2020 : Journal de Abla 2020
* Abla-édito 2020 ; * 1er-15 janvier 2020 ; * 16-31 janvier 2020 ; * 1er-15 février 2020 ; * 18-29 février 2020 ; * 2-13 mars 2020 ; * 14-31 mars 2020 ; * 1er-15 avril 2020 ; * 16-30 avril 2020 ; * 1er-15 mai 2020 ; * 16-31 mai 2020 ; * 2-15 juin 2020 ; * 16-30 juin 2020 ; * 1er-11 juillet 2020 ; * 15-29 juillet 2020 ; * 1er-15 août 2020 ; * 17-29 août 2020 ; * 1er-15 septembre 2020 ; * 16-30 septembre 2020 ; * 1er-15 octobre 2020 ; * 16-31 octobre 2020 ; * 2-14 novembre 2020 ; * 17-30 novembre 2020 * 1er-12 décembre 2020 * 16-31 décembre 2020
Au fil du temps, tous les éditos
(17-30 novembre 2020)
On en a marre d’être séparé des autres.
On déteste cette gigantesque suspension des projets, des amours, des combats, des chantiers qui structuraient le temps. Les chairs, les conversations, les odeurs nous manquent. Comme Zarathoustra, on veut descendre de la montagne, et tant pis si, comme lui au début, on ne rencontre personne. Et même si, sans doute, les Hikikomori, ces ermites post-modernes qui sont peut-être des précurseurs, ne pensent pas comme ça.
Et en même temps on aménage comme on peut ces espaces réduits, physiques et mentaux, que sont devenus les vies occidentales, surtout urbaines. La capacité de survie dépend toujours de la capacité d’adaptation, on ne commande aux vents qu’en leur obéissant, disent les marins. Mais justement on en a marre des tempêtes et des maladies et des faux savants et des discours absurdes (et des guerres qui se profilent).
Et en même temps, aussi, on s’habitue, peut-être qu’on finira même par regretter ce temps différent qu’on n’aura, évidemment, pas mis suffisamment à profit pour se mettre à jour.
En attendant que "ça" reprenne, autrement et mieux si possible, en attendant la réouverture des lieux et espaces publics, il faut explorer toutes les niches, plus ou moins secrètes, de la création hors main stream, et profiter des propositions virtuelles qui se sont multipliées. Il est sûr qu’elles seront de plus en plus présentes, dans les programmes des existences, mais certaines d’entre elles, précieuses, peuvent disparaître, sombrer dans d’autres tempêtes
Internet, c’est l’océan (immense, toujours recommencé, pollué, variable), c’est aussi la banquise qui s’effondre et les glaciers qui fondent.
Aujourd’hui, on fait connaissance avec Cinéma fragile.
Cinéma fragile (ma non troppo), c’est le nom que Katia Viscogliosi & Francis Magnenot ont donné à leur entreprise.
Au début, ils avaient fait un premier film, en hommage aux grands anciens, tourné d’abord, écrit ensuite :
* Tu vas croire que je suis folle de Derviches A. (2001).
Aparté : on dirait bien le Château Grimaldi à Antibes, à cause de Nicolas de Staël et des statues de Germaine Richier (qui ressemblent à des Giacometti, mais non).
Et puis, ils y ont pris goût, à ce cinéma subjectif et libre. Ils vivaient d’abord, puis captaient des images, les leurs aussi bien que celles des autres, des found footage de hasard.
Puis ils organisaient ces rencontres d’idées et d’images et les rythmaient.
Cela donnait des ciné-poèmes, à leur goût, dépouillés de toute séduction artificielle, qui flirtaient avec l’arte povera italien des années 60.
Ils s’expliquent, en se référant à André Sauvage, un cinéaste bien oublié : "Dans son cinéma, l’absence de système déconcerte les esprits impatients. Il n’y a pas de gadget dans ses images, pas de regard captivant, il laisse son propre charme aux choses qu’il touche. Cela n’impose en aucun cas la sensibilité du spectateur : il le laisse libre de pouvoir voir, apprécier le spectacle, déambuler en suivant son esprit".
