2020 : Journal de Abla 2020
* Abla-édito 2020 ; * 1er-15 janvier 2020 ; * 16-31 janvier 2020 ; * 1er-15 février 2020 ; * 18-29 février 2020 ; * 2-13 mars 2020 ; * 14-31 mars 2020 ; * 1er-15 avril 2020 ; * 16-30 avril 2020 ; * 1er-15 mai 2020 ; * 16-31 mai 2020 ; * 2-15 juin 2020 ; * 16-30 juin 2020 ; * 1er-11 juillet 2020 ; * 15-29 juillet 2020 ; * 1er-15 août 2020 ; * 17-29 août 2020 ; * 1er-15 septembre 2020 ; * 16-30 septembre 2020 ; * 1er-15 octobre 2020 ; * 16-31 octobre 2020 ; * 2-14 novembre 2020 ; * 17-30 novembre 2020 * 1er-12 décembre 2020 * 16-31 décembre 2020
(16-31 décembre 2020)
JEUNE CINÉMA VOUS SOUHAITE UNE BONNE ANNÉE 2021.
Merci à Marie Rioux, pour son Demain (2018)
Dernier jour de l’année 2020 en attendant demain le premier jour du reste de nos vies.
Pour ce passage de calendrier, devenu planétaire, censé être optimiste et joyeux, parfois surjoué, comme au cours des guerres, l’ambiance du monde est très moyenne.
Dans quelle villes, y aura-t-il les fêtes collectives habituelles, s’interroge Euronews ?
D’habitude, c’est Sydney qui ouvre le bal au dessus de son opéra.
On peut voir ça en direct, comme les Australiens eux-mêmes, de leur balcons.
À New York, Metrograph a carrément programmé Melancholia de Lars von Trier (2011) (30 décembre 2020-5 janvier 2021).
Les 20 premières années du 20e siècle vues par National Geographic
Ça commence par un éléphant du Gabon (©Nick Nichols en 2000).
Et ça finit par un mémorial à Georges Floyd (©Kris Graves en 2020).
Et puis, pour ce jour particulier, on attendait un film expérimental extraordinaire, le projet de Anders Weberg, Ambiancé de 720 heures.
Nous étions restés en contact avec lui, au début il nous informait de l’avancée de son projet, les échanges se sont espacés, il a fini par se taire. Dernières nouvelles.
Apparemment, il a renoncé depuis quelques années déjà.
On se contentera donc de la bande annonce, qui dure quand même 7 heures.
* Ambiancé de Anders Weberg (2010-2020)
Il ne reste plus qu’à se torcher la gueule comme on peut, de façon privée, avec ce qu’on a pu se payer.
Pour les nantis, le champagne, c’est bien, le bon bourbon, le bon whisky et la bonne vodka aussi, le gin, hélas, ça laisse des traces le lendemain, dans la tête surtout.
Et ne parlons pas de l’absinthe.
Mais les produits d’échappées demeurent nombreux sur Terre, et variables selon les corps, les esprits, les régions, et les positions sociales. Les ressources anesthésiques des esprits humains sont inépuisables, surtout dans le malheur.
On souhaite à tous, cette nuit, le meilleur passage possible, moralement et physiquement.
Aujourd’hui, ce qu’on célèbre, ce n’est ni l’invention du cinéma, ni l’art, ni la technique, ni l’industrie, ni même la première projection devant des gens rassemblés (savants ou amis).
C’est quelque chose de bien plus subtil, les 125 ans de l’idée des frères Lumière, la "salle de cinéma", ouverte à tous et payante.
Car il ne s’agit pas seulement d’une idée de commerçant, ni d’un fait social anodin, mais d’une étape de civilisation, aussi importante que la naissance du théâtre.
Cela s’est passé le 28 décembre 1895 au Salon indien du Grand Café, boulevard des Capucines à Paris, dans le quartier des illusionnistes et des magiciens. C’était un samedi, le premier soir, il n’y eut que 33 spectateurs. Mais les Parisiens savaient se parler, et très vite, les jours suivants, on s’y pressa.
L’Institut Lumière nous offre le programme de cette première séance.
