Journal de Old Gringo (août 2015)
Août 2015
publié le samedi 29 août 2015


 

AOÛT 2015

 



Lundi 31 août 2015

 

Aujourd’hui, nous disons adieu à notre ami Raymond Chirat à Lyon.

"La Belle Équipe" lui rend un bel hommage sur son site.


L’Institut Lumière lui rend hommage.


Ce soir, si on est à Paris, on passe la soirée au Wanderlust.

Ça commence à 19h00 avec des concerts (voir le programme), et, à minuit, pour continuer, avec DJ Richie Reach et ses invités. C’est gratuit jusque 20h00, et 10€ ensuite.

Entre les deux, à la tombée de la nuit, un film en avant-première, pour faire la fermeture de sa troisième édition du festival de cinéma en plein air : Esto es lo que hay (On fait avec ce qu’on a). Chronique d’une poésie cubaine, documentaire de Léa Rinaldi (2015).

Tout le monde a quelque chose à dire sur Cuba, son passé, sa révolution, son présent, son futur.

Léa Rinaldi, après 6 ans d’immersion dans le milieu hip hop cubain, nous parle de sa contestation interne, avec Los Aldeanos, groupe contestataire, qui ne chante pas pour les exilés de Miami et qui résiste aux infiltrations américaines.

Ils n’ont pas connu l’époque où Cuba était le bordel de l’Amérique, et ils pensent que le problème ce n’est pas Castro, car Cuba est plus grande que Castro. Ils sont la génération de l’avenir de l’île.

Avec ce film, Léa Rinaldi clame haut et fort que Cuba est bien vivante, et qu’il faut compter avec elle.


 

Wanderlust, 32 quai d’Austerlitz, 75013 Paris.



Samedi 29 août 2015

 

Salut les câblés !

La semaine télé de Jeune Cinéma du 29 août au 4 septembre 2015.


Aujourd’hui, c’est la vraie fête de Ingrid Bergman.
Née le le 29 août 1915, elle est morte le 29 août 1982.

Cette année, elle a été beaucoup fêtée, à Cannes en mai ou à la Cinémathèque de Bercy en juillet, et voilà que TCM lui consacre le mois de septembre 2015.
Et surtout à Bologne, avec d’immenses affiches, partout dans la ville, et sur les écrans, surplombant tous les petits humains qui prenaient le micro dans les salles ou sur la Piazza Maggiore, et où on voyait enfin ses yeux bleus.
Ci-dessous au dessus de Jacques Rancière, et veillant sur lui.


 

Nous l’avons tout spécialement aimée dans Die vier Gesellen
(Quatre compagnes) de Carl Froelich (1938). (1) Il s’agit de quatre destins exemplaires de quatre jeunes filles, artistes et intellectuelles.


 

Dans le film de Carl Froelich, la morale dominante est toujours tradi : pour une fille, la seule bonne chose, c’est quand même le mariage.
Mais, à la fin des années 30, les temps changent et les étudiantes sont à l’avant-garde : le mariage, d’accord, mais avec qui je veux, et plus d’arrangements, l’amour est le critère.

Enfin, une conclusion moderne, très rare (par exemple dans les films américains de la même époque où dès lors qu’elle est mariée, elle reste à la maison) : là, Ingrid va pouvoir à la fois trouver l’amour ET continuer à travailler.

Nous avons pensé avec tendresse à nos mères et nos grand-mères qui avaient essuyé les plâtres, et à leur chef de file, qu’elles l’aient su ou non : la grande Simone.

1. On peut le voir sur Internet en allemand, en plusieurs parties.
1ère partie, et on trouve les suivantes aisément.


À Lyon, à l’Institut Lumière, pendant un mois, on va fêter Costa-Gavras (2 septembre-3 octobre 2015).

Mais dès aujourd’hui, on peut voir l’exposition Costa-Gavras. Carnets photographiques, produite par la Maison européenne de la photographie.

Galerie photo cinéma de l’Institut Lumière, 3 rue de l’Arbre sec, Lyon 1er.
Entrée libre (28 août-25 octobre 2015).

Et ce soir, ceux qui n’étaient pas à la séance de Cannes - et ils sont nombreux - peuvent prolonger avec une soirée spéciale : Lumière, le film !, en première française.

À l’occasion de la sortie en DVD et Blu-ray de 114 films Lumière restaurés, la projection des films en 4K numérique
, accompagnés au piano par Romain Camiolo

, et commentés par Thierry Frémaux, devraient faire un tabac.
Auditorium de Lyon, à 20h.

Pour en revenir à Costa-Gavras et à sa rétrospective, consultez le programme des films : ça commence mercredi 2 septembre 2015 avec Music Box (1989).

Il y aura deux soirées exceptionnelles :

Mardi 15 septembre 2015

* À 19h00  : Rencontre avec Costa-Gavras animée par Thierry Frémaux.

* À 
21h00 : Z 
 (1969, copie restaurée en avant-première mondiale).

Mercredi 16 septembre 2015

* À 19h00 : Compartiment tueurs

 (1965).

* À 21h00  : État de siège 
 (1972, copie restaurée en avant-première mondiale).

Les deux films seront présentés par Costa-Gavras.



Vendredi 28 août 2015

 

C’est l’anniversaire de la mort de Guy Hocquenghem (1946-1988).
Mais pour nous la mort n’existe que sous ses multiples représentations symboliques, et nous ne fêtons que les naissances.


 

Merci quand même aux conjonctures astrales de nous avoir permis de l’avoir connu, quand nous militions dans les GLH de province.

Allez, on se le revoit chez Pivot, en 1979 (à la 4e minute)


Henri Calet (1904-1956) était un auteur oublié.

Plan insert : "35 ans auparavant".
Comme on fait dans les films aujourd’hui, quand on ne sait pas bien comment raconter le temps en images.

Dans les années 1970, il y a avait une minuscule librairie, nichée dans une encoignure de la rue Barrault (13e), en face de chez nous.

Anarchiste, la librairie de la Butte-aux-Cailles, et vraiment minuscule.

Mais avec une arrière-boutique pleine de revues souterraines, de brochures improbables et autres littératures grises de marge, tout ce qu’on ne trouvait nulle part ailleurs.
Donc c’était connu et fréquenté que par des happy few, avec un entre–soi de bon aloi, tournicotant autour de Victor Serge, Karl Korsch ou les Cahiers du Cendocri (1980-1981).

Il nous faudrait fouiller dans nos vieilles photos pour retrouver l’image du souvenir : cet endroit mythique désormais, avec ses livres d’occase à l’extérieur.

C’est devenu bien propre, aujourd’hui.


 

Dans notre souvenir, la librairie était tenue par Dominique Gaultier et Guy Ponsard. Il y avait aussi Anne-Marie Adda.
Plein d’autres aussi, quand on consulte le Net d’aujourd’hui.