Quand leurs films sont devenus une œuvre, qui a commencé à prendre de l’ampleur, et à être vue dans de nombreuses manifestations, ils lui ont donné un nom : Cinéma fragile. Et c’est tout naturellement qu’ils se sont rapprochés de ces festivals mal connus qui résident sur les terres frontalières de l’art cinématographique :
* Le tout jeune Laterale Film Festival (Think invisible things) de Cosenza, en Calabre, dont la 4e édition de 2020 a eu la chance de pouvoir se tenir (28-30 septembre 2020).
* Le festival de Avellino, près de Naples, Laceno d’Oro dont la prochaine édition, la 45e, aura lieu bientôt (6-13 décembre 2020).
Naturellement, ils ont été happés par la tentation du Haïku, qu’ils ont testée à l’Audiovisual Poetry Festival (TARP) de Vilnius qui semble s’être arrêté en 2015. Leurs très courts films constituent désormais une série de plus de 130 films.
C’est peut-être là, à Vilnius, alors qu’au cours d’un atelier, un participant s’est exclamé "Maintenant, je saurai toujours quoi faire !", qu’a fleuri, au grand jour, cette idée qui germinait depuis longtemps, utopique et essentielle, devenant militante : L’objectif, c’est mille films, différents et libres, par tout le monde et pour tout le monde, une façon de battre, au fil du temps, cette fameuse "industrie".
Aujourd’hui, ils proposent la série Cinemavita.
On commence par le commencement, et on poursuit, le chemin est balisé :
* Préambule de
Cinemavita (un préambule) from Cinéma Fragile on Vimeo.
La Cinémathèque de Toulouse avait programmé, au début de cette maudite année 2020, un cycle passionnant : Autoportrait / Journal filmé, qui questionnait le cinéma à la 1ère personne (7 janvier-6 février 2020).
Elle met en ligne la rencontre quasi historique entre deux cinéastes inqualifiables - indépendants ? expérimentaux ? atypiques ? - Gérard Courant (né en 1951) et Boris Lehman (né en 1944).
Ils ont des choses à (se) dire.
[RENCONTRE] Gérard Courant & Boris Lehman from La Cinémathèque de Toulouse on Vimeo.
Aujourd’hui, partout en France, on est scandalisé comme jamais, depuis longtemps.
Depuis le 17 novembre 2020, on dénonce la proposition de loi Sécurité Globale, sur les outils de surveillance (caméras piétons, drones…) qui protège surtout les forces de l’ordre.
Alors même que le peuple n’a jamais été aussi calme et obéissant - confinement oblige -, ces mêmes "forces de l’ordre", déjà pas mal repérées en actions violentes inappropriées depuis les Gilets jaunes, se déchaînent soudain dans une haine invraisemblable, pathologique. Qui fait honte y compris dans leurs rangs et sidère la presse étrangère.
Lundi 23 novembre 2020, elles évacuent avec une brutalité inouïe un campement de migrants, réfugiés place de la République après avoir été délogés de Saint-Denis, et les bénévoles qui les accompagnent. La misère, ça rend furieux et ça se cogne ?
Jeudi 26 novembre 2020, elles rouent de coups le passant tranquille d’un beau quartier, sur qui elle s’acharne jusque chez lui en hurlant des insultes racistes. Le frère de George Floyd en France ?
Pendant ce temps, l’IGPN, c’est des flics qui jugent des flics devant des flics, sans autre regard ni intervention de quiconque, la société civile par exemple.
Alors on va à la Marche des libertés, manif finalement autorisée, avec une attestation spéciale confinement.
Et on se renseigne sur ses droits, c’est prudent : en manif, en cas de contrôle, en garde à vue.
À Paris, le rendez-vous est à 14 heures, place de la République jusqu’à la place de la Bastille, où devrait se tenir un rassemblement avec discours en défense des libertés.
Aujourd’hui, on retrouve ses librairies et sa bibliothèque, leurs biens essentiels, leurs lieux de paix.
Ce soir, on voit des films gratuits, en ligne comme toute cette année.
Se déconfiner, c’est comme se désintoxiquer, faut y aller doucement.
Les cinémas ne rouvriront que le 15 décembre 2020.
* MK2 vient d’ouvrir un nouveau site.
