Chronique 2017
Anthropocène, le vécu
publié le vendredi 22 décembre 2017


 

Jeune Cinéma en ligne directe
Journal de Ben Cash 2017 : Janvier 2017 (4 & 11 janvier 2017) ; Février 2017 (19 & 26 février 2017) ; Mars 2017 (4, 11 & 31 mars 2017) ; Avril 2017 (22 avril 2017) ; Mai 2017 (3, 15, 21 mai 2017) ; Juin 2017 (4 juin 2017) ; Juillet 2017 (15 & 17 juillet 2017) ; Août 2017 (2, 4, 7, 16, 18 & 31 août 2017) ; Décembre 2017 (3, 12 & 22 décembre 2017).
 

Cf. Chroniques (et vagabondages) de l’Anthropocène (2014-2021).

Cf. aussi :
* Filmographie Anthropocène.
* Bibliographie Anthropocène.


 



Mercredi 4 janvier 2017

 

Que faire après la fin du monde ?
Le monde, mais aussi l’idée de monde, la possibilité d’un monde.


 

Jean-Luc Nancy fait son diagnostic du chaos, dans les Discusssions du soir avec Frédéric Worms, sur France Culture.


 



Mercredi 11 janvier 2017

 

Scoop : La banquise Antarctique est en train de se fissurer et va libérer un énorme iceberg.


 

Nos étrennes de 2017 :

* Plein de documentaires en streaming, pour rester alerté sur la question climatique.

Et des liens utiles :

* Pour suivre la météo et le climat.

* Pour lutter contre le réchauffement.
C’est trop tard, mais il ne faut jamais abandonner.

* Avec une bibliographie.

* Et les dernières actualités brûlantes d’aujourd’hui.



Dimanche 19 février 2017

 

Ce début de 2017 conforme nos angoisses les plus noires : la décennie en cours poursuit sans faiblir la série du réchauffement climatique observé depuis plus d’un siècle, la diminution de la surface des banquises, Arctique et Antarctique, les humeurs de El Niño…

Minimum de blabla, Maximum de musique, disait autrefois Président Rosko, le concurrent de Salut les copains !

Voici le minimum de blabla et le maximum d’images.
C’est très beau, la mort rouge.


 

Les analyses du Monde.



Dimanche 26 février 2017

 

Depuis sa naissance en 1964, Jeune Cinéma, a toujours été une revue engagée, sur le "front culturel", pour "l’éducation populaire", etc., des terrains de lutte ayant tous de longues histoires et de fortes connotations.

Les révolutions étaient trahies ? On est trahi parce qu’on est trahissable.
Fallait faire autrement.


 

Le peuple se trompait ? Jeune Cinéma riait avec Brecht, il fallait juste changer de peuple.
JC continuait son bonhomme de chemin, dans "le refus de parvenir" (on y reviendra), continuait à y croire, comme ceux d’avant, la plupart du temps contre le courant.


 


 

Pour la justice sociale, la décolonisation, la liberté, la solidarité voire la fraternité, la paix dans le monde, un tas de valeurs généreuses issues d’une généalogie occidentale métissée, le christianisme, la république, le socialisme, que le cinéma a toujours superbement propagées.

Pour autant, la revue n’a jamais été "militante" à proprement parler, jamais de consigne de vote, évidemment. Les "cultures", pensées en temps long, se méfient des bricolages politiciens du minuscule court terme et des calculs égoïstes.


 

À cinquante trois ans bientôt, Jeune Cinéma en a forcément vu un peu de toutes les couleurs.
Mais c’était dans cette "belle époque", en France précisément, sans guerre et avec des horizons, où les mini-périodes se succédaient de façon fluide ou avec des à-coups joyeux.

Les années politiques avant et après 68, leurs voyageurs, et leurs pittoresques écologistes "sauvages" des années 70.

La dream team du trader et de la cover girl des années 80.


 

La chute du capitalisme d’État qui avait fait illusion.


 

Tout cela faisait les Unes des volailles qui font l’opinion.
Tout compte fait, chaque décennie, après les horreurs du premier 20e siècle qui s’estompaient, tout cela ressemblait plus à une alternance tranquille qu’à des événements historiques déchirants.

(Hitler connais pas, nous disait déjà Bertrand Blier en 1963.


 

Internet puis le 21e siècle sont arrivés, tout doucement sans faire de bruit, et le capitalisme tout court est devenu la norme sans alternative. On n’avait jamais tant parlé de "démocratie", et seuls ceux qui avaient fait du grec pensaient "oligarchie" ou "ploutocratie", "théocratie", n’en parlons même pas. Il fallait faire des enfants, en tout cas plus que les Barbares à nos portes, on en faisait, avec toutes "les choses" qu’on leur laisserait, ils ne pourraient pas se plaindre.
Des gros types, diplômés extrêmement contents d’eux-mêmes et plus ou moins élus pouvaient se moquer des lanceurs d’alerte qu’étaient les écologistes, qui eux-mêmes, de toute façon, avaient perdu tout sens de l’orientation.

Quelques indignés firent les comptes (l’avant-garde des 99% de la population mondiale), à Zuccotti Park ou à la Puerta del Sol, héritiers naturels de Marx et de quelques hippies hallucinés sans l’aide de Coca Cola, folklore de traine-savates et de poètes. Quelques petits coups de lacrymos et il n’y paraitrait plus.


 


 

Au point que le mot même de "capitalisme" s’était décomplexé, et ne désignait plus celui qui le prononçait comme un dangereux Bolchevik avec couteau entre les dents. Ceci n’est pas un archaïsme humoristique : aujourd’hui, dans nos campagnes, on a encore peur des Bolcheviks et on le dit à la télé.

Les marxistes s’étaient repliés dans le domaine irréprochable et sans danger de la Recherche. Marx, le génial analyste du capitalisme, demeurait pertinent, mais avait été dévitalisé comme une dent. Il ne mordrait plus jamais.

Les petits jeunes énervés, délinquants et/ou "radicalisés" (le mot est très vieux), étaient devenus depuis longtemps des "casseurs". Pour calmer leurs adrénalines de jeunesse, on hésitait entre encadrement et manipulation : prison, service militaire.
Ou mieux : rien. Cette violence si compréhensible - comme tout le reste -, c’était récupérable comme argument spécial télé, et les casses (comme les guerres) ça faisait marcher le commerce. Tout bénéf.