Quand ils décidèrent de se lancer dans l’édition, nous n’en avions pas été surpris : la littérature était là, sans doute avant la politique.

Ils commencèrent par faire une revue, Les Grandes Largeurs (12 numéros, 1981-1987), et ils appelèrent la maison d’édition "Le Tout sur le Tout".

Vous l’avez compris : Henri Calet, enfant du 14e arrondissement et flâneur de Paris, était leur ange initiateur.

Ils rééditèrent aussi Paul Gadenne, Raymond Guérin Georges Henein, Pierre Herbart, Yves Martin, Emmanuel Bove...

Il y a eu des scissions et des migrations.

Au début des années 80, Dominique Gaultier fonda les Éditions Le Dilettante.

La librairie-éditions s’est agrandie et a déménagé, d’abord dans le 13e, rue du Champ de l’Alouette. Et puis elle a fini par atteindre le quartier réservé : rue Racine, et désormais place de l’Odéon. Vous connaissez la suite.

Mais on voulait parler de Henri Calet, qui resurgit aujourd’hui avec Huit quartiers de roture, (éd. Dilettante).


 

On a lu toute l’œuvre de Henri Calet, à l’époque - enfin tout ce qui paraissait, comme on lisait d’ailleurs, Léo Malet. C’était le tournant des années 80, ce temps où "ça" n’avait pas encore basculé, où Paris le vieux nous appartenait encore.

On pouvait chanter comme Reggiani, les soirs de nostalgie et d’abus de slivovitz.
Mais au fond, on y croyait encore, à l’ancienne manière.


 

Rétrospectivement, d’ailleurs, on peut s’amuser de ce que ces grands modernes qu’étaient les soixante-huitards aient cherché leurs racines et leurs référents dans l’histoire, écumant les brocantes et les textes inédits.
Aujourd’hui, les jeunes, qui ne savent généralement pas grand chose de l’histoire, ne désirent rien tant que la (vraie) table rase. Passons.

On ne sait plus dans lequel de ses livres, Henri Calet disait combien il était heureux de vivre dans le 14e arrondissement, parce qu’on y trouvait tout ce dont on avait besoin dans une vie : une maternité, des hôpitaux, un asile d’aliénés, un prison, un cimetière.
Et puis, il disait aussi qu’il en avait marre d’être vieux, car il ne pouvait plus rien découvrir : l’amour, la mort, le voyage, tout était déjà fait.

Il avait tort.
Il avait négligé toutes ces vies posthumes et tous ses petits-enfants, ceux qui veulent bien encore apprendre de lui ce qui a précédé le Paris d’aujourd’hui.

Là où il est, à Vence, au soleil, il doit se réjouir.



Jeudi 27 août 2015

 

Nous venons d’apprendre la mort de Raymond Chirat, hier soir, mercredi 26 août 2015, à Lyon.

Il était - il est - un grand historien du cinéma français.
Il était - il est - notre ami.


 

Nous avions mis justement une vidéo en ligne, dans le Journal de Old Gringo, mardi 25 août (cf. infra).

Écoutons-le encore parler de La Kermesse héroïque de Jacques Feyder, d’après le nouvelle de Charles Spaak (1935).


Darry Cowl, né le 27 août 1925, a 90 ans aujourd’hui.
Depuis le 14 février 2006, il s’est absenté.

Si l’on considère que cette absence peut être une imitation de l’occultation du Collège de Pataphysique (1975-2000) comme on parle de l’imitation de Jésus-Christ ("Celui qui me suit ne marche pas dans les ténèbres"), il devrait se désocculter en 2031.

Nanarland lui consacre un article de référence.
Comment ça, vous ne connaissez pas Nanarland ?
Il faut sortir le dimanche, que diable !

Et pour Darry Cowl, on se le fête à notre manière.


 


Sinon, toujours soirée gratuite grâce à Alès, toujours à la tombée de la nuit par là, mais cette fois, à Mons, place de la Mairie avec :

* Les Garçons et Guillaume, à table ! de Guillaume Galienne (2013).

* Précédé du court métrage d’animation 5 Mètres 80 de Nicolas Deveaux (2013).



Mercredi 26 août 2015

 

Les sorties sur les grands écrans

* Dheepan de Jacques Audiard (2015).
C’est la Palme d’or du festival de Cannes 2015.
C’est donc bien de le voir.
C’est contesté par beaucoup de gens, dont l’avis importe aussi.
C’est bien de le savoir.
 

* Scum (Carlin Takes Control) de Alan Clarke (1979).
Après La Solitude du coureur de fond (Tony Richardson, 1962), un film comme les Anglais savent faire.
Cf. Entretien Alan Clarke, Jeune Cinéma n° 127, juin 1980.


 

* Derriere le mur, la Californie (This Ain’t California) de Marten Persiel (2012).


 

Sinon, pour les amateurs :

* Les Mille et une nuits 3 (L’Enchanté) de Miguel Gomes (2015).

Et pour les cinéphiles :

* Un héros de notre temps de Mario Monicelli (1955).
Inédit en France.


Et si on a la chance d’être à Alès, ce soir, à la tombée de la nuit (vers 21h30), c’est gratuit à Brouzet-les-Alès - Champ de Foire :

* Camille redouble de Noémie Lvovsky (2011). Quinzaine des réalisateurs Cannes 2012.

* Précédé du court métrage d’animation : 7 Tonnes 2 de Nicolas Deveaux (2008).
Et, là, on vous parle pas du Petit Jimbo, on vous la joue délibérément pédagogique.



Mardi 25 août 2015

 

Le Festival du film francophone d’Angoulême, 8e édition, commence aujourd’hui.

* Film d’ouverture : Les Belles Familles de Jean-Paul Rappeneau (2015).


 

* Film de clôture : Le Tout Nouveau Testament de Jaco van Dormael (2015).

Entre les deux, un programme riche, avec, notamment, un focus sur Cédric Kahn et surtout un hommage au cinéma belge, avec le soutien du Centre Wallonie-Bruxelles, au cinéma Le Nil (la nouvelle salle de l’Université de l’Image d’Angoulême)

Notons tout spécialement, les films belges en compétition

* Qui j’ose aimer ? de Hugo Frassetto & Laurence Deydier (2014).

* Post Partum de Delphine Noëls (2011).

* Je suis à toi de David Lambert (2014).

Mais il y a aussi, à partir de demain, mercredi 26 août 2015, une petite révision de quelques chefs d’œuvres, dont on a tendance à oublier la "belgitude" puisqu’ils sont en français.

D’abord grand zoom sur La Kermesse héroïque de Jacques Feyder (1935).

Et pour vous en rafraîchir la mémoire, on n’a rien trouvé de mieux que notre ami, le grand historien du cinéma français Raymond Chirat.

