Journal de Abla (juin 2020) I
2-15 juin 2020
publié le samedi 13 juin 2020


 

JUIN 2020

(2-15 juin 2020)
 



Lundi 15 juin 2020

 

Maurice Rajsfus (1928-2020) est mort samedi dernier, le 13 juin 2020.

"On dit que les révolutionnaires ne meurent jamais, simplement vers la fin, ils commencent à avoir mal aux genoux" disait-il dans un texte reproduit dans Contretemps.

Bonnes lectures :

* Maurice Rajsfus, "Chroniques anti-autoritaires 2013-2014", Bulletin Que fait la police ?


 

* Daniel Giraud, Maurice Rajsfus, René Schérer, Patrick Schindler, Criminalisation de l’immigration, répression policière. Arguments pour l’émancipation sociale, Paris, Monde Libertaire, 2006.


 

Et à télécharger librement :

* Maurice Rajsfus, Je n’aime pas la police de mon pays, Paris, Éditions Libertalia, 2012.


 


Nouvelles du front :

Aujourd’hui, par chez nous, une nouvelle étape de notre dernière crise.


 

Au programme : On "passe au vert", il faut travailler et produire davantage et il y aura plus de libertés et de responsabilités pour les hôpitaux et les universités.

Notre travail : penser le sous-texte et la polysémie des mots et des expressions.

Pour ce qui nous concerne le plus directement : c’est aujourd’hui qu’ouvrent les cinémas en Italie, galop d’essai pour ce qui se passera en France, lundi prochain, le 22 juin 2020.


 


Le Festival du film d’animation d’Annecy, 44e édition, a lieu en virtuel (15-30 juin 2020).


 


Des musées réouverts :

* Le Musée Maillol, à Paris.

* Esprit es-tu là ? Les peintres et les voix de l’au-delà (10 juin au 1er novembre 2020).


 

* Le Palais de Tokyo, à Paris.

* Futura 2000. Violent treasure (15 juin-13septembre 2020).


 

* La Fondation Beyeler, à Bâle.

* Edward Hopper (26 janvier-26 juillet 2020).


 



Samedi 13 juin 2020

 

Nouvelles du front :

On aime bien la remarque de Gérard Miller, le psychanalyste insoumis, sur la cohérence de l’inconscient collectif : I can’t breathe.
En substance : l’espèce humaine asphyxie la planète qui somatise.
Les pathologies et la mortalité de la pollution sont effrayantes mais insidieuses, les protestations humaines inaudibles.


 

Alors les dieux, dans leur infinie sagesse, s’en mêlent, avec un avertissement plus spectaculaire, les malades du covid-19 meurent, sur le ventre (siège de l’âme), étouffés.
Le présage est mal compris et mal traité, alors arrive un symptôme majeur : le martyre de George Floyd, porte-voix de l’alarme. L’apparente magie de l’inconscient planétaire a fait son travail.
Et là, tout se déclenche, le "fait social total" s’épanouit sur la planète bleue, sous nos yeux, et nous parle. Si on veut bien l’écouter, ce fait social total : il s’agit du souffle, il s’agit du vivant, qu’il faut manipuler avec encore plus d’humilité que le feu.
En d’autres termes que ceux de Marcel Mauss : Et à cause des pensées stupides inspirées par leur injustice, tu leur envoyas un châtiment pour qu’ils sachent qu’on est puni par où l’on a péché. La Bible, Livre de la Sagesse, XI, 16.


 


 


 

Justice immanente, sagesse, bon sens, inconscient, l’intuition de ce qui ressemble à une loi "divine" traverse les époques et les philosophies. Les sociétés comme les individus tricotent eux-mêmes leur histoire, comme le célibataire broie lui-même son chocolat, faut s’y faire.

C’est aujourd’hui qu’en France, on va pouvoir entendre et accompagner la forte respiration de Adama Traoré (1992-2016) qui nous revient, quatre ans plus tard, pour demander justice après une enquête bâclée et incohérente.

À Paris, rendez-vous place de la République à 14h30, vers l’Opéra.


 

Après-coup : La manif a finalement été réduite à un rassemblement, les gens ont dû rester immobiles place de la République, empêchés d’avancer.
Le contraire des plages dynamiques en somme.
Des logiques bricolées avec des prétextes habituels.


 


Pour Bob Dylan, né natif de Duluth, et qui a fait ses études à l’Université du Minnesota, Twin Cities, il n’est pas question d’un avertissement biblique qui amènerait les humains à une repentance, mais plutôt du châtiment de leur extrême arrogance, celle de Prométhée, comme le détaille le Minnesota Monthly Magazine  : "Maybe we are on the eve of destruction".