On peut voir, par exemple :
* Plaisir d’amour de Nelly Kaplan (1991).
Ou bien :
* Primary de Robert L. Drew (1960).
* Arte.TV, c’est épatant, on peut voir et revoir un nombre impressionnant de fictions, documentaires, ou séries, on ne sait où donner de la tête.
Par exemple :
* Histoire bruyante de la jeunesse (1949-2020) de Aurélien Guégan (2019), en deux parties.
Ce n’est pas un documentaire d’auteur, pas de vision cohérente et une pseudo-chronologie. Mais ce travail de documentaliste en archives coupées-collées montre des images inédites et le texte de Marie Andrieu est alerte.
Surtout, bien qu’il ne mentionne pas la pandémie, il rappelle que les événements historiques importants produits par la jeunesse avec leurs ruptures générationnelles, ont toujours été le fait de groupes et de collectifs, puis parfois de foules. Les solitaires crient dans le désert. Si un leader apparaît, si un écrit ressemble à une iskra, il ne faut jamais oublier que c’est le soutien social, même souterrain, qui lui donne le rôle principal.
Voir ce film riche mais imparfait, c’est réaliser combien les confinements, malgré le maintien virtuel des contacts, brisent les liens sociaux en profondeur, et, avec eux, toute possibilité de dynamique des sociétés.
Voir ce film joyeux, c’est réaliser, par exemple, que les collapsologues, tous jeunes et innovants mais épars, n’ont pas, pour l’instant, de groupe musical emblématique qui porte leur voix. Successeurs des Provos (premiers écologistes) ou des Punk (No Future), mais sans héritage.
Et on commence à avoir une frousse sérieuse de ce monde sans mémoire et sans projet qui s’annonce.
La semaine télé de Jeune Cinéma du 28 novembre au 4 décembre 2020.
Le 25 novembre, c’est la Journée internationale de lutte contre les violences sexistes et sexuelles.
De tous temps, sur tous les continents, les féminicides, les viols, les agressions et les harcèlements verbaux et sexuels, les violences obstétricales revivifient le patriarcat.
Les femmes du monde entier se soulèvent, depuis longtemps, mais, pour l’instant, elles ont peu progressé. En France, il y a eu 142 310 plaintes pour violences conjugales en 2019, soit 16 % de plus qu’en 2018. Le confinement a encore accéléré les violences subies, avec 15 % d’appel en plus dans la dernière période sur le 3919 plateforme d’aide aux victimes de violences sexistes et sexuelles.
Tous les féministes, quel que soit leur genre, doivent se mobiliser, pour revendiquer des moyens financiers pour éradiquer ce fléau (protection, éducation, lutte contre le trafic d’êtres humains...) qui ronge nos civilisations, et ne profite même pas aux bourreaux.
La Convention contre la violence et le harcèlement dans le monde du travailde l’Organisation internationale du Travail de juin 2019, n’a toujours pas été ratifiée par la France.
Le n° d’appel d’urgence, le 3919, ne doit pas passer au privé, comme il en est question mais doit rester public.
* Les préconisations de l’ONU.
La filmographie commence à être très longue.
* L’Âme des guerriers (Once Were Warriors) de Lee Tamahori (1994).
* Jusqu’à la garde de Xavier Legrand (2018).
À Reykjavik, le RIFF 2020, 17e édition, a bien eu lieu, entre deux confinements (24 septembre-4 octobre 2020).
En attendant l’édition 2021, il s’associe à la plateforme Kabinett qui se préoccupe, à travers l’art (arts plastiques, musique, cinéma), de l’avenir de la planète et des défis auxquels l’humanité va se confronter dans les décennies à venir.
Kabinett considère que l’art est souvent devenu trop élitiste. Il veut promouvoir une approche plus démocratique et construire une communauté avec les amateurs d’art-house. Il accueille donc le travail d’artistes confirmés aux côtés des travaux d’artistes émergents.
Il proclame aussi : "Nous sommes les anti-Instagram. Nous sommes l’anti-Snapchat". Dans sa screening room, un grand choix de vidéos.
Le RIFF et Kabinett présentent trois joyaux cinématographiques pour nous aider à lutter contre notre crise sociale et climatique actuelle : Kolapse (19 novembre 2020-21 février 2021) :
* Last and First Men de Jóhann Jóhannson (2020).