Message personnel : On en profite pour envoyer quelques tendres baisers, de Paris à Lyon, à Mijo.


 

Dans les classiques qui nous tiennent à cœur, on cite aussi Rendez-vous à Bray de André Delvaux (1971), Farinelli de Gérard Corbiau (1994), Eldorado de Bouli Lanners (2008)…
En tout, 14 films qui seront présentés par Louis Héliot, et en présence de nombreux invités dont Marion Hänsel, Gérard Corbiau, Yves Hanchar, Anne-Marie Etienne, Annie Cordy, Joachim Lafosse, Frédéric Fonteyne et Jaco Van Dormael.

Faites votre programme.

Et cela, sans oublier les deux expos :

* Portraits d’artistes belges de Dominique Houcmant alias Goldo.

* Femmes de cinéma de Valérie Nagant.

Festival francophone d’Angoulême, 25-30 août 2015.



Lundi 24 août 2015

 

Dès 14h, aujourd’hui commence le Festival d’été d’Alès (24-28 août 2015), 3e édition. Il ne poura pas nous cacher ses liens avec Itinérances, ça se devine tout de suite.

* À 14h00 : Phantom Boy de Alain Gagnol et Jean-Loup Felicioli (2015).
C’est pour les enfants (à partir de 7 ans. Comme ça, ils auront eu leur compte et ils accepteront (peut-être) d’aller au lit pendant que les grandes personnes poursuivront leur chemin cinéphile avec deux avant-premières chic :

* À 19h00 : Asphalte de Samuel Benchetrit (2015), en sa présence.
"C’est un vrai feelgood movie", dit La Voix du Nord.

* À 21h45 : Le Tout Nouveau Testament de Jaco Van Dormael (2015).
Un des grands chouchous du patron de Jeune Cinéma, grand mécréant devant l’Éternel. Dans son édito (Cannes 2015), il dit : Ce film a fait l’unanimité de la critique contre lui, ce qui est toujours bon signe".


 

Pour le reste du programme, que du bon avec Philippe Faucon, Noémie Lvovsky, Paolo Sorrentino, Guillaume Galienne, Giuseppe Tornatore



Samedi 22 août 2015

 

C’est ce soir que commencent les Rencontres de Gindou 2015, 31e édition, et cela jusqu’au 29 août 2015.


 

Gindou a une histoire, c’est le plus ancien festival de la région Midi-Pyrénées :
Dans le langage "com" moderne, on parle de cinéma en "milieu rural".
Nous on préfère dire "à la campagne", comme autrefois.

Ça nous rappelle les manuels scolaires anciens qui traînaient encore dans les biblothèques de nos grands-parents, et toute une mythologie poétique qui n’a pas disparu de la mémoire collective, même pour les urbains et les fleurs de bitume que nous sommes devenus en majorité.
Rien que le mot nous évoque deux de nos films "panthéon" : Une partie de campagne, ça va de soi, avec Sylvia Bataille et Brunius, et Un dimanche à la campagne avec Sabine Azéma amoureuse.

Bref quand on va à Gindou, ça sent bon le foin dans nos têtes.


 

Au programme de cette édition 2015 :

* Un hommage en forme de rétrospective à Paulo Branco, en sa présence.

Inutile de rappeler sa relation privilégiée au Portugal, et on pourra voir ou revoir ces films inoubliables de Pedro Costa, João Botelho, et João Cesar Monteiro. Mais aussi : Marie Vermillard, Laurence Ferreira Barbosa, Sharunas Bartas, et Raul Ruiz.

* Une Carte blanche à la Cinémathèque de Toulouse et au CNC sur le thème de la banlieue au cinéma (longs et courte métrages).

Nous, on reverrait bien La Ville bidon de Jacques Baratier (1976).


 

* Des Vagabondages cinématographiques (avec 80 films du monde entier récents, en avant-première ou inédits).
Par exemple, en avant-première Le bois dont les rêves sont faits de Claire Simon (2015).


 

Ou encore Fou d’amour de Philippe Ramos (2015)


 

* Des films de patrimoine, repérez-les sur le programme.
Tiens, on est bien sûr que tout le monde n’a pas vu Le jour se lève de Marcel Carné (1939), et surtout pas en version restaurée.


 

Et là, il faut saluer une très heureuse initiative : un "concours" de musiques de films muets.
Question très délicate que la musique - ou pas - pendant les muets.
On connaît le talent fou des pianistes ou des orchestres live qui accompagnent les muets du Cinema ritrovato à Bologne par exemple, ceux dont la musique n’est pas redondante ni illustrative, mais qui complète les images et les enrichit.
Mais aussi, que de fois, on préfère, devant sa télé, couper le son en regardant tel ou tel grand muet - on ne donnera pas de titres.

À Gindou, Serge Bromberg, le fondateur de Lobster Films, a proposé huit courts métrages muets issus de ses collections. 
En juin, un appel national à compositeurs a été lancé.
 Un jury, composé de Christophe Héral (compositeur), Gilles Pézerat (ingénieur du son et habilleur sonore) et Serge Bromberg, a élu quatre lauréats : Laurent Ghenin, Benoit Marissal, François "Fanch" Minous et Kalina Swiatnicka.
 Ils seront là, et les quatre compositions élues seront diffusées en début de soirée pendant les Rencontres.



Le festival de Gindou a préféré s’appeler les Rencontres de Gindou.
Alors, des rencontres, impossible de ne pas en faire : Il y a des "tchaches", les apéros-concerts, une expo sur l’histoire et les techniques du cinéma inspirée par le court métrage One Week de Buster Keaton, une librairie et des lectures pour les enfants, etc.

Et puis, en marge mais tout près, dans le village, il y a autre une exposition, Images Autrement, organisée par l’association Un train peut en cacher un autre. C’est dans une grange, pendant toute la durée du festival.
On pourra y découvrir le travail de Alain Bouville, Élisabeth Coupin, Dragomir, Paul Krinke, Pascale Kutner, Carmel Macintyre, François-Xavier Marange, Jacques Moiroud, Alexandra du Moulin (Peintures, gravures, photographies, sculptures, et autres "images inanimées.)


 

Ce soir, donc, séance d’ouverture, au cinéma de verdure, à 21h30 à la tombée de la nuit, avec le chef d’œuvre de Raul Ruiz : Les Mystères de Lisbonne (2010), 1ère et 2e parties, d’après l’œuvre de Camilo Castelo Branco (1826-1890). (Prix Louis Delluc 2010).
Le film nous avait éblouis, et nous nous étions attachés à lui sans voir passer les 4 heures 26 minutes, comme il se doit pour un feuilleton.


 

Demain, dimanche, on commence tôt, dès 10h00, au Louxor, avec Francisca de Manoel de Oliveira (1979).

