2020 : Journal de Abla
* Abla-édito 2020 ; * 1er-15 janvier 2020 ; * 16-31 janvier 2020 ; * 1er-15 février 2020 ; * 18-29 février 2020 ; * 2-13 mars 2020 ; * 14-31 mars 2020 ; * 1er-15 avril 2020 ; * 16-30 avril 2020 ; * 1er-15 mai 2020 ; * 16-31 mai 2020 ; * 2-15 juin 2020 ; * 16-30 juin 2020 ; * 1er-11 juillet 2020 ; * 15-29 juillet 2020 ; * 1er-15 août 2020 ; * 17-20 août 2020 ; * 1er-15 septembre 2020 ; * 16-30 septembre 2020 ; * 1er-15 octobre 2020 ; * 16-31 octobre 2020 ; * 2-14 novembre 2020 ; * 17-30 novembre 2020 * 1er-12 décembre 2020 * 16-31 décembre 2020
(1er-15 janvier 2020)
À Paris, à la Cinémathèque : Rétrospective James Ivory / Ismail Merchant (15 janvier-15 février 2020).
Derrière le nom Merchant-Ivory se cache un trio créatif qui rassemble, outre James Ivory et Ismail Merchant, l’écrivaine-scénariste Ruth Prawer Jhabvala.
Ce soir, ouverture :
* À 20h00 : Les Bostoniennes (The Bostonians) de James Ivory (1984).
En sa présence, avec Madeleine Potter.
Cinémathèque française, 51 rue de Bercy, 75012 Paris.
À Paris, au ciné-club de l’ENS les 566 minutes de Shoah en deux séances :
Aujourd’hui :
* À 19h30 : Shoah de Claude Lanzmann (1985).
Et vendredi 17 janvier 2020, à 18h30.
Ciné-club de l’ENS, salle Dussane, 45 rue d’Ulm, 75005 Paris.
À Bruxelles, la Galerie Templon : Jan Fabre. L’heure sauvage (9 janvier-22 février 2020).
Ses crânes de Murano en 2018 contemplent ses tornades de Berlin de 1988.
Le fond de l’air et l’avenir sont d’un bleu impur.
Galerie Templon, rue Veydt 13A, 1060 Bruxelles.
À Paris, au Musée du Quai Branly, l’Université populaire reprend avec trois cycles conçus par Olivier Bétourné : Où va le monde ?, Penseurs d’hier et d’aujourd’hui et Grands entretiens (janvier-juin 2020).
Entièrement gratuites, les conférences se déroulent en deux temps : une présentation d’une heure par un spécialiste à 18h30, suivie d’un temps d’échange et de dialogue avec le public.
Aujourd’hui, on commence par le cycle Où va le monde :
* À 18h30 : Le devenir des régimes inégalitaires.
Avec Thomas Piketty.
Musée du quai Branly, Théâtre Claude Lévi-Strauss, 37 quai Branly, 75007 Paris.
Les sorties sur les grands écrans
* Système K de Renaud Barret (2018).
* Je ne rêve que de vous de Laurent Heynemann (2018).
* Trois Aventures de Brooke (Three Adventures of Brooke) de Yuan Qing (2018).
* L’Apollon de Gaza de Nicolas Wadimoff (2018).
* 1917 de Sam Mendes (2019).
* Les vaches n’auront plus de nom de Hubert Charuel (2019).
Les ressorties en versions restaurées
* Pas de printemps pour Marnie (Marnie) de Alfred Hitchcock (1964).
À L’Alpe d’Huez, commence le Festival International du film de comédie (FAH), 23e édition (14-19 janvier 2020).
Et, on le constate au long des années, rien de plus difficile que de faire une bonne comédie. Le critère, qu’on le veuille ou non dans sa définition orthodoxe, ça demeure quand même l’éclat de rire incontrôlé qu’elle peut provoquer.
Le Jury 2020 : José Garcia, président, avec Sabrina Ouazani, Chloé Jouannet, Nicolas Benamou, Bob Sinclar.
Ce soir, ouverture :
* À 19h15 : Le Lion de Ludovic Colbeau-Justin (2019).
Palais des sports et des congrès, 70 avenue de Brandes, 38750 Huez.
À Lille, en 2020, l’association L’Esprit d’Archimède (ALEA) présente deux cycles de conférences, ouverts à tous en entrée libre.
* Inégalités (14 janvier-16 juin 2020).
* Énergies (4 février-2 juin 2020).
Aujourd’hui :
* À 18h00 : Des inégalités dans le vivant.
Par Sylvain Billiard avec Francis Meilliez.
Amphi Pierre-Glorieux, CERLA, Cité scientifique de l’Université de Lille, 59650 Villeneuve-d’Ascq.
Comme tous les 1er janvier, comme chaque lundi, il nous revient de prendre des bonnes résolutions. L’une d’entre elle, peut-être la plus urgente, serait la reprise du contrôle de son temps à soi (comme on le disait jeudi dernier, le 9 janvier 2020, jour de grève).