 

La vie continuait, comme toujours, on pensait comme les dindes : Noël, c’est une fête sympa, non ?

Et puis, il y eut une accélération, comme le lait sur le feu qui met du temps à bouillonner, mais déborde en une seconde.


 


 


 

Quand le site de Jeune Cinéma a commencé, en 2014, c’était sous les auspices de Ma’ Joad, et de son syndicaliste de fils. Et les ouragans étaient naturels, ceux de la condition humaine


 

En 2015, sur les révolutions, on avait pris le regard affectueux mais désabusé et ironique du vieux journaliste Old Gringo.

En 2016, on regarda soudain la Nature avec les yeux de la petite Hushpuppy qui s’étonnait de ses bienfaits et de ses menaces.

En 2017, devant la la catastrophe inévitable, on se mit à envisager d’imiter Ben Cash, prenant le maquis pour préserver sa famille.

On n’est encore qu’au début de cette année du Coq de métal.
Vers le milieu de l’année, on aura déjà consommé les ressources planétaires de l’année entière et on vivra à crédit, nous dit l’ONG canadienne Global Footprint Network.
"On" ?
Quelques uns plus que tous les autres.
Que ces quelques uns se rassurent, ils ne perdent rien pour attendre en résistant un peu plus longtemps que les milliards d’autres.

Le chaos terrestre est total, même (toutes) les jungles sont désorganisées.


 

Les vieilles catégories de pensée sont obsolètes. Les lanceurs d’alertes, les géologues matérialistes comme les utopistes ont les jetons. Nous sommes désespérés. Le lait a commencé à bouillir, personne ne sait éteindre le feu. All is lost.

Et puis, non.
C’est pas ce qu’on nous a appris.
Il est sans doute déjà trop tard, mais on ne baisse pas les bras et on commence tout de suite à résister. Et il n’est plus seulement question de dollars.


 

Les idées, prenons-les dans les livres, les classiques identifiés (certains reviennent à Rousseau) et les nouveaux à découvrir.

Dans les vieux pots, les soupes sont pleines d’ingrédients et de recettes recyclables.

Les livres neufs, ils commencent à pulluler et à se rassembler par delà les dissensions. "Ça" s’appellerait l’Anthropocène ou le Capitalocène ? La question est rhétorique : de toute façon, ici et maintenant, pour tout le monde, la machinerie qui nous mène à notre perte est identifiée.


 

Les idées, prenons les dans les programmes de ces humains de bonne volonté qui préfèrent prendre de la hauteur et voir loin, et essayer de planifier la survie de l’espèce s’il est encore temps. Les nains avides de sièges (plutôt que de rester "debout"), en admettant même qu’ils les obtiennent, ne survivront pas beaucoup plus longtemps que nous, même avec leurs avantages annexes.

Changeons notre vision du monde, changeons de paradigme.


 

Ça ne s’appelerait plus Révolution, ça pourrait s’appeler Cycle de Fondation, comme Isaac Asimov le proposait dans les années 40 (du 20e siècle), mais ce serait sur ici, notre Terre, et maintenant, immédiatement.


 

Et puis, après avoir un peu lu, jetons les livres et sortons dans la rue, comme le suggérait Shuji Terayama en 1971.


 


 


 

Les occasions ne vont pas manquer, au cours de ces deux mois à venir.
Que nous obtenions le pouvoir, pour tenter de réussir, ou pas, le travail sera fait et nous serons prêts : dans notre nouveau monde, point de déchet ultime.


 

"Soyons réalistes, faisons l’impossible". Même le Che est recyclable.


 



Samedi 4 mars 2017

 

Dans notre bibliographie Anthropocène, qui s’enrichit, on vous vante un livre-alerte, un petit manuel qui nous dit la vérité, nous fait flipper, mais, du coup, nous pousse à réagir et à prévoir, qui nous booste :


 

En voici une critique par Michel-Pierre Colin sur son blog.

En voici une présentation par le site Docuclimat. : De l’effondrement à venir, des injustices climatiques, de la disparition du vivant, du mouvement en transition et des résistances.



Samedi 11 mars 2017

 

Fukushima : C’était le 11 mars 2011, à 14h46 heure locale, il y a six ans.


 

Au large de l’île de Honshū, la plus grande île de l’archipel du Japon : séisme de magnitude 9, tsunami sur 10 km à l’intérieur des terres et sur 600 km de côtes, nombreuses et fortes répliques pendant des semaines.
Vécus dans tout le Pacifique et suivis dans le monde entier.

Sur cette île, les plus grandes villes (Tokyo, Osaka, Kyoto, Hiroshima...) et même le Mont Fuji.
Et quelques centrales nucléaires (ce qui est quand même extraordinaire dans un pays de séismes).

Ce ne sont pas tant les tremblements de terre et le tsunami qui ont fait des victimes par milliers, mais les dégâts, niveau 7, de la centrale de Fukushima Daiichi.

Les intellectuels et les artistes du monde entier ont réagi : appels à la solidarité, mais aussi à la prise de conscience planétaire. Mais ils n’ont jamais eu de vrai pouvoir, quoiqu’ils en pensent.

Six ans après, la radioactivité continue à contaminer la mer et la terre. Les gigantesques travaux de décontamination entrepris font le spectacle mais sont inefficaces. Pour une idée de la suite, on peut d’ailleurs aller voir du côté de Tchernobyl, son histoire, ses sparadrap. Les sites de documentation ne manquent pas, et on l’évoque dans notre Chronique de l’Anthropocène (au 2 décembre 2016).


 

Le gouvernement japonais (avec son acolyte, le lobby nucléaire) prétend qu’on est revenu à la normale et supprime les indemnités des évacués.
Il compte sur les JO de Tokyo en 2020 et sur la fameuse "croissance", la panacée des Terriens irresponsables pour enfumer les esprits. Qui sont fiers d’annoncer qu’on peut vivre avec la radioactivité, comme avec un des innombrables cancers désormais. Une vie, c’est si court de toute façon.

