le prix de 42 000,00 £ TTC, soit 53 377,76 US$ le 25 janvier 2024.
Mercredi 27 septembre 2023
À Noblesville, dans l’Indiana, chaque année, a lieu le concert annuel Farm Aid, lancé en 1985 pour soutenir les fermiers américains dans la tourmente du Dust Bowl. Chacun sait que c’est cette tempête de sable qui, dans le Midwest, avait chassé la famille Joad des Raisins de la colère de John Ford (1940).
Le premier concert, organisé par Willie Nelson, John Mellencamp et Neil Young a eu lieu le 22 septembre 1985 à Champaign, Ill, avec pour objectif de collecter des fonds pour que les familles d’agriculteurs surendettées puissent rester sur leurs terres. Cette année-là, au programme, il y avait, notamment, Bob Dylan, Billy Joel, B.B. King, Roy Orbison, et on récolta plus de 9 millions de dollars.
Cette année, le concert a eu lieu le samedi 23 septembre 2023.
Et, ô surprise, après quelques secondes d’obscurité, on a vu arriver, sans que personne n’ait été prévenu, Bob Dylan, accompagné, non pas de son groupe habituel, mais des survivants des Heartbreakers de Tom Petty, dont se souviennent les spectateurs des concerts de 1986.
Deuxième surprise : Sur les vidéos, nombreuses car les portables n’avaient pas été interdits, Bob Dylan ne s’est pas caché derrière son piano, mais a chanté debout, guitare en main et souriant comme dans l’ancien temps.
Dernière surprise : Les trois morceaux choisis - Maggie’s Farm, Positively 4th Street, et Ballad Of A Thin Man - datent tous de 1965, et ont été interprétés straight, quasiment comme à l’époque.
Jeudi 21 septembre 2023
À Mâcon, à l’Hôtel Sénecé, l’Académie des sciences, arts et belles-lettres, invite à un conférence exceptionnelle.
* À 14h30 : Bob Dylan, multiforme ?
Conférence de Denis Feignier.
De poète contestataire à Prix Nobel de littérature, de chanteur folk ébouriffé à rocker électrique ébouriffant, de jeune admirateur de François Villon et de Arthur Rimbaud à vieux sage shakespearien, l’image de Bob Dylan n’a cessé d’évoluer.
Denis Feignier, qui l’a rencontré personnellement, se propose d’évoquer quelques-unes des images de ce kaléidoscope, et d’esquisser quelques traits d’un portrait "dylaniennement subjectif" de cette "star" réservée et discrète.
Bonne lecture :
* Laurence Estanove, Adrian Grafe, Andrew McKeown, Claire Hélie, éds., 21st-Century Dylan. Late and Timely, Londres, Bloomsbury, 2020.
Lundi 26 juin 2023
Des nouvelles de Bob Dylan.
À Tulsa, au Bob Dylan Center, a commencé au printemps une exposition de photos rares et inédites sur ses premières années à Greenwich Village, dans son intimité, notamment avec Suze Rotolo ou James Baldwin : Becoming Bob Dylan : Photographs by Ted Russell 1961–1964 (26 avril-15 octobre 2023).
Plus près de chez nous, il y a son Never Ending Tour qui ne finit pas (2021-2024). Bob Dylan a beau être de plus en plus cassé par une méchante arthrose, comme on l’a vu à Paris l’année dernière, en octobre au grand Rex, il ne vieillit pas si mal, il a encore sa voix, son aura, son présent flanqué de cette foule de fantômes de nos passés.
Venant d’Espagne et de Barcelone, et sur le chemin de la Suisse et de l’Italie, Bob Dylan donne 4 concerts en France.
Ce soir, il commence à Carcassonne, à 21h30, au Théâtre Jean-Deschamps.
Demain, mardi, il sera à Aix-en-Provence à l’Arena, puis, jeudi 29 et vendredi 30 juin 2023, à Lyon, à l’Amphithéâtre 3000.
Il chantera les titres de son dernier album Rough and Rowdy Ways, sorti en 2020.
On a acquis sa dernière biographie, l’ouvrage de François Guillez.
Il s’agit de la plus complète en français, à ce jour.
* François Guillez, Bob Dylan, une biographie, Rosières-en-Haye, Camion blanc, 2021.
On accompagne sa lecture en écoutant Shadow Kingdom, son 40e album studio, sorti au début du mois de juin 2023, le seul dans lequel il joue avec un groupe sans batterie ni percussion. Forever Young demeure.
Il y a aussi une actualité de sa peinture.
L’exposition itinérante Bob Dylan : Retrospectrum, au musée MAXXI de Rome. (16 décembre-30 avril 2023) s’est terminée au printemps.
Le jeudi 22 juin 2023 a marqué le lancement officiel de sa nouvelle série, Deep Focus, au Castle Fine Art, en ligne et dans les galeries
C’est la suite, achevée en 2021, de The Beaten Path et ses paysages.
"Toutes ces images viennent de films. Ils essaient de mettre en évidence les différentes situations difficiles dans lesquelles les gens se trouvent", explique Bob Dylan. "Que ce soit James Cagney ou Margaret Rutherford, les rêves et les plans sont les mêmes - la vie telle qu’elle s’offre à vous sous toutes ses formes".
Mercredi 8 février 2023
Sortie en France d’un film qui ne peut que nous renvoyer à Bob :
* Emmett Till (Till) de Chinonye Chukwu (2022).
Hier, on a pu se procurer à Paris Bob Dylan Fragments Time Out of Mind Sessions 1996-1997, The Bootleg Series vol 17.
Time Out Of Mind avait été accueilli avec enthousiasme, et avait remporté trois Grammy Awards en 1998. Mais Bob Dylan n’était pas satisfait du mixage final. Voilà donc un remix avec, comme d’habitude, des versions alternatives, ainsi que quelques interprétations publiques.
Rappel : En 1969, Bob Dylan est le premier artiste à avoir été piraté.
Pendant 20 ans, il y a une floraison de disques pirates, c’était devenu carrément une industrie très rentable.
Devant cette prolifération, la Columbia a récupéré l’affaire et a décidé de faire des Bootleg Series officielles.
Première publication en 1991 : The Bootleg Series Volumes 1-3 (Rare and Unreleased) 1961-1991.
En 2023, on en est au vol 17.
À propos du vol.16., Jeune Cinéma en ligne directe, 30 novembre 2021.
Et ça n’a pas tardé : Sur Expecting Rain, on trouve toujours plus : More Live Fragments : Time Out of Mind Onstage 2008-2021.
À Rome, au Museo nazionale delle arti del 21e secolo (MAXXI) a commencé : Bob Dylan. Retrospectrum (16 décembre 2022-30 avril 2023).
Après le Modern Art Museum de Shanghai (2020) et le Frost Museum de Miami en 2021, l’exposition arrive en Europe, l’exposition dans une version entièrement repensée et actualisée. Toujours accompagnée par la Halcyon Gallery de Londres.
Sont exposées 100 œuvres parmi ses peintures, aquarelles, dessins à l’encre, sculptures en métal, matériel vidéo, 60 ans d’activité créatrice de Bob Dylan.
Comme il le dit lui-même, il s’agit de sa vision d’une Amérique poétique, à l’écart des routes principales, en toute liberté, uniquement sur les routes secondaires.
Bob Dylan, The Philosophy of Modern Song, New York, Simon Schuster, 2022. Philosophie de la chanson moderne, traduction de Jean-Luc Piningre, Paris, Fayard, 2022.
Une discussion dans l’émission de Charles Ficat, "L’amour des livres".
Aujourd’hui, sort le nouveau livre de Bob Dylan, son troisième ouvrage, dédié à Doc Pomus :
* Bob Dylan, The Philosophy of Modern Song, New York, Simon Schuster, 2022. Philosophie de la chanson moderne, traduction de Jean-Luc Piningre, Paris, Fayard, 2022.
Bob Dylan, 60 ans après la sortie de son premier album, y fait l’éloge de dizaines de chanteurs, à partir de 66 chansons écrites par d’autres, en 66 chapitres, de Detroit City de Bobby Bare (1963) à Where or When de Dion & The Belmonts (1959).
Dans chaque chapitre, il présente l’histoire de la chanson, puis se livre à ses réflexions personnelles. "C’est ce qu’une chanson vous fait ressentir à propos de votre propre vie qui est important" dit-il par exemple à propos de Pump It Up de Elvis Costello. "Les gens confondent tradition et calcification", dit-il aussi à propos de Ruby (Are You Mad at Your Man) des Osbourne Brothers.
Bob Dylan n’a écrit que trois livres :
* Tarantula (1966), New York, Macmillan & Scribner, 1971, puis Paris, Fayard.
* Chronicles : Volume One, New York, Simon & Schuster/US, 2004, puis Paris, Fayard.
Et, à part 600 chansons dans toute sa carrière, il n’a écrit aucun livre depuis 18 ans, ce qui ne l’a pas empêché d’avoir le Prix Nobel de littérature en 2016.
Jerry Lee Lewis (1935-2022) est mort hier, le 28 octobre 2022.
À Nottingham, hier soir, Bob Dylan, qui tout au long de sa tournée actuelle, a chanté exactement les mêmes chansons à chaque concert, dans le même ordre, a fait une exception et a rendu hommage au "killer" en interprétant une de ses chansons de 1970 : "I Can’t Seem To Say Goodbye".
Et Bob Dylan, le soir même, revenant en scène après "Every Grain of Sand" :
À Paris, au Grand Rex, Bob Dylan est de retour, pour trois concerts (11-13 octobre 2022).
Le Grand Rex, c’est une salle aux dimensions humaines, presque intimiste, qu’il affectionne. Son Never Ending Tour l’y fait revenir de temps en temps.
Il avait reçu le Prix Nobel de littérature en 2016.
Bob Dylan, c’est le compagnon de nos vies.
On le suit sur son site officiel, sur Experting Rain, et via la Halcyon Gallery.
Chaque fois qu’il revient à Paris, la presse commente de la même façon, genre "Le retour du vieux rocker", ou "Le Zim n’est pas près de prendre sa retraite". Au long des concerts, pas seulement à Paris, c’est vrai que nous nous voyons vieillir ensemble. Il n’est pas toujours aussi fringant sur scène, et sa voix change (mais elle a toujours beaucoup varié).
Cette année The Rough and Rowdy Ways World Tour a débuté en Europe le 25 septembre 2022, avec le concert d’Oslo.
Les concerts sont Phone Free Show : Téléphones portables interdits, photos aussi.
Prochain concert après Paris, le 15 octobre 2022, à Bruxelles, puis 2 dates à Amsterdam, 4 à Londres... jusqu’à Dublin, le 7 novembre 2022.
Savoir les prochaines dates.
Après son dernier concert à Denver, Colorado, le 7 juin 2022, Bob Dylan a suspendu son Never Ending Tour. Il le reprend cet automne en Europe, en commençant par Oslo le 25 septembre 2022.