Gindou Cinéma,
Le Bourg, 46250 Gindou (22-29 août 2015.


Salut les câblés !

La semaine télé de Jeune Cinéma du 12 au 28 août 2015.



Vendredi 21 août 2015

 

À tous nos amis cinéastes, qui ont du mal avec "l’industrie du cinéma", un article de l’Obs qui requinque. Il date de 2013, et il est plus que jamais d’actualité.
Ils peuvent se référer aussi aux témoignages de quelques aînés.


Sinon, à Marseille, Vidéodrome 2 est rentré de vacances.

Alors ce soir, c’est Marilyn en noir et blanc (et quelques autres) :
Certains l’aiment chaud de Billy Wilder (1959).

Et puis demain soir, c’est Marilyn aussi, mais en couleurs (et quelques autres).

Rivière sans retour de Otto Preminger (1954)

Le week-end prochain, ce sera Shirley MacLaine, même principe, d’abord en noir et blanc ( La Garçonnière de Billy Wilder, 1960), et le samedi, parce que c’est samedi, en couleurs ( Mais qui a tué Harry ? de Alfred Hitcthcock, 1955)

Dans les deux cas, nous remarquons que la couleur historiquement précède le noir et blanc.
On dit ça comme ça (nous qui continuons obstinément à être "une petite revue en noir et blanc").
Et juste pour rappeler que la couleur, au cinéma, n’est pas une nouveauté des années 50, ni un progrès en soi, ni un must aujourd’hui, ni un évidence.
La Cinémathèque de Toulouse l’avait bien démontré, au cours de son Festival Zoom arrière (6-14 mars 2015), avec sa section Pleins Feux sur la couleur. (cf. Journal de Old Gringo de mars 2015)

Ensuite, à Vidéodrome 2, ce sera septembre, la rentrée, et tout ça.

Vidéodrome 2, 49 cours Julien, 13006 Marseille.



Jeudi 20 août 2015

 

Hugo Pratt (15 juin 1927-20 août 1995).


 

Ça fait vingt ans qu’il est mort, et on n’a pas envie de fêter cet anniversaire.

On a trouvé, au hasard, ce montage de Gabriele Zuchelli.

Mélancolie de l’aventurier, nostalgie de sa période argentine. Pas envie de chercher plus loin.


Marabout de ficelle :

Il pleut sur Tianjin.

Au sol, une étrange mousse blanche se forme et recouvre tout.
Les gens, avec leurs masques dérisoires et leurs peau irritées, sont inquiets.

Heureusement les autorités sont rassurantes.


 

Ça n’a rien à voir, mais on pense au négatif : le noir des pluies qui tombèrent sur Hiroshima, le 6 août 1945. On pense à Pluie noire de Shōhei Imamura (1989), d’après le roman de Masuji Ibuse (1898-1993)


 

Et puis, sans transition, on se souvient de la Java des bons enfants  :
"Sache que ta meilleure amie, prolétaire, c’est la chimie !"

Ben, vous voulez qu’on vous dise, c’est pas sûr.
Car c’est comme les moyens de production, ça dépend des propriétaires.


 

Par contre, que "le vieux monde" soit "à la casse", ça c’est sûr.
Le nouveau aussi, probablement.



Mercredi 19 août 2015

 

Le New York Times nous informe que Bob Johnston (1932-2015) est mort vendredi dernier, le 14 août 2015, à Nashville.

Il avait travaillé avec Elvis Presley et Bill Haley (et ses Comets)
Avec Bob Dylan pour Highway 61 Revisited, Blonde on Blonde.
Avec Johnny Cash pour ses albums "prisons" : At Folsom Prison et At San Quentin.
Avec Simon and Garfunkel pour Sounds of Silence et Parsley, Sage, Rosemary and Thyme.
Avec Leonard Cohen pour Songs of Love and Hate.
Et aussi avec The Byrds, Pete Seeger, Jimmy Cliff et Willie Nelson.

Pour lui rendre hommage, on choisit Open Culture et ceux de sa bande.


Où que vous soyez, encore en vacances, en partance, de retour, ou jamais partis, Jeune Cinéma vous recommande chaudement ces trois nouveaux films français.

* Une famille à louer de Jean-Pierre Améris (2015).

* Amnesia de Barbet Schroeder (2015).

* La Belle Saison de Catherine Corsini (2015). Référence, pour ceux qui veulent revoir le contexte.


 

Et pour revisiter le passé :

* French Connection de William Friedkin (1971).

* Femmes au bord de la crise de nerfs de Pedro Almodovar (1988).

* More de Barbet Schroeder (1969).

* La Cité des dangers (Hustle) de Robert Aldrich (1976).



Lundi 17 août 2015

 

Le week-end fut agité.
Chaque 15 août, l’été bascule.

Et c’est pas tout ça, puisqu’il faut rejoindre Lussas à toute allure, et on n’est pas rendu.

Avec l’anniversaire de la mort du King, en 1977, hier dimanche 16 août 2015.
Elvis (1935-1977) a eu 80 ans en janvier 2015. Il les fait pas.


 


Depuis samedi, la commémoration des trois jours de Woodstock, à Bethel (15-17 août 1969).

Ça a commencé avec Richie Havens, samedi, et ça finit ce soir, demain matin au plus tard, avec Jimi Hendrix !

Heureusement, parce que c’est plus de notre âge (ni de notre nouvelle époque, d’ailleurs).

Un peu éloigné désormais, on constate que les enregistrements sont généralement meilleurs que les concerts live.
Et qu’on a plus aimé Janis, Joan, Richie ou Joe sur nos vinyles que sur l’album général "Woostock" lui-même. Pareil pour Zim d’ailleurs.
Exception, peut-être, pour Monterey Pop  ? À vérifier.

Quoiqu’il en soit, pour cet événement historique et politique, il faut, chaque année, une révision.
Voilà la révision des 46 ans, recto et verso, façon dieu noir et diable blond (1).

* Recto : Woodstock de Michael Wadleigh (1970).


 

* Verso : Hôtel Woodstock de Ang Lee (2009).


 

1. Avec un grand faible, on l’avoue, pour Jonathan Groff, qui incarne Michael Lang, le vrai organisateur du festival.

Qu’est-il devenu ?

Et, son double noir, le jeune homme boueux ?
Père de patron de start up, ou suicidé de la société ?


 


 

Bonus :

Country Joe et Santana.



Dimanche 16 août 2015

 

À partir de ce dimanche, et toute la semaine, il faut être à Lussas, pour les États généraux du film documentaire.

Depuis 1989, chaque année à la mi-août, le village de Lussas, en Ardèche (environ 1000 habitants pendant l’année), s’anime et, le long de sa grande rue principale, devient la capitale du documentaire de création (6000 visiteurs).