Alors, au Japon, il paraît qu’aujourd’hui, on se recueille.


 

À Paris, en tout cas, on manifeste à République, à partir de 14h00, puis direction Beaubourg. Avec nos 58 réacteurs français pas très frais, une prochaine catastrophe nucléaire par chez nous, c’est pas de la science-fiction.

Ou si on ne veut pas sortir, on écoute France Culture.


 



Vendredi 31 mars 2017

 

Bon anniversaire à Roy Andersson !

Sa trilogie des vivants est achevée (*), et il paraît qu’il n’y aurait pas de problème pour son prochain film, dont le titre provisoire serait About Endlessness, inspiré des Mille et Une Nuits. Il dit que "ça parlerait du monde d’aujourd’hui, du chaos dans nos têtes, que ça parlerait de l’infini".


 

Il a raison, il faut s’en occuper vite, de l’éternité, car le chaos nouveau pourrait arriver avant un quelconque novembre, avec sa grande nuit.

Mais on préfèrerait qu’il continue aussi à réaliser des commercials, même si ce n’est plus pour financer ses (vrais) films.

* Cf. Roy Andersson, notre contemporain. et Un pigeon…


 


À propos de chaos, ancien ou nouveau, c’est l’occasion de vous parler d’une intéressante transfiguration : les créatures du très mystique Jérôme Bosch en produits dérivés, en trois dimensions extrêmement matérialistes (*)


 


 


 

Décidément, on est bien passé dans l’Anthropocène.


 

* Propositions de Open Culture.



Samedi 22 avril 2017

 

Paraît que c’est LA journée de la Terre.

Et hop une petite pétition pour "contraindre" l’Europe par ci, quelques "astuces" pour préserver la planète par là…

C’est bien les petits, continuez à ce rythme, et vous aurez gagné une place sinon au paradis (dans le ciel), du moins une trajectoire d’étoile morte (dans le grand cosmos). Et au moins, y aura plus de problème de réchauffement.


 

Bonne lecture :

* Andreas Malm, L’Anthropocène contre l’histoire. Le réchauffement climatique à l’ère du capital, Éditions La Fabrique, 2017.

"Du delta du Nil aux cercles polaires, le constat est effrayant : la Terre se réchauffe dans des proportions qui nous mènent aujourd’hui au seuil de la catastrophe. Le concept d’Anthropocène, s’il a le mérite de nommer le problème, peine à identifier les coupables et s’empêtre dans le récit millénaire d’une humanité pyromane.
Or si l’on veut comprendre le réchauffement climatique, ce ne sont pas les archives de "l’espèce humaine" qu’il faut sonder mais celles de l’Empire britannique, pour commencer. On y apprend par exemple que dans les années 1830 la vapeur était, aux mains des capitalistes anglais, un outil redoutable pour discipliner la force de travail et une arme de guerre impérialiste ; on y suit la progression fulgurante de la machine mise au point par James Watt qui supplante en quelques années la force hydraulique – pourtant abondante et moins chère – dans l’industrie textile anglaise.
En puisant dans les sources de l’histoire sociale, ce livre raconte l’avènement du
"capital fossile", ou comment la combustion ininterrompue de charbon a permis de repousser les limites de l’exploitation et du profit.

Il faut couper la mèche qui brûle avant que l’étincelle n’atteigne la dynamite, écrivait Walter Benjamin dans un fragment célèbre, "Avertisseur d’incendie ", où il insistait sur la nécessité d’en finir avec le capitalisme avant qu’il ne s’autodétruise et emporte tout avec lui.
Pour Andreas Malm, on ne peut pas mieux dire l’urgence contemporaine de défaire l’économie fossile par des mesures révolutionnaires."


 

Les penseurs de l’Anthropocène appartiennent à plusieurs tendances, dont celle du "Capitalocène". Andreas Malm appartient à cette tendance.

La bibliographie sur le sujet, toutes tendances confondues ne cesse de s’enrichir, avec des précurseurs innombrables, déjà chez les romantiques des débuts de la révolution industrielle capitaliste (comme Emerson ou Thoreau), de vrais livres, sur papier, qu’on pourra lire encore, après le collapse quand on n’aura plus que ses yeux pour pleurer.



Mercredi 3 mai 2017

 

Et si, en bons Terriens, vieux internationalistes ou apprentis mondialistes, nous regardions un peu plus loin que le bout de nos élections nationales ?

"La question de l’Anthropocène et la lutte contre le réchauffement climatique sont nos seuls agendas universels".

Sur France Culture.

Bonne lecture :

* Cynthia Fleury & Anne Caroline Prevot éds., Le Souci de la nature. Apprendre, inventer, gouverner, CNRS, 2017.


 



Lundi 15 mai 2017

 

La planète entière est devenue l’Ouest sauvage.
Ce sont les crapules qui font la loi, mafias organisées et escrocs prudemment secrets en tous genres, propres sur eux et souvent avec pignon sur rue et voix au chapitre démocratique.


 

Sur terre, les bandits de grands chemins attaquent les diligences et des pirates pas poétiques du tout sillonnent les grands océans informatiques.

S’agit plus des classiques "expropriations" ni de rançons politiquement ciblées.
On est loin des grands anciens, gentlemen cambrioleurs ou braqueurs de banques anarchistes, on est même loin de Mister Robot.
À l’horizon, nul Zorro.
Et elle remonte à la nuit des temps, l’histoire de Mesa Verde avec Miranda le voyou dévoyé et Mallory le révolutionnaire.


 

Ainsi croît et s’épanouit la couche humaine, contaminée et entropique, une des croûtes terrestres de l’Anthropocène, accélérant lentement mais sûrement.

Dans ce chaos qui gagne, la police enquête.

D’autres ont une plus longue vision et de plus lourdes tâches.
Certains font croire que ce monde leur appartient, qu’aucun des mystères ne les dépassent, et qu’ils peuvent les organiser.

D’autres résistent humblement mais obstinément. Faut bien prendre les choses par un bout, il y a des urgences, car pendant ce temps, ça réchauffe grave.