À Paris, on atttend de pied ferme ses trois concerts au Grand Rex (11-13 octobre 2022).
On attend aussi le nouveau livre de Greil Marcus, qui va paraître le jour du premier concert parisien : Folk Music : A Bob Dylan Biography in Seven Songs, New Haven, Yale University Press, 2022.
Il faudra encore attendre un peu, le 1er novembre 2022, pour le prochain livre de Bob Dylan, la suite des Chroniques, Volume 1 (2005) :
* Bob Dylan, The Philosophy of Modern Song, New York, Simon et Schuster, 2022.
Toutes les infos au jour le jour.
Bonne lecture :
* Larry Sloman, On the Road with Bob Dylan, Introduction by Kinky Friedman, New York, Random House (1994).
Du coup, l’exposition en France de ses peintures Drawn Blank in Provence, que nous avons annoncée le 12 mai 2022, présentée dans la galerie d’art conçue par Renzo Piano au Château La Coste, qui devait se terminer le 15 août 2022, est prolongée jusqu’au 23 octobre 2022. De Londres, la Halcyon Gallery donne tous les détails.
En revanche, au Château La Coste, son Rail Car en fer forgé, reste installé de façon permamente, aux côtés d’œuvres de Louise Bourgeois, Ai Weiwei, Tracy Emin et Tadao Ando.
C’est sa plus grande sculpture (pour l’instant). On sait que Bob Dylan fait de la sculpture, depuis 30 ans, dans son atelier de métallurgie, Black Buffalo Ironworks. Elles sont composées d’objets trouvés et recueillis dans des fermes et des parcs à ferraille à travers l’Amérique.
Bon anniversaire à Bob Dylan, 81 ans aujourd’hui.
On ne le voit pas vieillir.
On se fait plaisir avec un super remake de Subterranean Homesick Blues.
* Dans la foulée, l’actualité :
* Une petite playlist subjective.
* Le journal de bord du fan club de Jeune Cinéma.
Rappel : Pour avoir des nouvelles de lui, au jour le jour : Expecting Rain.
Sur France Culture : Paroles de Bob Dylan : poésie populaire ?
Bob Dylan a terminé sa tournée Rough and Rowdy Ways le 14 avril 2022 à Oklahoma City. Quoiqu’il fasse réellement maintenant, se reposer, créer, animer, commercer ou whatever, son œuvre multiforme se répand dans le monde, en expositions temporaires ou permanentes. Le Bob Dylan Center vient d’ouvrir à Tulsa, mais pas besoin d’aller si loin.
En Provence, on vient d’installer, au Château La Coste, le 9 mai 2022, une première sculpture permanente en France, en fer forgé : Rail Car.
On sait que Bob Dylan fait aussi de la sculpture depuis 30 ans, dans son atelier de métallurgie, Black Buffalo Ironworks. Elles sont composées d’objets trouvés et recueillis dans des fermes et des parcs à ferraille à travers l’Amérique.
Rail Car ressemble à un aboutissement en 3 dimensions de sa série de peintures Train Tracks (2008 à 2020), cette vieille obsession quasi génétique de hobo.
Pour installer son Rail Car, il a choisi le Château La Coste, domaine viticole et centre d’art. Quand on sait qu’il s’est lancé, en 2018, dans la production de son propre whiskey, Heaven’s Door, on se dit que l’ensemble a une véritable cohérence.
Dans le même temps, y est présentée, dans le pavillon Renzo-Piano, une première exposition en France : Drawn Blank in Provence (9 mai-15 août 2022).
Elle est composée de 24 toiles, inédites, basées sur des dessins réalisés lors de ses tournées en Europe et en Amérique entre 1989 et 1991, qui sont exposées aux côtés d’œuvres de Claude Monet, Henri Matisse et Marc Chagall, ce qui dévoile leur influence sur le travail de Bob Dylan, selon Joachim Pissarro.
Bonne lecture :
* Bob Dylan, Drawn Blank, New York, Random House (1994).
Précision : Il ne faut pas confondre Château La Coste, et son parcours Art et architecture au milieu de vignes, avec le Château de La Coste, qui appartenait au marquis de Sade, racheté et restauré par Pierre Cardin, qui en fit un lieu de festival.
Ils ne sont pas dans le même village. Mais ce qui est plaisant, c’est que de Lacoste à Le Puy-Sainte-Réparade, il n’y a qu’une vingtaine de kilomètres.
À Tulsa, Oklahoma, ouvre aujourd’hui le Bob Dylan Center.
Conçu par Olson Kundig, il abrite et expose plus de 100 000 "trésors culturels" créés et acquis par Bob Dylan au cours de sept décennies : des manuscrits, des enregistrements inédits, des performances cinématographiques, des photographies rares et inédites...
Pour son ouverture, le Dylan Center célèbre le Schatzberg Studio avec un exposition temporaire : Jerry Schatzberg : 25th & Park (10 mai-16 octobre 2022).
Bonnes lectures :
* Bob Dylan, Chronicles : Volume One New York, Simon et Schuster, 2004. Chroniques, Volume 1, traduction de Jean-Luc Piningre, Paris, Fayard, 2005.
Et, à paraître le 1er novembre 2022, la suite (longtemps attendue) :
* Bob Dylan, The Philosophy of Modern Song, New York, Simon et Schuster, 2022
Sinon, Bob Dylan a terminé sa tournée Rough and Rowdy Ways dans le États du Sud (Louisiane, Alabama, Géorgie et Caroline du Sud), le 14 avril 2022 à Oklahoma City.
* Crossing the Rubicon [No coincidence] :
Pour les dernières nouvelles de Bob, le site officiel et Expecting Rain.
L’année dernière, le 23 octobre 2021, est paru un nouveau livre sur Bob Dylan :
* Angel Quintana, Dylan et le cinéma, Nouvelles éditions Jean-Michel-Place, 2021. Une grande déception, même si elle était attendue.
Sur le sujet, on en reste à l’ouvrage de Simon Laperrière, Series of Dreams, Jeune Cinéma n°391, décembre 2018.
À Paris, à la Mairie du 3e arrondissement, grâce au Comité d’animation culturelle Paris 1 on a rendez-vous tous les mardis soir.
Cette année, le 24 mai 2021, Bob Dylan a eu 80 ans. Aujourd’hui, à Paris, on marque le coup une dernière fois.
Ce soir :
* À 18h00 : "I contain multitudes". Bob Dylan ? Lequel ?
Conférence de Denis Feignier.
Bonne question, lequel ?
Le musicien, le chanteur, le poète nobélisé, le peintre, le distillateur, l’icône, l’Américain ?
On suit son programme sur Expecting Rain.
À Miami, au Patricia & Phillip Frost Art Museum (FROST), à l’Université internationale de Floride (FIU) on inaugure aujourd’hui une exposition exceptionnelle : Retrospectrum : Bob Dylan (30 novembre 2021-17 avril 2022).
C’est l’exposition la plus complète des œuvres de Bob Dylan jamais vue en Amérique, couvrant six décennies de sa vie, empruntées à des collections privées du monde entier. Elle est présentées dans six grandes salles : Plus de 180 acryliques, aquarelles, dessins et sculptures en ferronnerie, avec certaines de ses œuvres des années 1960 (à commencer par des croquis au crayon qu’il a faits de ses chansons telles que Highway 61 Revisited et Like a Rolling Stone), et des croquis abstraits des années 1970.
Mais la majorité a été créée au cours des 15 dernières années dont quarante nouvelles pièces inédites. On profitera aussi d’installations immersives et interactives éclairant le contexte de son travail musical et littéraire.
C’est le premier évènement payant du FROST depuis son ouverture en 2008. La FIU organisera un symposium universitaire sur Bob Dylan et l’ensemble de son œuvre, date à confirmer. On ne sait pas encore si Bob Dylan, qui est actuellement en tournée pour son 39e album Rough and Rowdy Ways, visitera l’exposition. Ce soir, en tout cas, il est à Philadelphie.
L’exposition a été créée à Shanghai en 2019.
Il y a un magnifique catalogue.
À Londres, la Halcyon Gallery,où Bob Dylan a ses habitudes et qui fêté un anniversaire mémorable : Bob Dylan : 60 Years of Creating (24 mai-22 août 2021), se réjouit.
Bob Dylan Restrospectrum MAM Shanghai - Full Length from Halcyon Gallery on Vimeo.
On en profite pour rappeler que, c’est en septembre 2021, qu’est sorti le coffret Springtime In New York : The Bootleg Series Vol. 16 (1980-1985), qui se concentre sur sa période chrétienne au début des années 80.
À propos du vol.16., Jeune Cinéma en ligne directe, 30 novembre 2021.
C’est aujourd’hui que sort le coffret des les Bootleg Series vol.16 de Bob Dylan.
Sur sa période période chrétienne.
C’est une divine surprise. Born-again, mais pas tant que ça.
À propos du vol.16., Jeune Cinéma en ligne directe, 30 novembre 2021.
Tout le monde le sait, Bob Dylan a eu 80 ans le 24 mai 2021.
Il est parvenu à l’âge, où on se réjouit qu’il vieillisse.
Pour fêter cet anniversaire, tout l’été 2021, France Inter revient sur son histoire extraordinaire, chaque dimanche à 10h00 : Very Good Trip par Michka Assayas.
* Dimanche 4 juillet 2021 : Bob Dylan, les débuts, le premier cri du blues.
* Dimanche 11 juillet 2021 : Bob Dylan, un jeune homme en colère.
* Dimanche 18 juillet 2021 : Bob Dylan, le voyant du rock’n’roll.
* Dimanche 25 juillet 2021 : Bob Dylan, rock star inattendue.
* Dimanche 1er août 2021 : Bob Dylan, de l’explosion en vol aux racines retrouvées.
* Dimanche 8 août 2021 : Bob Dylan, coroner inattendu.
* Dimanche 15 août 2021 : Bob Dylan, la résurrection rock’n’roll des années 70 : ouragan et tonnerre.
To be pursued...
Toujours, sur France Inter, on tire des bords vers les grandes voix du blues qui l’ont chanté :
* Bob Dylan, de Nina Simone à Joe Cocker.
* Bob Dylan, de Patti Smith à Adele.
Dans la foulée, on se fait plaisir en revoyant le concert virtuel, Shadow Kingdom, qu’il a enregistré à Santa Monica, pour se/nous consoler d’avoir dû interrompre son Never Ending Tour à cause du covid. Son dernier concert in vivo, c’était à l’Anthem de Washington, le 8 décembre 2019.
On l’a vu le 18 juillet 2021, c’est bien plus qu’un concert enregistré, c’est un vrai film d’art, stylisé, avec des réarrangements des premières chansons.
Bon anniversaire, Bob Dylan ! 80 ans aujourd’hui.
En temps normal, on fête son anniversaire, juste après le Festival de Cannes, qui n’a pas eu lieu, en 2020, et qui, cette année est repoussé (6-17 juillet 2021).