Il n’est pas si facile d’habiter le temps des horloges, c’est un apprentissage de toute la vie que celui de la durée, parfois c’est le corps qui précéde la conscience, parfois l’inverse.
Les humains, travaillés par l’obscur désir souterrain d’éternité, en oublient d’être attentifs à la succession des instants, celle d’un temps morcelé. C’est pourtant la seule réalité, qu’il faudrait vivre avec ferveur, sachant que chacune est unique, dans un corps et une conscience sans pareils.
En guise de vœux pour cette nouvelle année 2020, Prosper Hillairet propose ses Instants, avec Mélanie Forret.
Par exemple, les contrastes de la ville, vacarmes et silences :
* Trajet (2018).
* Seine (2018).
Ou la paix de l’océan.
* Yeu (2019).
Il y a urgence à se hâter lentement (i.e. sans répétition des "erreurs" capitalistes & co).
Aujourd’hui commence le Greenpeace Film Festival 2020 (13-27 janvier 2020).
Avec 15 films documentaires en accès libre sur le site du festival pendant 15 jours, la sélection 2020 présente les thématiques de l’environnement : climat, alimentation, agriculture, surconsommation, biodiversité, mais aussi les lanceurs d’alerte et les énergies fossiles.
À Édimbourg, les National Galleries of Scotland, rassemblent les trésors de leurs collections et explorent le hasard et l’irrationnel, la joie de vivre et les temps menaçants : Beyond Realism (15 juin 2019-25 octobre 2020).
Au programme, en entrée libre : Max Ernst (1891-1976) ; Joan Miró (1893-1983) ; Paul Delvaux (1897-1994) ; René Magritte (1898-1967) ; Salvador Dali (1904-1989) ; Leonora Carrington, (1917-2011).
Scottish National Gallery Of Modern Art (Modern One), The Mound, Edinburgh EH2 2EL.
À Pise, on va au Palazzo Blu, pour mesurer la puissance des illusions de paradis, et les paradoxes des apogées.
* On va revoir la plus fameuse "belle époque" de nos générations, avec les photos de Luciano Frassi : Pise années 60. Le boom et le rock (30 octobre 2019-19 avril 2020).
On en a bien profité. Enfin pas tout le monde.
* On en profite pour réviser aussi une autre belle époque, le début du 20e siècle, avec les émules de Filippo Tommaso Marinetti (1876-1944) : Futurismo (11 octobre 2019-9 février 2020).
L’avenir leur appartenait, grisant.
Palazzo Blu, Lungarno Gambacorti 9, 56125, Pisa.
À Argelès-sur-mer, et dans toute la région (Aude et Pyrénées orientales), a commencé Maghreb si loin si proche, 23e édition, organisé par Cinémaginaire. Cette année : Vive le peuple ! (9-26 janvier 2020).
Jeudi dernier, ce 9 janvier 2020, a eu lieu, à la galerie Marianne, le vernissage de l’exposition des calligraphies de Hassan Majdi, auteur de l’affiche, La colère des mots (9-12 janvier 2020).
L’inauguration du festival s’est faite ensuite avec Papicha de Mounia Meddour (2019).
Aujourd’hui, ça commence dès 14h30, et ce soir, à Argelès :
* À 21h00 : Une urgence ordinaire de Mohcine Besri (2018).
UNE URGENCE ORDINAIRE de Mohcine Besri from La Prod on Vimeo.
Cinémaginaire, parc d’activités Albères Méditerranée n°14, 66 690 Saint-André.
À New York, au Metrograph, deux films du maître de l’animation Makoto Shinkai (10-17 janvier 2020).
Aujourd’hui :
* À 13h15 : 5 Centimeters Per Second (Byôsoku 5 senchimêtoru) de Makoto Shinkai (2007).
Metrograph, no.7 Ludlow Street, New York NY 10002.
À Paris, à la Halle Saint-Pierre, dans le cadre des Rendez-vous de l’APRES, une après-midi dans le cosmos, organisée par Françoise Py : Le Surréalisme et l’astrologie.
De Ptolémée (vers 100-168) le savant à Gauquelin (1928-1991) le statisticien, en passant par Paracelse (1493-1541) le médecin, Galilée (1564-1642) le mathématicien et Kepler (1571-1630) l’astronome, avec un grand détour par Blanqui (1805-1881) le révolutionnaire et par Jung (1875-1961) le psy dissident, et jusqu’à André Barbault (1921-2019) le grand précepteur de nos générations (mort à cet automne, le 8 octobre 2019, à qui on rend hommage), ils sont innombrables, les scientifiques comme les amateurs, les érudits, les théologiens, les philosophes, les poètes, qui ont appris et pratiqué ce vieil art planétaire, évoluant selon les époques avec des codes variés selon les civilisations.
Sans compter les professionnels, les théoriciens chefs de file de nouvelles écoles, les rationalistes, les sociologues, les charlatans, les polémistes, les voyants et autres flâneurs.