C’est dans une galerie d’art, lieu pacifique par excellence (avec les librairires et les bibliothèques, les cinémas et les théâtres, les salles de concert) qu’on est à la juste place pour résister.
Ces lieux seront sacrifiés les premiers.
Mais ils renaîtront les premiers.

* À 20h00 : Face à l’urgence climatique, la planification écologique.
Conférence débat avec Martine Billard.


 

Galerie Le bon petit Diable, 43 boulevard Arago, 75013 Paris.



Dimanche 21 mai 2017

 

Le festival de Cannes 2017, 70e édition, bat son plein, dans la rue au ras du bitume, comme chez les heureux du monde.
Le présent étincelle, donc aveugle.


 


 


 

Un flash back :

C’est pas pour assombrir la journée et les avant-scènes étincelants, donc aveuglants, qui se multiplient, mais un petit signe aux douloureux passés n’est jamais inutile.
Question de prudence aussi : quand les succès humains sont trop visibles, les dieux sont toujours jaloux.

Nous n’oublions pas qu’il y a 100 ans, entre le 20 mai et le 10 juin 1917, les mutineries dans l’armée française (mais aussi dans l’armée allemande) ont connu leur paroxysme, après la boucherie du Chemin des dames.

Nous n’oublions ni les boucheries ni les fusillés pour l’exemple.


 


 

Nous voulons croire, envers et contre tout, que les bonnes mémoires, tôt ou tard, vont servir à quelque chose, vers un avenir radieux.


Et quelques flash forward :

Le New York Times du 19 mai 2017 titre : The risk is clear. Antarctica’s collapse could threaten coastal cities everywhere, New York and Shanghai included.


 


 

Le site Notre planète évoque l’Australien Frank Fenner (1914-2010) et l’Anglais Stephen Hawking (né en 1942), deux scientifiques respectés ayant désormais perdu tout espoir dans la survie de l’humanité.

Tous les nouveaux fléaux réunis deviennent inéluctables dans un avenir proche : guerre nucléaire, pandémie suite à l’apparition d’un virus génétiquement modifié, domination de l’espèce humaine par l’intelligence artificielle, épuisement des ressources de la planète incapables de satisfaire une croissance démographique effrénée.

On pense à la Loi de Murphy, citée dans Interstellar de Christopher Nolan (2014) : "Tout ce qui peut arriver arrivera".


 

En attendant Nadeau, dans sa prochaine édition, nous parle du livre de Chrìstos Ikonòmou, Le salut viendra de la mer, traduit du grec par Michel Volkovitch, Éditions Quidam (2017).


 

On se souvient de Bourek de Vladan Nikolic (2015).

Oui la Grèce, un retour aux sources, pour attendre la fin ou trouver la renaissance, qui sait, c’est une belle idée.


 

Et puis, un beau dimanche de printemps presque comme d’autres, on redécouvre un film extraordinaire, le premier film de l’immense Len Lye, alias Leonard Charles Huia Lye (1901-1980).

Il était néo-zélandais, il s’inspirait des Aborigènes, traversés par le Tjukurrpa (le temps du rêve), qui en savaient long sur le monde, et dont on a détruit le savoir.

C’est Tusalava (1929) qui redécouvre la naissance du monde.
Et sa fin.


 

Car tout ce qui a un début a une fin, postulat basique du paradigme Éternité.



Dimanche 4 juin 2017

 

On revient, au delà des soucis personnels, et des inquiétudes politiques, à la confrontation principale : l’avenir de l’humanité.

Bonne lecture :

* Serge Audier, La Société écologique et ses ennemis. Pour une histoire alternative de l’émancipation, La Découverte (2017).


 

Lire un extrait.


Parce que c’est pas fameux.
Qu’ill n’y ait plus jamais de neiges sur le Kilimandjaro, on s’en fout un peu, car y a désormais infiniment plus urgent. Il vaut mieux regarder en face que faire l’autruche.

On a vu le dernier Al Gore à Cannes 2017, An Inconvenient Sequel,
Le vieux lion a vieilli, et le fringant lanceur d’alerte nobélisé trahit sa fatigue.


 

Son film fait suite à An Inconvenient Truth (2005), grand succès, super spectacle - quoi de plus épatant que les grandes catastrophes ? - et parfaite inutilité du cri d’alarme. Le spectateur, par définition, est hors sol.


 

La bibliographie s’étoffe.
La filmographie est en cours.

Le 2 juin 2017, Médiapart titrait "Requiem pour une planète en surchauffe", un article de Michel de Pracontal.

Il se termine ainsi :

"[Même en imaginant que les États prennent des mesures beaucoup plus sévères que celles qu’ils prennent effectivement, le choix de la cible des 2 °C n’est plus réaliste aujourd’hui]… Il restera la possibilité de s’installer au pôle sud. Selon des observations rapportées dans Science, l’Antarctique, l’endroit le plus glacial de la planète, pourrait devenir vert. Le continent est en train de se recouvrir d’une couche de mousse qui augmente de 3 mm par an, et des forêts pourraient finir par y pousser, comme au Crétacé, du temps des dinosaures. Peut-être est-ce à ce monde-là qu’aspire Donald Trump."


 



Samedi 15 juillet 2017

 

Bon week-end avec un cadeau de notre ami Stéphane Emmadjian.


 

* Télé Léthé de Philippe Welsh (2014).

Texte dit par Anne Alvaro, Gillian Cavan Lynch, Denis Lavant, Arnaud Simon.

Ce film est inspiré d’un ouvrage passé inaperçu : La Vie sur Terre de Baudouin de Bodinat (1996).


 

Ce qui nous entraîne aux sources :

L’Encyclopédie des nuisances aka Dictionnaire de la déraison dans les arts, les sciences et les métiers (15 fascicules entre 1984 et 1992) est une revue fondée par Jaime Semprun, dont la collection complète est disponible en version numérisée.

La revue s’est prolongée ensuite avec une maison d’édition : les Éditions de l’Encyclopédie des nuisances.


 

Bonnes lectures :

* Baudouin de Bodinat, La Vie sur Terre. Réflexions sur le peu d’avenir que contient le temps où nous sommes, 2 tomes, Editions de l’Encyclopédie des nuisances, 1996 & 1999.