En 2015, c’est la 27e édition de ce "festival" selon notre cœur, ouvert à tous, amateurs, cinéphiles, étudiants, critiques et professionnels, sans compétition, mais avec des séminaires, des ateliers, des stages, des rencontres de toutes sortes.
Et surtout des films à découvrir, partout, dans les salles, en plein air, chez les gens.
 

À l’origine de cette réussite, il y a une association Ardèche Images (1), née en 1979, qui inventa "Cinéma des Pays et Régions", un festival local en liaison avec les collectifs Cinélutte, les Films du Village, Iskra, etc.
Il faut lire l’entretien avec Jean-Marie Barbe, originaire de Lussas, et créateur de l’association.

Pour vous situer l’initiative, 1979, c’est l’année où la BPI (Bibliothèque publique d’information) créait, à Beaubourg, le festival international de films ethnographiques et sociologiques, avec le soutien du CNRS et du Comité du film ethnographique, qui deviendra le Cinéma du réel, en 1984.

Au cours de ces années 80, qui virent basculer toutes les utopies vers une dream team de traders et de top models, l’histoire de Lussas, c’est comme une perspective historique culturelle juste, un modèle.
Il faut vingt ans pour faire un homme, disait Montehus. Il aura fallu vingt ans pour tirer concrètement les leçons cinématographiques de Mai 1968, et comprendre l’importance des "documentaires".
Entre Robert Flaherty (1884-1951) et la vieille baderne de Connaissance du monde, en passant par Nuit et Brouillard, la télévision s’était mise à mettre son grain de sel partout. Les docus se diversifiaient de plus en plus, formellement, mais également dans leur processus de production. La création documentaire avait du mal à trouver ses marques face aux commerciaux.
Or ces documentaires personnels et construits n’étaient ni des vagabondages distraits ni de simples divertissements : ils avaient un rôle capital à jouer, aussi bien dans les processus éducatifs individuels que dans les mutations sociales.

L’idée s’est imposée qu’il s’agissait d’en prendre soin à chaque étape : conception, réalisation, production, diffusion.
 

Les États généraux du film documentaire 
sont donc nés dans ce contexte de fidélité, en 1989, à l’initiative de la "Bande à Lumière" et de l’association "Ardèche Images".
Ils n’auraient pas tant de succès, aujourd’hui, s’ils n’étaient pas enracinés dans un travail permanent sur tous les fronts (1).

En 2015 : 841 films inscrits. Pour établir son programme, il y aura des choix douloureux à faire.

Ce dimanche soir, ouverture du bal, en plein air, à 20h30 avec Le Bois dont les rêves sont faits de Claire Simon (2015).


 

À partir de demain, lundi 17 août 2015, zoom sur la sélection et sur les ateliers. Pour les autres rencontres, consultez le programme.

 

I. La sélection, avec ses trois volets : Expériences du regard, La route du doc, et Fragments d’une œuvre.

Expériences du regard et ne ratez à aucun prix :

* Little go-girls de Éliane de Latour.


 


 


 

La Part de l’ombre de Oliviers Smolders, hommage au photographe Oscar Benedek (1911-1944).


 

* Route du doc : Espagne

 

Fragments d’une œuvre : Michael Snow (né en 1929) et Marc Karlin (1943-1999).

 

II. Les ateliers :

* De la scène thérapeutique à la mise en scène documentaire. Avec la référence de Daniel Karlin et Tony Lainé, dont nous connaissons bien les ouvrages.
 

* Mutations du cinéma. Avec Jean-Louis Comolli, Benoît Labourdette et Vincent Sorrel.
 

* La fable documentaire. Avec Avec Safia Benhaim, Yanira Yariv, David Yon, et Rita Ferreira.
 

1. Ardèche Images anime également trois autres secteurs.

* Un centre de ressources : la Maison du doc, depuis 1994), désormais Pôle associé de la Bibliothèque nationale de France. Sa base de données compte plus de 35 000 titres et son Club du doc rassemble plus de 15 000 films.
 

* Une école qui propose, depuis 1997, une résidence d’écriture et des formations à la réalisation et à la production documentaire et organise des Rencontres professionnelles destinées à faciliter la mise en production de premières œuvres.
 

* Africadoc développe, depuis 2002, en Afrique subsaharienne un programme de formations (Master de réalisation, résidences d’écriture) et organise le Louma, le rendez-vous annuel du documentaire de création africain.
 

États généraux du film documentaire, 16, route de l’Echelette
 07170 Lussas, 16-22 août 2015.



Samedi 15 août 2015

 

Salut les câblés !

La semaine télé de Jeune Cinéma du 15 au 21 août 2015.



Vendredi 14 août 2015

 

Wim Wenders a 70 ans, aujourd’hui.

Wenders, c’est notre amour de jeunesse.
On l’a vraiment découvert en 1974, avec Alice dans les villes.
Puis ce fut Au fil du temps, en 1976, cettte année de canicule permanente qui annonçait nos craintes climatiques d’aujourd’hui.
Enfin, L’Ami américain, en 1977, qui figurait, dans notre panthéon, à côté de Profession : reporter, ces années-là.
Après, on a redécouvert L’Angoisse du gardien de but au moment du penalty (1972) parce qu’on redécouvrait Peter Handke.

Et puis, avec ses films suivants, Wenders fut emporté dans la spirale du succès, et il nous a échappé. Les films étaient variables, la magie n’était plus obligatoire.
On croyait que parce qu’on se l’était découvert tout seul, sans médiateur, on se le garderait à soi pour toujours.

Mais lui il continuait sa route, autrement, et surtout tout le monde s’est mis à le citer et le revendiquer. Expropriés, quoi.

En 1989, juste après Les Ailes du désir (1987), Jeune Cinéma lui a consacré un numéro spécial hors-série, en décembre 1989 (il n’est pas épuisé) : le seul numéro hors-série en 50 ans de parutions de JC, avec la plaquette Jonas Mekas (1992) et le double numéro Andrée Tournès, qui relate toute l’histoire de la revue (2012).

Alors, voilà, il a 70 ans.

Voilà nos cadeaux d’anniversaire

* Des amis :

Nicholas Ray (1911-1979)
Parce que Nick’s Movie (Lightning Over Water, 1980) fut son premier documentaire, et l’un de ses films les plus émouvants. Méconnu, on trouve.
Un livre lui a été consacré : Wim Wenders & Chris Sievernich, Nick’s Film. Lighttning Over Water, Zweitausendeins, Frankfurt am Main (1981), avec une introduction de Bernardo Bertolucci ("The Boundless Frivolity of People About To Die").


 

et

Ibrahim Ferrer (1927-2005)
Parce que Buena Vista Social Club (1999) est celui de ses films, où il s’est le plus effacé peut-être.