Bob Dylan n’a plus chanté en public depuis le 8 décembre 2019, à Washington DC.
Comme d’habitude, le concert a été enregistré en douce, mis sur Internet et le son est mauvais.
Ensuite les concerts prévus ont été annulés pour cause de coronavirus, le dernier était prévu au Japon.
On se dit qu’il ne retournera peut-être jamais sur scène.
That’s My Story, But Not Where It Ends.
* La BBC titre : I was so much older then / I’m younger than that now, et lui offre 80 paragraphes.
* Le Guardian énumère les célébrations du jour.
* Et puis, il y a les fans, comme The Kennedys, en ligne, attendrissants, ou le concert de First Avenue.
On va aux nouvelles sur le site officiel et sur les sites dédiés.
* Son site officiel n’est pas jamais très animé.
* Sur Expecting Rain, les articles se succcèdent, venus de tous les pays du monde, qui, reprennent à l’envi, son itinéraire.
* Sur The Bob Dylan Papers (A Lot To See, Nothing To Sell), on trouve tous les livres.
* Sur France Musique, l’éternel retour
Pas de concert en vue, pour l’instant, mais une perspective, avec la Halcyon Galllery, : Miami, en novembre 2021.
Pour coïncider avec Art Basel Miami(2-5 décembre 2021), le Patricia & Phillip Frost Art Museum (FROST), ouvrira l’exposition la plus complète d’œuvres d’art de Bob Dylan jamais vue en Amérique (120 peintures, dessins et sculptures, sur 60 ans), créée à Shanghai en 2019, enrichie avec les dernières œuvres.
* Bob Dylan : Retrospectrum (30 novembre 2021-avril 2022).
En attendant, la galerie, présente à Londres : Bob Dylan : 60 Years of creating. (24-2 juillet 2021)
Dans nos collections, on va chercher quelques bonnes lectures, raretés et premières éditions, pour compléter ce qu’on a déjà pu évoquer sur le site, et qu’on peut encore se procurer :
* Bob Dylan, Tarantula, adapté de l’américain, et suivi de Portrait de l’artiste en pop star, par Dashiel Hedayat, Paris, Bourgois, 1966.
* Bob Dylan : Dont Look Back. The Book of a Film by D. A. Pennebaker, New York, Ballantine Books, 1968.
* Alain Rémond, Les Chemins de Bob Dylan, préface de Michel Lancelot, Paris, Epi, 1971.
* Bob Dylan, Writings and Drawings, New York, Harper Collins Publishers, 1974.
* Dominique Roques, The Great White Answers. Bob Dylan the Bootleg Reccords, Southen Live Oak Productions, 1980.
* Bob Dylan, Drawn Blank, New York, Random House, 1994.
* Matteo Guarnacccia, Bob Dylan Play Book, Milan, Ariana Ghilardotti, 2015.
Et en bonus, inaccessible, une vieille pochette de Blonde on Blonde.
La première version de l’intérieur de l’album Blonde on Blonde (pressage US, 1966) proposait la photo de Claudia Cardinale, prise en 1963 par Jerry Schatzberg, auteur de toutes les photos de la pochette.
Elle fut publiée sans son autorisation et les agents de l’actrice demandèrent son interdiction, sans qu’elle-même en soit avertie. L’édition fut pilonnée sans état d’âme.
La photo disparut de toutes les rééditions de l’album en vinyl, ainsi que des livrets des CD successifs, ce qui contribua à faire de cette version originale une pièce de collection. Surtout quand elle est signée par Jerry Schatzberg lui-même.
Des nouvelles de Bob Dylan.
D’abord, est sorti, sans tapage, un petit coffret de 3 CD, "Bob Dylan - 50th anniversary collection 1970".
Il n’y en a eu que 150 au total pour la France, en 4 heures, ils avaient tous été vendus, gardés précieusement par les grands collectionneurs... et revendus à prix d’or sur e.bay par les petits commerçants.
L’autre nouvelle, qui, elle, a fait le tour des médias avant- hier, lundi 7 décembre 2020, c’est la maison de disques Universal Music qui a annoncé avoir acquis l’ensemble du catalogue de chansons de Bob Dylan (60 ans de vie, plus de 600 chansons), présentant cela comme "l’accord d’édition de musique le plus important de ce siècle et l’un des plus importants de tous les temps", sans préciser de montant.
C’était annoncé le jour même sur Expecting Rain, le site de référence de Bob, avec l’info venant du New York Times : Bob Dylan Sells His Songwriting Catalog in Blockbuster Deal.
Le Financial Times estime la transaction à "9 chiffres" et la présente comme "le dernier marqueur de la valorisation croissante des droits musicaux à l’ère du streaming, accéléré par la pandémie". Il précise que, contrairement à de nombreux autres artistes, Bob Dylan détenait les droits d’édition de sa musique (administrée en dehors des États-Unis par Sony).
Sur le site officiel de Dylan, business as usual, dans Le Progrès, un titre tendancieux, Universal Music s’offre les chansons de Bob Dylan, et le commentaire qui circule un peu partout, une citation de It’s Alright Ma (I’m Only Bleeding) : "Money doesn’t talk, it swears".
Les grands artistes, on aimerait bien qu’ils soient pauvres. Comme si le fait d’être pauvre gardait le capitalisme à distance, alors que c’est l’inverse, la plus grande immersion justement.
En fait, comme le dit Charles Ficat, avec la vente de ses droits, alors qu’il paraît que l’administration Biden va augmenter grandement la fiscalité du droit d’auteur, Dylan va récupérer 300 à 400 millions qui vont servir à payer les musiciens pour les deux tournées de 2020 annulées, à financer la fondation des ses archives dans l’Oklahoma, à distribuer à ses enfants...
Il n’est pas le seul à avoir vendu son répertoire. David Crosby, par exemple, qui n’avait plus aucune source de revenu : les ventes de disques, c’est zéro, le streaming ne rapporte rien, et il ne peut donner aucun concert.
À Londres, la Halcyon Gallery est ouverte à nouveau, 7 jours sur 7, avec deux expositions :
* Bob Dylan Editions (30 octobre 2020-31 janvier 2021).
Avec une visite virtuelle.
Et un coup d’œil sur son expo solo, au Modern Art Museum de Shanghai : Bob Dylan. Retrospectrum, l’année dernière, en 2019.
Des nouvelles de Bob Dylan.
On se souvient de son émission radiophonique hebdomadaire mythique Theme Time Radio Hour (2006-2009).
En 2018, Dylan a commencé à s’occuper de whisky, et à fabriquer le sien qu’il a appelé Heaven’s Door.
Il n’allait pas en faire une publicité classique : "Now, I’m not going to pull your coat too much about it, because me telling you how good it is, is like trying to tickle yourself. It just doesn’t work. You have to taste it, then it speaks for itself. But, we all thought it might be a good idea to do an episode of Theme Time all about those various amber intoxicants."
Il a préféré le faire par l’intermédiaire d’un nouvel épisode de son émission.
Donc, voici Theme Time Radio Hour le retour (101e épisode) à la gloire de Heaven’s Door, ce qui change des thèmes précédents, les voitures, le baseball, la météo...
Milton Glaser (1929-2020) est mort vendredi dernier, le 26 juin 2020.
Graphiste à succès, il est très connu des dylanophiles pour avoir créé une affiche spéciale et joyeuse accompagnant l’album Bob Dylan’s Greatest Hits, sorti en 1967, après le fameux accident de moto en 1966.
Au MomA, on précise qu’il s’était inspiré d’un autoportrait de Marcel Duchamp.
Sur le site de Bob, Expecting Rain.
Le commun des mortels, lui, peut ignorer son nom, mais pas sa création la plus célèbre, pour NYC.
À Londres, la Halcyon Gallery, qui a rouvert, propose une immersion dans l’univers infini de Andy Warhol, sur rendez-vous, ou online, et c’est assez spectaculaire (16 juin-16 août 2020).
On rappelle que c’est la galerie où Bob Dylan expose ses peintures et ses dessins.
C’est l’occasion de les reconnecter tous les deux, avec le Screen Test de 1965. Entre 1964 et 1966, Andy Warhol et son assistant, Gerard Malanga, ont réalisé 472 courts métrages de visiteurs de la Factory, sur East 47th Street à New York. "Une sorte de parodie d’Hollywood. Aucun de ces tests d’écran n’a permis de donner à ces personnes l’opportunité de continuer dans le monde du cinéma underground", a déclaré Malanga en 2009. Le screen test de Bob Dylan était pourtant particulièrement glamour.
Bob Dylan - Screen Test - 1965 from Miss Parker on Vimeo.
Halcyon Gallery, 144-146 New Bond St, Mayfair, London W1S 2PF.
C’est aujourd’hui que sort le 39e album studio de Bob Dylan, comme on l’a annoncé avec trois appâts très efficaces.
On se fait une petit plaisir, avec le faux documentaire de l’an dernier :
* Rolling Thunder Revue : A Bob Dylan Story de Martin Scorsese (2019).
I can’t breathe.
L’espèce humaine asphyxie la planète. Les dieux s’en mêlent, avec un avertissement spectaculaire, les malades du covid-19 meurent, sur le ventre (siège de l’âme), étouffés.
Le présage est mal compris et maltraité, alors arrive un symptôme majeur : le martyre de George Floyd, porte-voix de l’alarme.
Et à cause des pensées stupides inspirées par leur injustice, tu leur envoyas un châtiment pour qu’ils sachent qu’on est puni par où l’on a péché. La Bible, Livre de la Sagesse, XI, 16.
Pour Bob Dylan, né natif de Duluth, et qui a fait ses études à l’Université du Minnesota, Twin Cities, il n’est pas question d’un avertissement biblique qui amènerait les humains à une repentance, mais plutôt du châtiment de leur extrême arrogance, celle de Prométhée, comme le détaille le Minnesota Monthly Magazine : "Maybe we are on the eve of destruction".
Dylan fête toujours son anniversaire pendant le Festival de Cannes, il a eu 79 ans le 24 mai 2020, et, cette année, tous ses concerts de printemps et d’été ont été annulés. Vendredi prochain, le 19 juin 2020, sort son 39e album studio Rough And Rowdy Ways, dont on a déjà entendu trois titres.
À cette occasion, depuis Malibu où il est confiné, il a parlé par téléphone avec son ami Douglas Brinkley, le premier entretien public depuis 2017, publié par le New York Times, "Bob Dylan Has a Lot on His Mind", repris, évidemment, par toute la presse mondiale.
Sur George Floyd, sick of death, il a déclaré : "It sickened me no end to see George tortured to death like that. It was beyond ugly. Let’s hope that justice comes swift for the Floyd family and for the nation".
Sur la pandémie : "I am thinking of the death of the human race. The long and strange journey of the naked monkey. Every human being, as strong and powerful as it is, is fragile in the face of death. I think about it in general, not personal terms".