* René Riesel, Remarques sur l’agriculture génétiquement
modifiée et la dégradation des espèces,
Éditions de l’Encyclopédie des nuisances, 1999.

* Jean-Marc Mandosio, Après l’effondrement. Notes sur l’utopie néotechnologique, Éditions de l’Encyclopédie des nuisances, 2000.

* Marcel Leglou, "La Société industrielle comme extermination", À Contretemps, n°2. avril 2001.

* Christian Adam, Réflexions sur le peu de joie de vivre que contient la Terre où nous sommes (2009).

Bonus :
On découvre ensemble le site Apophtegme, "le site des amoureux, des artistes et des curieux", où, à première vue, il y a de tout.
Va falloir voir ça de plus près, et, sans doute, être sélectif.



Lundi 17 juillet 2017

 

Et puis l’été, le monde ralentit, alors on prend le temps, celui des idées comme celui de la vie quotidienne.
On apprend ce qui va nous être très utile, ce savoir des "bonnes femmes" et des bricoleurs, des pauvres intelligents du vaste monde, pour ne rien faire dans l’urgence quand le temps sera venu.
On lit de vrais livres sur papier, par exemple trois usuels de la revue Techniques et culture.

* Thomas Golsenne & Patricia Ribault éds., "Essais de Bricologie", Techniques et culture n°64, Éditions de l’EHESS, 2015.


 

* Frédéric Joulian, Yann-Philippe Tastevin & Jamie Furniss éds., "Réparer le monde", Techniques et culture n°65-66, Éditions de l’EHESS, 2016.


 

* Emmanuel Grimaud, Denis Vidal & Yann Philippe Tastevin éds., "Low tech ? Wild tech !", Techniques et culture n°67, Éditions de l’EHESS, 2017.


 

On avait, depuis longtemps, quitté la High Tech, on en était resté à la Low Tech.
Voici la Wild Tech.



Mercredi 2 août 2017

 

Voici le Jour du dépassement mondial de 2017, ce 2 août.
Ça commence à se savoir, c’est la première année que toutes les gazettes non spécialisées, des plus nationales aux plus locales, en font un grand titre.

À partir d’aujourd’hui, la planète vit à crédit puisque l’humanité a déjà consommé l’ensemble des ressources qu’elle peut renouveler en une année.

Bonne nouvelle : Calculé depuis 1986 par le Global Footprint Network, le Earth Overshoot Day arrive moins vite dans le calendrier depuis les six dernières années.
Mais il continue inexorablement à avancer.
L’an dernier, c’était le lundi 8 août 2016.
En 2015, c’était le 13 août, en 2008, c’était le 23 septembre, etc.


 

On peut le dire autrement : À ce jour, il faudrait à l’humanité, 1,7 planète pour maintenir son train de vie.

Inutile de préciser que "l’humanité", en l’occurrence, est un terme un peu vague qui a bon dos.

Entre la réfugiée du Soudan du Sud, le Texan WASP qui, pour avoir un feu dans sa cheminée, tellement romantique, met à fond sa clim alors que, dehors, il fait de plus en plus chaud, l’ancien baba qui a tenu jusqu’à nos jours en Lozère grace à ses fromages non pasteurisés, le fermier du Sud-Ouest du Bangladesh, et tous les bobos de Montrouge à Soho, en passant par Daikanyama et par le Village, sans compter les simili-responsables que sont les politiques de tous pays, il y a quelques nuances, aussi bien sur leurs taux de consommation actuels que sur leurs avenirs, à court ou moyen terme, ne parlons pas de leur niveau de conscience et (donc) de culpabilité.


 

Les rêveurs de justice immanente peuvent même imaginer que le Texan ne saura pas survivre quand Internet et l’électricité vont disjoncter alors que le fermier bengali saura se débrouiller un temps.

Comme une sorte de Quiz de vacances, vous pouvez calculer votre propre Overshoot Day.

Les ONG s’affichent optimistes, et déclarent à l’unisson qu’il est possible d’inverser la tendance. Leur rôle n’est évidememnt pas de désespérer quiconque.

WWF propose des solutions individuelles de limitation de son empreinte écologique.

Le meilleur des mondes en somme, habité par des hommes de bonne volonté.
En route pour le rétablissement de la croissance, nous dit-on.


 



Vendredi 4 août 2017

 

En préambule, un accéléré des dernières décennies


 

Bonnes lectures :

* Pierre Musso, "De la réforme grégorienne à la Silicon Valley. Et l’industrie naquit dans les monastères", Monde Diplomatique n° 760 de juillet 2017.

* Lionel Shriver, Les Mandible. Une famile (2029-2046), Éditions Belfond, 2017.


 

Et puis quelques nouvelles du grand désordre qui s’installe.

II. La montée des eaux.

Les cités englouties, les civilisations disparues, partout dans le monde, l’humanité connaît et s’en délecte.

Plus près de nous, Dahut la belle débauchée aux cheveux de cuivre et sa bonne ville d’Ys sont dans nos mémoires. Parfois, on entend encore ses cloches sonner, les soirs de mélancolie dans la baie des Trépassés.


 

Mais quand Miami et La Nouvelle Orléans auront coulé, il n’y aura plus grand monde pour en écrire et en propager la légende. On sera trop occupé à écoper ailleurs.


 

* L’Afrique du Sud tarde à se protéger contre les eaux.
Chaque année, la mer s’élève en moyenne de 2 millimètres partout dans le monde. Les données relatives à l’Afrique du Sud indiquent que cette hausse y sera bien supérieure. Des millions de personnes perdront leur maison. Pourtant, à ce jour, Le Cap est la seule ville à avoir mis en œuvre des mesures préventives.

* La capitale des Philippines s’enfonce sous les eaux.
Les dix villes les plus touchées par l’élévation du niveau de la mer se trouvent en Asie. À Manille, capitale des Philippines, il est supérieur de 80 centimètres à celui d’il y a 50 ans. Le changement climatique est une réelle menace pour la métropole, ses 9 millions d’habitants et sa multitude de villes côtières.