Dylan fête toujours son anniversaire pendant le Festival de Cannes, il a eu 79 ans le 24 mai 2020, et, cette année, tous ses concerts de printemps et d’été ont été annulés. Vendredi prochain, le 19 juin 2020, sort son 39e album studio Rough And Rowdy Ways, dont on a déjà entendu trois titres.


 

À cette occasion, depuis Malibu où il est confiné, il a parlé par téléphone avec son ami Douglas Brinkley, le premier entretien public depuis 2017, publié par le New York Times, "Bob Dylan Has a Lot on His Mind", repris, évidemment, par toute la presse mondiale.

Sur George Floyd, sick of death, il a déclaré : "It sickened me no end to see George tortured to death like that. It was beyond ugly. Let’s hope that justice comes swift for the Floyd family and for the nation".

Sur la pandémie : "I am thinking of the death of the human race. The long and strange journey of the naked monkey. Every human being, as strong and powerful as it is, is fragile in the face of death. I think about it in general, not personal terms".

* Tweeter and the Monkey Man par les Traveling Wilburys, vol. 1 (1988).


 


Le Free Best Of de Nicole Gabriel :

* Fados de Carlos Saura (2007).


 


Salut les câblés !

La semaine télé de Jeune Cinéma du 13 au 19 juin 2020.



Vendredi 12 juin 2020

 

Nouvelles du front :

Le Brésil dépasse le seuil des 40 000 morts dus à la pandémie du covid-19.
Le gouvernement (vu par le street artist Aira Ocrespo) préconise "une journée de jeûne religieux pour délivrer le Brésil du mal".


 

* Une manif de l’ONG Rio de Paz avec des tombes symboliques sur la plage de Copacabana à Rio. La vidéo.


 


 

* La réalité des enterrements à Manaus. La vidéo.


 

Sur France Culture : "Le Brésil sombre dans la peur et la mort"]


 


Le Free Best Of de Nicole Gabriel :

* Les Dessous de la millionnaire (The Millionairess) de Anthony Asquith (1960).
Avec Sophia Loren et Peter Sellers.


 


Réouverture progressive des musées.
Aujourd’hui :

* À Lyon, le Musée Lumière.


 


 


 

* À Metz, le Centre Pompidou.

Au programme, notamment : Giuseppe Penone. Indistinti confini (21 février 2020-11 janvier 2021).


 


 



Jeudi 11 juin 2020

 

Bon anniversaire à notre bien aimé Hugh Laurie, né le 11 juin 1959, 61 ans aujourd’hui.


 

Il semble que le Dr House - "Pretty much all the drugs I prescribe are addictive and dangerous" - a survécu au covid-19 (et au lupus).


 


 


Autant en emporte le vent (Gone with the wind, 1939), le film de Victor Fleming a été retiré de la plate-forme de streaming HBO Max, car "il présente une version édulcorée de l’esclavage" et du bon vieux temps sudiste d’avant la guerre (de Sécession).
Par ailleurs, le film reste accessible sur d’autres plate-formes, et tout le monde l’a en DVD.


 

On est accablé par le ridicule de l’initiative.
On est aussi consterné par le suivisme et les manipulations du political correctness.
Par exemple, on constate que, en France, un peu partout à la télé, dans les émissions et dans les pubs, apparaissent des "personnes de couleur", de préférence des femmes (d’une pierre 2 coups.) C’est comme si l’anti-racisme devenait une mode qu’il ne fallait rater à aucun prix si on voulait continuer à être bien placé dans la concurrence. D’un autre côté, que la mode soit au bien et à la vertu, tant mieux, sauf que "être dans le vent, c’est avoir le destin d’une feuille morte", alors pas confiance du tout.


 

On apprend, en même temps, que la plateforme prévoit de remettre le film en ligne, mais avec une "contextualisation". Donc pas de censure, ouf. Mais on se pose des questions sur ce que pourra être cet encadrement bien-pensant - historique ? moral ? politique ? - et d’où ça parlera (financier, forcément).

Il est improbable que les tueurs racistes les plus récents aient lu ou vu Gone with the Wind. Mais on sait bien aussi comment se fabriquent les préjugés et les idéologies, de façon insidieuse, grâce aux récits tels qu’ils se propagent, par les manuels scolaires, par les romans à succès, par les films, par la télé, par les monuments urbains, etc., bien plus que par l’expérience directe.


 

À l’occasion inespérée (et non pas "à la suite") de cette grande vague anti-raciste qui nous épate et nous réjouit, il ne faut pas détruire les traces des saloperies de l’humanité. Il faut peut-être les confiner, les rassembler dans un musée pédagogique.
Ne serait-il pas nécessaire, aussi, de procéder à quelques "révisions" de quelques narrations dominantes ? D’où pourraient-elles venir et sous quelles formes ?
En tout cas, cela mérite une réflexion de fond et non pas un coup d’éclat limite hystérique.


Une antidote recommandée :

* Django Unchained de Quentin Tarantino (2012).