 

et

Pierre Cottrell (1945-2015)
Parce que c’était son jumeau et que, à quelques jours près, il n’aura pas pu lui souhaiter.


 

* Une transmission :

Ses règles de la perfection.

Wim Wenders' Rules of Cinema Perfection from Ben Boullier on Vimeo.

* Sa jeunesse :


 

Parce que ceux qui lui ont fait son Wikipedia l’ont pas loupé : une photo terrifiante, où il sort visiblement de chez un coiffeur avec qui il a parlé politique.

* Un hommage :

Et pour cela, nous nous tournons vers le fantastique et généreux Esclave de l’absolu, pour se revoir, tranquillement, Alice dans les Villes.



Jeudi 13 août 2015

 

Chaque mercredi, sur les gransd écrans, sortent de nouveaux films et ressortent d’anciens films. Les flux sont variables en fonction de la saison, comme pour les romans, les choix sont stratégiques.

Ces films qui sortent au cœur de l’été, quand la majorité silencieuse et non-rebelle est censée être soit bloquée sur une aire d’autoroute, soit à la plage (deux devoirs sacrés), ces films ont peut-être une grande chance de ne pas être pris dans la foule.
Le cinéma, au cœur de l’été, quand les cinémathèques sont fermées et que les festivals hors de prix s’épanouissent très loin de chez soi, ce cinéma-là, où qu’il soit, à l’Armor Ciné de Erquy, au Casino d’Antibes, en plein air dans quelque village, ou à Paris écrasé de chaleur, c’est un espace-temps plus vaste et doux que tout, loin des horreurs qui nous cernent.

Cette semaine voilà ce que Jeune Cinéma recommande :

* La peur de Damien Odoul (2015).

* Coup de chaud de Raphaël Jacoulot (2015).

* Floride de Philippe Le Guay (2015).
Philippe Le Guay n’a fait que des films qui savaient toucher le grand public, tout en restant personnels : Le Coût de la vie, Les Filles du 6e étage, Alceste à bicyclette, etc.

Et puis :

* Dragon Inn de Kinh Hu (1967), pour compléter A Touch of Zen que vous avez forcément revu la semaine dernière.

* Le Bal des maudits (The Young Lions) de Edward Dmytryk (1958), avec la sublime May Britt et quelques autres : Marlon Brando, Montgomery Clift, Dean Martin…).


 



Mardi 11 août 2015

 

Donc, vous devez le savoir, Jeune Cinéma est sur Facebook depuis le mois d’avril 2015. Oui, on sait, on est un peu en retard.

Plus de 1200 "amis", et, chaque jour, on se presse pour nous inviter.
Ça nous occupe beaucoup, mais on garde la tête froide.
Les amis, le vent les emporte, comme il les a apportés, on sait ça depuis longtemps.

On voulait surtout savoir ce qui se passait dans la démocratie souterraine des réseaux sociaux, si ça pouvait devenir un 5e pouvoir, si un réseau ainsi constitué pouvait trouver une vraie cohérence (artistique et politique), où étaient les limites de nos fréquentaions (artistiques et politiques itou), etc.

Pas de conclusion encore, si ce n’est celle, évidente, que les deux terrains de jeu - le site JC et le mur JC-FB - communiquent assez peu entre eux. Pas la même "clientèle".
C’est ainsi que certains nous invitent, sans prendre la peine de regarder qui on était, juste comme ça, au pif, au nom, au nombre, par mimétisme. Et qui tout à coup réalisent que Jeune Cinéma est une revue engagée, et s’enfuient, horrifiés.

Une des erreurs des "larges masses", c’est de croire que le nombre est une valeur en soi. Avatar du système régnant sur Terre, et avatar fragile : le retour de bâton se fera via la démographie galopante des Terriens. On s’en fout, on sera plus là, mais déjà, on en voit les prémices.
Quoiqu’il en soit, sur Facebook on apprend toutes sortes de choses, et on y fait toutes sortes de rencontres.

Un ami cinéaste, et cinéphile, qui nous veut du bien (et vice-versa), ce matin, nous envoie un délicieux petit film.
Alors, comme il est d’usage sur FB, on le like et on le share, mais sur notre bon vieux site, qui commence à prendre de la bouteille.

Il nous envoie même un Post Scriptum, en couleurs.

Voilà ce qu’on appelle un vrai "ami".



Dimanche 9 août 2015

 

Solveig Anspach (1960-2015) nous a quittés vendredi dernier, le 7 août 2015.
Un cancer, comme toujours.
Elle le savait, elle en parlait, son premier long métrage, Haut les cœurs ! racontait ça, déjà en 1999.
On est triste, elle avait encore tant de choses à nous dire encore, l’Islandaise au grand cœur.
Mais que dire, nous, devant les morts prématurées, comme devant les hécatombes ?

Auourd’hui, on retient surtout que la nouvelle nous parvient en même temps que celle d’un nouveau meurtre raciste au Texas, le même jour.
Cette fois, c’est un étudiant non armé, Christian Taylor, à Arlington, Texas, près de Dallas.
Apparemment, l’adolescent n’était pas blanc-bleu, il avait déjà bricolé sur la marge et "était connu des services de police".
C’est ce qu’on dit après-coup, comme si ça permettait d’être tiré comme un lapin (ou comme un lion désormais).
Il était surtout noir.

Au Texas, quand on est jeune, noir et pauvre, on a des perspectives limitées, et une majorité de chances d’être passible de la peine de mort, "accidentelle" dans une rue sale, ou "officielle" dans un couloir bien propre.

Ce que nous racontait Solveig Anspach, en 2000, dans son documentaire Made in the USA, à propos de Odell Barnes, condamné pour meurtre, exécuté le 1er mars 2000, après une enquête bâclée et malgré une contre-enquête financée par une association française "Lutte pour la justice".

"On ne me tue pas pour un crime commis. On me tue parce que je suis pauvre, noir et très mal défendu", dit Odell Barnes, qui a attendu onze années dans le couloir.

Mais, même pour "un crime commis", comment peut-on admettre le crime d’État, le crime de "vengeance", collectif, à froid, dans un pays qui se dit chrétien ?
Sauf à considérer que leur Dieu n’est pas un grand dieu d’amour, comme ils le proclament, mais un petit dieu de vengeance, et qu’ils en sont encore à l’Ancien Testament.
Oui, on sait, on est naïf de s’étonner et de s’indigner à chaque fois.
Pourtant, il faut continuer à tourner autour des prisons avec des porte-voix et des banderoles.


 

Pendant ce temps, à Ferguson, Missouri, on se souvient de Michael Brown, en novembre 2014 : samedi soir et ce dimanche matin, marches avec comme slogan "Mains en l’air, ne tirez pas !"


Ce soir, on va avoir besoin de se réconforter.