* Au Bangladesh, l’augmentation du taux de salinité met à mal l’agriculture.
Le Bangladesh sera l’une des zones les plus durement touchées par l’élévation des océans. En première ligne : les îles artificielles du golfe du Bengale, bâties par le gouvernement bangladais dans le but de créer des terres cultivables pour nourrir la population croissante du pays.


 

* Dans le New Jersey, les gouttes de trop pour les raffineries.
Les raffineries situées sur la côte du New Jersey risquent la paralysie. Non pas à cause des fréquentes tempêtes mais du fait de l’effondrement du littoral combiné à l’inexorable montée de l’océan Atlantique. Problème : les compagnies pétrolières n’ont pas prévu de plan B si leurs installations venaient à être envahies par la mer.

* En Amérique du Nord, les inondations grèvent le budget de grandes villes.
La côte Est des États-Unis est particulièrement menacée par le changement climatique : d’une part, la mer monte inexorablement ; de l’autre, les sols s’affaissent à de nombreux endroits. Des chercheurs ont montré que les coûts cumulés des dégâts provoqués par les inondations mineures dans les grandes villes pourraient être supérieurs à ceux consécutifs à des intempéries extrêmes et rares.

* Face à la montée des eaux, l’Europe ne pourra pas protéger tous ses citoyens.
À première vue, l’Europe semble mieux préparée à une élévation du niveau de la mer que la plupart des autres régions du monde. Il n’empêche que les riverains des mers du Vieux Continent devront eux aussi s’adapter, et notamment dans les zones plus faiblement peuplées.


 

II. Ou l’inverse : la montée des terres.

* Dans les pays nordiques, la terre s’élève plus vite que la mer.
Voici un phénomène qui a de quoi surprendre. Alors que le niveau des mers monte presque partout dans le monde, il est en baisse en Scandinavie, au Groenland et, plus récemment, en Islande : les terres s’élèvent en raison de la fonte de glaciers et, donc, de la disparition du poids colossal de ces masses de glace.


 

III. La montée des températures.

Les déserts, partout dans le monde, l’humanité connaît.
Ce sont des lieux sublimes, poétiques, célébrés.


 

Mais, quand ils vont avancer à toute allure, où seront alors Kessel, Frison-Roche, Loti, Le Clézio, Monod, Lhote, Sepulveda et leurs descendants spirituels ?


 

* En trente ans, le réchauffement climatique a doublé les feux de forêt aux États-Unis.
L’augmentation des températures est responsable de la perte cumulée de 40 000 kilomètres carrés de surfaces forestières dans le pays depuis 1984.


 

* L’Asie du Sud pourrait devenir inhabitable d’ici à 2100.
Les auteurs d’une étude ont constaté que sans réduction des émissions de dioxyde de carbone, les températures médianes de chaleur humide approcheront en été les 35 °C.

* D’ici à 2100, deux Européens sur trois seront affectés par des catastrophes climatiques.
Une nouvelle étude estime à 152 000 par an le nombre de morts qui seront liées au réchauffement d’ici à la fin du siècle. Les populations du sud de l’Europe seront les plus touchées.

* La France pourrait connaître des pics de chaleur à 50°C à la fin du siècle.
Selon une modélisation de chercheurs français, en 2100, les températures maximales pourraient dépasser de 6 à 13 °C les records historiques.


 



Lundi 7 août 2017

 

Pleine lune à 18h11, temps universel et 20h11, heure française.


 

Éclipse aussi.
Ce soir, la Terre, le soleil et la lune vont gentiment s’aligner un moment.
Éclipse de lune partielle, visible à partir de 19h23 et jusqu’à 21h18, avec apogée vers 20h20. Il vaut mieux ne pas être en ville, et il faut regarder vers l’Est. Mais ça ressemblera plutôt à une lune voilée.


 

La prochaine éclipse, c’est celle du soleil, le 21 août 2017, et elle sera plus spectaculaire : obscurité totale en pleine journée. Elle sera visible aux États-Unis, dans 14 états, de l’Oregon à la Caroline du Sud.


 

Les Terriens du 21e siècle après JC, seront sur le pont, chercheurs, amateurs, eschatologues et prophètes, pour observer le phénomène céleste.

En quête d’informations sur le devenir de l’univers, y cherchant leurs places.


 


 

Oubliant quelques minutes les phénomènes terrestres et humains, se souvenant un instant qu’ils appartiennent, corps, âmes et artefacts enracinés dans le sol, à leur planète.


 

Regrettant peut-être les anciennes terreurs sacrées qui les faisaient humbles mais vivants.


 

Incapables, désormais, de distinguer "nature" et "culture".


 



Mercredi 16 août 2017

 

Sous le ripolin des chansons et des pubs des heureux du monde, le vrai monde va très mal.

Les manières d’aborder la question, de l’étudier et d’envisager des actions sont diverses (et complémentaires).
Plus le temps passe, pllus la planète vieillit, plus l’histoire des sciences progresse, et plus il semble impossible que la recherche en sciences humaines et sociales reste neutre et en surplomb.

Notre amie, la chercheuse norvégienne Evelyn Lindner, a choisi un angle d’attaque psycho-social interdisciplinaire.

Son groupe de recherche s’appelle Human Dignity and Humiliation Studies (HumanDHS).

Aujourd’hui commence, à Indore, dans l’état de Madhya Pradesh au centre de l’Inde, sa 29e Conférence internationale annuelle, Dignity in Times of Globalization (16-19 août 2017).

HumanDHS dans le monde.


 

Prochaine rencontre : l’atelier annuel à l’Université Columbia de New York, Workshop on Transforming Humiliation and Violent Conflict (7-8 décembre 2017).

Rejoindre cette communauté d’universitaires et intellectuels, à la fois doux rêveurs, sentinelles engagées des droits humains et témoins obstinés.


 



Vendredi 18 août 2017

 

Bon anniversaire à Robert Redford (né le 18 août 1936).

Il négocie bien son tournant des 80 ans qu’il a commencé l’an dernier.

Il est le créateur, en 1985, du Sundance Festival, à Park City, Utah, devenu le premier festival de cinéma indépendant, qui ne s’est jamais si bien porté.

Il est aussi membre honoraire de Green Cross International. et militant écologique. Optimiste.