* Tweeter and the Monkey Man par les Traveling Wilburys, vol. 1 (1988).
Après Murder Most Foul deux nouvelles de Bob Dylan. et après I contain multitude.
On a découvert, dans I contain multitude, un clin d’œil délicieux, pour les initiés, qui révèle sa duplicité. I contain multitudes, A red Cadillac and a black mustache.
C’était donc lui-même, cette irrésistible créature avec une cadillac rouge et une moustache noire...
Avec la version de Dominic Halpin.
Après Murder Most Foul, le 27 mars 2020, des nouvelles nouvelles de Bob Dylan : I Contain Multitudes.
On ne voit pas le temps passer, mais son dernier album, Tempest, date déjà de 2012.
Avant tout, des nouvelles de Bob Dylan, une sorte de récapitulatif tombé dans la nuit dernière : Murder Most Foul.
"Greetings to my fans and followers with gratitude for all your support and loyalty across the years. This is an unreleased song we recorded a while back that you might find interesting. Stay safe, stay observant and may God be with you."
Bob Dylan sur son site et sur Twitter.
Avec les paroles.
Murder Most Foul
twas a dark day in dallas, november ’63
the day that would live on in infamy
president kennedy was a-ridin’ high
good day to be livin and a good day to die
being led to the slaughter like a sacrificial lamb
he say wait a minute boys you know who i am
of course we do, we know who you are
then they blew off his head while he was still in the car
shot down like a dog in broad daylight
was a matter of time and the timing was right
you got unpaid debts we’ve come to collect
we gonna kill you with hatred, without any respect
we’ll mock you and shock you and we’ll put it in your face
we’ve already got someone here to take your place
the day they blew out the brains of the king
thousands were watching, no one saw a thing
it happened so quick and so quick by surprise
right there in front of everyone’s eyes
greatest magic trick ever under the sun
perfectly executed, skillfully done
wolf man oh wolf man oh wolf man howl
rub-a-dub-dub it’s a murder most fowl
hush little children you’ll understand
the beatles are comin, they’re gonna hold your hand
slide down the banister, go get your coat
ferry across the mersey and go for the throat
there’s three bums comin all dressed in rags
pick up the pieces and lower the flags
i’m goin to woodstock, it’s the aquarian age
then i’ll go to altamont and sit near the stage
put your head out the window, let the good times roll
there’s a party goin on behind the grassy knoll
stack up the bricks, pour the cement
don’t say dallas don’t love you, mr president
put your foot in the tank and step on the gas
try to make it to the triple underpass
blackface singer white face clown
better not show your faces after the sun goes down
up in the red light district like a cop on the beat
livin in a nightmare on elm street
when you’re down in deep ellum put your money in your shoe
don’t ask what your country can do for you
cash on the barrelhead, money to burn
at dealey plaza, make a lefthand turn
i’m goin down the crossroads, gonna flag a ride
the place where faith, hope, and charity died
shoot him while he runs boy, shoot him while you can
see if you can shoot the invisible man
goodbye charlie, goodbye uncle sam
frankly, miss scarlett, i don’t give a damn
what is the truth ? where did it go ?
ask oswald and ruby, they oughta know
shut your mouth said the wise old owl
business is business, and it’s murder most foul
tommy can you hear me on the acid queen ?
i’m ridin in a long black lincoln limousine
ridin in the backseat next to my wife
headin straight on into the afterlife
i’m leanin to the left got my head in her lap
oh lord i’ve been led into some kind of a trap
well we ask no quarter, no quarter do we give
we’re right down the street from the street where you live
they mutilated his body and they took out his brain
what more could they do ? they piled on the pain
but his soul was not there, where it was supposed to be at
for the last 50 years they’ve been searching for that
freedom oh freedom, freedom over need
i hate to tell ya mister but only dead men are free
send me some loving, tell me no lie
throw the gun in the gutter and walk on by
wake up little suzie let’s go for a drive
cross the trinity river let’s keep open eyed
turn the radio on, don’t touch the dials
heartland hospital only six more miles
you got me dizzy ms lizzy you fill me with lead
that magic bullet of yours is goin on ahead
i’m just a patsy like patsy cline
never shot anyone from in front or behind
got blood in my eye, got blood in my ear
i’m never gonna make it to the new frontier
zapruder’s film i seen the night before
seen it 33 times, maybe more
it’s vile and deceitful, it’s cruel and it’s mean
ugliest thing that you ever have seen
they killed him once and they killed him twice
killed him like a human sacrifice
the day that they killed him someone said to me, son
the age of the antichrist has just only begun
air force one comin in through the gate
johnson sworn in at 2:38
lemme know when you decide to throw in the towel
it is what it is, and it’s murder most foul
what’s new pussycat, what’d i say ?
i said the soul of a nation been torn away
and it’s beginning to go into a slow decay
and that it’s 36 hours past judgement day
wolfman jack he’s speakin in tongues
he’s going on and on at the top of his lungs
play me a song, mr wolfman jack
play it for me in my long cadillac
play me that only the good die young
take me to the place tom dooley was hung
the saint james infirmary in the court of king james
if you want to remember you better write down the names
play etta james too, play the i’d rather go blind
play it for the man with a telepathic mind
play john lee hooker, play scratch my back
play it for that strip club owner named jack
guitar slim goin down slow
play it for me and for marilyn monroe
play please don’t let me be misunderstood
play it for the first lady she ain’t feelin too good
play don henley, play glenn frey
take it to the limit and lettin’ it go by
play it for carl wilson too
lookin far far away at down gower avenue
play tragedy, play twilight time
take me back to tulsa to the scene of the crime
play another one and another one bites the dust
play the old rugged cross and in god we trust
ride the pink horse down that long lonesome road
stand there and wait for his head to explode
play mystery train for mr mystery
the man who fell down dead like a rootless tree
play it for the reverend, play it for the pastor
play it for the dog that got no master
play oscar peterson, play stan getz
play blue sky, play dicky bettes
play art pepper, thelonious monk
charlie parker and all that junk
all that junk and all that jazz
play somethin for the birdman of alcatraz
play buster keaton, play harold lloyd
play bugsy segal, play pretty boy floyd
play the numbers, play the odds
play cry me a river for the lord of the gods
play number nine play number six
play it for lindsey and stevie knicks
play nat king cole, play nature boy
play down in the boondocks for terry malloy
play it happened one night and one night of sin
there’s 12 million souls that are listenin in
play merchant of venice play merchants of death
play stella by starlight from lady macbeth
don’t worry mr president, hope’s on the way
your brothers are comin’, there’ll be hell to pay
brothers, what brothers ?
what’s this about hell ?
tell em we’re waiting, keep coming, we’ll get them as well
love field is where his plane touched down
but it never did get back up off the ground
was a hard act to follow, second to none
they killed him on the altar of the rising sun
play misty for me and that old devil moon
play anything goes and memphis in june
play lonely at the top and lonely are the brave
play it for houdini spinnin around in his grave
play jelly roll morton, play lucille
play deep in a dream and play driving wheel
play moonlight sonata in f#
and the key to the highway but the king of the heart
play marching through georgia and dumbarton’s drums
play darkness and death will come when it comes
play love me or leave me by the great bud powell
play the bloodstained banner, play murder most foul.
À Paris, à la galerie Dina-Vierny, une rencontre improbable entre deux stars, les photographies de Jerry Schatzberg (né en 1927) et de Bert Stern (1929-2013) : Bob et Marilyn (22 janvier-31 mars 2020).
L’été 1962, Bob, qui avait 21 ans, l’a passé seul à New York, il faisait la gueule parce que sa copine Suze Rotolo était partie avec sa mère et sa sœur pour l’Italie. Il lui écrivait des belles chansons d’amour amer.
Le 2 juillet 1962, il avait fait un petit concert au Finjan Club, à Montréal.
Le 13 juillet 1962, il avait signé un contrat d’édition de 3 ans avec Witmark. Il avait déjà fait un album, Bob Dylan, avec Columbia, mais sans trop de succès. Il était content, il allait pouvoir vivre de son art et ça le consolait de ses déboires amoureux. Pour ce contrat de 1000 dollars, il écrira 237 chansons, qui rapporteront plus d’un million de dollars à Witmark.
Il pensait à son prochain concert Hootenanny, le 22 septembre 1962, à Carnegie Hall, avec 20 chanteurs dont Pete Seeger, Matt McGinn ou Bernice Johnson (il y aura 3000 spectateurs).
Le dimanche 5 août 1962 au matin, il a dû apprendre la nouvelle de la mort de Norma Jeane Mortenson (1926-1962), à Los Angeles, la veille vers 22h45, comme tout le monde, à la radio. Il ne lui a pas écrit de chanson, il avait autre chose en tête.
Galerie Dina-Vierny, 36 rue Jacob, 75006 Paris.
À New York, l’automne est beau, plein d’espoirs (si on regarde attentivement les photos).
Dans le merveilleux Beacon Theater Bob Dylan, est revenu comme chaque année, pour la 8e édition, avec, cette année Matt Chamberlain et Bob Britt (23 novembre-6 décembre 2019).
Le Beacon Theater, ouvert le 24 décembre 1929, va fêter ses 90 ans.
Bob Dylan, du haut de ses 78 printemps, a fêté ça dignement.
Nos amis veinards qui y étaient :
Décidément, forever young.
Pour qui n’y était pas :
* Bob Dylan (Featuring Johnny Cash) - Travelin’ Thru, 1967 - 1969 : The Bootleg Series Vol. 15 out now !
Beacon Theatre, 2124 Broadway, New York, NY 10023.
À Londres, c’est le British Summer Time 2019 (BST, 5-13 juillet 2019).
Et ce soir, à Hyde Park, malgré la mauvaise humeur de Neil Young :
* À 18h00 : Neil Young + Promise of the Real.
* À 20h30 : Bob Dylan and his Band.
En première partie, à partir de 14h00 : Sam Fender, Cat Power et Laura Marling.
Inutile d’épiloguer ni d’augurer, le concert ne peut que devenir légendaire.
Et si on n’a pas trouvé de place à Hyde Park, il faudra monter vers le Nord, à Kilkenny en Irlande, au Nowlan Park, dimanche 14 juillet 2019. Cela dit, les billets ont été mis en vente en décembre 2018, alors...
Toutes les recommandations sur le temps et les fringues adaptées au plein air, et sur les trucs prohibés (genre substances ilégales, canettes, armes par destination, mâts de drapeau, skateboards, caméras professionnelles, et grosses valises).
Hyde Park, Bayswater, London, United Kingdom W2 2UH
Je pense que l’on ne s’arrête nulle part, il n’y a aucun endroit où s’arrêter, chaque fois que vous atteignez un plateau il faut atteindre le suivant.
Bob Dylan
Un détour par France Culture.