Dans ses débuts, le théâtre avait partie liée avec la religion, le dithyrambe y célébrait Dionysos. Les spectateurs étaient placés selon leur rang social, avec des places réservées dans les premiers rangs pour les sénateurs et les hauts magistrats. Les citoyens ordinaires étaient placés dans les rangs intermédiaires, les étrangers et les femmes dans les rangs du haut, il semble que même les esclaves étaient admis, mais au "poulailler".
Le Salon indien, lui, était petit, pas de meilleure place réservée. Ça coûtait 1,02 franc.
Il a été reconstitué à l’expo Lumière ! Le cinéma inventé du Grand Palais (26 mars-14 juin 2015).
N.B. L’exposition a circulé depuis 2015. Ces derniers temps, elle a été prolongée, puis annulée au Palais Lumière à Évian.
La suite, on la connaît, des commencements hésitants, de grands artistes, une irrésistible ascension, des pianistes puis le passage au parlant, et la période particulière de la fervente "cinéphilie historique" des années 60, qui ressemblait assez à une affaire religieuse, et où on payait 1, 01 franc à Chaillot.
Les salles de cinéma se répandaient dans tout le pays, avec des variations de toutes sortes, des balcons ou pas, des entr’actes, des attractions, des esquimaux et des ouvreuses, des permanentes et des spécialisées, des art-et-essai, avec, pas loin, compagnons de route, les ciné-clubs et les cinémathèques. Et la télévision.
Ces salles étaient les plus démocratiques et laïques qui soient. À Noël, on y allait à la place de la messe. Parfois il y avait des débats, mais on pouvait aussi - surtout - y rester anonyme et savourer les films en parfait solitaire, gêné, parfois, par la grosse tête du devant ou les pieds qui puent du voisin. Si, la salle n’était pas complète, on changeait de place en maugréant et tout allait bien.
Les salles de cinéma naissaient, elles étaient détruites aussi, elles se modernisaient, les multiplexes les remplacèrent. Une nostalgie s’installa, qui enrichissait une histoire dont on acceptait l’évolution. Des groupes se formaient qui rassemblaient les précieuses archives, pour une histoire qui continuait.
Au cours de cette année 2020, avec la fermeture de ces salles par deux fois (et on ne sait rien de la suite) où on a survécu avec d’autres habitudes, on a découvert que l’histoire des salles de cinéma n’était rien d’autre qu’une époque, donc avec un début et une fin.
Sa fin, elle sera plurielle et lente, avec sans doute des stades hybrides et des mutations, comme le furent ses commencements, mais elle est programmée.
En ce jour anniversaire, où on n’est sûr de rien, pour éviter le désenchantement autant que le déni, il faut sans doute admirer le passé, admettre le cours du temps, et, plus que jamais, apprécier la succession des temps présents, des instants, du vivant, maintenant, maintenant...
Ce soir, avec La 25e Heure :
* À 20h00 : Lumière ! L’aventure commence de Thierry Frémaux (2016).
En sa présence, avec Juliette Dubois et une ciné-balade virtuelle autour des Grands Boulevards et jusqu’au mythique cinéma Max-Linder à Paris.
Sur le site La Belle Équipe, de Philippe Morisson, on recommande, en exclusivité pour L’Écran Français, le dernier entretien de Louis Lumière, et ce fut, en 1948, avec Georges Sadoul.
Sur le site, il y a aussi un chapitre "Salles de cinéma, etc."
Jacques Champreux (1930-2020)est mort hier, le 24 décembre 2020.
Sa mort, pour l’instant, ne fait pas beaucoup de bruit.
Il appartient pourtant à une glorieuse généalogie de l’histoire du cinéma, celle de Louis Feuillade (1873-1925) son grand-père, celle des précurseurs d’un "genre" qui triomphe sur les écrans des décennies plus tard, le très long métrage, le classique feuilleton, qui tient en haleine, se transformant couramment désormais en "mini-série".
Le calibrage traditionnel de 1h30 est une convention - une contrainte -, parmi d’autres. Tous les récits n’ont pas besoin de la même durée ni du même rythme, et c’est très bien ainsi.
* Louis Feuillade au travail de Albert Dagnant (2006).
* Les Compagnons de Baal de Pierre Prévert (1968).