 


Une échappée européenne :

* Voyage en Italie (Viaggio in Italia) aka L’amour est le plus fort de Roberto Rossellini (1954).


 


Le Festival du film de Human Rights Watch (HRWFF) se tient tout au long de l’année, dans plus de 20 villes du monde.

Aujourd’hui commence le HRWFF de New York, 31e édition (11-20 juin 2020), en version digitale, venant du Lincoln Center.


 


Pendant ce temps, la catastrophe écologique reprend son cours de plus belle, après une courte pause. Produire moins, transporter moins, partager plus, ce ne sont pourtant pas les idées qui manquent.

Bonne lecture :

* Daniel Tanuro, Trop tard pour être pessimistes ! Écosocialisme ou effondrement, préface de Michael Lowy, Paris, Textuel, 2020.


 



Mercredi 10 juin 2020

 

Lockdown oblige, les festivals de cinéma du printemps 2020 ont été annulés, reportés, ou ont eu lieu en ligne.

Un festival en ligne, c’est quasiment un oxymore.
Autant on peut voir seul tous les films du monde (et le feeling commun d’une salle de cinéma n’a rien à voir avec celui d’une salle de théâtre), autant les festivals sont des moments de rupture du jeûne social, et de circulation charnelle entre corps et images.
Ils sont nécessaires aux hallu-cinéphiles-junkies comme contrepoints, contrepoids, ancrages.
Ce ne sont pas des cures de désintoxication, mais des retours au réel réguliers, des vitamines indispensables s’ils veulent, comme les sportifs, garder leur "mental" sain et sauf.


 

Aujourd’hui, on ne peut toutefois pas s’empêcher de penser à Sodankylä, tout là-haut, en Laponie, et de faire un petit signe amical au Midnight Sun Festival,alias Sodankylän Elokuvajuhlat, 35e édition (10-14 juin 2020) qui va apporter un peu de magie aux maisons finlandaises.


 


Dans la foulée, on en profite pour annoncer que Il Cinema ritrovato 2020, 34e édition, a trouvé une solution, ni annulé, ni online, reporté à une date convenable, qui permet encore les projections gratuites et populaires du soir, pas seulement à la Cineteca, mais sotto le stelle, sur la piazza Maggiore.


 


 

On ira donc à Bologne, non pas dans à la fin du mois de juin, mais du 25 au 31 août 2020.
Juste avant la Mostra de Venise, 77e édition (2-12 septembre 2020).


En attendant, à la maison, il y a toujours beaucoup à voir.

De Brest, la Cinémathèque de Bretagne, alias Gwarez filmoù, offre d’infinies richesses.


 

Créée en 1986, elle a pour vocation la conservation de la mémoire bretonne, tout spécialement avec le collectage de films amateurs, en une base documentaire unique. Plus de 2000 films sont en accès libre.

On zoome sur la collection Mémoire du travail : 1000 films consultables en ligne.

On se régale avec le film de Thierry Salvert, en 2016, à l’occasion de ses 30 ans.


 


 


 


 


Le Free Best Of de Nicole Gabriel :

* Maldone de Jean Grémillon (1928).


 


Sinon, on commence à avoir de vraies raisons de sortir, et peut-être même dans de bonnes conditions, sans la foule.

* Le Musée du Quai Branly, à Paris.

* La Fondation Henri-Cartier-Bresson.

* La Halle Saint-Pierre, à Paris.

* Le MAC’S, sur le chemin de Bruxelles.

* Le René-Magritte Museum, à Bruxelles.

Ou bien :

* La Galerie Templon, où, après avoir rencontré ses voyages à la Biennale de Venise 2015...


 

... il ne faut pas rater l’occasion de faire connaissance avec le Inner Universe de Chiharu Shiota (30 mai-25 juillet 2020)


 



Mardi 9 juin 2020

 

Bon anniversaire à Barbara (1930-1997), 90 ans aujourd’hui.

Le meilleur conseil qu’on puisse donner, pour fêter cet événement, c’est de voir ou de revoir un film d’une rare sensibilité et d’une extrême intelligence :

* Barbara de Mathieu Amalric (2017).


 


À Paris, les friches ont réouvert.

La revue Time Out fait l’inventaire de ces lieux alternatifs où toutes les rencontres et toutes les idées sont accessibles à tous les flâneurs de bonne volonté.

Mais notre préférée demeure Les Grands Voisins, dont c’est le dernier été.

Depuis 2015, dans l’ancien hôpital Saint-Vincent de Paul, c’est toute une histoire, on les a vus s’installer puis se déployer, généreux et admirables, en deux temps.


 

La vision du Pavillon de l’Arsenal.


 

Au fil du temps, le cœur serré, on a vu se réduire leur espace, les démolitions des beaux vieux bâtiments gagner du terrain et les constructions nouvelles manger petit à petit cet espace d’utopie.