On se sentait privilégié, hier soir dans la salle Langlois de la Cinémathèque, devant Rolling Thunder Revue de Martin Sorsese (2019). La présentation de Yves Bigot était solide, on y croisait des dylanologues distingués comme Charles Ficat ou Thomas Boujut. Le film sort aujourd’hui chez Netflix, et on peut s’abonner, mais rares sont les gens qui ont assez de place pour avoir un grand écran chez eux.
Se trouver mêlé à la tournée légendaire de cet automne 1975, où Dylan était à la fois joyeux et inspiré, maquillé comme un voiture volée avec un chapeau à fleurs, retourner dans le film mal aimé Renaldo and Clara (1978), entendre et voir en entier comme jamais Hurricane (1970) et One More Cup of Coffee for the Road (1976) qu’il ne chante plus jamais dans ses concerts,
retrouver Allen Ginsberg qui berça nos années de formation, et rigoler des montages futés et des gros plans de Scorsese (c’est mieux que No Direction Home (2005), c’était un plaisir profond, celui d’une génération qui se retrouve.
Feelgoodmovie ? Si on veut.
Pas sûr, à réentendre, à la lumière des temps qui ont vraiment changé, son récit prémonitoire de 1963, A Hard Rain’s A-Gonna Fall.
Oh, where have you been, my blue-eyed son ?
Oh, where have you been, my darling young one ?
I’ve been out in front of a dozen dead oceans
I’ve been ten thousand miles in the mouth of a graveyard
[...]
I saw a highway of diamonds with nobody on it
I saw a black branch with blood that kept drippin’
I saw a room full of men with their hammers a-bleedin’
I saw a white ladder all covered with water
I saw ten thousand talkers whose tongues were all broken
I saw guns and sharp swords in the hands of young children
[...]
I heard the sound of a thunder, it roared out a warnin’
Heard the roar of a wave that could drown the whole world
Heard one hundred drummers whose hands were a-blazin’
Heard ten thousand whisperin’ and nobody listenin’
Heard one person starve, I heard many people laughin’
Heard the song of a poet who died in the gutter
Heard the sound of a clown who cried in the alley
[...]
I’ll walk to the depths of the deepest black forest
Where the people are many and their hands are all empty
Where the pellets of poison are flooding their waters
Where the home in the valley meets the damp dirty prison
Where the executioner’s face is always well hidden
Where hunger is ugly, where souls are forgotten
Where black is the color, where none is the number
And it’s a hard, and it’s a hard, it’s a hard, and it’s a hard
And it’s a hard rain’s a-gonna fall
Pour trouver pareille grâce, il va falloir aller, au Howard Gilman Theater du Lincoln Center (12-20 juin 2019).
La sortie sur Netflix :
* Rolling Thunder Revue : A Bob Dylan Story de Martin Scorsese (2019).
Post scriptum : les révélations de Rolling Stone.
A Guide to What’s Fake in Rolling Thunder Revue. A Bob Dylan Story : A teenage Sharon Stone wasn’t on the tour, Kiss didn’t inspire the makeup, and the mysterious Stefan van Dorp is an actor.
On ajoutera : Si non e vero e ben trovato.
Le dernier coffret Dylan- monumental : 14 CD issus de concerts Rolling Thunder Revue (octobre à décembre 1975), performances de répétition, raretés, etc. -, c’est aujourd’hui.
Et c’est tout bon.
À propos, le film sort le mercredi 12 juin 2019.
* Rolling Thunder Revue : A Bob Dylan Story de Martin Scorsese (2019)
Et Netflix nous offre un extrait.
Netflix soigne sa pub en "divulguant" partout le trailer de A Bob Dylan Story de Martin Scorsese (2019).
Bon anniversaire Bob Dylan !
78 balais aujourd’hui, bon pied bon œil, pas content quand les flashes l’empêchent de chanter, dessinateur et peintre, ça tout le monde le sait.
Sculpteur aussi, on le sait moins.
Amateur de whisky et entrepreneur, on l’apprend.
Vous connaissiez la distillerie de Nashville, Heaven’s Doors, et la vieille église de Elm Street ?
Pas si surprenant que ça : c’est le même dieu, Neptune, qui supervise toutes les cames l’alcool, la religion et la musique.
Bonus :
* Pour qui a raté, à Londres, la dernière expo - Mondo Scripto. Lyrics and Drawings (9 octobre-23 décembre 2018) - de sa galerie favorite, la Halcyon Gallery.
* Pour qui ne connaît pas ses relations avec le surréalisme.
* Et pour qui ne l’a pas vu au Grand Rex ce printemps 2019.
Les retraités sont dans la rue.
Ils protestent contre les choix faits par ses représentants, qui, une fois élus, s’échappent vite fait de leurs paroles données. Pour protester, le peuple a le choix entre marcher et casser.
Le vieux peuple, ponctionné comme jamais, préfère marcher.
Il n’a plus d’illusion sur l’efficacité politique, le vieux peuple, il en a tellement vu, mais au moins ça lui fait faire de l’exercice, bon pour la santé.
Quoique. Avec le beau temps, les particules fines et le dioxyde de carbone vont les tuer prématurément. Ça économisera des pensions.
D’un autre côté, paraît que la pollution augmente les dépressions. Frais supplémentaires pour la Sécu.
Ah, on vit dans des temps paradoxaux. Déraisonnables même.
Quoiqu’il en soit, à Paris, la manif, c’est à 14h30, de Châtelet à République parce que de Hôtel de ville à Concorde, ça a été refusé. L’itinéraire était sans doute trop proche des dits très "beaux quartiers". Les jeunes, qui, eux, préfèrent casser - et ne savent pas encore que c’est tout aussi inefficace - pourraient les rejoindre.
Et vaut mieux que ça casse dans le XIe que dans le VIIIe.
C’était un temps déraisonnable
On avait mis les morts à table
On faisait des châteaux de sable
On prenait les loups pour des chiens
Tout changeait de pôle et d’épaule
La pièce était-elle ou non drôle
Moi si j’y tenais mal mon rôle
C’était de n’y comprendre rien.
À Paris, ce soir, les vieux, s’ils ne sont pas trop fatigués, s’ils n’ont pas été gazés, au moins ceux qui ont été prévoyants, vont pouvoir se souvenir du bon vieux temps, en allant écouter fidèlement leur vieille idole : Bob Dylan, dans son Never Ending Tour, en escale au Grand Rex (11-13 avril 2019).
Il a été là, avec eux, à toutes les étapes de leur vie.
La première rencontre, c’était en 1964 - tiens l’année de la naissance de Jeune Cinéma - avec un vinyle qui s’appelait Mister Bob Dylan, un hasard, dans une soirée avec des copains branchés qui revenaient de New York. Ensuite le vinyle avait été réédité et rebaptisé The Times are A-Changin. À quoi ça tient, quand même l’air du temps.
Après, ils l’avaient suivi de plus près.
D’accord avec lui, quand il avait choisi l’électricité à Newport en 1965.
Première rencontre en live, à l’Olympia, le premier concert à Paris, le 24 mai 1966, le jour de son anniversaire. Il avait 25 ans. Il n’était pas revenu avant 1978.
Quelle angoisse - ils s’en souviennent encore - à l’annonce de l’accident de moto, en septembre 1966.
Ce n’est que plus tard qu’ils avaient compris que Zim était un grand menteur devant l’Éternel, qu’il n’avait pas eu de bobos grave de motard, mais juste une coupure épistémologique dans sa bio, une manière de se retirer sous sa tente : il avait arrêté les trips douteux, il s’était coupé les cheveux, il élevait désormais ses enfants dans la forêt.
Et, dans les sous-sols des maisons de Woodstock, la sienne et celle de The Band, il faisait de la musique avec ses potes. La vraie vie, quoi.
Tout bénef pour les vieux manifestants d’aujourd’hui : les Basement’s Tape, enregistrés en 1966 et 1967, ils les ont récupérés dès 1969, avec le premier pirate de l’histoire du rock, The Great White Wounder, vendu sous le manteau. Avant, aucun bootlegger n’avait eu l’idée de pirater, pour les Beatles ou les Rolling Stones par exemple.
À Paris, ils trouvaient ça dans l’arrière boutique de la librairie Actualités, rue Dauphine, ou chez Parallèles, rue Saint-Honoré.
Cette année-là, en 1969, il y a 50 ans comme le temps passe vite, Bob n’a pas été au festival de Woodstock (15-17 août 1969), même en voisin.
Mais il était à celui de l’Île de Wight, 2e édition (30-31 août 1969).
Les vieux de la protest d’aujourd’hui à Paris n’ont pas tous pu y aller, il y avait eu Mai 1968 et quelques "événements" qui avaient changé leurs chemins, certains même faisaient tout connement leur service militaire.
Les vieux lui avaient pardonné ses mensonges, ils ne pouvaient que lui pardonner aussi ses errances.
Par exemple, en 1979, quand sous l’influence d’une nouvelle femme, il avait accueilli, dans une chambre anonyme d’hôtel à Tucson, quelque "Holy Ghost" déplumé qui traînait la savate par là - tout le monde n’a pas un pilier de Notre-Dame à sa disposition.
Born again and Trouble no more, mais toujours à leurs côtés, aux vieux fidèles.
Et quand, en 1982, il est retourné au judaïsme, pareil, même absolution.
Les crises mystiques, la foi, c’est des affaires privées, ça le regardait lui et lui seul, c’est comme tomber amoureux, alors c’était pareil pour ses femmes, Suze, Joan, Sara, ou même Bonnie, ou Echo, à qui, pourtant, ils s’attachaient eux aussi, forcément.
Ils ne lui en voulaient pas non plus de changer de voix si souvent. Au contraire.
Quelle chance il avait, finalement, d’avoir tant de corps, tant d’âmes, et de continuer son commerce avec l’invisible comme si de rien n’était, se disaient-ils.
À Colombes, en juin 1981, ils étaient 40 000 à l’attendre, à l’écouter, à recevoir, à la fin du concert, le traditionnel cadeau des deux morceaux de rab, à savoir qu’il était inutile d’attendre un nouveau bis, et ils continuaient à applaudir longuement.
Et puis, il y a eu un coup de mou dans son inspiration, dix ans, entre 1982 et 1992.
Les salles se remplissaient mal. En 1993 à Reims, ou en 1995 au Zénith à Paris, on avait mis des rideaux pour masquer les parties vides de la salle. Le tournant de la quarantaine est toujours difficile à négocier, il commence, insensiblement, vers 37 ans, et ça dure souvent longtemps après, pour se "reconstruire", comme on dit de nos jours. Parfois même ça tourne carrément mal.
Ils étaient peinés, les vieux congénères, mais ils ne le lâchaient pas pour autant. Ils savaient ce que c’est que d’être abandonné par les dieux, Œdipe ou le Christ, quelques autres avaient connu ça, eux-mêmes aussi, qui n’a jamais traversé un désert ?