* Entretien avec Jacques Champreux, à propos de Nuits rouges de Georges Franju (1973).
Claude Brasseur (1936-2020) est mort, hier, le 22 décembre 2020.
Fils de Pierre Brasseur et de Odette Joyeux, filleul de Ernest Hemingway, il est le maillon très remarquable d’une sacrée généalogie, dont il représente la 6e génération, et qui se perpétue avec son fils Alexandre Brasseur.
Il représente aussi une époque particulière de l’histoire du cinéma, la nôtre, dont il est probable qu’elle sera unique, étant donné le futur qui se profile.
Quand on commence sa vie d’artiste avec Marcel Carné, Denys de la Patellière, Georges Franju, Roger Planchon ou Marcel Bluwal, et qu’on fait partie intégrante de séries télé quasi mythiques, comme le Bureau des légendes ou The Collection (de la la BBC), quand on a travaillé avec tous les plus grands théâtreux et tous les grands cinéastes français, on est au premier plan de l’Histoire.
Il en parlait si gentiment en 2016.
Avec 35 pièces de théâtre entre 1955 et 2017 et 152 films entre 1956 et 2018, il est comme un mur porteur. Son passage au 21e siècle, avec Les Acteurs de Bertrand Blier (1999) en atteste.
* On se repasse le madison de Bande à part de Jean-Luc Godard (1964).
* On se régale avec Bubble Gum (1968).
* On repense avec tendresse à la dernière fois qu’on l’a revu sur son petit écran, dans Fauteuils d’orchestre de Danièle Thompson (2006).
Bonnes lectures :
* Claude Brasseur, Merci ! Brasseur, père et fils, maison fondée en 1820. Entretiens avec Jeff Domenech, Paris, Flammarion 2014.
* Odette Joyeux, Entrée d’une artiste, préface de Frédéric Vitoux, Paris, Payot, 1994.
Hier a commencé le Panorama du cinéma colombien organisé par l’association Le chien qui aboie depuis 2013 (22 décembre 2020-10 janvier 2021).
En ligne évidemment.
8e Panorama du Cinéma Colombien EN LIGNE France et Belgique from PANORAMA DU CINEMA COLOMBIEN on Vimeo.
Pour profiter des 7 longs-métrages documentaires, en version originale sous-titrée français, il suffit de vivre en France, en Belgique, et au Canada, et ça ne coûte que 9, 99€.
La revue Terrestres, - la revue des livres, des idées et des écologies - vient de mettre en ligne son n°18, "S’organiser" de décembre 2020.
* On s’inscrit à la newsletter.
Avec WWF, on comprend tout du cheminement des épidémies.
Bon anniversaire à Frank Zappa (1940-2020), 80 ans aujourd’hui.
Pour fêter ça, on se revoit avec plaisir :
* 200 Motels de Frank Zappa (1971).
Et on s’offre, dans la boutique Arte, un excellent documentaire :
* Zapped. Frank Zappa par Frank Zappa de Thorsten Schütte (2013).
Aujourd’hui est un jour particulier : c’est le solstice d’hiver 2020, à 11h02, temps universel, disons à midi en heure locale européenne, le jour le plus court, la nuit la plus longue, le début de l’hiver, que nous nous souhaitons moins chaud que ces dernières années.
Tout le monde l’annonce ce solstice particulier (y compris Google), parce que c’est aussi le jour d’une grande conjonction entre Saturne et Jupiter, cet soir à 19h22, temps universel (20h22, heure locale), la dernière fois qu’ils ont été aussi proches, c’était en 1623, et la prochaine fois, ce sera en 2080.
Les astrologues parlent de ces jours-ci, comme de la première étape du véritable passage à l’ère du Verseau, promise depuis des décennies.
Elle ne devrait pas avoir la même forme que celle qu’on imaginait en 2009.
La seconde étape aurait lieu, quand Pluton, lui aussi, entrera en Verseau en 2024.
L’idée, traditionnelle, c’est qu’il s’agit d’une inévitable transition du monde, dont la couche humaine terrestre - qui appartient au cosmos - ne pourra pas s’exonérer, quelles que soient les rodomontades des potentats.