I think the environment should be put in the category of our national security.
Defense of our resources is just as important as defense abroad.
Otherwise what is there to defend ?


 

Jeremiah Johnson ne s’est jamais renié.



Jeudi 31 août 2017

 

Quelques nouvelles du front :

* La myopie progresse depuis une dizaine d’années, chez des enfants de plus en plus jeunes, et cela dans le monde entier. Par exemple, 81% des Taïwanais de 15 ans sont myopes. C’est le constat que font plusieurs études internationales, notamment canadiennes.
Le Monde nous alertait sur ce phénomène dès 2012.
L’info parvient désormais à tout le monde.


 

Les jeunes regardent leurs écrans de plus en plus près, leur vue s’adapte.
De loin, ils voient de moins en moins bien.

C’est ce qui arrive aux prisonniers aux longues peines, dont le regard ne s’échappe jamais de leur mur vers les vastes horizons. Maintenant, c’est aux nouvelles générations libres que ça arrive.

Gymnastique hygiénique proposée aux heureux du monde : aller contempler la mer tous les jours deux heures. Pour les pauvres, suffit qu’ils attendent que l’océan vienne à eux.


 

En attendant, tout une société à courte vue et à minuscules proximités, dans l’espace donc dans le temps donc dans l’esprit, est en train de se mettre en place.


 

* Daniel Schneidermann dans son Neuf-Quinze de mercredi 30 août 2017 (Arrêt sur images), lui, prend de la hauteur et de la distance :

"Il faut imaginer des chercheurs du prochain siècle. Ou au moins des chercheurs des zones rescapées de la catastrophe. Il faut imaginer qu’ils se penchent sur les récits et les analyses en temps réel des mini-catastrophes annonciatrices, au début du 21e siècle. Par exemple la tempête Harvey, au Texas, à la fin de l’été 2017."

… Ils découvriront le promoteur promu président, accompagné de sa first lady en hauts talons, tout en empathie climatosceptique, haranguant quelques sinistrés.


 

Qui finiront pas savoir, eux, que Harvey ne venait pas de nulle part.

Bonne lecture :

* Naomi Klein, This Changes Everything : Capitalism vs. the Climate, Ed. Simon & Schuster, 2014. Tout peut changer : Capitalisme et changement climatique, Traduction de Geneviève Boulanger, Actes Sud (2015).
 


 

* À Houston toujours, les fourmis rouges s’organisent.
Elles survivront.

Maurice Maeterlinck nous a appris qu’il n’existe pas de fourmi solitaire.


 

Et que, dans l’ensemble, elles sont organisées, courtoises et altruistes.


 

À nous autres humains d’en prendre de la graine, pour les prochains ouragans sur d’autres côtes.
Nous sommes suffisamment nombreux sur Terre, maintenant, pour apprendre à grouiller convenablement, en bon ordre de marche.


 


 



Dimanche 3 décembre 2017

 

Réchauffement climatique, démographie, heure de vérité de la planète : France Culture s’engage.

On écoute.

* Urgence climatique.


 

* Démographie.


 


On peut lire aussi.

* Pablo Servigne & Raphaël Stevens, Comment tout peut s’effondrer. Petit manuel de collapsologie à l’usage des générations présentes, Paris, Seuil, 2015.

Les jeux sont faits.
Le temps n’est plus au déni, il faut regarder l’avenir en face, et organiser la survie.


 

* Bruno Latour, Où atterrir ? Comment s’orienter en politique, Paris, La Découverte, 2017.

Compléments d’infos :

* Joseph Confavreux, "Bruno Latour diagnostique un atterrissage compliqué pour l’humanité", Médiapart, 1er décembre 2017.

* Benoît Bréville, "Grandes villes et bons sentiments", Monde Diplomatique de novembre 2017.

Les jeux sont faits.
Ceux qui veulent le pouvoir comme ceux qui y parviennent ne sont pas dans le déni, ils le savent parfaitement. Même plus la peine de faire semblant, la survie ne sera pas pour tout le monde.
Que faire ? Les terrestres doivent prendre conscience et négocier un pré-carré, à redéfinir entre le local et le mondial. Et qu’on n’anticipe pas un processus à inventer en amalgamant la négo et la collabo.


 

* Pablo Servigne & Gauthier Chapelle, L’Entraide. L’autre loi de la jungle, Paris, Les Liens qui libèrent, 2017.

Les jeux sont faits, mais tout n’est pas perdu.
Dans le danger, dans tous les systèmes vivants, de la bactérie à l’humain en passant par les arbres, l’entraide est naturelle, l’échange est instinctif.
"Rien n’est solitaire, tout est solidaire" disait le père Hugo.


 

La compétition n’est pas la seule loi de la jungle.


 

Cf. aussi le glorieux ancêtre de la notion :

* Pierre Kropotkine, Mutual Aid : A Factor of Evolution (L’Entraide, un facteur de l’évolution), Londres, 1902. Première traduction française, Hachette, 1904. Et depuis lors d’innombrables rééditions.


 


 


 

Cf. aussi l’inoxydable :

* Marcel Mauss, Essai sur le don : Forme et raison de l’échange dans les sociétés archaïques, in Sociologie et Anthropologie, précédé d’une "Introduction à l’œuvre de Marcel Mauss" par Claude Lévi-Strauss, PUF, 1960.
Lisible gratuitement en ligne.


 


 


 

Pour ceux qui arrivent à tout lire :

* Une bibliographie.


 



Mardi 12 décembre 2017

 

COP 23, One Planet Summit, et finances vertes, c’est nouveau, c’est moderne, ça vient de sortir. Médiatisation à tout crin.

Devant le déluge de la médiatisation, il faut discerner ce qui relève du "brassage et de l’occupation du temps d’antenne" et "ce qui est du domaine de l’avancée concrète, où on est terriblement en retard". "Car ce n’est pas en multipliant les sommets qu’on agira sur le réchauffement climatique".


 

Les climatosceptiques, on en a eu en France. On se souvient du pathétique Claude Allègre. En Amérique du Nord, ils refleurissent avec l’écume Trump, mais les Américains normaux connectés, pas seulement new yorkais ou californiens, commencent à être impressionnés par les simples faits : les sécheresses et les incendies infernaux du Sud-Ouest de leurs États pas si unis que ça, par exemple.