Solidarité et fraternité, continuaient-ils à se dire parallèlement, Peace and Love, tout ça, et, en même temps, Hasta la victoria sempre. Dans les rues, ils allaient défiler quand il le fallait. Paix sur la Terre aux hommes de bonne volonté, croyaient-ils. We shall overcome, we shall not be moved, On the road to freedom chantaient-ils, à côté de l’Internationale, c’était parfaitement compatible.
Le bonheur que ce fut quand Bob naquit à nouveau, mais pour de bon, cette fois. Son retour aux roots, un folk acoustique bien tradi, en 1992 et 1994, et puis, en 1996, l’album (un CD, cette fois) Time out of Mind, la résurrection.
En 1998, au Zénith, les vieux fidèles, venus avec leurs enfants, s’étaient longuement étonnés des nouveaux arrivages : les cols blancs trentenaires, costumes-cravates, qui sortaient de leur banque avec leurs attachés-cases, ancêtres des portables greffés.
Bob était donc redevenu à la mode, juste pour le tournant du millénaire.
Les vieux Américains suivaient ses émissions sur XM Satellite Radio, entre 2006 et 2009, et les vieux Français les avaient récupérés en CD dès 2007. C’est une entreprise qui roule, la maison Dylan. Ils s’achetaient même quelques produits dérivés à la fin des concerts, malgré son extraordinaire mauvais goût - ou celui de ses commerciaux whatever.
Et ils admiraient ses peintures, exposées à Londres, négligeant les accusations de plagiat. Quand on peint depuis 1974, on est un peintre, point-barre.
En 2011, à la 54e Biennale de Venise, ils étaient bien seuls tout de même, au Palazzo Donà Dalle Rose, pour admirer les Dylan Paintings de Maria Zerres.
C’était d’ailleurs bien mieux, la foule, ça dilue tout, l’amour, les convictions, les émotions, les mots, les découvertes personnelles. Difficile de ne pas être possessif quand on aime.
Vers 2016, Joan s’y est mise aussi, à la peinture, elle a commencé par lui.
Et puis, en 2017, il a reçu le Nobel, ce qui a eu l’air de beaucoup l’embarrasser.
C’est comme ça qu’il est vendu maintenant, par les jeunes qui font les sites promotionnels ou les brèves des volailles qui font l’opinion : "Bob Dylan, le chanteur folk, Prix Nobel 2017". Mais qui connaît les prix Nobel ? Qui les a lus ? Quand on va en voir la liste sur le Net, on est toujours étonné.
L’important, c’est qu’il garde l’une ou l’autre de ses voix, et qu’il joue du piano plutôt que de la guitare à cause de son arthrite, et que ce soit toujours bien.
Au Grand Rex, la salle est intime, il y a moins de places qu’au Zénith ou que dans la villa palladienne Pisani à Stra près de Padoue, par exemple, au hasard - Salut aux camarades Backert.
Il doit s’en foutre, Bob, il est comme ceux qui marchent dans la rue parisienne, mais en riche et avec un car personnel, il est vieux maintenant. Pretending being forever young.
Il y a 53 ans, dans son sous-sol, ils n’étaient que six et il était heureux.
Diamonds and Rust.
Bonne lecture, et quelques autres. :
* Bob Dylan, Dylan par Dylan. Interviews 1962-2004, Paris, Éditions Bartillat, 2007.
Des nouvelles de Bob :
À Londres, à la Halcyon Gallery, où il a ses habitudes, Bob Dylan revient : Mondo Scripto (9 octobre-30 novembre 2018).
Chansons manuscrites et dessins.
Halcyon Gallery, 144-146 New Bond St, Mayfair, London W1S 1SN.
À Lyon, en préface du Festival Lumière, qui commence demain (15-21 octobre 2018),
* Bob Dylan - Jerry Schatzberg II.
Avant ses premiers films - Portrait d’une enfant déchue (Puzzle of a Downfall Child) date de 1970) -, Schatzberg a photographié Dylan entre 1965 et 1967, au moment des albums Highway 61 Revisited (1965) et Blonde on Blonde (1966).
L’Institut Lumière, en 2012, avait présenté une exposition avec une première sélection parmi ces photos.
Voici une deuxième sélection avec un nouveau catalogue (15 octobre-28 novembre 2018). Jerry Schatzberg sera là, mais Bob Dylan seulement sous réserve.
Galerie lumière, 3 rue Pleney, 69001 Lyon.
Echo Helstrom (1942-2018) est morte lundi dernier, le 22 janvier 2018.
Elle fut la girlfriend de Dylan, once a true love of mine, entre l’automne 1957 (elle avait 15 ans, lui 16) et l’automne 1958, lors du passage de Bob à l’université de Hibbing, là-haut "où le vent souffle sur la frontière".
C’est elle qui lui fit découvrir Jimmie Rodgers, "le cheminot chantant", auquel il rendit toujours hommage.
Installé à New York, Dylan écrivit pour elle en 1963 - on le présume, mais on ne lui connaît pas d’autre petite amie dans le Minnesota -, Girl of the North Country, où il célébrait her hair’s hanging down, It curls and falls all down her breast.
Au Théâtre du Rond-Point, l’ADAMI fête Bob Dylan, ce soir et lundi prochain, le 23 octobre 2017.
* À 20h30 : Times are changing.
Textes et musiques de Bob Dylan ; conception, chorégraphie et mise en scène de Jean-Claude Gallotta ; musique de Moriarty ; avec le Groupe Émile Dubois.
Théâtre du Rond-Pont, salle Renaud-Barrault, 2bis avenue Franklin-D. Roosevelt
75008 Paris.
Kazuo Ishiguro, le Prix Nobel 2017 de littérature a déclaré : "Vers 15 ou 16 ans, mes grosses influences étaient Leonard Cohen et Bob Dylan. C’est un honneur de passer après Bob Dylan. C’est super de remporter ce prix un an après Bob Dylan qui était mon héros depuis l’âge de 13 ans. Il est probablement l’une des personnes que j’admire le plus".
Tom Petty (1950-2017) est mort hier, lundi 2 octobre 2017 à Malibu.
D’une crise cardiaque.
Les Heartbreakers ont le cœur brisé.
Nous aussi, mais nos cœurs sont si souvent brisés, ces temps derniers, qu’on finit par savoir comment vivre quand même. on recolle, et ça tiendra bien le temps qui reste, même si - maladroits que nous sommes - la colle se voit, et pleure en dégoulinant dessus.
Dylan dans Rolling Stone : It’s shocking, crushing news. I thought the world of Tom. He was a great performer, full of the light, a friend, and I’ll never forget him.
Ça s’est passé le jeudi 21 septembre 2017 : Village Voice hebdo (1955-2017), a sorti sa dernière version imprimée sur papier, après 62 ans, et sans attendre le vrai anniversaire, le 26 octobre.
Avec, en Une, Dylan qui était si bon avec les mots à Washington Square.
Les mauvaises langues pourraient dire que Dylan, c’est comme le rosé de Provence, ça va avec tout.
Mais là, on voit pas trop ce qu’il pouvaient mettre de plus "approprié", à part Jack Kerouac ou Norman Mailer, mais c’était mieux un vivant, de ceux qui ont des trous d’air de saudade, de temps à autre.
À Paris, à la Maison de la poésie, rendez-vous avec Bob.
* À 19h00 : Robert Allen Zimmerman, dit Bob Dylan.
Lecture d’extraits de chansons de Bob Dylan par Christophe Girard (en anglais et en français).
Avec Yves Bigot et Annette Levy Willard.
Ça pourrait être l’occasion de discuter de Bob Dylan-plagiaire & Bob-Dylan-éponge, puisque de nouvelles accusations le poursuivent.
Il s’en est d’ailleurs expliqué à propos de sa peinture.
C’est rarement les enfants-sauvages qui obtiennent le Prix Nobel. Les mots et les idées ne viennent jamais de nulle part ou du ciel (ce qui est un pléonasme).
Si on s’inspire d’un texte préexistant, même non signé ou signé par un nom obscur, il faut juste prendre le temps de le faire proprement, c’est crétin de se faire prendre. Parfois, on n’a pas le temps de faire ce petit travail personnel. Regardez les hommes politiques avec leurs langues de bois et leurs éléments de langage préfabriqués, largement contre-productifs.
On ? Même les poètes ?
En fait, même sans la moindre indulgence pour certains cynismes, force est de convenir qu’il y tant à dire sur le réel plagiat, sur les nappes phréatiques et leurs nouvelles formes, sur les sources de l’inspiration, sur les mimétismes inconscients, sur les notions de propriété et de vol.
Sans parler de l’injuste solitude des précurseurs ignorés de tous, y compris de leurs héritiers instinctifs.
S’il suffisait de copier deci delà pour être Bob Dylan, on serait cerné par les clones.
Un détour :
Voici une brève histoire de Bob, racontée par Jeff Bridge, sans photo et presque sans musique : From the Vllage to the Basement.
Il s’y connaît Jeff Bridge.
Tout comme Chris Christofferson, d’ailleurs, et quelques autres.
Un plaisir personnel :
Maison de la poésie, 157 rue Saint-Martin, 75003 Paris.
Bob Dylan a envoyé son discours aux Nobel, en avance même puisqu’il avait jusqu’au 10 juin 2017.
"Je me suis demandé quel était précisément le lien entre mes chansons et la littérature. Je voulais y réfléchir et découvrir la connexion".
Parmi ses inspirateurs, il cite Cervantès, Herman Melville, William Shakespeare.
Sara Danius commente.
"Le discours est extraordinaire et, comme l’on pouvait s’y attendre, éloquent. Le discours transmis, l’aventure Dylan s’approche de sa conclusion".
Pour mémoire, son premier speech, par procuration, en 2016.
Lundi 22 mai 2017, 22h30, Manchester, un concert se termine, la dernière chanson. Explosion. 22 morts, une soixantaine de blessés, des gosses, à partir de 8 ans.
Minutes de silence, drapeaux en berne, hommages divers, tous ensemble, on va pas se laisser abattre, car c’est ça qu’ils veulent, analyses stratégiques, coopération anti-terroriste, contre-attaques erratiques, etc.
Chagrin et compassion surtout.
Depuis le 11 septembre 2001, insensiblement, ces scènes d’horreurs sont entrées dans nos habitudes.
Bon anniversaire, Bob Dylan.
Tu appartiens à cette génération qui aura tout connu, y compris la Seconde guerre mondiale de loin.
Tu auras entrevu le progrès et la paix, connu le climax d’une immense civilisation terrestre.
Désormais, à l’entrée de vieillesse, tu aperçois le déclin, une chute probablement inexorable.
Tes concerts crépusculaires, à leur façon, en témoignent.
Ne meurs jamais, Bob.
On peut aussi avoir envie de ne pas bouger, et d’économiser son sens de la vue, le sens le plus sollicité dans nos civilisations urbaines.
Et de s’occuper un peu plus de son sens de l’ouïe, tellement et si souvent grossièrement accablé, dans les mêmes.
On ferme les yeux et les écoutilles, on ouvre les esgourdes, on se concentre.