L’astrologie est un curieux savoir venu de la nuit des temps, ni science ni technique, rejoint par la psychanalyse, compatible avec les croyances religieuses (entre liberté et fatalité), dont la philosophie pourrait, au 21e siècle, trouver son apothéose (les espèces vivantes - dont les humains - ne sont rien d’autre qu’une des couche terrestres, et donc des morceaux de ciel), et qui, paradoxalement, se dirige inexorablement vers une insignifiance et une extinction (tant les techniques de naissances naturelles sont trafiquées). Pour l’instant. Car nul ne sait comment il pourrait resurgir, comme une boussole, après cet éventuel collapse qui se profile.
André Breton, né le 19 février 1896 à 22h00, à Tinchebray (Orne), mort en 1966, n’aura pas connu cette perspective de fin du monde qui commence à hanter les consciences. Il savait pourtant que l’astrologie prenait aussi en compte cette éventualité, avec "l’éternel retour" de la Grande Année (26 000 ans).
Lui qui avait connu Freud et qui fricotait avec l’inconscient, éduqué par Paul Choisnard (1867-1930) avait appris l’astrologie (occidentale), avait établi son propre thème astral et celui de tous ses amis, celui de René Crevel, par exemple, ou celui de Philippe Soupault (et à l’époque, sans les ordinateurs, ça prenait du temps).
Pluton n’a été découvert que le 18 février 1930, et il avait dû le rajouter sur son propre ciel à 10°46 des gémeaux, conjoint à Neptune, ce qui avait dû le ravir.
Cela ne lui servait pas à faire des prédictions, mais à entrevoir l’invisible et à trouver, à travers images et mots, l’or du temps. Que Elisa B. ait eu "vénus en exaltation" avait sans doute contribué à son amour pour elle.
Aujourd’hui :
* À 15h30 : André Breton et l’astrologie.
Par Fabrice Pascaud.
* À 16h20 : André Barbault, l’astrologie au cœur de Fabrice Maze & Fabrice Pascaud (2019).
En leur présence.
Halle Saint-Pierre, 2 rue Ronsard, 75018 Paris.
À Paris, à la Maison de la poésie, une soirée particulière.
* À 19h00 : Dialogue entre Didier Daeninckx et Jean-Louis Comolli.
Avec Camille Thomine.
Bonnes lectures :
* Jean-Louis Comolli, Une terrasse en Algérie, Paris, Verdier, 2018.
* Didier Daeninckx, Le Roman noir de l’Histoire, préface de Patrick Boucheron, Paris, Verdier, 2019.
Maison de la poésie, 157 rue Saint-Martin, 75003 Paris.
La semaine télé de Jeune Cinéma du 11 au 17 janvier 2020.
À Amsterdam, on retourne à l’âge d’or et on se met à l’heure espagnole en faisant dialoguer le cinéma et la peinture.
Dans le cadre de l’exposition du Rijksmuseum, Rembrandt-Velázquez. Dutch and Spanish Masters (11 octobre 2019-19 janvier 2020), un feu d’artifice : Retour à l’âge d’or. Dépeindre des maîtres néerlandais et espagnols sur la toile en mouvement. (10-27 janvier 2020).
"Le cinéma doit être considéré comme une étape contemporaine de la peinture, qui a commencé à la fin du 16e siècle avec les œuvres de Caravaggio, Rembrandt, Rubens et Velázquez, où tous les éléments du film tels que le mouvement et même le son étaient déjà présents" pense-t-on au Rijksmuseum et à l’Eye Filmmuseum.
Avec l’OBA Amsterdam (la bibliothèque publique), l’Instituto Cervantes Utrecht, le Amsterdam Spanish Film Festival (ASFF) et le Sin Fin la ville accueille un invité de marque : le grand Víctor Erice.
Aujourd’hui, ça commence à l’auditorium du Rijksmuseum :
* À 18h30 : Alatriste de Agustín Díaz Yanes (2005).
* À 21h00 : Visite de l’exposition Rembrandt-Velázquez.
Demain , samedi 11 janvier 2020, aussi au Rijks :
* À 13h00 : El sol del membrillo (Le Songe de la lumière) de Víctor Erice (1992).
En sa présence.
* À 16h00 : La relation entre le cinéma et l’art en général et en particulier concernant le peintre Antonio López, master class de Víctor Erice.
* À 17h00 : Visite de l’exposition Rembrandt-Velázquez.
Dimanche 12 janvier 2020, c’est au Eye Museum, dans sa section Restauré et invisible, dans le cadre de Francis Alÿs. Chidren’s Games (19 décembre 2019-8 mars 2020)
* À 20h00 : El espíritu de la colmena (L’Esprit de la ruche) de Víctor Erice (1973).
En sa présence.
Trailer El espíritu de la colmena (Víctor Erice, 1973) from Sin Fin Cinema on Vimeo.
Víctor Erice n’a réalisé que trois long métrages.
El sur (1983) ce sera lundi 13 janvier 2020, à 19h00, à l’Eye Museum.
Faites votre programme Retour à l’âge d’or.
EYE Film Instituut Nederland, IJpromenade 1, 1031 KT Amsterdam.
Rijksmuseum Amsterdam, Museumstraat 1, 1071 XX Amsterdam.
OBA Centraal Amsterdam, Oosterdokskade 143, 1011 DL Amsterdam.