 


 

Il demeurera légendaire.

* Les Grands voisins, la cité rêvée de Bastien Simon (2019).


 


Le Free Best Of de Nicole Gabriel :

* Le Cochon de Jean-Michel Barjol & Jean Eustache (1970).


 


LundiMatin #246 est paru en ligne, gratuit et toujours sans pub.


 

* Serge Quadruppani, "Jean-Patrick Manchette, l’écriture de la radicalité", Lundi Matin #246, 8 juin 2020.

* Dietrich Hoss, "Benjamin, les surréalistes et la révolution", Lundi Matin #246, 8 juin 2020.

* Toutes les vidéos de LundiMatin.

Il existe aussi en papier.
C’est plus encombrant et plus cher, mais quand, durant le prochain confinement par exemple, le grand Internet aura, en plus, été hacké par quelque ennemi futé, ce sera bien utile.


 



Lundi 8 juin 2020

 

Les économistes, même les atterrés, s’attendaient à la prochaine crise du capitalisme, suivant, normalement et régulièrement, celle de 2008, les climatologues alertaient de plus en plus bruyamment sur les changements et les dégâts inévitables, les collapsologues prédisaient des signes dès 2020, suivis de dégradations et de chocs. Les gouvernants et les banquiers faisaient semblant de rien, business et croissance as usual.
Tout le monde a été surpris par un petit virus qu’on croyait chinois et qui s’est révélé intensément internationaliste (i.e. dangereux et archaïque, après tout "mondialisé", on aurait peut-être pu contrôler).


 

Le traumatisme s’avère plus grave qu’on ne pouvait l’imaginer. Les sociétés vont entrer dans des crises économiques inconnues parce que sans précédent. Et les individus - ceux qui ont survécu dans les zones libérées - commencent à entrevoir, en eux, une sorte de destruction inconsciente, l’ombre d’un stress post-traumatique. C’est que le pilonnage télévisuel versus propagande, lui, a contaminé 100% de la population.


 

"Les jours d’après", ce n’est pas seulement une trouvaille médiatique et politique. La fameuse "résilience", les reconstructions, les réinventions (et les discours poudre aux yeux) sont au programme des citoyens et des "territoires".

L’impressionnante épidémie virale (qui n’est pas terminée et s’épanouit en Amérique du Sud et tout particulièrement au Brésil) était un séisme non-prévu. Il connaît une réplique d’une ampleur inédite : un choc de conscience d’une pourtant très ancienne injustice, à partir de 8 minutes de vidéo diffusée sur les réseaux sociaux, et les hommages à George Floyd n’en finissent plus d’essaimer, de ville en ville.


 


 

Même dans les ruines syriennes, on a trouvé des fresques.


 

Épidémie du mal puis et contagion du bien, une dialectique inattendue, tout n’est donc pas perdu, on a envie de renouveler le vocabulaire et le point de vue.
À la place de la récession : la décroissance.
À la place de la résilience molle et longue : l’iskra, l’étincelle, rapide et joyeuse, comme la rêvait Maïakovski.

Pas (encore) de journal, mais un vent nouveau, et la jeunesse qui se lève.


 


 

Les librairies rouvrent peu à peu. Les livres ont été considérés comme des biens non-essentiels pendant le confinement, ce qui en dit long sur les consignes souterraines des dirigeants. En réalité, plus que jamais, on a besoin de se nourrir et de se "ressourcer", pour tenir debout, pour résister, pour muter. Au programme de ces jours-ci, un film et des livres.

Un film :

* L’urgence de ralentir de Philippe Borrel (2014).


 

De bonnes lectures :

* Razmig Keucheyan, Les Besoins artificiels. Comment sortir du consumérisme, Paris, La Découverte, 2019.


 

* Ágnes Heller, A Theory of Need in Marx, Londres, Allison & Busby, 1976. La Théorie des besoins chez Marx, traduction de Martine Morales, Paris, UGE, 1978.

Avec des commentaires en ligne :

* Theodor W Adorno, Agnès Heller, "Par-delà le vrai et le faux. Deux textes sur la théorie des besoins", Mouvements, 2008/2 (n° 54), p. 13-33.


 

* André Gorz, Éloge du suffisant, édité et commenté par Christophe Gilliand, Paris, Presses universitaires de France, 2019.


 

Et un livre gratuit en ligne :

* Collectif, Résistons ensemble, pour que renaissent des jours heureux, préface de Denis Robert, Paris, Massot éditions, 2020.