Il ne faut pas se faire d’illusion : les vrais "climatosceptiques" sont les politiques des pays qui ont des énergies fossiles en sous-sol. C’est pas une question de croyance mais de géo-stratégie cynique, c’est chacun selon ses intérêts locaux. La "mondialisation", la vision planétaire, c’est très bien quand ça ne contrarie pas les intérêts de son pré-carré.


 


 

France Culture a invité ce matin Agnès Sinaï et Christian de Perthuis, pour répondre à une question : La lutte contre le réchauffement climatique et la croissance économique pourraient-ils former un couple durable ?

Ils sont d’accord :

* La priorité est de sortir du carbone, donc des énergies fossiles, et ça urge.

* La sobriété énergétique est devenue une nécessité de survie.

* C’est impossible en l’état actuel du libéralisme sauvage. Il faut l’intervention des États. La création d’une nouvelle institution internationale multilatérale pour gérer le stock d’énergies fossiles et le répartir de manière équitable serait une bonne idée.


 

Mais :

Christian de Perthuis ne croit pas un instant au volontarisme des entreprises, même innovantes. On choisit la ferme solaire parce qu’elle est moins chère que la centrale nucléaire, c’est la seule raison. La transition verte a déjà commencé, à l’intérieur du capitalisme. L’outil efficace serait donc la tarification du prix du CO2 suivi d’une taxe le plus en amont possible : le charbon, le pétrole et le gaz.

Agnès Sinaï pense qu’une transition énergétique n’est pas compatible avec la "croissance" qui demeure l’objectif. Par exemple, remplacer le pétrole par l’électricité ne fait que déplacer le problème vers le nucléaire avec ses problèmes imminents. Dans le modèle sociétal actuel, rien n’oblige à ce que cette transition soit équitable, or les inégalités contribuent à complexifier les problématiques. Il faudrait des politiques de rupture et un objectif de décroissance progressive commun.

Tous deux supposent des accords multilatéraux entre les États de la planète, des entreprises de bonne volonté, et une conscience commune de Terriens.
On n’est pas rendu.

On se fait sa propre opinion, en les écoutant sur France Culture.


 

On se souvient aussi de l’émission de Arte en 2015, au moment de la COP21.
La Terre n’est pas un don de nos parents, mais un prêt de nos enfants, vieux diction indien.


 


 


 

Bonne lectures :

* Agnès Sinaï, éd., Penser la décroissance. Politiques de l’anthropocène, Paris, Presses de Sciences Po, 2013.


 

* Christian de Perthuis & Raphaël Trotignon, Le Climat, à quel prix ? La négociation climatique, Paris, Odile Jacob, 2013.


 

* Sandrine Feydel & Christophe Bonneuil, Prédation. Nature, le nouvel Eldorado de la finance, Paris, La Découverte, 2015.


 

On va de nouveau consulter la bibliographie Anthropocène qui s’étoffe de façon quasi-exponentielle.
Plein de livres-alertes, à lire à la chandelle, après l’éclatement de la prochaine bulle financière verte. Quand on aura enfin le temps.



Vendredi 22 décembre 2017

 

C’est pas pour assombrir ces jours heureux, forcément heureux, qui s’annoncent pour tous les petits Occidentaux, et ceux qui les suivent, mais on a de mauvaises nouvelles.

La dernière : Jakarta, Java, est en train de sombrer.
C’est les Américains eux-mêmes qui l’annoncent, via le New York Times.


 

La ville - près de 30 millions d’habitants -, qui s’étend le long du fleuve Ciliwung, sur l’île de Java, est inondée régulièrement, en janvier et février, saison des pluies sous cette latitude, par l’entrelacs de ses canaux et de ses cours d’eau pollués. Là, en 2017, ça a commencé en décembre, une effroyable tempête a transformé les rues en torrents.
La mer montera pour toutes les villes côtières, mais Jakarta s’enfonce plus vite que les autres pour des raisons géographiques et sociales spécifiques. En 2013, la ville s’enfonçait de 20 cm par an. Environ 40% de Jakarta se trouve aujourd’hui sous le niveau de la mer.


 


 

Réchauffement climatique, déforestation, développement et pratiques sans contrôle ni coordination, constructions désordonnées, conflits ethniques, pollution, corruption - ça s’appelle la croissance -, les humains, ignorants et divisés, font leurs sales boulots individuels chacun dans son coin, partout dans le monde.
Jakarta pourrait être la première à sombrer, sans eau potable pour autant.


 

En 2014, pour bloquer la marée, on a commencé à construire un mur de protection de 35 km, de sept mètres de haut et de 18 mètres sous l’eau.
Mais ce mur, cette "falaise noire", fuit, et puis, il coulera aussi, d’ici 2030.
On envisageait de compléter avec une digue massive fermant complètement la baie de Jakarta, et créant ainsi un nouveau quartier.
À la réflexion, le gouvernement hésite. Il faudrait d’abord nettoyer les rivières et les canaux, car une digue transformerait la baie en un gigantesque cloaque.
Depuis Sisyphe, les Terriens apprennent assez lentement.


 

Les spécialistes lui donnent dix ans pas plus plutôt moins, à Jakarta, pour tenter de stopper, grâce à un plan d’innovation urbaine ambitieux, le naufrage du Nord de la ville, ses gratte-ciels et ses bidonvilles, ses centrales électriques et ses centres commerciaux, et ses millions d’habitants.

Tokyo y est bien parvenue, qui était dans une situation analogue après le Seconde Guerre mondiale. On ne sait jamais, le pire n’est pas toujours sûr.

Sinon, il y a longtemps que les Terriens savent ce que c’est qu’une ville engloutie, et qu’en bons alchimistes, ils en font des légendes.




 



D’année en année :

* L’année 2014 ; * L’année 2015 ; * L’année 2016 ; * L’année 2017 ; * L’année 2018 ; * L’année 2019 ; * L’année 2020


 



Revue Jeune Cinéma - Mentions Légales et Contacts