L’autre idée, celle de l’astrologie moderne, c’est que l’humanité, dans son ensemble et dans chacune de ses incarnations individuelles, possède un certain taux de liberté, et qu’il va lui falloir s’adapter, physiquement et mentalement, et innover. Le plus tôt serait le mieux.
Les écologistes, les collapsologues, ne disent pas autre chose, qui posent des questions (bien classiques pour la forme) : "Dans quel monde veut-on vivre ?" et "Que faire" ?
Frédéric Tadddéï, dans son émission Interdit d’interdire diffusée depuis 2018 sur RT France (chaîne subventionnée par le gouvernement russe, on dit ça, on dit rien), a reçu Pablo Servigne à propos du livre collectif qu’il vient de publier avec Raphaël Stevens : Pourquoi en sommes-nous arrivés là ? (2020). On pose la question, mais on donne aussi quelques clefs pour déverrouiller les culs-de-sac, les impasses, et autres diverticules.
On rappelle une autre de ses publications, porteuse de tous les espoirs (malgré la couverture, quasiment prémonitoire si on la regarde trop vite) :
* Pablo Servigne & Gauthier Chapelle, L’Entraide, l’autre loi de la jungle, Paris, Les Liens qui libèrent, 2017.
On se souvient de la phrase de Martin Luther-King : "Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères, sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots."
Et puis, parce qu’à défaut de magie (plus le mot est répété, plus la chose disparaît), on peut respecter la trêve de Noël, alors on se trouve des excuses.
Certes l’humanité - surtout l’Occidentale, la dominante, qui a bénéficié d’un climat clément - a trop opposé la Nature et la Culture au lieu de les harmoniser.
On s’est fourvoyé, mais la Nature est puissante et dangereuse.
Espérons qu’il est peut-être encore temps de tirer des leçons, et de revoir les visions. Réinventer, disent-ils.
Une "grande leçon d’humilité", comme on commence à dire à propos de la mutation du covid-19 en Grande Bretagne ?
* Jungle de Greg McLean (2017).
À défaut de se faire des câlins, on se fait des cadeaux, matériels et virtuels, de préférence avec des interlocuteurs sympathiques. D’ailleurs, pour se consoler, l’homo œconomicus, que chacun d’entre nous est plus ou moins devenu, ne sait plus que dépenser son argent.
* L’évidence : Un abonnement à Jeune Cinéma papier.
Si on est très moderne ou si on manque de place, on peut aussi l’avoir en pdf.
Et puis, si on habite Paris, et tant qu’on peut encore sortir le jour - rien ne prouve que ça va durer - comme chaque année, on va rendre visite, masqué et distancié, à Claire-Marie Neufvilleet à ses sérigraphies.
Les deux week-ends derniers ont été des succès.
On préfère y aller "sur rendez-vous", en téléphonant au 06 85 97 20 66.
Au fond de la Cour, 20 rue Chapon, 75003 Paris.
* Pour les livres, c’est facile, on va dans sa librairie de proximité et on commande ces ouvrages fondamentaux qu’on n’avait jamais eu le temps de lire, et dont la liste ne cesse de croître
* Pour les films, c’est DVD ou VOD.
On n’a pas oublié l’Appel des 50 du 1er confinement, à porpos des éditions DVD, Blu-ray et Ultra HD.
On voudrait aussi que les salles de cinéma rouvrent.
Mais il faut être réaliste : aucun support n’a vocation à se substituer aux autres, tous doivent cohabiter. Dans le désordre actuel, il faut être patient, et s’attendre (ou œuvrer selon sa place) à de nouvelles organisations des territoires.
* Re:voir.
Pour les infos, on s’abonne :
On reçoit des cadeaux aussi, et on apprécie :
* Des films de la Cinémathèque française et de sa salle Henri.
On choisit, par exemple :
* Blue Jeans de Jacques Rozier (1957).
* Un livre en ligne de Attac : Petit manuel de la transition. Pour toutes celles et ceux qui aimeraient mais doutent qu’un autre monde soit possible (nouvelle édition augmentée), Paris, Les liens qui libèrent, 2016.
Bon anniversaire à Jean-Patrick Manchette (1942-1995), qui s’achemine vers ses 80 ans sans prendre une ride.