Les Parisiens branchés et bien informés, iront à l’Accattone, voir Haramiste de Antoine Desrosières (2014), avec Inas Chanti, Souad Arsane, Jean-Marie Villeneuve, Samira Kahlaoui.


 

Le film est sorti le 1er juillet 2015, on l’a pas vu, on a des excuses, on était à Bologne.
Mais on en a entendu causer, comme on disait avant-hier.

Les minettes de banlieue, qui n’ont pas froid aux yeux et ne se laissent pas faire, mais, qui comme toutes les adolescentes ont des rêves, on les kiffe, comme on disait hier.

Et ce qui nous fait rire et frémir les grenouilles de bénitier, on adore, comme on dira encore longtemps.

Antoine Desrosières est un cinéaste qu’on aime.
Pour ceux qui l’auront raté ce soir, projection de rattrapage demain lundi 10 août 2015, à 20h30.

Cinéma Accattone, 20 rue Cujas, 75005 Paris.



Samedi 8 août 2015

 

Salut les câblés !

La semaine télé de Jeune Cinéma du 8 au 14 août 2015.



Vendredi 7 août 2015

 

Humour noir, pour bien commencer le week-end.

On trouve sur le site du Monde, un article daté du 7 août 2015, sur "un jardin vraiment extraordinaire à La Hague".
Suivi d’une vidéo : "La Hague, terre de contraste" (si, si).

Le Monde est un journal sérieux. Nous adorons les jardins botaniques. On n’envisage pas un instant que ce soit une plaisanterie.

On dit que, à Tchernobyl, la végétation est luxuriante.


 



Jeudi 6 août 2015

 

Bonus atomique : Un film à voir, qui date un peu, donc c’est bien pire aujourd’hui.

* Countdown To Zero de Lucy Walker (sélection officielle du festival de Cannes 2010).


 

Avec évidemment, au cœur, la tendre chanson d’amour, chantée par Vera Lynn, de Dr Folamour.


 


6 août 1945 : Hiroshima
9 août 1945 : Nagasaki
11 mars 2011 : Fukushima

Ça c’est seulement pour le Japon.


 

Le Petit Prince, apprivoisé un temps, ne peut qu’être profondément déçu.
Paraît que Carole Maurel va publier son Apocalypse Selon Magda, en 2016.


 

Nous nous souvenons de Prométhée, ce simple titan qui se prenait pour un dieu.
Nos cœurs sont brisés. Nos foies seront dévorés.
De nous, il ne restera rien.


 


En attendant l’Apocalypse, on peut occuper le temps à la haine et à la guerre, à l’amour et à la vie quotidienne, et mille autres choses, somptueuses ou dérisoires. Certaines peuvent freiner l’inéluctable arrivée de la fin, et c’est quand même mieux de les préférer, à celles qui l’accélèrent. À chacun de trouver son point de vue.

Rien de plus fort, pourtant, que de témoigner sur la beauté de cette humanité et ses multiples civilisations, qui vont périr.
Rien de plus exaltant que l’imaginaire des fins de parties, quand les parties ont eu tant de grandeur. Les artistes le savent mieux que personne.

La cinéaste Rina Sherman fait un travail formidable. "Les années Ovahimba", c’est l’œuvre d’une vie :

* Son ethnographie multimédia entre dans les collections de la BNF.

* Cet automne, il y aura une expo, Les années Ovahimba / Rina Sherman, à la Galerie des donateurs de la BNF (site François Mitterrand).


 

Tous les amis de l’Afrique peuvent aider le financement du livre.
Tous les amis de l’humanité en péril aussi.



Mercredi 5 août 2015

 

Tant qu’on est dans la com III
(cf. les n°I et II du 4 août 2015, de Facebook à Walead Beshty.)
(en suivant l’association des idées, alias le mystérieux fil en aiguille tuyau de poêle)

En 1768, Bologna, Italie ouvrait son premier bureau de poste.
Ou plutôt, sa première boîte aux lettres.


 


 

Aparté : Le premier qui nous dira précisément dans quelle rue elle est, cette boîte aux lettres, nous évitera de rechercher la précision. Indice : c’est une rue perpendiculaire à la Via dell’Independenza. Peut-être la Via Parigi.
 

Évidemment, on pense immédiatement à la Bocca di leone (bouche de dénonciation) du palais des Doges, à Venise.


 

Et du coup, on pense, bêtement, aux souterrains de toute communication : vérités et mensonges, connotations-dénotations, délation et surveillance, écoutes illégales et écoutes légitimes, messieurs Assange et Snowden, lois sur la transparence de la vie publique, la surveillance numérique, le renseignement, et patin-coufin.

Et on se dit que rien ne change, et que si, l’histoire repasse les plats.
Bon, on se calme.
On va se lire le dernier Antoine Bello, ça va nous réconforter.


En cette époque de grandes migrations (on vous parle des gens "normaux", hein, pas des grands pauvres, qui eux, vont vers le Nord), tout le monde est "descendu" dans le Sud, à part quelques étranges mavericks, qui du coup, se prennent pour des sentinelles.

Vous connaissez l’association Babart le B.A. BA de l’art ?
Sans doute pas, et pourtant vous devriez.
Alors, si vous êtes "descendus", comme les autres, profitez-en pour vous brancher Babart.

C’est une association, dans le Gard, avec plein de projets Économie sociale et solidaire.

Et puis, Babart a une artothèque, et ça c’est précieux.
Depuis le 11 juin 2015, il y a une expo qu’il ne faut pas manquer : Un été petits formats. (jusqu’au 15 août 2015).


 

On peut y admirer des œuvres de huit artistes, rassemblés dans cette expo collective, qui rencontre un vrai succès ;

On aime spécialement les diableries de Catherine Ursin, mais il faut découvrir les autres : Maëlle de Coux, Jean-Raymond Meunier, Bernard Le Nen, Catherine Staes, Emily Beer, Michel Julliard, et Daniel Anne.


 

Association Babart, 
Le Tracteur - Quartier Bord Nègre
, Route d’Uzès, 
30210 Argilliers.


Ouverture du festival international du film de Locarno, 68e édition.

Ni palme, ni lion, ni ours : c’est le léopard qui règne ici.
Voir le programme.

On met l’accent sur la rétrospective intégrale de Sam Peckinpah (1925-1984) avec plusieurs copies restaurées, et une sélection de ses travaux télé, des collaborations et aussi des films où il fait l’acteur.
Cette rétrospective sera reprise à la Cinémathèque de Bercy du 2 septembre au 11 octobre 2015.



Mardi 4 août 2015

(jusqu’au 15 août 2015)

4 août.
On attend la nuit et on abolit les privilèges.
On met fin au système féodal.
D’accord ?
Chiche ?
Si oui, on vous prévient, y a du taf, dès ce soir.