Auteurs du collectif : Claude Alphandéry, Sabrina Ali Benali, Ludivine Bantigny, Clotilde Bato, Anne Beaumanoir, Brigitte Boréale, François Boulo, Dominique Bourg, Juan Branco, Valérie Cabanes, Aymeric Caron, Hugues Charbonneau, Pauline Londeix et Jérôme Martin, Samuel Churin, Alain Damasio, Cyril Dion, Marc Eichinger, Bernard Friot, Bruno Gaccio, Caroline Guy, en collaboration avec Julien Le Provost et Héloïse Pierre, Yannick Kergoat, Philippine Leroy Beaulieu, Priscillia Ludosky, Virginie Martin, Florent Massot, Dominique Méda, Raymond Millot, Julie Moulier, Agnès Naudin, Fabrice Nicolino, Fatima Ouassak, Antoine Peillon, Benoît Piédallu, Thomas Piketty, Monique et Michel Pinçon-Charlot, Régis Portalez, Denis Robert, Coline Serreau, Pablo Servigne, Pacôme Thiellement, Marie Toussaint.


 

Les bonnes lectures, d’ailleurs, ne manquent pas : cf. notre Bibliographie Anthropocène.
Les librairies rouvrent progressivement, les bibliothèques vont suivre.

Notamment :

* La Librairie du Panthéon, la seule librairie de cinéma qui reste à Paris.

* Quilombo,qui organise des débats.

* La Brèche.

* La Librairie du cinéma de l’Institut Lumière à Lyon.

* Ombres blanches à Toulouse.

Et, en ligne, La librairie.com.

Les librairies parisiennes préférées de Time Out.


Dans le Free Best Of de Nicole Gabriel, une rareté :

* La Demoiselle et le Voyou (Barychnya i khouligan) de Vladimir Maïakovski & Evgueni Slavinski (1918).


 


De Kansas City, le Nelson Atkins Museum of Art, pour soutenir le mouvement Black Lives Matter, a choisi la promotion de Netflix.

* When They See Us de Ava DuVernay (2019).


 

* Who Killed Malcolm X ? de Phil Bertelsen & Rachel Dretzin (2019).


 

* 13th de Ava DuVernay (2016).


 



Samedi 6 juin 2020

 

Bon anniversaire à Chantal Akeman (1950-2015), 70 ans aujourd’hui.

À Amsterdam, l’Eye, qui a rouvert lundi dernier, le 1er juin 2020, célèbre cet anniversaire avec une exposition, Chantal Akerman. Passages.

Huit de ses installations cinématographiques, dont Woman Sitting after a Killing (2001), Tombée de nuit sur Shanghai (2007-2008) et son dernier travail NOW (2015).


 

L’exposition est accompagnée de projections de ses longs métrages et de films appartenant au programme Women Make Film
a retelling of the history of film, with women in the starring role


 

Par exemple :

* Demain dimanche à 19h15 : I Don’t Belong Anywhere : Le cinéma de Chantal Akerman de Marianne Lambert (2015).


 

Précédé par Rue Mallet-Stevens de Chantal Akerman (1986).


 

Les contraintes covid  : Il faut réserver les tickets en ligne et ils sont vendus par plage horaire, mais une fois entré, on reste autant qu’on veut. On ne peut pas venir à plus de cinq personnes de sa famille.

Sinon, les projections, c’est comme avant, des films à partir de 11h15 du matin et jusqu’à la dernière séance, à 21h45.

Faites votre programme.

Eye Film Museum, IJpromenade 1, 1031 KT Amsterdam.


Nouvelles du front :

Le Jour du dépassement de la Terre va reculer de trois semaines sous l’effet du Covid-19. La date qui marque le jour où l’humanité a consommé toutes les ressources que les écosystèmes peuvent produire en une année, c’était le 29 juillet 2019, et cette année, àa devrait tomber le 22 août 2020.


 

C’est une bonne nouvelle, qui montre que des changements importants et rapides sont encore possibles.
Mais, bien sûr, ce n’aura été qu’une minuscule embellie passagère, s’il n’y a pas de changement systémique dans nos modes de production et de consommation.
Et ça, pour l’instant, on n’en voit pas l’ombre d’un début de commencement de l’idée d’un projet.


Salut les câblés !

La semaine télé de Jeune Cinéma du 6 au 12 juin 2020.



Vendredi 5 juin 2020

 

Nouvelles du front en France :

Il y a misfit entre les décisions gouvernementales et la météo, il fait mauvais temps.
C’était pas le moment de rouvrir les terrasses, c’était le moment de rouvrir les salles de ciné.

On prépare leur réouverture, le 22 juin 2020.


 


Nouvelles du front aux USA :

De nombreux messages des directions des institutions culturelles américaines nous parviennent. Ils témoignent de l’événement covid-19 comme facteur de prise de conscience vers une transition devenue nécessaire, et ils marquent leur solidarité avec la communauté noire.