* Earth (Erde) de Nikolaus Geyrhalter (2019).
* On Time and Water de Andri Snær Magnason (2020).
À Paris, la Cinémathèque offre, dans sa salle virtuelle Henri, le film du mercredi (jusqu’au 22 décembre 2020 :
* Terre sans pain (Las Hurdes, tierra sin pan) de Luis Buñuel (1932).
La numérisation en 2K de l’élément positif des originaux nitrate a effectuée en 2020 par la Cinémathèque de Toulouse.
À Grenoble, le Festival du film Nature et environnement (FIFNE), 34e édition, commence en ligne (24 novembre-5 décembre 2020).
C’est gratuit mais les séances sont disponibles uniquement à la date et l’horaire prévus, comme une séance de cinéma. C’est facile.
Ensuite, le Festival partira en tournée dans l’ensemble du département de l’Isère (15 janvier-30 avril 2021).
Ce soir, ouverture, avec un court et un long :
* À 21h00 : Out of the Range de Yijia Cao, Lana Choukroune & Cécile Guillard (2019).
Out of Range - Animation Short Film 2019 - GOBELINS from GOBELINS pro on Vimeo.
* À 21h15 : La vie est dans le pré de Éric Guéret (2019).
FNE Isère, MNEI, 5 place Bir-Hakeim, 38000 Grenoble.
À Albi, le festival du film francophone, Les Œillades, 24e édition, est annulé (24-29 novembre 2020).
Aux États-Unis, la deuxième vague du covid s’amplifie.
Ces jours-ci, l’Amérique enregistre plus de 11 millions de cas, 200 000 cas en une seule journée, plus d’un million de cas en plus par semaine, une moyenne de 1300 morts par jour. Les États du Midwest et de Mountain West semblent le plus atteints.
Quand on regarde la carte, on est frappé de sa similitude avec celle des votes Trump ou Biden.
Cf. National Geographic du 22 novembre 2020.
D’un océan à l’autre, les musées américains ferment à nouveau, dans l’Illinois, au Texas, dans le Minnesota, le Colorado...
À partir d’aujourd’hui, la Smithsonian Institution fermera tous ses sites de la région de Washington, DC, y compris l’American Art Museum, le National Museum of African American History and Culture et la National Portrait Gallery. La National Gallery of Art de Washington a fermé samedi dernier. Certains musées ont décidé de ne pas envisager une réouverture avant janvier 2021.
L’American Alliance of Museums a estimé que près de 30% des musées du pays restent fermés, que cela allait augmenter, et qu’ils prévoient de perdre 35% de leur budget de fonctionnement en 2020, et 28% en 2021. Un musée moyen a déjà perdu 850 000 dollars, à ce jour, et beaucoup plus pour les grandes institutions.
On se console avec Jérôme Bosch (1450-1516).
Le Jardin des délices terrestres (#1503), l’inépuisable, c’est en ligne, interactif et gratuit.
On va regarder en face tous les coins et tous les détails de la condition humaine, sa morale, ses péchés. On y trouve nombre de correspondances avec notre époque, ce nouveau Moyen-âge d’un futur absolument inconnu.
Le site, un tryptique, a été créé par Pieter van Huijstee.
On y a également accès à deux documentaires :
* Hieronymus Bosch, touché par le diable.
* Hieronymus Bosch, the Eyes of the Owl.
On se souvient avec émotion de cet homme délicieux qu’était Pierre Strobel (1948-2006).
Bonne lecture :
* Pierre Strobel, À la santé, Paris, Éditions L’Escampette, 2006.
Cf. aussi :
* Austerlitz-Blanqui-La Salute
Les manifestations prévues ce samedi 21 novembre 2020 contre les violences faites aux femmes sont annulées pour cause de pandémie.
Comment se mobiliser depuis chez soi ?
France Inter nous donne des pistes, suggérées par Nous toutes.
C’est le moment de se souvenir du bon vieux temps.
Les féministes, première, deuxième, troisième génération, avaient tant à faire.
Le mot de la chose n’était pas encore né.