À Toulouse, à la Cinémathèque : Les nouveaux excentrés du cinéma français, avec cinq films soutenus par ACID (10 janvier-4 février 2020).
Ce soir :
* À 19h00 : Rubber de Quentin Dupieux (2010).
Cinémathèque de Toulouse, 69 rue du Taur, 31000 Toulouse.
À Paris, au Musée du jeu de paume, l’exposition de Zineb Sedira en est à sa dernière semaine (15 octobre 2019-19 janvier 2020).
Pour dialoguer avec elle, on passe le week-end avec Olivier Hadouchi : Échos & souffles des résistances algériennes (10-12 janvier 2020).
Durant les années 1960 et 1970, Alger était considérée comme la capitale des mouvements de la libération, comme une sorte d’équivalent de La Havane pour l’Afrique : Ernesto Che Guevara y a séjourné plusieurs fois, et c’est dans cette ville qu’il prononça l’un de ses célèbres discours en 1965. Au programme, des films rares et méconnus.
Ce soir :
* À 18h00 : Alger, capitale du Sud insurgé avec Festival Panafricain d’Alger de William Klein (1969) en version intégrale.
Avec Olivier Hadouchi, Augusta Conchiglia et William Klein.
Musée du jeu de paume, 1 place de la Concorde, 75008 Paris.
À New York, au MoMA Manhattan, commence L’International Festival of Film Preservation, 17e édition (9–22 janvier 2020).
Avec des films provenant d’archives, de studios, de distributeurs, de fondations et de cinéastes individuels du monde entier.
* À 16h00 : Isn’t Life Wonderful de D. W. Griffith (1924).
* À 16h30 : Amateur Films on the National Film Registry, Program 1 (1930-1963).
* À 19h00 : Stan Brakhage and Home Movies (1965-1980).
MoMA Manhattan, 11 West 53 Street, Manhattan.
À New York, dans le Queens, le MoMA PS1 présente une exposition d’une brûlante actualité : Theater of Operations. The Gulf Wars 1991–2011 (3 novembre 2019-1er mars 2020).
La guerre du Golfe fut relativement courte (2 août 1990-28 février 1991), mais, 30 ans après, elle n’en finit pas de produire répliques et séquelles.
MoMA PS1, 22-25 Jackson Ave, Long Island City, NY 11101.
La grève en est à son 36e jour.
Itinéraire de la manif parisienne : Départ à 13h30, de la place de la République en direction de Saint-Augustin, via le boulevard Magenta, la rue Lafayette, la rue du Châteaudun.
Radio France en est à son 37e jour de grève.
Les esclaves, la présidente et le pupitre.
"Métro boulot dodo", narguaient les soixante-huitards, qui croyaient pouvoir y échapper.
Merci à Guila Shani.
C’était au 20e siècle. On savait que le capital ne siphonne pas seulement la force du travail, mais tout simplement le temps de vie. Même si englué dans la routine du quotidien, et sagement matérialiste, on avait tendance à refouler ce vertige à tendance métaphysique. Mais sous les pavés, au moins pour certains, il y avait encore la plage.
En 1970, Georges Moustaki (1934-2013) y croyait encore.
En 1974, Raoul Vaneigem (né en 1934) rêvait encore.
Au 21e siècle, le pain est dur, les temps sont amers, tous les romantismes révolutionnaires ont viré No Future.
On mesure la pertinence de la vision de Dylan : And it’s a hard, it’s a hard, it’s a hard, and it’s a hard It’s a hard rain’s a-gonna fall.
La grève, elle, elle ne change pas. Elle coûte toujours aussi cher aux grévistes, qui ne rêvent plus guère généralement.
Les Mutins de Pangée soutiennent les caisses de grève, avec des projections "en réunion".
Pourtant elle est toujours une sorte de trêve, un temps suspendu qui permet de retrouver son souffle, de se ressourcer, comme on dit aujourd’hui.
Quelques sources, quelques pistes d’échappées pour notre temps présent :
* Éric Beynel & Alessandro Stella, "Les Maîtres du temps et les casseurs d’horloges", in Lundimatin 224 du 6 janvier 2020.
* Jean-Lou Fourquet, "Entrons dans la résistance maîtrisons notre attention", sur son site Après la bière.
En substance, à la suggestion de Daniel Schneidermann : Ils veulent acheter nos esprits, ils ne sont pas à vendre, nos "cerveaux ne sont pas disponibles". Ne nous laissons pas envahir, ce libre-échange-là est une illusion de liberté.
* Daniel Bensaïd, "Marx et les crises", in Rhuthmos, 16 juin 2013.
* Avec une prolongation chez Daniel Mermet, pour se souvenir de la mort de Bensa, il y a 10 ans, le 12 janvier 2010.
* Marx et la grève sur France Culture.
À Paris, à la Cinémathèque : Rétrospective Jean-Luc Godard et Hommage à Anna Karina (8 janvier-1er mars 2020).
Honneur à votre ego, M. Godard. Comment accepter les honneurs d’un monde où le cinéma équivaut à l’industrie du luxe dans la société du spectacle, elle-même province de la falsification dans la société de contrôle ? demande Nicole Brenez.