Par exemple sur notre Prix Nobel 2016.
* Bob Dylan, un hommage poétique et musical.
Réalisé par Alexandre Plank, et préparé par Barbara Carlotti & Jean-Pierre Petit.
Une émission enregistrée en public le 17 mars 2017 à la Maison de la Poésie.
Bob Dylan était hier au Zénith à Paris.
Alors, il a commencé comme à Stockholm, les deux concerts, par Things Have Changed.
Il a continué avec Don’t Think Twice, It’s All Right, Highway 61 Revisited, Beyond Here Lies Nothin’, I Could Have Told You, Pay In Blood, Melancholy Mood, Duquesne Whistle, Stormy Weather…
Pas très différent de Amsterdam (16-18 avril 2017).
Voir la liste des chansons du Zénith 2017 en bon ordre.
Tout savoir sur le Never Ending Tour 2016-2017.
Qu’il chante ses tubes à lui ou ceux des autres, qu’il devienne doucement un crooner quasi-tradi au long des années, on aime ça, on aime toujours cette voix familière, toujours recommencée. Vieillir avec qui on aime, c’est le vieux rêve de la fraternité.
Ce qui nous plaît bien, aujourd’hui, c’est que ce soit lui, à l’Île Séguin, à Billancourt, attentif à ne pas la désespérer...
... qui inaugure le vieux bastion dans ses nouveaux habits, ceux de La Seine nationale, 6000 spectateurs.
Que les usines deviennent des musées ou des salles de concert, que les douleurs du mouvement ouvrier engendrent une descendance de plaisirs et de visions, c’est la justice immanente de l’histoire en mouvement. Nous nous obstinons à y croire.
La Seine musicale, 1 cours de l’Île-Seguin, 92100 Boulogne-Billancourt.
Dernières nouvelles de Stokholm, via Sara Danius :
Ce samedi 1er avril 2017, les douze membres de l’Académie suédoise ont rencontré Bob Dylan dans une cérémonie privée, au cours de laquelle il a reçu sa médaille d’or et son diplôme.
Il y avait du champagne.
Ils ont longuement contemplé la médaille (en or), surtout le verso, magnifiquement travaillé, représentant un jeune homme assis sous un laurier qui écoute la Muse, avec une inscription tirée de l’Énéide de Virgile : Inventas vitam iuvat excoluisse per artes (à peu près : À ceux qui ont amélioré la vie sur Terre par leurs arts et leurs inventions).
À la fin du jour, ils ont eu droit, rien que pour eux, à un concert au bord de l’eau.
Ce dimanche 2 avril 2017, a eu lieu "l’extraordinaire concert" que Dylan a donné au Waterfront Congress Centre pour les gens normaux.
Après Fallen Angels en 2016, c’est aujourd’hui que sort, partout dans le monde, le Triplicate (en écriture gothique personnalisée) de Dylan : 30 nouveaux enregistrements de chansons clasiques, des reprises de titres de Frank Sinatra, Lee Adams, Charles Strouse, Cy Coleman ou Harold Hupfield… Chaque volume porte son propre titre : ‘Til The Sun Goes Down, Devil Dolls, Comin’ Home Late.
On a le choix entre 3 formules : Digipak à 8 panneaux de 3 CD ; un ensemble de vinyls 3 LP et une édition limitée de vinyls de 3 LP emballés dans un boîtier numéroté. Ceci n’est pas de la pub, juste de l’info.
La pub dit : "Bob Dylan’ First 3-Disc Album". Mais c’est rien que de la pub.
En effet, on connaît au moins trois précédents :
* Biograph en 1985.
* Bootleg Serie vol 3 en 1991.
* Bootleg Serie vol 8 en 2008.
Sans compter les autres coffrets des bootlegs series qui comptent de 4 à 6 CD.
Et les centaines de bootlegs pirates.
On se souvient même d’un bootleg pirate, dans les années 70, qui comptait déjà 3 vinyls.
Comme Dylan commence sa tournée européenne par Stockholm, avec des concerts les 1er et 2 avril 2017 (suivis de ceux de Oslo le 4 et de Copenhague, le 6 et le 7 avril 2017), ça tombe bien, il pourra tirer un bord chez les Nobel, pour recevoir son Prix, son diplôme et sa médaille dans l’intimité et sans discours.
Mais il ne poura récupérer les huit millions de couronnes qui vont avec que quand il aura donné sa "Leçon Nobel" - en clair, son discours, apparemment le petit discours lu par Patti ne suffit pas. Il a six mois après la cérémonie pour le produire. C’est ce que nous confirme Sara Danius, la secrétaire perpétuelle de l’Académie.
Rappel des faits :
Quand il avait appris la nouvelle de son Prix Nobel, le 13 octobre 2016, Dylan, qui était en tournée, était resté silencieux un long moment.
Naturellement, cette attrribution du Nobel à un chanteur avait fait polémique, et son silence avait été traité d’arrogant et de mal poli.
Les gens "normaux" - "les croquantes z-et les croquants, tous les gens bien intentionnés" aurait dit Brassens - ne peuvent pas comprendre qu’on puisse être indifférent (voire rétif) aux honneurs, aux décorations, au fric, aux statues, aux académismes. Alors même qu’on a 75 ans, qu’on a passé sa vie sur des routes parallèles et qu’on est devenu un déchirant crooner crépusculaire. Dylan avait fini par envoyer une lettre de remerciements polis et étonnés, on ne saura jamais ce qu’il en aura vraiment pensé.
Cf. Dylan. Les enjeux d’un Nobel par Charles Ficat.
En fait, cette histoire, c’est tout bénéf pour les Nobel - deux pour le prix d’un - qui ont eu droit, le 10 décembre 2016, à une super Patti Smith très émue comme éclaireuse.
À Paris, à la Mairie du 14e, dans la belle salle des mariages, on parle du Prix Nobel en général et de Bob Dylan en particulier.
Pour bien se préparer, relire les réflexions de Charles Ficat.
* À 19h30 : Bob Dylan, prix Nobel de littérature 2016.
Présentation de Horace Engdahl (de l’Académie Nobel de Suède).
Lecture des poèmes de Bob Dylan par Anny Romand.
Avec le concours des élèves de la classe de chant de Amaya Dominguez.
En partenariat avec les centres culturels Vercingétorix et Marc-Sangnier qui vont mettre en scène leurs ateliers de musique avec les chansons de Bob Dylan.
Mairie du 14e, salle des mariages, 2 place Ferdinand-Brunot, 75014 Paris.
Notre ami préféré, Gilles T. Lacombe, nous envoie une photo de derrière les fagots : Cassius Nobel.
Vu le maquillage de Bob, elle doit dater de 1976.
On ne résiste pas à vous la faire passer.
Stockholm, le 10 décembre 2016, cérémonie des Nobel.
Patti Smith, so nervous, qui chante au délicieux blueeyed son qu’une Hard Rain’s A-Gonna Fall.
Patti Smith qui vieillit, comme Bob Dylan, comme nous tous qui habitons sur la Terre, qui elle-même se fait vieille.
C’est bien comme ça.
Lire quand même le discours de Bob D.
On peut lire aussi l’article pertinent de David Caviglioli dans L’Obs : "Bonsoir tout le monde."
Dylan par Dylan
La librairie L’écume des pages nous invitent à une rencontre à l’occasion de la réédition de l’ouvrage Dylan par Dylan. Interviews 1962-2004, édition établie par Jonathan Cott, traduit de l’anglais par Denis Griesmar, Éd. Bartillat, Paris, 2007.
* À 19h00 : Bob Dylan revisité. Les enjeux d’un prix Nobel
Avec Charles Ficat.
Le livre est un basique des bibliothèques de tous les dylanophiles, qu’ils soient durs et purs et de la première heure, ou suivistes et variables, selon les générations ou au gré des vents des snobismes et des jalousies mondaines.
Il a été réédité à juste titre, depuis l’attribution du prix Nobel (le 13 novembre 2016) et ses innombrables commentaires, légitimes ou non. La seule légitimité d’une de ces opinions émises à grand fracas est la lecture effective des écrits de Dylan, lecture souvent ardue et même hermétique, tout autant que celle des écrits surréalistes ou beatniks. Il faut fermer ses oreilles aux imposteurs qui braillent sous le seul prétexte qu’ils ont un porte-voix, et se faire son idée soi-même.
En attendant la sortie du méga-coffret de 36 CD de cette tournée mémorable (prévue le 11 novembre qui a été retardée) : Bob Dylan. The 1966 Live Recordings.
Il y a 50 ans, en effet, on se souvient, de février à mai 1966, Dylan, devenu électrique, tournait avec The Hawks, qui, du coup, devinrent The Band. C’était le Bob Dylan World Tour 1966, ancêtre du Never Ending Tour (depuis juin 1988).
Cf. aussi :
* Le Never Ending Breaking News.
Librairie L’Écume des Pages, 174 boulevard Saint-Germain, 75006 Paris.
Why Try To Change Me Now ?
La réponse de Bob "The Dumb" Dylan à tous ceux qui ne sont quand même pas de sa bande, même quand ils sont bienveillants.
Et le prix Nobel de littérature 2016 est attribué à…
Et un excellent prétexte pour aller farfouiller dans le site généreux de Open Culture.
Dylan et la Beat Generation
À propos de l’exposition Beat Generation, Centre Pompidou (22 juin-3 octobre 2016)
Bob Dylan connaissait bien Allen Ginsberg (1926-1997), ils étaient amis.
Dans l’expo de Beaubourg, Beat Generation, une vidéo passe en boucle, celle de leur dialogue au cimetière. Ils y devisent sur la tombe de Kerouac, dans l’Edson Cemetery, South Lowell, Mass.
Ginsberg se souvient de la tombe de Baudelaire à Montparnasse. Il dit y a laissé son poème Howl, l’exemplaire édité chez Ferlinghetti. Quelques années plus tard, nous ne l’y avons pas trouvé.
Dans une autre salle, sur tout le mur, passe aussi en boucle, le clip vidéo de Subterranean Homesick Blues première image de Dont Look Back de D. A. Pennebaker (1965) - Album : Bringing It All Back Home (1965).
Ça se passe, dans une ruelle pleine de déchets, derrière l’hôtel Savoy à Londres.
Au fond de l’écran, à gauche, on voit Ginsberg qui discute avec Bob Neuwirth.
Le titre du blues est sans doute un clin d’œil au roman de Kerouac, The Subterraneans (1953).
On remarquera, à Beaubourg, que la chaise du "gardien" est vide.
Il n’est pas exclu que la personne ait disjoncté, contaminée par le mal du pays, à avoir ce blues lancinant dans les oreilles, toute sa journée de travail. Les voies des souterrains sont impénétrables.
Dylan connaissait moins bien William Burroughs (1914-1997) : "I don’t really know him - I just met him once. I think he’s a great man", dit-il.
Selon James Adams qui remercie beaucoup Jed Birmingham, ils se seraient juste rencontrés à Greenwich Village en 1965.