La chose demeurait un crime passionnel, et la passion, hein, ça a ses lettres de noblesse, je t’aime, je te tue, la mort rôde toujours, ce serait dans la nature, pas dans la culture.
Bonne lecture :
* Denis de Rougemenont, L’Amour et l’Occident, Paris, Plon, 1939.
Aujourd’hui, on se souvient de Hélène Rytmann-Legotien (1910-1980) intellectuelle, militante, résistante, assassinée par strangulation par son compagnon, le philosophe Louis Althusser (1918-1990), le 16 novembre 1980, dans leur appartement de fonction à l’ENS. Cela ne pouvait être qu’un acte de démence, personne n’a eu de doute.
"Exemple canonique", comme l’écrit Federica Dugnani.
Aujourd’hui, on dispose d’un mot : le féminicide, tout autre chose qu’un simple meurtre genré.
Bonnes lectures :
* Francis Dupuis-Déri, "La Banalité du mâle. Louis Althusser a tué sa conjointe, Hélène Rytmann-Legotien, qui voulait le quitter", Nouvelles Questions Féministes 2015/1, vol. 34, pp 84-101.
* Richard Seymour, "Althusser et le meurtre d’Hélène Rytmann", revue Période.
Le féminisme progresse, par vague, lentement mais sûrement.
Déjà, ils/elles ont moins peur du mot.
Et la chose est devenue un fait social, donc la loi peut intervenir.
Et quand les lois sont mauvaises, on sait que la rue, réelle ou virtuelle, peut les changer.
Michel Robin (1930-2020) est mort le 18 novembre 2020, du covid.
Il était d’abord et avant tout un théâtreux, sociétaire de la Comédie-Françaisede 1996 à 2009.
Mais quand on commence avec William Klein (Qui êtes-vous, Polly Maggoo ?, 1966) et René Allio (L’Une et l’Autre, 1967), quand, en fin de compte, on a 174 films à son actif avec les plus grands Claude Goretta, Claude Chabrol, Costa Gavras, Jean-Pierre Mocky, Alain Resnais...
... quand on a fréquenté Yannick Bellon pour Quelque part quelqu’un (1972), et dans L’Affût (1992), quand on a fait les beaux jours des séries Boulevard du Palais (1999-2017), Les Enquêtes du commissaire Maigret (1967-1990) et Louis la Brocante (1998-2014), on peut se targuer de faire partie intégrante de la "grande famille du cinéma".
Les cinéphiles généralistes ne manqueront pas de pointer son top ten, Le Fabuleux Destin d’Amélie Poulain (2001).
Mais si on cite Jean-Pierre Jeunet, on préfère se référer à Un long dimanche de fiançailles (2004).
À Hiroshima, nous n’aurons rien vu. Le Festival du film d’animation, biennal, 18e édition, aurait dû avoir lieu en août 2020. Il a été reporté et il devrait commencer ce soir (21-23 novembre 2020).
Il avait prévu une réduction du format, avec une compétition officielle en ligne par les membres du jury international à la place de projections publiques avec le public, et l’annulation des programmes spéciaux, des ateliers, du marché du film éducatif.
Il envisageait d’ouvrir au public les films primés online.
Mais à ce jour, "Sorry, this entry is only available" et "Schedule Coming soon".
Office of Hiroshima International Film Festival, 1-8-102, Hashimotochou, Nakaku, Hiroshima.
À Paris, on a rendez-vous avec la Société Louise-Michel pour une visioconférence :
* À 15h00 : À l’Ouest, du nouveau. La gauche étatsunienne, démocrate ou radicale,
avant et après l’élection présidentielle.
Avec James Cohen et Olivier Mahéo.
Pour recevoir les annonces de la SLM.
La semaine télé de Jeune Cinéma du 21 au 27 novembre 2020.
À Nantes, le Festival des 3 Continents, 42e édition, a été reporté pour mieux s’adapter.
La Compétition internationale est maintenue et les films sélectionnés seront soumis aux jurys (professionnel et jeune) qui décerneront les Montgolfière.
En attendant de présenter ces films au public dès la réouverture des salles de cinéma, le festival propose 14 séances en Free VOD : un film différent est proposé chaque soir de la semaine, et deux sur les journées des week-ends (20-29 novembre 2020).