C’est plus facile avec le concours de Chanel.
Ce soir, ouverture :
* À 20h00 : Le Plus Vieux Métier du monde : anticipation ou l’amour en l’an 2000
de Jean-Luc Godard (1966).
Et
* Vivre sa vie de Jean-Luc Godard (1962).
On note tout de suite la Rétrospective Anne-Marie Miéville, en présence de Jean-Luc Godard (1er-2 février 2020).
Cinémathèque française, 51 rue de Bercy, 75012 Paris.
À Paris, au Forum des images : Dans la tête de Paul Schrader (8 janvier-2 février 2020).
Ce soir, ouverture :
* À 20h00 : Sur le chemin de la rédemption (First Reformed) de Paul Schrader (2017).
En sa présence.
On note tout de suite sa leçon de scénario, le samedi 11 janvier 2020 à 19h30, réservation fortement recommandée.
Forum des Halles, 2 rue du Cinéma, 75001 Paris.
À Paris, à la BPI, la Cinémathèque du documentaire présente une Intégrale Sergueï Loznitsa (8 janvier-8 mars 2020).
Ce soir, ouverture :
* À 19h30 : Funérailles d’État (Gosudarstvennyye pokhorony) de Sergueï Loznitsa (2019).
Cinémathèque du documentaire, 25 rue du Renard, 75004 Paris.
À Paris, au Ciné-club de l’ENS :
* À 20h30 : L’Enterrement du soleil (Taiyo no hakaba) de Nagisa Oshima (1960).
Ciné-club de l’ENS , salle Dussane, 45 rue d’Ulm, 75005 Paris.
À Bruxelles, à la Cinematek, la saison des conférences recommence.
Les deux premières accompagnent le cycle Les extrêmes se touchent. Forme et idéologie dans le cinéma classique hollywoodien qui aborde Hollywood comme une machine idéologique, reflet du modèle libéral capitaliste (25 décembre 2019-3 février 2020).
Ce soir :
* À 19h00 : Genres hollywoodiens, allégories et idéologie.
Conférence de Jeremi Szaniawski suivie de :
* À 21h00 : L’Invasion des profanateurs de sépultures (Invasion of the Body Snatchers) de Don Siegel (1956).
On note la seconde conférence, lundi 13 janvier 2020 :
* À 19h00 : Anticommuniste ou anticapitaliste. Hollywood face au maccarthysme.
Conférence de Daniel Fairfax, suivie de :
* À 21h00 : Sur les quais (On the Waterfront) de Elia Kazan (1954).
Cinematek, 9 rue Baron-Horta, 1000 Bruxelles.
Les sorties sur les grands écrans
* Sol de Jézabel Marques (2018).
* Les Siffleurs (La Gomera) de Corneliu Porumboiu (2019).
* Nina Wu (Zhuó rén mìmì) de Midi Z (2019).
* Le Goût du secret de Guillaume Suon (2019).
* L’Adieu (The Farewell) de Lulu Wang (2019).
* Tommaso de Abel Ferrara (2019).
Et, pour accompagner ce dernier film, cinq films anciens de Abel Ferrara en versions restaurées : Bad Lieutenant (1992) ; Go Go Tales (2007) ; Pasolini (2014) ; New Rose Hotel (1998) ; 4h44 Dernier jour sur terre (4:44 Last Day on Earth, 2011).
John Baldessari (1931-2020) est mort jeudi dernier, le 2 janvier 2020.
Il était étiqueté artiste conceptuel post-moderne.
En 1971, il fit une annonce : I will not make any boring art.
À partir de 1980, il se "spécialisa" dans le cinéma.
En 2009, il reçut le Lion d’or de la 53e Biennale de Venise, Making Worlds. pour l’ensemble de son œuvre.
A Brief History of John Baldessari.
À Toulouse, à la Cinémathèque : Bette Davis vs Joan Crawford (7 janvier-6 février 2020).
Joan Crawford (1904-1977) et Bette Davis (1908-1989) ont eu des carrières bien distinctes, jusqu’à ce que, dans leur cinquantaine, à partir de 1962, elle deviennent Jane et Blanche Hudson, indissociables désormais dans la mémoire cinéphilique, quand Robert Aldrich décida d’en faire des sœurs dans What Ever Happened to Baby Jane ?
Ce soir :
* À 19h00 : La Lettre (The Letter) de William Wyler (1940).
Toujours à la Cinémathèque de Toulouse, une programmation de films à la première personne, du home movie à la production classique, à la lisière du documentaire et du cinéma expérimental : Autoportrait / journal filmé (7 janvier-6 février 2020).
Avec Dominique Cabrera, Alain Cavalier, Gérard Courant, Boris Lehman.
Ce soir :
* À 21h00 : Amarcord de Federico Fellini (1973).
Cinémathèque de Toulouse, 69 rue du Taur, 31000 Toulouse.
À New York, au Lincoln Center, à une Rétrospective Agnès Varda succède The Bong Show. A Bong Joon Ho Retrospective (7–14 janvier 2020).