Leurs deux self-portraits, celui de Burroughs exposé à Beaubourg (nd) et celui de Dylan (album, 1970) se font écho.
Dylan, ce radin
Commentaires dylaniens
Avalanche de messages du fan club de Dylan, qui demande un droit de réponse en Une et de même taille exactement, outré de ce qu’on a pu dire sur leur idole dans le Plaisir des amateurs en ligne n°24. :
[…] Parce que, quand on vous offre ses heart, soul and everything, ça ne se refuse pas. Pas comme ce radin de Dylan, qui fout le camp, parce qu’il avait donné son cœur mais qu’elle voulait son âme. [...]
Même à l’intérieur de la rédaction, on frôle la scission, pour une toute petite ligne.
Déjà, il avait tiqué quand on avait parlé de crooner.
Ce lobby est redoutable.
Pourtant, incurables rêveurs, nous maintenons notre point de vue sur la générosité et la radinerie, le cœur, l’âme et autres everything, nécesaires à l’amour, la vraie amour, la belle amour.
Nous tisserons, un de ces jours, un fil d’Ariane "Dylan", dans le labyrinthe du site de JC. Il a pas à se plaindre, on trouve.
On verra à plus, quand on aura été l’écouter, cet été, à Albi ET à Saint-Malo-du-Bois.
Jeune Cinéma en ligne directe
Journal de Old Gringo (dimanche 26 avril 2015)
Dylan et ses archives
L’Université de Tulsa, Oklahoma, a acquis plus de 6000 documents, enregistrements et objets de Bob Dylan qui seront consultables à côté des archives de Woody Guthrie. Prix : entre 15 et 20 millions de dollars.
Des enregistrements de 1959, des vidéos inédites de concerts, des instruments de musique, des photos, son blouson de cuir de 1965, celui qu’il portait à Newport en juillet, quand il s’est fait huer pour la première fois, avec sa nouvelle guitare électrique. (The "Judas incident" a eu lieu, plus tard, le 17 mai 1966, à Manchester).
Et le numéro de téléphone de Johnny Cash.
Qui n’a pas, chez lui, quelque relique de Zim, un t.shirt collector, un pirate unique, une trouvaille de brocante improbable ?
Le New York Times publie quelques archives touchantes de ses lecteurs.
Toutes les nouvelles de Dylan, qui devient, lentement, un vieux monsieur, tout en nous laissant croire qu’il est forever young, ça nous concerne. Mais on ne sait pas trop quoi faire de celle-là.
On va pouvoir faire des recherches sur lui, en bibli, comme on en fait au Château de Vincennes sur la Guerre de 14 ou la prison du Cherche-Midi.
L’idée de pouvoir fouiller dans ses archives secrètes, qui doivent couvrir carrément toute l’histoire de la musique des USA, ça nous ravit et nous perturbe à la fois.
So what ?
Peut-être cette idée simple : nous autres, ses plus ou moins congénères, il faut qu’on se mette aussi à quelques rangements.
Quoiqu’il en soit, Bobby, décidément forever young, sortira son 37e album, le 20 mai 2016 : Fallen Angels , juste avant son anniversaire. Il en assure déjà la promotion dans une tournée américaine d’une trentaine de dates, avec en première partie Mavis Staples.
bobdylan.com via la Columbia Marketing nous envoie The Night We Call It A Day. On partage volontiers.
(suite)
À crooner, crooner et demi
En 2015, Dylan chante Sinatra.
Cf. Journal de Old Gringo du lundi 2 février 2015.
À propos de Sinatra, notre préférée, méconnue (que Dylan n’a pas choisie) : It was a pretty good year.
For Now the days are short.
When I was seventeen, it was a very good year
It was a very good year for small town girls
And soft summer nights
We’d hide from the lights
On the village green
When I was seventeen
When I was twenty-one, it was a very good year
It was a very good year for city girls
Who lived up the stairs
With perfumed hair
That came undone
When I was twenty-one
When I was thirty-five, it was a very good year
It was a very good year for blue-blooded girls
Of independent means
We’d ride in limousines
Their chauffeurs would drive
When I was thirty-five
But now the days are short, I’m in the autumn of my years
And I think of my life as vintage wine
From fine old kegs
From the brim to the dregs
It poured sweet and clear
It was a very good year
Dylan : Bob & Greg et Sinatra
Divagation sur Bob & Greg.
Aujourd’hui, lundi 2 février 2015, où vont-ils tous, les fans de Dylan ?
Se procurer, avant les Américains qui ne l’auront que demain, son 36e album : Shadows in the Night, hommage à Frank Sinatra, avec dix titres jadis chantés par "the Voice".
Mais est-ce vraiment un tribut au seul Sinatra ?
Parce que Autumn Leaves, y a pas eu que Frank sur le coup.
Faudrait pas oublier Billie Holiday pour I’m A Fool To Want You.
Pour Some Enchanted Evening, dès 1949, tout le monde le chantait après avoir vu la comédie musicale South Pacific à Broadway (Ezio Pinza, l’original, Bing Crosby, Al Jolson). Le film ne sortira qu’en 1958.
Quant à Full Moon And Empty Arms, ça nous dit quelque chose, du côté des standards classiques (qui n’ont aucune raison d’être sacralisés, d’accord).
Pour Where Are You, on aime bien aussi Gertrude Niessen en 1937.
Enfin, pour What’ll I Do ?, pas de raison d’évacuer Nat King Cole, et pour That Lucky Old Sun, non seulement Ray Charles n’est pas loin, mais Dylan l’a déjà chanté en 2000 (on comparera).
Bon, ne chipotons pas.
On n’a rien contre Sinatra, et, comme tout le monde, on se régale des standards et on a de la tendresse pour les crooners.
Dylan, s’il n’avait pas besoin de référent, a bien le droit de faire crooner, désormais. C’est pas nouveau et ça nous a toujours plu : Let It Be Me en 1969 (pourtant bien mal reçu à l’époque) ou You Belong To Me en 1994.
Et puis, les dylaniens inconditionnels, c’est un puissant lobby, avec qui nous entretenons des liens affectueux et permanents.
On peut même avouer que quand Hugh fait de l’ironie sur Bob, on apprécie moyennement, et on le soupçonne de jalousie pure et simple.
Et tant qu’on y est, RV au Club Skorecki.
Tout ça pour en venir au principal.
Saviez-vous que Bob et Greg (alias Old Gringo) s’appréciaient mutuellement ?
Ça a commencé en 1986.
Dylan écrit une chanson avec Sam Shepard : Brownsville Girl (album Knocked Out Loaded). (1)
1st verse :
Well, there was this movie I seen one time / About a man riding ’cross the desert and it starred Gregory Peck./ He was shot down by a hungry kid trying to make a name for himself. / The townspeople wanted to crush that kid down and string him up by the neck.
[…]
10th verse :
Something about that movie, though well I just can’t get it out of my head. / But I can’t remember why I was in it or what part I was supposed to play. / All I remember about it was Gregory Peck and the way people moved. / And a lot of them seemed to be lookin’ my way.
[…]
17th verse (and last one) :
There was a movie I seen one time, I think I sat through it twice. / I don’t remember who I was or where I was bound. / All I remember about it was it starred Gregory Peck, he wore a gun and he was shot in the back. / Seems like a long time ago, long before the stars were torn down.
En 1997, Old Gringo lui a renvoyé l’ascenseur.
Le 7 décembre 1997, à la Maison Blanche - à l’époque, c’était chez les Clinton -, Greg fait un petit discours à Bob, et lui offre le Kennedy Center Honours Lifetime Achievement Award (KCA Award).
Parmi les autres artistes récompensés ce soir-là, Lauren Bacall.
Dylan a une petite mine parce qu’il avait été très malade le 25 mai 1997.
Peut-être aussi parce qu’il était ému. Sinon, il devait être content.
1. Il s’agit de The Gunfighter (La Cible humaine) de Henry King (1950).
Dans le film, Gregory Peck dit quatre fois : "Got my mind made up".
Et c’est le titre de la chanson suivante de Dylan sur l’album.
Dylan et ses Basement Tapes
C’est donc aujourd’hui, 14 brumaire (jour de l’endive dans le calendrier républicain), que sont dévoilés, pour le public occidental, les Basement Tapes, ces bandes enregistrées en catimini par Bob Dylan et ses copains The Hawks (bientôt The Band) durant l’automne 1967, après son accident de moto.
Enregistrements sauvages, avec un matériel technique primitif, jamais officiellement sortis avant la courte anthologie de 1975, qui reprenait une vingtaine de titres.
Mais sur le marché parallèle, ils donnèrent naissance en 1969 au double album The Great White Wonder, premier disque pirate de l’histoire de la musique.
Depuis, les recueils de ces "bandes du sous-sol" ont fleuri, toujours clandestinement, offrant des versions diverses des sessions de 1967 - la plus complète, A Tree With Roots, rassemblait un peu moins de 120 morceaux.
Autant dire que les 138 chansons annoncées sont attendues comme la révélation suprême par l’internationale des fanatiques.
Bonne occasion pour relire La République invisible (Denoël, 2001) dans lequel Greil Marcus détaille, en 336 pages, l’importance de cet archipel pas totalement exploré.
Bonne occasion aussi pour relire les articles parus dans Jeune Cinéma, sur les rapports de Dylan avec le cinéma. Bernard Nave et Lucien Logette ne sont pas tout à fait d’accord.
Allez donc aussi regarder de plus près The Girl From The North Country, et la jeune fille dont il était question, en 1964.
Dylan et son anniversaire
Chaque année, la fin du festival de Cannes correspond à l’anniversaire de Bob Dylan.
Cannes, dernier jour, projos de rattrapage, festival terminé.
Le soir, cérémonie de clôture. Le jury de Jane Campion offre un palmarès selon notre cœur.
Le Ceylan (Winter Sleep), on le voulait, et la surprise des Merveilles, ça a de la fraicheur.
On s’est marré de voir Xavier Dolan en faire des tonnes sur scène.
Pour compenser la palme, qu’il n’a pas eue malgré son très fort avoué désir ?
Quant à Godard - Ah Godard ! -, il est inévitable.
On a visionné avec intérêt ses deux interventions sur le Net : ses insultes à Tarantino qui ne lui a versé aucun droit sur le nom de sa boite de production (Bande à part, "marque déposée", mais Quentin, en réponse, l’a joué classe), et sa lettre ésotérique à MM. Jacob et Frémaux. Une phrase à en retenir : "Je ne fais plus partie de la distribution". S’il le dit. Bien joué en tout cas : il a économisé le voyage et il a eu plus d’auditeurs.
Sinon, aujourd’hui, comme chaque année à la fin de Cannes, c’est l’anniversaire de Bob Dylan. Il a 73 ans. Déjà en 1971, ça faisait flipper Charlie Brown.
Merci au Club Skorecki
Mais finalement, il a bien tenu, Bobby.