Bonne lecture :
* Jean-Patrick Manchette, Journal (1966-1974), avant-propos de Doug Headline, Paris, Gallimard, 2008.
Parisciences dont la 16e édition s’est tenue entièrement en ligne, du 30 septembre au 16 octobre 2020 pour le public scolaire et du 23 au 28 octobre 2020 pour le grand public et les professionnels, nous offre ses replay, sur France télévision, Arte, Ushuaïa, Sciences et vie, Planète+, Histoire TV, Public Sénat, Toute l’histoire, un programme d’enfer, faut arrêter de dire du mal de la télé.
Attention aux dates de péremption.
Aujourd’hui on choisit :
* George Orwell, Aldous Huxley : 1984 ou Le Meilleur des mondes ? de Philippe Calderon & Caroline Benarrosh (2017).
À Toulouse, au Muséum aurait dû commencer aujourd’hui : Magies, sorcelleries (19 décembre 2020-31 octobre 2021).
L’exposition est coproduite avec le Musée des Confluences de Lyon.
Nous croyons fermement qu’on pourra la voir avant octobre 2021.
Le Muséeum est fermé mais reste connecté.
Notamment avec ses conférences.
La Villette nous offre le souvenir d’un concert mémorable, dans le cadre de Jazz à la Villette, le 7 mars 1999 : Steve Coleman et Sam Rivers.
La semaine télé de Jeune Cinéma du 19 au 25 décembre 2020.
Aujourd’hui, c’est la Journée internationale des migrants. Et donc des réfugiés. La date a été choisie, il y a quatre ans, par l’ONU, pour attirer l’attention sur une convention internationale adoptée par son AG le 18 décembre 1990, il y a donc 30 ans, sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille.
Mais la dite convention reste inapplicable faute de ratifications suffisantes.
Que l’idée de fraternité ne parvienne pas à s’imposer, pas plus que celle d’égalité, que seule l’idée de liberté triomphe, si vite dévoyée en loi du plus fort domine, on le conçoit, tellement on se fait peu d’illusion sur l’espèce humaine.
Que l’idée de solidarité n’ait jamais été vraiment intégrée ni prise en considération, à part dans les slogans anticapitalistes, cet aveuglement sur le fait que tout se tient, c’est sidérant.
Pas parce que c’est un manque "d’empathie" - longtemps après les préconisations de la plupart des religions et les utopies socialistes, les règles du jeu sont devenues parfaitement claires et il faut nager avec les requins -, mais tout simplement parce que la solidarité, c’est l’intérêt de l’écosystème de cette même espèce humaine si elle veut survivre, et non pas se suicider.
Pourtant, c’est une vieille histoire, qu’il faut lire en ligne, que raconte la Cimade, fondée en 1939 et qui vient de fêter ses 80 ans. Et dont on a eu largement le temps de tirer les leçons.
Bref les humains "de bonne volonté" doivent insister : Des manifestations et des actions auront lieu dans tout le pays.
À Paris, on a rendez-vous à 18h00 à l’Opéra.
Bonne lecture :
* Pablo Servigne & Raphaël Stevens éds., Aux origines de la catastrophe. Pourquoi nous nous en sommes arrivés là ?, Paris, Les Liens qui libèrent, 2020.
À Paris, avec la Cinémathèque du documentaire de la BPI, on pensait fêter la dernière séance de Chili obstiné (11 septembre-18 décembre 2020) à Beaubourg, comme au bon vieux temps.
Eh ben non, ce sera en ligne, en collaboration avec la salle virtuelle de la 25e heure, gratuit, et suivi d’un entretien interactif avec Xavier Rocher.
* À 21h00 : La Cité perdue (La Ciudad perdida) de Francisco Hervé (2016).
À propos de distanciel et de présentiel et toutes ces sortes de choses, il est bon de rire de la novlangue avec les Goguettes, ça permet de ne pas se laisser enfumer.
Caroline Cellier (1945-2020) est morte hier, avant-hier, le 15 décembre 2020.