Aujourd’hui :
* À 15h30 : Memories of Murder (Salinui chueok) de Bong Joon Ho (2003).
* À 18h00 : The Host (Gwoemul) de Bong Joon Ho (2006).
Lincoln Center Plaza, New York, NY 10023.
À Paris, à la MSH, le séminaire du Collège d’études mondiales, Accumulations et accélérations (responsable Christopher Pollmann), commence sa session de 2020, gratuit et sans inscription : Alternatives et remèdes (7janvier-16 juin 2020).
Après 43 séances - L’emballement du monde I en 2016-2017 ; L’emballement du monde II en 2018 ;
Les emballements techniques et affectifs en 2019, le séminaire a dressé un constat sans appel : l’organisation capitaliste de la vie humaine et notamment la compétition ont progressivement installé un engrenage d’accumulations et d’accélérations qui menace désormais la survie de l’espèce, sur le plan écologique, social et psychique.
En 2020, il pose la question : Comment desserrer l’étau de l’emballement du monde et de l’artificialisation de la vie ?
Aujourd’hui :
* À 18h00 : Démocratiser la France en s’inspirant des Gilets jaunes.
Avec Mathilde Larrère.
Bonne lecture :
* Mathilde Larrère éd., Révolutions. Quand les peuples font l’histoire, Paris, Belin, 2017.
Maison des sciences de l’homme, salle BS1-28, 54 boulevard Raspail, 75006 Paris.
À Saint-Denis, Jolie Môme présente ses vœux pour que 2020 ouvre un autre chemin : Produire plus pour consommer plus, c’est aberrant, les hommes et la planète ont besoin de repos.
* À 19h30 : Bonne année sans Black Rock.
Avec Olivier Besancenot, Bérenger Cernon, Cécile Marchand, François Ruffin, Marine Tondelier, Aurélie Trouvé.
Théâtre La Belle Étoile, 14 rue Saint-Just, 93210 La Plaine-Saint-Denis.
À Paris, le rendez-vous de Ciné-histoire : Polar et histoire, en entrée libre mais avec inscription nécessaire.
* À 14h30 : Meurtres pour mémoire de Laurent Heynemann (1984).
Avec Didier Daeninckx, Alain Ruscio et Daniel Mermet.
Bonne lectures :
* Didier Daeninckx, Meurtres pour mémoire, Paris, Gallimard, Série noire, 1983.
* Alain Ruscio, Les Communistes et l’Algérie. Des origines à la guerre d’indépendance, 1920-1962, Paris, La Découverte, 2019.
Auditorium de L’Hôtel de ville, 5 quai de l’Hôtel-de-ville, 75004 Paris.
À Paris, comme chaque premier lundi du mois, avec l’Agence du court métrage : C’est déjà demain.
Ce soir à 20h00, en présence de Manon David, Mathilde Delaunay et Pierre Rougemont :
* Les Vacances de la loose de Manon David (2019).
* La Fille oblique de Mathilde Delaunay (2019).
* Déjeuner sur l’herbe de Jules Bourges, Jocelyn Charles, Nathan Harbonn Viaud & Pierre Rougemont (2019).
* Aline de Simon Guélat (2019).
MK2 Odéon, 7 rue Hautefeuille, 75006 Paris.
À Paris, à l’Arlequin, la vieille Pologne en avant-première avec :
* À 20h15 : Un soir en Toscane (Dolce Fine Giornata) de Jacek Borcuch (2019).
En présence exceptionnelle de Krystyna Janda.
Cinéma Arlequin, 76 rue de Rennes, 75006 Paris.
À Paris, à la Maison de l’Amérique latine, le Collectif argentin pour la mémoire présente en entrée libre :
* À 19h00 : Amérique latine, danger immédiat.
Conférence de Maurice Lemoine, en entrée libre.
Cf. aussi Les sujets qui fâchent de Gérard Miller (2018).
Bonnes lectures :
* Manière de voir n°36, novembre-décembre 1997.
* Manière de voir n°69, juin-juillet 2003.
* Manière de voir n°90, décembre 2006.
Maison de l’Amérique latine, 217 boulevard Saint-Germain, 75007 Paris.
À Bruxelles, la Cinematek a négocié son tournant 19-20 avec un cycle indocile, en collaboration avec le Club des Femmes, Girls on Film, Elles tournent et Courtisane, imaginé avec la cinéaste américaine Lizzie Borden : Rebel Films (24 décembre 2019-27 février 2020)
Ce soir :
* À 17h00 : Une équipe hors du commun (A League of Their Own) de Penny Marshall (1992).
Cinematek, 9 rue Baron-Horta, 1000 Bruxelles.
À Paris, les Grands Voisins ont toujours là, même si leur surface diminue de mois en mois. Mais c’est leur dernier hiver.
En attendant le film de Bastien Simon, Les Grands Voisins, la cité rêvée qui devrait sortir en avril 2019, il est bon de les découvrir en vrai, d’y retourner, d’y aller plus souvent.
C’est un lieu sans égal, inventé par l’association Aurore, Plateau Urbain et Yes We Camp.