 

La Révolution française de Robert Enrico (1989).


À propos de "moderneries", comme les appelait Pierre Marcelle dans le Libé d’autrefois : Tant qu’on est dans la com I, aujourd’hui Facebook.

On a tout dit sur FB, par exemple que les naïfs, qui cherchaient du boulot, ne devaient pas s’y montrer à poil en train de fumer des joints, que ça risquait d’écorner leur CV.
En gros, on a prévenu les petits enfants qu’ils ne devaient pas accepter de bonbons des étrangers, dans la rue, et que le loup y était.

Mais voilà autre chose (source L’Express).
Paraît que Facebook choisit nos "amis".
Et, en effet, il y a des amis qu’on ne voit jamais apparaître sur le fil d’actualité.
Censure ?
Même pas.
FB, considérant que ça sature, a décidé de faire le ménage.
En moyenne, 80 % des messages d’amis ou de pages sont désormais carrément écartés du fil d’actualité d’un membre.

Les 20 % restant sont triés et classés "par ordre d’importance".
Comment FB décide de cette importance ?
On s’en doute, par le nombre de "like", geste hyper raffiné s’il en est, au sens clair et nuancé.

Questions des "membres" FB ainsi castrés :

* Comment lutter contre nos robots, qui commencent déjà à décider pour nous ?

* Comment trouver l’amitié, "parce que c’était lui, parce que c’était moi", mais en moderne ?


Tant qu’on est dans la com II : voilà comment le plasticien Walead Beshty traite la presse, au Pavillon central de la Biennale de Venise 2015 (Giardini), avec une attention toute particulière pour La voz de Jalisco, un périodique de Guadalajara, Mexique, qui "donne les nouvelles que les autres cachent".

Pour Walead Beshty une seule solution : le cut up !


 


 


 



Lundi 3 août 2015

 

Ce matin, fantastique photo de Vincent Jaroisseau dans Libération du 3 août 2015.
Titre de l’article : "Cité de la mode : De l’autre côté du miroir". Dans le 13e arrondissement de Paris : les migrants sous les danseurs.


 

On pense immédiatement à Metropolis de Fritz Lang (1927) : chef d’œuvre mythique.

Le jardins fleuris dans la lumière, et les souterrains occupés par les damnés.
Sauf que là, en 2015, il n’y a même plus d’exploitation des humains par d’autres humains.
Le système n’a même plus besoin de ces intelligences, de ces énergies, de ces forces de travail, de ces chances aussi (car ceux qui ont survécu à des voyages terribles sont, par définition, des humains remarquables).

En fait, c’est parce qu’on ne garde en mémoire que les fulgurantes beautés du début.
La ville basse des travailleurs, les machines dévorantes, et les vastes bureaux des dirigeants de la ville haute. La ville, le travail abrutissant, les esclaves humiliés, le contraste absurde et étanche entre le haut et le bas, ça c’est beau. Et puis, les bons et les méchants, dans un monde clair, ce manichéisme, nous convient bien.


 

Mais après ça bascule. Quand il s’agit de montrer l’oisiveté et les paradis des riches, ça devient consternant. Comment on se distrait quand on est jeune, beau, riche et insouciant ? Mystère.
Fritz Lang n’a pas d’idée sur la question et il affuble ses acteurs de déguisements ridicules et de poursuites niaises dans de très laids jardins. D’une certaine façon, d’ailleurs, c’est tout à son honneur, qu’il n’ait pas d’imaginaire du luxe vain. Mais c’est décevant.

Et puis, encore plus tard, quand le fils fout la merde en tombant amoureux de Brigitte Helm, Fritz Lang s’emmêle les pinceaux, et ne sait comment s’en sortir. C’est comme s’il ne disposait, dans son esprit, comme armes narratives, ni de l’amour fou ni de la lutte armée.

Alors quand il colle un messie et la joyeuse collaboration entre les classes, sous-produit parodique d’humanisme, on commence à s’ennuyer magistralement, et on n’écoute même plus la musique, merci patron.

Il faut dire que la Thea von Harbou était co-scénariste, que Fritz Lang était amoureux, et venait de la grande bourgeoisie, ça ne s’oublie jamais. C’est là qu’il s’est éborgné. Oui, on sait, Thea a aussi travaillé avec lui pour M. Le Maudit. Ça ne l’excuse pas.

Ne jamais revisiter ses souvenirs sans solides garanties.



Samedi 1er août 2015

(jusqu’au 15 août 2015)

Dans la catégorie "tout fout le camp" :

Vous connaissez probablement ce merveilleux film antiraciste de Robert Mulligan, To Kill a Mockingbird (Du silence et des ombres, 1962), avec un Gregory Peck en pleine forme, d’après le seul et unique roman de Harper Lee (1960), Prix Pulitzer en 1961. Le héros, Atticus Finch, est un de nos personnages fétiches.


 

Aussi quand Harper Lee, en 2015, à 89 ans, annonce la suite de l’histoire de Atticus Finch et ses enfants Scoutt et Jem (qui ont grandi), tout le monde s’en fait l’écho et nous nous réjouissons.
Sauf que, le 13 juillet 2015, on lit, dans Libé, un entrefilet passé inaperçu, intitulé "Retour de bâton : le personnage raciste de Harper Lee fait polémique" :
"Les fans de la romancière Harper Lee sont bouleversés de la découverte. Dans Go Set a Watchman, [cette fameuse suite annoncée] le personnage de Atticus Finch a très mal vieilli. Il est dépeint comme un homme raciste, ségrégationniste et il assiste même à une réunion du Ku Klux Klan.

Vaste déception pour tous ceux qui ont grandi avec ce roman et vénéré ce personnage d’avocat intègre, qui avait pourtant défendu un Noir injustement accusé d’avoir violé une Blanche dans l’Alabama des années 30.
Parmi des centaines de témoignages indignés et autres menaces de boycott, retenons le tweet ironique de l’écrivaine Joyce Carol Oastes : "J’espère quon ne va pas exhumer une suite de Huckleberry Finn, où l’on découvrirait que Huck est un raciste de 50 ans qui a trahi Jim au profit des marchands d’esclaves."

Dans Le Guardian, était évoquée la fragilité de Harper Lee, due à son grand âge.
Il nous est doux de croire à un mauvais coup et de nous vautrer dans la parano. Quelques lignes bien placées peuvent suffire à démolir un personnage.

Mais hélas, elle a eu une vie depuis 1960, on change.
Et, après tout, elle a accepté, en 2007, la médaille présidentielle de la liberté de George W. Bush "pour sa contribution à la littérature".
On sait pas pourquoi, on trouve ça louche.


Salut les câblés !

La semaine télé de Jeune Cinéma du 1er au 7 août 2015



Voyage dans le temps.

 


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