Les séances virtuelles sont donc gratuites sur inscription et dans la limite des places disponibles.
FESTIVAL DES 3 CONTINENTS - BANDE-ANNONCE 2020 from Festival des 3 Continents on Vimeo.
Ce soir, le film est disponible entre 20h00 et minuit :
* À 20h00 : Au revoir l’été (Hotori no sakuko) de Koji Fukada (2013).
Les 3 continents, 7 rue de l’Héronnière, 44033 Nantes.
À Turin, le Festival de film(TFF), 38e édition, est en ligne (20-28 novembre 2020).
Aujourd’hui :
* À 14h00 et pour 48 heures : Sin señas particulares (Sans signe particulier) de Fernanda Valadez (2020).
TFF, Via Montebello, 15, 10124 Torino.
À Paris, à la Cinémathèque du documentaire les ciné-conférences de l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS) se poursuivent en ligne (18-23 novembre 2020). Il faut réserver.
Aujourd’hui, à 14h00 :
* Mise en scène, jeu d’acteur, par Claire Simon et Stéphane Breton.
* Brothers of the Night (Brüder der Nacht) de Patric Chiha (2016).
Brothers of the Night, Trailer, EN from Film Republic on Vimeo.
À Amsterdam, Eye a rouvert hier, le 19 novembre 2020.
Aujourd’hui, Eye accueille les films de l’IDFA 2020 qui a commencé en ligne, avant-hier, mercredi 18 novembre 2020 (cf. infra).
Mais pas seulement, et le programme cinéma commence dès 11h00, sans discontinuer jusqu’au soir.
Par exemple, ce soir :
* À 21h15 : The Painted Bird (Nabarvené ptáče) de Václav Marhoul (2019).
Par ailleurs, Eye met en ligne le dernier Roy Andersson : About Endlessness (2019), Lion d’or à Venise, qui n’a pas eu de chance, mauvais timing.
On n’oublie pas tous les films en ligne gratuits offerts par Eye.
Eye Filmmuseum, IJpromenade 1, 1031 KT Amsterdam.
À Amsterdam toujours, le Rijksmuseum vient aussi de rouvrir, avec deux expositions de grands photographes.
Le Rijks, avec le Nederlands Fotomuseum de Rotterdam, vient d’acquérir la collection de l’un des photographes les plus célèbres du monde, le grand voyageur Ed van der Elsken (1925-1990). On l’avait découvert au Musée du Jeu de Paume en 2017.
* Ed van der Elsken. Crazy World (30 octobre 2020-10 janvier 2021).
Au programme, également : Willem Diepraam, pionnier des années 1970, et ses images, historiques désormais, des Pays-Bas d’il y a 50 ans et de l’ancienne colonie néerlandaise du Suriname à la veille de l’indépendance.
Willem Diepraam est né en 1944.
On en profite pour admirer les collections du Rijksmuseum.
On aime Vermeer, par exemple. Mais pourquoi ?
Rijksmuseum, Museumstraat 1, 1071 XX Amsterdam.
À Amsterdam, commence The International Documentary Film Festival (IDFA), 33e édition (18 novembre-6 décembre 2020).
L’IDFA 2020 est en version hybride, les cinémas ne vont rouvrir que ce 19 novembre 2020.
Ça commence donc ce soir online et IDFA Extended, à partir de demain, présentera les films dans 4 salles de la ville et 40 salles dans le pays.
Né en 1988, il décerne des prix pourvus financièrement : le Prix IDFA du meilleur long-métrage documentaire (autrefois le Prix Joris-Ivens), le Silver Wolf, le First Appearance, l’Audience Award, l’Amnesty Award.
Au programme 2020, pour "protéger notre santé mentale et nous aider à trouver un équilibre au milieu de tout le chaos", une sélection complète de 258 titres venus de 72 pays différents, une sélection paritaire avec 48% de femmes cinéastes (57% de femmes cinéastes pour la compétition).
* Un invité d’honneur : Gianfranco Rosi, avec une rétrospective.
* Cinq sections : Frontlight, Luminous, IDFA on Stage, Masters, Best of Fests.