Il y a des centres d’hébergement, un accueil de jour, et des programmes de réinsertion.
C’est surtout un modèle économique alternatif où tout le monde se sent bien, aussi bien les bourges généreux qui se débarrassent de leurs fringues et ou de leurs superflus, que les bourges radins qui les achètent à 1, 00€, aussi bien ceux qui viennent y juste faire un tour que ceux qui viennent chercher de l’aide.
Il y a des lectures, des expositions, des musiques, des ateliers, des carnavals.
On y fait des rencontres et on y mange admirablement.
C’est une île d’utopie au cœur de la ville qui, en 5 ans, a réussi.
Sourires, liberté, on se remet à croire en l’humanité.
Ce soir, par exemple, y a un bal, à 21h00, à la Lingerie.
Les Grands Voisins, ancien hôpital Saint-Vincent-de-Paul, 74 avenue Denfert-Rochereau, 75014 Paris.
La semaine télé de Jeune Cinéma du 4 au 10 janvier 2020.
Bon anniversaire à Greta Thunberg, 17 ans accomplis aujourd’hui.
En 2020, ça tombe un vendredi, quel hasard !
Si sa généalogie pouvait l’incliner à ne pas craindre la méchante scène publique (sa mère est chanteuse d’opéra et son père acteur de cinéma), c’est quand même une sacrée gamine, qu’on a envie d’aimer et de soutenir à la mesure de la haine qu’elle déclenche chez les pitoyables pantins qui croient tenir les rênes.
Apparemment, rien de public n’est prévu ce vendredi 3 janvier 2020, ce qui est tout à son honneur, la cause climatique ne souffre aucune icône, ni dieu, ni césar, ni tribun.
À Paris, à la Cinémathèque : Rétrospective Musidora (3-12 janvier 2020).
Ce soir, ouverture :
* À 20h00 : Soleil et ombre de Jacques Lasseyne (1922), précédé d’un court métrage anonyme, Musidora (1920).
Ciné-concert par Frank Bockius et Günter A. Buchwald (multi-instrumentistes : piano, violon, percussions, accordéon, castagnettes).
C’est l’occasion de se souvenir de Bologne, où Il cinema ritrovato 2019 l’a magnifiquement célébrée au printemps.
Musidora sur le site de La Belle Équipe.
Cinémathèque française, 51 rue de Bercy, 75012 Paris.
Bon anniversaire à Isaac Asimov (1920-1992), cent ans aujourd’hui.
Il pourrait être vivant, après tout.
Que penserait-il, de l’état du monde du 21e siècle, Asimov du 20e siècle ?
Et cette époque Anthropocène, S. Hari Seldon, né en l’an 11988 de l’Ère Galactique, dont la fête est célébrée par les pataphysiciens le 12 pédale (6 mars vulg.), où la placerait-il dans le futur antérieur de sa vision psychohistorique ?
Le fin du fin, c’est de relire son œuvre dans la collection Présence du futur de chez Denoël.
Mais les nouvelles éditions sont bien aussi.
Bonne visions :
* L’Homme bicentenaire (Bicentennial Man) de Chris Columbus (1999).
* I, Robot de Alex Proyas (2004).
Bonne lecture :
* Isaac Asimov, Le Grand Livre des robots, tome 1 Prélude à Trantor et tome 2, La Gloire de Trantor, traduction et préface de Jacques Goimard, Paris, Presses de la Cité, 1991.
Le prochain Mashup Festival aura lieu en mars 2020 et il est ouvert à tous.
Il vient d’émettre un Appel à film, et pour participer, on a jusqu’au 1er mars 2020.
Il suffit d’un ordinateur de montage et d’une connexion internet pour trouver les footages.
Une certaine conscience et un peu de théorie ne sont pas inutiles.
Considérer que la propriété, c’est le vol et avoir une petite idée de ce que disaient et faisaient Marcel Duchamp ou Guy Debord ne peut que stimuler. Relire Lautréamont, aussi, ne peut qu’enrichir l’âme.
Mais ce n’est pas nécessaire non plus.
Il suffit d’enlever la majuscule au mot (septième) Art, et de considérer que la Joconde, qu’elle soit avec ou sans moustache, peut attirer autant de Japonais, pour s’autoriser à devenir artiste soi-même.
Il faut, bien sûr, aussi, ne pas craindre les vertiges des abymes.
Et si on peut en profiter pour faire passer quelque idée nouvelle donc révolutionnaire, on a réussi son coup.
Suggestion : Un mode d’emploi parmi d’autres.
Pour se mettre en jambe, une petite idée de ce que fut le Mashup Festival 2019, présidé par Jean-Pierre Mocky.
JEUNE CINÉMA VOUS SOUHAITE UNE BONNE ANNÉE 2020.
À Zürich, comme à Bologne et à Pordenone, il y a un festival de cinéma muet, moins connu mais tout aussi prestigieux : Stummfilmfestival 2020 (1er janvier-15 février 2020).