Le BAM de Brooklyn, évidemment, le plus engagé, avec le DanceAfrica Virtual Bazaar (14 mai-14 juin 2020) et son programme de films.
Le BAM demande justice et réforme et appelle à soutenir les organisations de résistance comme Brooklyn Rescue Mission, CAMBA food pantries, Liberty Fund, COVID Bail Out NYC, Southern Poverty Law Center, NAACP Legal Defense Fund, Legal Aid Society, Change the NYPD, Campaign Zero...


 

Mais aussi, par exemple, le FROST à Miami.
Ou le MAC à Montréal, qui met en avant les images, programmées dans le Mois de l’histoire des Noirs de février 2020 :

* Love Is the Message, the Message Is Death de Arthur Jaffa (2016).


 

Ou bien, encore, à Manhattan, le MoMA, ou le Whitney, le MET.

Au New Museum, on est particulièrement explicite. On déclare que la condamnation les violences policières et les expressions de solidarité ne suffisent pas, ni même une programmation diversifiée. Il s’agit maintenant de reconnaître la complicité des institutions dans le racisme systémique du pays. Le musée s’engage à mener des réformes nécessaires à l’équité raciale dans l’équipe comme dans les programmes, et à partager les ressources, avec les organisations qui travaillent à la justice raciale : ACLU, Audre Lorde Project, Black Visions Collective, Color of Change, Equal Justice Initiative, The Innocence Project, The Loveland Foundation, NAACP et le Southern Poverty Law Center.

Le Film at Lincoln Center. met en ligne une série de vidéos :Black Lives Matter : Filmmaker Conversations on Race and Black History.


 

Notamment la parole à Spike Lee...


 

... Ou à Steve Mc Queen


 


Le monde de l’art n’est pas en reste.
Le réseau Art Net, qui a constaté, la semaine dernière, qu’il n’avait pas assez donné la parole aux artistes afro-américains, a signalé les prises de positions des musées de Minneapolis.

Il donne la liste de 23 organisations qui soutiennent les artistes, penseurs et acteurs du changement noirs émergents.


 


Le monde de la musique a massivement suivi le mouvement #TheShowMustBePaused et le #BlackOutTuesday.

On retient les paroles de Bruce Springsteen, "From His Home to Yours" :

"As we speak, 40 million people are unemployed. One-hundred-thousand plus citizens have died from COVID-19 with only the most tepid and unfeeling response from our White House. As of today, our black citizens continue to be killed unnecessarily by our police on the streets of America. And as of this broadcast, the country was on fire and in chaos."

Il a repris son titre American Skin (41 Shots) qu’il avait écrit en 2000 après le flingage dans le Bronx, le 4 février 1999, de Amadou Diallo, 23 ans par quatre flics du NYPD qui l’avaient juste confondu avec quelqu’un d’autre.


 

L’histoire des Noirs (Black History Month ou African American History Month) avait droit à un mois par an depuis 1976, commémoré au mois de février aux USA et au Canada.
Mais comme le dit Morgan Freeman, "L’Histoire des Noirs, c’est l’Histoire américaine". Peut-être que, cette fois-ci, cette idée, pourtant basique, va progresser dans la conscience collective d’un pays au lourd passé esclavagiste.


Le Free Best Of de Nicole Gabriel :

* The Sun Shines Bright (Le Soleil brille pour tout le monde) de John Ford (1953).


 


À Paris, la Cinémathèque française ne rouvrira que le 15 juillet 2020, mais elle restera ouverte tout l’été, et c’est une bonne nouvelle pour réjouir le mois d’août à Paris.

En attendant, on fréquente toujours la salle virtuelle Henri.

Par exemple :

* The Good Bad Man de Allan Dwan (1916).


 


À Toulouse, la Cinémathèque de Toulouse n’a pas encore fixé de date de réouverture des projections, et a juste rouvert sa bibliothèque.

En attendant :

* Le cinéma de Marco Bellocchio (23 avril 2016).
Avec Pier Giorgio Bellocchio, Simone Gattoni, Giona A. Nazzaro.

[Rencontre avec] Pier Giorgio Bellocchio, Simone Gattoni et Giona A. Nazzaro from La Cinémathèque de Toulouse on Vimeo.


 



Jeudi 4 juin 2020

 

Festival de Cannes 2020, 73e édition.

La sélection officielle, annoncée hier par Pierre Lescure et Thierry Frémaux, devant une salle somptueusement vide, comporte 56 films sans compétition donc sans prix.
Elle est présentée par chapitres, les fidèles, les nouveaux venus, les premiers films, les documentaires, les comédies, les films d’animation...


 

En replay, avec détails et explications.

Dans la foulée, la Semaine de la critique 2020, hors-les-murs, annonce la sélection de sa 59e édition.

Même principe que le festival officiel : les films sélectionnés sont labellisés et seront accompagnés.

En fait, ça ressemble à la démarche habituelle de ACID, hors crise, moins spectaculaire, mais très efficace.
Sa sélection 2020.


