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Journal de Ben Cash (édito 2017)
Édito 2017
publié le dimanche 1er janvier 2017


 

ÉDITO 2017

 



Le temps s’est emballé, l’histoire des idées est devenue confuse, la notion de "Révolution" s’est estompée. Depuis la naissance de ce site, les éditos se sont succédés, qui nous semblaient naturels. À notre insu, ils ont prouvé que le fait devenait de plus en plus improbable, et que le mot même avait perdu de son aura.

* Ma’ Joad était la mère d’un syndicaliste, au regard compassionnel, engendrant la résistance voire la contre-attaque.
Les Raisins de la colère (The Grapes of Wrath) de John Ford (1940).

* Old Gringo était un vieux journaliste ironique et désabusé, rejoignant une révolution : plus aucune illusion sauf celle de l’amour.
Old Gringo de Luis Puenzo (1989).

* Hushpuppy, toute petite fille abandonnée par les adultes dépassés, découvrait le chaos des éléments terrestres (animaux, végétaux, minéraux).
Les Bêtes du sud sauvage (Beasts of the Southern Wild) de Benh Zeitlin (2012).

* En 2017, Ben Cash pose un regard à la fois savant et scandalisé sur la civilisation, dominante et injuste, qui gaspille et qui tue. Et en père responsable, il prépare ses 6 enfants, théorie et pratique, à résister aux déviances d’un soi-disant progrès.
Captain Fantastic de Matt Ross (2016).

Nous sommes environnés de dangers, tous les systèmes et éco-systèmes terriens sont en crise. La "crise" est morale, mondiale, profonde. Pire : "ça" se sait, donc "ça" s’autoréalise.

Mais les crises sont inhérentes à tout système en mouvement. Que les Terriens aient inventé le système capitaliste, qui leur ressemble tant, et que celui-ci ait triomphé en est une preuve. C’est la pensée dialectique, et ses à-coups, qui a triomphé, et l’harmonie - en admettant qu’elle soit possible - n’est pas pour demain.

On nous dit, avec des arguments imparables, que tout peut s’effondrer, et comment, et que c’est pour bientôt. Nous avons encore en mémoire suffisamment d’enfers du 20e siècle et suffisamment de SF (livres et films) pour avoir une idée des mondes d’après l’inéluctable catastrophe majeure.

On nous dit aussi que le monde ne s’est jamais si bien porté : pauvreté extrême, alphabétisation, émancipation des femmes, espérance de vie, tout va mieux.
Ce que la chenille appelle la fin du monde, le Maître l’appelle le papillon, disait Confucius. Il ne faut pas avoir peur des mutations. Il ne faut pas avoir peur tout court. Il faut rejoindre "les hommes de bonne volonté". Et puis, il vaut mieux tout envisager.
On demandait à Mark Twain où il aimerait être le jour de la fin du monde.
"À Cincinnati, répondit-il, on y a toujours vingt ans de retard."

Anne Vignaux-Laurent
 

* Captain Fantastic de Matt Ross (2016).
Ben Cash : Viggo Mortensen.
Sélection Un certain regard au Festival de Cannes 2016
 

 


 



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