En 2020, vingt films, de 1913 à 1933, programmés par Martin Girod, en partenariat avec la Cinémathèque suisse, pendant un mois et demi, dans le plus beau cinéma de la ville, le Kino Podium, construit en 1949, qui a fêté ses 70 ans l’an dernier.
Parmi eux, outre des classiques, des films extrêmement rares :
* Opium de Robert Reinert (1919).
* Fante-Anne de Rasmus Breistein (1920).
* Kain i Artem de Pawel Petrov-Bytov (1929).
* Tonka Šibenice de Karl Anton (1930).
* Dragnet Girl (Hijosen no onna) de Yasujiro Ozu (1933).
Aujourd’hui, ça commence par le commencement :
* À 18h15 : Lumière ! L’aventure commence de Thierry Frémaux (2917).
Kino Podium, Nüschelerstrasse 11, 8001 Zürich.
Les sorties sur les grands écrans
* Play de Anthony Marciano (2018).
* Cunningham de Alla Kovgan (2019).
* Echo de Rúnar Rúnarsson (2019).
* Les Filles du docteur March (Little Women) de Greta Gerwig (2019).
* L’Art du mensonge (The Good Liar) de Bill Condon (2019).
* First Love, le dernier Yakuza (Hatsukoi) de Takashi Miike (2019).
* Séjour dans les monts Fuchun (Chun Jiang Shui Nuan) de Gu Xiaogang (2019).
Les ressorties en versions restaurées
* Vacances (Holiday) de George Cukor (1938).
* Lola Montès de Max Ophüls (1955).
* La Grande Évasion (The Great Escape) de John Sturges (1963).
Voilà, une nouvelle décennie commence, dans un siècle déjà vieux et fatigué.
L’année 2019, qui nous faisait peur, n’a pas failli à ses promesses.
Où on rêvait encore un peu de "révolution joyeuse et rapide", on eut les colères et les soulèvements hétérogènes des peuples. Où on rêvait encore de belles saisons, on eut les fureurs et le déchaînement des éléments. Où on rêvait encore un peu de justice, on eut des inégalités plus sauvages que jamais.
Le capitalisme, fils aîné et préféré du patriarcat, a tellement gagné qu’il définit carrément l’essence même du genre humain tout entier, à part quelques niches en voie d’extinction. Les dégâts sont considérables, les morts déjà innombrables, le présent est sans alternative, le futur est sans horizon. On est entré au cœur d’un désordre entropique, où quelques-uns feignent encore de savoir conduire, et tous les autres essayent de sauver leur peau.
Alors, on s’est dit : les rêves anciens sont dissipés, changeons de rêves (et d’outils et de références). La tentation de la table rase, elle, s’amplifie, mais nul modèle ne surgit du passé. Il faut bien convenir que l’hypothèse d’un collapse offre bien des avantages intellectuels : le grand effondrement qui remplace le grand soir, même plus la peine d’intervenir, juste les laisser continuer comme ça, et se préparer.
Et les jeunes générations speedées d’embrayer à toute allure, hallucinées par les machines, faisant retour de nos vieilles cultures écrites à de nouvelles cultures orales, bien heureuses de ne pas avoir à lire des livres.
Pourtant, ils ont raison, les jeunes, quoiqu’ils fassent, et même s’ils sont manipulés par les vieux diables, du simple fait que c’est de leur temps qu’il s’agit.
Aussi ne faut-il pas être dupe du piège béant, qui s’offre à nos pensées, une énième ruse du système, le morcellement.
Si on n’a pas les moyens de s’offrir le luxe de "dévoyer des énergies collectives considérables, mais pas forcément renouvelables" (la planète, ce serait trop loin) (1), on n’a pas non plus ceux de cloisonner et de hiérarchiser les causes (les syndicats, ce serait trop près, et le politique, ce serait nulle part).
Nous pensons que toutes les vieilles références sont recyclables, et qu’est venu le temps des synthèses et des synergies.
Nous pensons que le monde, sous le soleil exactement, est en train de perdre son ombre, et que les utopistes, qui s’organisent en attendant l’apocalypse, qui ont l’air de se dérober au front, ne sont rien d’autre que des chercheurs d’âme, nécessaires compagnons de route et d’armes des manifestants du sens commun de la rue.
Après Ma’ Joad la mère du syndicaliste, Old Gringo le témoin ironique, Hushpuppy la petite fille étonnée, Ben Cash le vieux hippie, Louise Wimmer la chômeuse sans homme, Ellis et Neck, les deux ados en phase d’initiation, Jeune Cinéma, en 2020, donne la parole à Abla, la grande dame du Sud, qui, dans son dialogue avec Samia son alter ego, offre un retour à l’origine, et pourrait tenir, quelques mois au moins, la place de l’Ange de l’histoire.
Anne Vignaux-Laurent
1. Selon l’expression de Frédéric Lordon.
* Adam de Maryam Touzani (2019).
Abla : Lubna Azabal ; Samia : Nisrin Erradi.
Warda : Douae Belkhaouda ; Slimani : Aziz Hattab ; Rkia : Hasnaa Tamtaoui.
Au fil du temps, tous les éditos
* Présentation de Jeune Cinéma