Loin du front, mais pas "embusqué", un peu plus calme depuis que la mort de George Floyd, d’abord "homicide involontaire", a été requalifiée de "meurtre non prémédité" (l’assassin risque 40 ans de taule) et les trois flics complices arrêtés, on prend les choses par un autre côté, plus paisible :

Sur France Culture :

* La vision de Spike Lee.

* La renaissance de James Baldwin par Raoul Peck.


 

On va rechercher sur ses étagères le vieux livre d’un vieil ami, James Balwin (1924-1987), on le dépoussière, il est comme neuf et toujours aussi émouvant :

* James Balwin, Another Country, New York, Dial Press, 1962. Un autre pays, traduction de Jean Autret, Paris, Gallimard, 1964.


 

Et on va voir et revoir toutes ses vidéos grâce à sa bande d’aujourd’hui, le Collectif James-Baldwin, créé, en 1993, par Samuel Légitimus.


 

C’est lui, qui avait organisé, au Museum d’histoire naturelle, à l’occasion de l’exposition Nous et les Autres. Des préjugés au racisme (mars-août 2017), un week-end d’hommage à Baldwin.

* The Price of the Ticket de Karen Thorsen (1989).


 


On se sent nigger lover, comme le fut Maurice Cullaz (1912-2000) sur une bande son d’enfer :

* Smoothie de Jean Henri Meunier (1992).

SMOOTHIE from Jean Henri MEUNIER on Vimeo.


 


Le Free Best Of de Nicole Gabriel :

* Moi, un Noir de Jean Rouch (1957).
Avec Oumarou Ganda, Petit Touré, Alassane Maiga.


 


Les hommages du monde de l’art à George Floyd, Breonna Taylor, Tony McDade et tous les autres Noirs américains tués par la police, avec Artnet.


 


 


Sinon, c’est aujourd’hui que paraît :

* Groupe Cynorhodon, Dictionnaire critique de l’Anthropocène, Paris, CNRS Éds, 2020.


 

Le Groupe Cynorhodon compte 16 géographes : Frédéric Alexandre, Fabrice Argounès, Rémi Bénos, David Blanchon, Frédérique Blot, Laine Chanteloup, Émilie Chevalier, Sylvain Guyot, Francis Huguet, Boris Lebeau, Géraud Magrin, Philippe Pelletier, Marie Redon, Fabien Roussel, Alexis Sierra, Didier Soto.



Mercredi 3 juin 2020

 

Nouvelles du front I  : George Floyd et Adama Traoré.

Hier soir à Paris, en écho à Minneapolis, une contre-expertise qui tombe à point sur la mort de Adama Traoré, à 24 ans, en 2016 : elle a été provoquée par "un œdème cardiogénique suivi par un syndrome asphyxique, causé par une asphyxie positionnelle induite par le plaquage ventral".

Manif, sur le parvis du nouveau palais de justice de Paris, porte de Clichy, près de 20 000 personnes, c’est énorme.

* Wael Mejrissi, "Une manifestation historique pour Adama", Mediapart, 3 juin 2020.


 


Le Matinaute de Arrêt sur images
par Daniel Schneidermann.


 

On s’abonne.

Aparté : Ces flics et ces soldats qui s’agenouillent et s’inclinent, on pense au 17e.


 

Mais l’heure n’est pas au sentimentalisme.


Dans Quotidien, sur TMC, hier, Thomas Ngijol parlait des affaires et du racisme ordinaire.

En replay, avec les pubs répulsives de la télé privée qu’on ne peut pas zapper, mais ça vaut le coup.


 


Nouvelles du front II : Covid-19

Le point de vue de Gérard Mordillat.


 

Il fait référence à l’expérience de Milgram (1963), connue en France par le film de Henri Verneuil, I… comme Icare (1979).

Cf. aussi, dans Jeune Cinéma :

* Experimenter de Michael Almereyda (2015).


 


Festival de Cannes 2020, 73e édition.

Il n’y a pas eu de fête, mais il y a une sélection officielle.


 

Elle sera annoncée en direct, ce soir, à 18h00 sur Canal+, en clair.
Bien sûr, ensuite, accessible sur le site du Festival et sur tous les réseaux sociaux.


Terrestres n°14 est en ligne.

En Une : La responsabilité de tous envers la planète est conditionnée à l’irresponsabilité vis-à-vis des destructions de la colonisation et de l’esclavage.

* Malcom Ferdinand, "Anthropocènes Noirs. Décoloniser la géologie pour faire monde avec la Terre", à propos de A billion Black Anthropocenes or None de Kathryn Yusoff (University of Minnesota Press, 2018).


 


Lundi Matin #245 est en ligne.

En Une : "Le récit de la prise du commissariat de Minneapolis", Lundi Matin #245 du 2 juin 2020.