Elle était populaire et discrète à la fois, faisant plutôt la Une de revues people que des revues de cinéma. On se souvient de sa beauté remarquable, de son charme, on l’aimait beaucoup. Elle était heureuse sur les scènes de théâtre, mais de ses 58 films, en près de 50 ans de carrière, on ne se souvient pas toujours.
Alors, tout le monde cite, à cause de son César, L’Année des méduses de Christopher Frank (1984).
On a plutôt tendance à se souvenir d’elle avec Claude Chabrol (1930-2010), peut-être à cause de l’actualité du vieux maître - c’est l’année de ses 90 ans, et deux livres sont parus, dont Jeune Cinéma n° 404-405, hiver 2020 parle abondamment (à paraître incessamment).
Caroline Cellier était formidable dans Que la bête meure (1969) et dans Poulet au vinaigre (1984).
Et surtout, nous revient en mémoire, un film très touchant et bien oublié :
* Une femme, un jour... de Léonard Keigel (1977).
Elle y tenait le rôle d’une femme divorcée tentée par un amour lesbien, ce qui, dans les années 1970, était encore très rare.
Notre mal du siècle à nous, il a été identifié et nommé, en 2003, par le philosophe australien Glenn Albrecht, et il est devenu public, avec un premier article publié en 2005, dans la revue Pan.
* Glenn Albrecht, "Solastalgia. A New Concept in Health and Identity", Philosophy, Activism, Nature, n°3, 2005, pp 48-59.
Cette solastalgia, on la contemple avec le grand photographe Pete Muller, et grâce à National Geographic,
La 12e mission scientifique de la goélette Tara née dans l’esprit de Jean-Louis Étienne,
est partie de Lorient samedi dernier, le 12 décembre 2020, pour "sonder le peuple invisible de l’océan".
On découvre la Fondation Tara Océan qui organise des expéditions pour étudier et comprendre l’impact des changements climatiques sur nos océans.
Voilà, c’est avec eux qu’on voudrait s’évader de nos prisons.
Hier tout aurait dû rouvrir, et aujourd’hui, une quinzaine de films aurait dû sortir en salle.
Jeudi dernier, le 10 décembre 2020, conférence de presse, pas de relâchement, on ne contrôle toujours pas l’épidémie, et désillusion : Théâtres, salles de spectacles, cinémas, musées resteront fermés au moins trois semaines de plus, jusqu’au 7 janvier 2021. Au moins.
C’est sinistre pour les spectateurs de cinéma.
Hélas, les gens ont commencé à prendre d’autres habitudes, sur lesquelles ils ne reviendront sans doute pas, il y en a même qui regardent les films sur leur portable. Comme l’a (très mal) dit Mathieu Kassovitz, les salles de cinéma sont une espèce en voie de disparition, le covid aura été un accélérateur. La question n’est même plus si, mais quand.
Bien qu’elle assure que cela ne durera qu’un an, la décision de la Warner est un tournant : elle a annoncé l’autre jour que l’intégralité de ses films en 2021 sera disponible simultanément dans les salles de cinéma et en streaming sur la plateforme HBO Max.
Là-dessus, sur la transformation des modes de "consommation" du cinéma, il y a beaucoup à penser, à dire, à faire, à organiser. Mais la rivière est probablement sans retour.
C’est surtout dramatique pour tout le secteur économique dit de la Culture, pour toutes les professions "du spectacle", dont une grande majorité est constituée d’intermittents.
Hier, tout le monde était dans la rue, à la Bastille, alors que les organisations syndicales mènent aussi un combat juridique, saisissant le Conseil d’État, en procédure d’urgence, le Référé Liberté.
Il faut bien dire que ces décisions sont d’abord honteuses dans leur forme.
Car jamais le secteur de la Culture n’a été pris en considération, et cela depuis les premiers discours suivi du premier confinement. Le mot même n’a pas été prononcé, il n’y a jamais eu la moindre concertation, et les deux ministres de la Culture de la pandémie ont toujours brillé par leur absence. Bâillonnés, impuissants, décoratifs ?
Cela tient bien sûr à une vision archaïque des autorités : la culture, c’est rien que frivolité et divertissement, et les comédies musicales (par exemple, au hasard) sont faites pour changer les idées des chômeurs de la grande crise économique, rien d’autre.