Ce soir ouverture :
* À 20h00, online : Nothing but the Sun (Apenas el sol) de Arami Ullón (2020).
International Documentary Film Festival Amsterdam, Frederiksplein 52, 1017 XN Amsterdam.
Sinon, pour les courts métrages :
* Le Festival de Karlovy Vary, 54e1/2 édition, né en 1946, prévu en juillet 2020, reporté à l’automne, est annulé.
Rendez-vous le 2 juillet 2021 pour la 55e édition.
* Le Kurzfilmfestival de Cologne (KFFK), 14e édition est online https://www.kffk.de/online-login/
(18-22 novembre 2020)
On peut aussi citer, parmi les sinistrés :
* L’Alternativa de Barcelone, 27e édition, online (16-29 novembre 2020).
* Le Spanish Screenings–Málaga de Cine, 23e édition, prévu en juin 2020, reporté et online (17-20 novembre 2020).
* Les Rendez-vous franco-allemands du cinéma, 18e édition en version numérique (17-19 novembre 2020)
À Paris, la Cinémathèque, dans sa salle Henri propose son festival American Fringe, 5e édition, consacré au cinéma indépendant américain (13-20 novembre 2020).
Aujourd’hui :
* Rukus de Brett Hanover (2017).
Déjà en ligne, et disponibles jusqu’au 2 décembre 2020 :
* 195 Lewis de Chanelle Aponte Pearson (2017).
* Men Go to Battle de Zachary Treitz (2015).
* Neighborhood Food Drive de Jerzy Rose (2016).
* The Nine de Katy Grannan & Hannah Hughes (2016).
* Tired Moonlight de Britni West (2015).
En prime, une leçon de cinéma de James Ivory (18 janvier 2020).
Cinémathèque française, 51 rue de Bercy, 75012 Paris.
À Detroit, le DIA a rouvert le 15 juillet 2020, avec une nouvelle exposition : Russ Marshall : Detroit Photographs, 1958-2008 (6 juin 2020-10 janvier 2021).
Mais il avait reporté l’exposition qui devait ouvrir le 13 juin 2020 : Detroit Style : Car Design in the Motor City, 1950-2020 (15 novembre 2020-27 juin 2021).
Il paraît que voir les 12 voitures, conçues et fabriquées à Detroit, entrer dans le musée et manœuvrer dans les galeries, c’était quelque chose. Elles sont accompagnées de nombreuses œuvres d’art, dessins, peintures et sculptures qui racontent comment l’industrie automobile, née et élevée à Detroit, a changé le monde.
Du coup, les photos en noir et blanc de Russ Marshall - sa première exposition en solo - prennent tout leur poids, et entrer dans le musée, c’est se plonger dans un passé et un environnement forts et rayonnants, l’Histoire vivante des humains et de leurs ouvrages.
Car il ne faut pas oublier que c’est comme si on entrait chez Diego Rivera (1886-1957). En 1932, il a commencé à illustrer les murs de ce qui était alors le Garden Court de la DIA, pour raconter l’histoire géologique, technologique et humaine de Detroit. Quatre murs, vingt-sept tableaux, neuf mois de travail intensif financé en partie par Edsel Ford, Diego Rivera a fini par considérer que cette célébration de la classe ouvrière à Detroit, c’était son chef d’œuvre.
DIA, 5200 Woodward Avenue, Detroit, MI 48202.
Pour contrôler l’espace, on a imaginé les cartes, pour contrôler le temps, on a utilisé le soleil.
Mais les descendants de ces géniaux inventeurs continuent à être infichus de donner une définition générale du temps, un truc simple qui pourrait figurer dans un dictionnaire en trois lignes. Alors on se balade entre théorie et pratique, on exprime son ressenti intime, on contemple les approximations (les durées, les rythmes, les cycles), on s’efforce de comprendre les relations espace-temps, ou bien on se replie sur l’indiscutable alternance jour-nuit, à l’ancienne.
On pense à notre cher Erik Johansson, le temps dont on manque, le temps de la vie, le détachement.