 


Siné Mensuel n°97 de juin 2020 est paru, retourné au papier.


 

En Une : Un entretien avec Corinne Masiero.

On l’achète au kiosque, ou, mieux, on s’abonne.



Mardi 2 juin 2020

 

Nouvelles du front : George Floyd.

Car ce qui se passe là-bas, attisé au plus haut niveau, dans un pays où règne Ubu, où la pandémie puis la récession sont sauvages (la liberté d’abord, ça oblige) et où tout le monde est armé, c’est porteur de tous les périls, mondiaux, historiques.

Tous les médias titrent "L’Amérique s’embrase".
C’est bien le moins, merci les réseaux sociaux - Dieu serait-il de leur côté ? -, l’indignation va plus vite et plus loin qu’autrefois. Les images du New York Times.


 

En sous-titre insidieux, deux arguments :

* La violence, qui diviserait le peuple.
Le peuple, il préfèrerait la douce et invisible violence quotidienne.
Ce qui est sûr, c’est que les manifs pacifiques, il a déjà donné, le peuple.


 


 


 

* Et le pillage des magasins, présenté comme un truc de voyous sans conscience politique - l’inconscient politique collectif demeure un impensé.


 

S’il y a les batailles de polochon préélectorales (duffel battles), les agenouillements publics de tel ou tel (parfois sincères) ou le président de la loi et de l’ordre, nixonien jusqu’au trognon, bible à la main, prenant la pose devant l’église Saint-John, il y a aussi les menaces, l’armée et un armement lourd et il n’y paraîtra plus.


 

Il nous revient en mémoire les émeutes du quartier de Watts, à Los Angeles, en 1965.


 


 

"Les réactions, de tous côtés, ont revêtu cette clarté que l’événement révolutionnaire, du fait qu’il est lui-même une clarification en actes des problèmes existants, a toujours le privilège de conférer aux diverses nuances de pensée de ses adversaires. [...] Laissons les économistes pleurer sur les 27 millions de dollars perdus et les urbanistes sur un de leurs plus beaux supermarkets parti en fumée, les sociologues se lamenter sur l’absurdité et l’ivresse dans cette révolte. [...] Qui donc à pris la défense des insurgés de Los Angeles ? Nous allons le faire. C’est le rôle d’une publication révolutionnaire, non seulement de donner raison aux insurgés, mais de contribuer à leur donner leurs raisons, d’expliquer théoriquement la vérité dont l’action pratique exprime ici la recherche".

Bonne lecture :

* "Le Déclin et la chute de l’économie spectaculaire-marchande", Internationale situationniste, n°10, mars 1966.


 

Sur France Culture quelques repères de la culture raciste américaine.


Nouvelles du front II :

À côté de ça, la nouvelle phase du déconfinement covid, en France, c’est du léger.

On a le droit de sortir de sa zone de confort sans autorisation, de s’ébattre dans les jardins et dans les bois, et d’aller boire un café sur les terrasses ouvertes. Mais elles ne se pressent pas, et on est encore loin de retrouver les bonnes vibrations des proximités d’autrefois. Naturellement, il s’agit de Paris, tous les autres bistros du monde font pâle figure à côté.


 


 

Les grands musées rouvriront peu à peu. Quant aux salles de spectacle (théâtre et concert), et aux salles de cinéma, pas avant le 22 juin 2020.
Pour danser, mieux vaut faire des surboums chez soi.
Pour le sport, pareil.
En attendant, on continue à s’abreuver aux sources libres qui nous sont offertes... et qu’on regrettera peut-être.


Le Free Best Of de Nicole Gabriel :

* Cocorico Monsieur Poulet de Jean Rouch (1974).
Avec Damouré Zika, Lam Ibrahim Dia.


 


Le Musée d’Orsay, pas encore réouvert, offre son fonds photographique.


 

Ils y sont tous, en onze vidéos et quarante-cinq mille photographies : Nicéphore Niépce (1765-1833), Louis Daguerre (1787-1851), Henry Fox Talbot (1800-1877), Oscar Gustave Rejlander (1813-1875), Félix Nadar (1820-1910), Edward Steichen (1879-1962)...


 


 


 


Le Collège de France s’ouvre à tous en mettant en ligne plus de 10 000 cours gratuits.


 


 

Par exemple :

* Covid-19 ou la chronique d’une émergence annoncée par Philippe Sansonetti (16 mars 2020).


 

Ou bien :

* De grands musées vides par Bénédicte Savoy (6 mars 2020), en public.

* Marché et musée par Bénédicte Savoy (3 avril 2020), en solitude.
* L’équité : être sur le même bateau par Dario Mantovani (11 mars 2020).

On fait son choix parmi les prestigieuses conférences.



Au fil du temps, tous les éditos
 

Voyage dans le temps.

 



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