Cela tient d’ailleurs, aussi, à une profonde bêtise des administrations et à leur impréparation : ne jamais oublier que le cinéma est aussi une industrie.
Peut-être qu’il faudrait rappeler quelques faits et quelques idées de base, qu’il faudrait les protéger en premier chef, pour l’honneur des démocraties, tant et si mal célébrées, et d’autant plus en cas de panique (le désordre et les contradictions des stratégies des dirigeants du monde ne peuvent s’expliquer que par ça).
* La loi Jules-Ferry sur l’instruction obligatoire à partir de 3 ans, date du du 28 mars 1882, ça commence à faire longtemps.
* Le Ministère de la Culture, c’est relativement récent, il a été créé en 1959 par de Gaulle pour André Malraux. Les neuf Maisons de la culture qu’on avait construites, les maison de jeunes et de la culture, les théâtre de la Décentralisation, héritiers de la vision de 1936, c’était des lieux d’apprentissage uniques, ouverts à tous.
* Et la notion de "capital culturel", capitale et précieuse, créée par Pierre Bourdieu & Jean-Claude Passeron en 1979, avec ses diverses formes - aisance publique, biens matériels culturels (DVD, livres), diplômes -, enrichie par la suite de toutes ses critiques.
L’ensemble commence à faire un beau corpus.
Car ce ne sont pas seulement les travailleurs-chômeurs négligés du secteur "Culture", qui sont une grande honte, les larges masses, on est habitué à ce qu’on s’en foute, là-haut.
C’est, plus généralement, le mépris d’un élément essentiel, qui constitue chaque humain et le distingue de l’animal, cette culture versus nature dont les proportions varient selon les civilisations.
En détruisant - le mot n’est pas trop fort, une année de privation, ne se rattrapera jamais, surtout à certains âges - la culture du pays, en considérant les librairies et les bibliothèques comme non-essentielles, en persévérant dans la fermeture des cinémas qui n’ont jamais été des clusters, en misant tout sur le commerce en ligne, en adoptant, au pied de la lettre, avec une inimaginable désinvolture, la maxime ironique de Brecht - La bouffe d’abord, ensuite la morale ! -, les dirigeants contribuent délibérément à creuser les inégalités (qui augmentent de façon exponentielle dans le monde), privant les pauvres - les travailleurs, les chômeurs, les jeunes, les femmes - du seul pouvoir qu’ils pouvaient acquérir, et donc leurs seules armes dans une lutte inégale pour la survie : les mots, les arguments, et peut-être un respect minimum.
That’s only entertainement ?
Certainement pas !
Bonne lecture :
* Georges Lapassade, Essai sur l’inachèvement de l’Homme, Paris, Minuit, 1963. Réédition, préface de Rémi Hess, Economica Anthropos, 2020.
En attendant mieux, les institutions culturelles font de leur mieux pour survivre, et ceux qui ont un ordinateur en état de marche peuvent en profiter.
Le Musée du Quai Branly, dans le cadre de son Université populaire propose une conférence en ligne.
Ce soir :
* À 18h30 : La population mondiale à l’horizon 2030.
Conférence de Hervé le Bras.
L’Institut finlandais présente son IF Screening n°22 : L’origine et l’identité.
Ce soir :
* À 20h00 : Bab Sebta de Randa Maroufi (2019) ; Les Derniers Paradis (The Last Paradises) de Sido Lansari (2019) ; Hands Me Down de Yto Barrada (2011) ; Talk To Me, Dance With Me, Let Me Be de Saara Hasan (2020) ; Alku /A Start de Camille Navarro (2020).
Le Festival d’Arras met en ligne des ciné-concerts chaque mercredi.
Aujourd’hui :
* À partir de 10h00 : Sales gosses !
https://www.youtube.com/watch?v=_2FOnQxWhMw
Le Théâtre du Châtelet crée une nouvelle scène éphémère sur ses toits avec une série de performances.
Ce soir :
* À 18h00 : Le Châtelet sur le toit.
Avec Fatoumata Diawara, Emma Kate Nelson, Sébastien Tellier, Aloïse Sauvage, le trio musical L.E.J.
Au fil du temps, tous les éditos