Ce qui est sûr, c’est que ces confinements imposés, - espace réduit, temps suspendu, "distractions" confisquées - semblent appauvrir ce temps, celui des vies quotidiennes, un "temps à soi" difficile à domestiquer. À croire que n’existaient plus, dans les consciences modernes, que les temps sociaux, l’heure de la bouffe, l’heure de la sortie, l’heure de l’événement, l’heure de l’accident.
Ces "retraites" contraintes de 2020 devraient permettre de se reconcentrer sur l’élément premier du vivant : le présent, cet "instant magique où le futur devient du passé" selon l’expression de Jean-Henri Meunier. Mais aussi cette espèce de passage éclair qu’on peut apprendre à prolonger, et notamment par la contemplation immobile.
On découvre la Canadienne Marie Rioux, et sa vision de l’année 2020, distanciation, déconnexion, silence.
Pour qui s’inquiète du vide, on ne dira jamais assez le bien que l’esprit humain est capable d’engendrer venu du fond de l’ennui.
Bonne lecture :
* Lie-tseu, Le Vrai Classique du vide parfait, traduction et préface de Benedykt Grynpas Paris, Gallimard, 1961.
Donc, ces jours-ci, ont été annulées, reportées, suspendues, des rencontres de nos semblables et de leurs œuvres qui nous auraient été bénéfiques :
* Entrevue de Belfort, 35e édition (15-22 novembre 2020)
* Le Festival international du film d’histoire de Pessac, 31e édition (16-23 novembre 2020).
* Chéries Chéris, 26e édition (14-25 novembre 2020).
Ces festivals sont passés dans une semi-clandestinité, comme des tas d’autres depuis le printemps, mais les éléments accomplis de leur préparation n’en demeurent pas moins accessibles.
Que ferions-nous sans ce "travail mort" que sont tous les usuels, les dictionnaires, les filmographies, les livres et leurs auteurs ? Internet, même sous contrôle, même bordélique, même sauvage à apprivoiser, c’est la seule grande et bonne nouvelle de l’Anthropocène, qui doit pouvoir s’épanouir aux côtés - et au service - de la préservation des forêts, des climats, des espèces.
De toute part, depuis le confinement I, on voit s’intensifier les efforts des institutions et des individus, qui s’organisent pour que l’humanité, espèce sociale par excellence, ne se désagrège pas et demeure ce grand corps, cet "organisme" qu’il est devenu, au long des siècles, avec la croissance démographique. Un monde futur est en train de se dessiner sous nos yeux, de façon sans doute irréversible, décharné et hors-sol, cohérent et en réseau, dont on soupçonne déjà tous les méfaits.
Bonne lecture, retour à Saint-Simon :
* Pierre Musso, Télécommunications et philosophie des réseaux. La postérité paradoxale de Saint-Simon, Paris PUF, 1998.
Pour l’instant, Internet est doux à nos âmes grises.
C’est ainsi qu’on a des nouvelles du Musée de la Porte dorée qui nous envoie des messages.
C’est ainsi qu’on va visiter les galeries virtuelles de la BnF.
Des trésors par milliers.
C’est ainsi qu’on a accès à son hebdo, LundiMatin, dont le n°263 du 16 novembre 2020, a été mis en ligne hier.
Aujourd’hui, ce 17 novembre 2020, la revue en ligne réitère son appel du 17 juin 2020 : Appel à une seconde vague d’action contre la réintoxication du monde.
Et puis, dans le monde, il y a des pays où les musées sont ouverts, les beaux jours reviendront.
À New York, le Whitney vient d’inaugurer Salman Toor : How Will I Know(13 novembre 2020-4 avril 2021).
On y fait des fêtes, on s’y raconte des histoires, on y perpétue les vieilles lois de l’hospitalité.
Whitney, 99 Gansevoort St, New York, NY 10014.
À Zürich, à la Kuntshaus, vient de s’ouvrir : Him Herzen Wild. Le romantisme en Suisse (13 novembre 2020-14 février 2021).
De Johann Heinrich Füssli à Arnold Böcklin en passant par Alexandre Calame, et en intégrant les romantiques des pays voisins comme Caspar David Friedrich, Eugène Delacroix et William Turner, on peut s’y recueillir.
Kunsthaus Zürich, Heimplatz 1, 8001 Zurich.
Au fil du temps, tous les éditos